Soirée du 23 février : un Golpe (1) est en cours. Le récent et fragile roi d’Espagne Juan Carlos Primero, Gardien des institutions, fait échec au putsch militaire en ordonnant aux généraux de rester – ou de rentrer… – dans leurs casernes…
En les tutoyant tous, car le Roi d’Espagne tutoie…..
Ce fait appartient maintenant à l’Histoire, mais il n’est pas inutile de rappeler qu’aujourd’hui, en 2011, l’Espagne – sous le règne de ce même souverain – vient de connaître, depuis 1939, sa soixante douzième année de paix: 36 ans, de 1939 à 1975, sous Franco et jusqu’à sa mort, et encore 36 ans depuis l’avènement de Juan Carlos, voulu par le même Franco.
Pour qui connaît l’histoire de l’Espagne depuis l’invasion napoléonienne de 1808, ce n’est pas rien, et c’est très loin d’être négligeable….
(1) : coup d’état, en espagnol; on disait aussi pronunciamiento, au XIXème siècle et aux débuts du XXème…
A partir de 1808, en effet commencent 131 ans de troubles et de violences : Trois Guerres Carlistes, des soulèvements et révolutions incessants, un immobilisme politique et un temps perdu phénoménal, qui culmineront avec l’effroyable Guerre civile de 1936/1939 : un million de morts, une économie et un pays dévastés…..
A noter que le XVIIIème siècle, non plus, n’avait pas été exempt de perturbations et qu’avec la querelle pour le pouvoir (partisans du roi français Philippe ou du roi Habsbourg Charles) il avait connu son lot de troubles et, là aussi, de temps perdu, surtout pendant les quinze premières années du siècle…..
C’est à tous ces non sens à répétition que la prise du pouvoir par Franco devait mettre fin, action pacificatrice et apaisante poursuivie, volens nolens, par la royauté de Juan Carlos. Non que le régime de Franco ait été parfait – loin de là… – ou qu’il représente un idéal de Système, en soi; pas plus que la monarchie espagnole d’aujourd’hui ne nous semble ni parfaite, ni un modèle pour nous. Mais, force est de constater que, après 131 d’errances et de folies en tous genres, l’Espagne a, au moins, retrouvé de la sérénité et une marche des choses normales, pourrait-on dire.
Qu’en a-t-elle fait ? Comment a-t-elle employé cette chance ? L’a-t-elle gâchée ?… C’est une autre question, qui mérite en effet d’être posée, mais qui n’enlève rien à cette constatation : depuis 1939 et la prise du pouvoir par Franco, l’Espagne jouit d’une stabilité qu’elle ne connaissait plus depuis un siècle et demi.
Depuis l’époque où, alors que les Lumières venaient de sombrer dans la Terreur, la Raison – chérie des Révolutionnaires… – sombrait elle aussi, à son tour, dans la dé-raison des Guerres napoléoniennes à l’Europe entière : la République idéologique française, après avoir bouleversé et déstabilisé de fond en comble la société française, se mettait également à déstabiliser l’ordre européen tout entier…..
Le débat est ouvert, sur ce Blog, à propos du rôle que jouent les monarchies européennes; de ce qu’elles réussissent – ou non… – à empêcher; de leur faible et leur fort, pour parler comme Bainville; du modèle – ou de l’anti modèle… – qu’elles peuvent être pour nous etc… Avoir ce débat, le poursuivre et l’approfondir, est une bonne chose.
Cependant – là aussi, le débat est ouvert… – malgré ses imperfections, défauts et échecs évidents, ne vaut-il pas mieux que ce soit une monarchie qui occupe le sommet de l’Etat, en Espagne, aujourd’hui ?….
VERDU sur Éloquence : Tanguy à la tribune,…
“Il est bon !!”