Au sommaire de ce numéro 95 (avril) : Leçon Japonaise (Éditorial); Le mal-être français (l’analyse d’Hilaire de Crémiers); Dominique Strauss-Kahn et la tentation de l’Elysée, et Mayotte : le destin français (Jean de la Faverie); Audaces fortuna juvat (Jacques Trémolet de Villers); entretien avec Gilles-William Goldnadel et avec Bernard Bigot; l’indépendance et le nucléaire (Christian Tarente); Japon : secousse sismique et séisme économique (François Reloujac); Ivan Rioufol, portrait (Benoît Gousseau)…..
Voici l’éditorial de ce numéro 95 : Leçon japonaise…
L’effroyable catastrophe qui a frappé le Japon, et dont personne ne mesure encore toutes les conséquences, ne peut qu’inciter à une profonde réflexion sur les conditions de vie et de survie dans le monde moderne.
Bien sûr, les japonais avaient pris un risque et un risque inconsidéré dans l’établissement de leurs centrales nucléaires sur une ligne de fracture connue et repérée depuis longtemps, et d’autant plus que leurs sociétés d’installation et d’exploitation, pour des raisons de coûts, n’avaient pas assuré les conditions d’une totale sécurité dans les cas de cataclysme majeur, ce qu’il était possible de faire et ce qu’il fallait faire comme le prouve le dossier constitué sur le sujet dans ce numéro de Politique magazine.
Il y a donc eu des fautes. Elles sont essentiellement d’ordre politique, d’ailleurs. Elles ne sauraient remettre en cause la technologie nucléaire, du moment qu’elle est maîtrisée, mais elles indiquent les points névralgiques de l’essentiel des décisions, en pareille matière. Il faut un État national et responsable, garant du Bien commun, qui ne soit pas soumis, du moins dans ce cas-là, aux aléas des choix partisans et des pressions financières de toutes sortes, propre donc à soutenir une politique continue où la technique de plus en plus poussée soit accompagnée de toutes les garanties de la plus parfaite des sécurutés possibles.
Tel n’était vraiment pas le cas au Japon, où la technique nucléaire ne bénéficiait pas d’une assurance d’Etat arbitrale suffisamment solide. Les cafouillages qui ont suivi la catastrophe l’ont suffisamment montré.
Un mois, jour pour jour, après le début de la catastropher, Frédéric Charles, correspondant de France info à Tokyo déclare à l’antenne : « …les autorités reconnaissent qu’elles sont encore bien loin d’avoir repris le contrôle de la centrale… »
Il faut se féliciter qu’en France « le nucléaire » ait été mis au coeur des décisions régaliennes, noyau, dans notre république de partis, de ce qui est le propre de l’Etat, royal par défintion chez nous. D’où de hautes autorités, vraies celles-là, indépendantes, totalement compétentes, qui ont pu régulièrement donner leurs avis aux politiques, orienter leurs décisons et surtout leur garantir une fiabilité et une continuité, avec une sécurité éprouvée. Le CEA en est l’expression institutionnelle. Seulement, il convient de se donner les moyens d’avoir une industrie nucléaire performante. Sinon, de fait, gare !
Il faut se féliciter pareillement que la France, dans ses discussions avec ses partenaires, ait réussi, il y a quelques années, en raison de la qualité de son savoir-faire, à obtenir que le site d’Iter soit à Cadarache en France, et non au Japon, comme il avait été demandé ! Peu importe le coût, il faut du sûr.
De même, c’est à la France, au CEA, à Areva et à EDF que les japonais demandent de l’aide aujourd’hui, dans les difficultés considérables d’un enchaînement de réactions qu’ils n’arrivent plus à contrôler. C’est dire assez l’excellence de la maîtrise française.
Mais il serait vain de faire les fiers. De pareilles tragédies rappellent l’homme à l’humilité. C’est, d’ailleurs, la condition des vrais progrès.
Les Japonais ont montré leur courage dans l’épreuve. L’Etat national japonais, si défailant par ailleurs, en raison du régime des partis, est encore le seul recours des sinistrés. L’armée, les administrations, les services d’Etat et la grande solidarité nationale se déploient au mieux pour subvenir à la détresse causée par tant de malheurs accumulés. Le Japon ne sortira de ses épreuves et de ses déboires que par un nouvel élan national : les japonais le savent.
Cette leçon est valable pour beaucoup de pays qui ont une vieille histoire. La France dans la crise qu’elle traverse et dont elle n’a pas encore affronté le plus grave, devrait se ressourcer pareillement dans son génie national. Il ne se trouve pas dans les querelles partisanes, dans les faux débats qui alimentent la vie politique et médiatique. Il réside dans son histoire et sa civilisation : il suffirait d’en reprendre le cours, avec un Etat national à la hauteur de sa tâche. Au fond, c’est ce qu’attendent les Français.
Noël Stassinet sur On attend une vigoureuse réaction du…
“Alors les grands penseurs de la gôôôche on se réveille ? On a une panne de…”