Inclassable, imprévisible, parfois déroutant, Gilbert Collard a sans doute, au fond de lui-même, de sa réflexion, un sens profond qui le rattache à la tradition, à l’histoire, à l’âme de la France. C’est ce qu’il a exprimé, le 5 mars, dans le texte – à notre avis important – que nous publions ci-dessous in-extenso. Nous aurions été honorés de le signer, étant en profonde sympathie d’esprit avec ce qu’il y exprime de juste et de vrai.
Ceci n’implique ni de sa part ni de la nôtre aucun blanc-seing envers le Front national, mais confirme, en tout cas en ce qui nous concerne, notre défiance envers ce que Maurras appelait, en son temps, le Pays légal, lequel nous paraît pire encore aujourd’hui qu’hier….
Le mal du Pays, par Gilbert Collard
Marine le Pen donnée par un sondage en tête au premier tour de la présidentielle, je crains le pire pour le révérend père président de la République, Nicolas Sarkozy du Chardonnet. Va-t-on le filmer, errant sur les lieux de mémoire vêtu d’une soutane noire ? Va-t-il transformer le Fouquet’s en lieu de pèlerinage pour people repentis ? Va-t-il remplacer le marathon de New York par le marathon de Saint- Jacques de Compostelle ? Ce petit jeu cache une vraie trouille qui est une peur politique des conséquences de la maltraitance identitaire française depuis des années. Depuis vingt ans, peut-être plus, une certaine honte de la France a été cultivée, reléguant à une forme de racisme simplificateur toute revendication de dignité nationale, d’expression d’une histoire millénaire, de souhait secret d’être un peu respecté.
S’il n’y avait Marine Le Pen qui ose exprimer haut et fort le non-dit d’une France exaspérée d’être ignorée, croyez-vous qu’on s’intéresserait tout à coup à un peuple qui cherche à retrouver enfin une adresse à la poste restante de l’histoire, du mondialisme et d’une Europe déracinée ? Un peuple qui aime son pays, ses paysages, ses traditions, sa Patrie, même s’il n’ose encore le dire par peur du rire, qui, d’où qu’il vienne, s’est fondu par le temps qui passe dans la Nation.
Un peuple qui cherche à faire respecter son héritage judéo-chrétien. Oserait-on, aujourd’hui, évoquer « la France des racines », dont jusqu’alors on se foutait, s’il n’y avait en sourdine un besoin de ressourcement reconstructeur.
La difficulté pour l’actuel pontife présidentiel, c’est qu’il ne suffit pas de visiter une cathédrale médiévale au Puy-en-Velay, de s’improviser le notaire d’un « magnifique héritage » chrétien, pour être crédible dans cette posture.
Trop de crachats impunis ont depuis des années souillé d’humiliations notre histoire; trop d’atteintes à notre identité de tous les jours comme de tous les temps historiques nous ont été infligées : l’hymne hué, sifflé, le drapeau transformé en torche-cul, notre langue estropiée, abandonnée, notre passé toujours en procès, notre diplomatie démonétisée, notre culture judéo-chrétienne et notre amour des autres tournés en dérision, transformés en économie frauduleuse. Tout ce mal, sans qu’on lève le petit doigt politique, associatif, judiciaire pour essuyer l’affront.
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’il faille que le président devienne potentiellement candidat pour découvrir qu’il existe en France des Français qui aiment la France et ses racines sans être racistes, xénophobes, ou même franchouiardement con ! Si l’identité, comme on dit, faute de mieux, avait été honorée comme il se doit, dans le respect réciproque des autres et par les autres, serait-il nécessaire d’en faire un débat, d’en parler, d’en discuter ? L’ouverture de cette discussion est révélatrice d’une souffrance française : le mal du pays !
Je crois me souvenir que Collard senior était « Action Française ». Il doit donc en rester qque chose, même si Gilbert proclama un jour haut et fort avoir « tué le père ». Amitiés royalistes
A force d’avoir en France, des chefs d’Etat, leaders de
partis politiques, promoteurs de programmes politiques,
carriéristes, comme si la politique était une profession
(Nicolas SARKOZY » mon métier c’est de … », non ce n’est
pas un métier!), et la fonction suprême, une gouvernance
d’entreprise, dénués de toute incarnation de l’histoire
nationale, étrangers à la symbolique et même, ignorants
en matière historique, traitant Louis XVI de roi fainéant, ou
faisant naître la république en 1789, comment ne peut-on
comprendre que les Français ne se sentent finalement
orphelins, contrairement, aux citoyens européens
représentés avantageusement par leur famille royale
surplombant les politiques et les rappelant sans cesse à
leurs devoirs.
Il importe, quand on dénonce la qualité de la « représentation nationale » dans son ensemble, de bien saisir qu’au départ la représentation a surtout été un moyen d’empêcher le peuple de s’exprimer directement, et que la « crise » (en d’autres termes la montée du FN) en question résulte apparemment de ce que le peuple commence à s’en apercevoir.
La représentation est par essence un système oligarchique, car elle aboutit immanquablement à la formation d’un groupe dominant, dont les membres se cooptent entre eux pour défendre en priorité les intérêts qui leur sont propres. Le système de la démocratie représentative et parlementaire conduit inéluctablement les représentants à s’instituer en élite ou en oligarchie, celleci devenant de plus en plus autonome par rapport aux représentés.
C’est l’une des raisons pour lesquelles, Simone Weil se prononçait pour la suppression des partis politiques au motif, notamment, qu’un parti « est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée » et que « l’unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite ».
Le terme “démocratie représentative” à changé de statut. Celà aurait pu être un pléonasme, mais c’est devenu un oxymore.
Mon Cher Thulé,
Même si ce que vous dites de la démocratie représentative et parlementaire, peut s’avérer en partie exact, ce n’est pas la démocratie représentative et parlementaire qui est en cause, mais son fonctionnement, car elle demeure « le moins mauvais des systèmes ».
C’est pourquoi, celle-ci doit être tempérée et arbitrée par une autorité indépendante, le Roi, que celle-ci doit être réellement représentative des courants de pensée et des corps intermédiaires, ce qui nécessite un système de représentation des partis politiques à la proportionnelle et une réforme du Sénat, que celle-ci ne doit pas être la seule manière de traduire les aspirations et volontés de la population mais qu’elle doit être complétée par un usage à bon escient du référendum etc…