Par une délibération unanime du mardi 8 avril, le Conseil municipal de notre Capitale à tous a donc décidé de donner prochainement à l’une des artères de la cité le nom de Mohamed Bouazizi. Le maire -né lui-même en Tunisie – justifie cela en expliquant qu’il est bon que le peuple tunisien sente la présence à ses côtés du peuple français, et que le-dit Mohamed est un martyr etc… etc….
C’est peu de dire que, dicté par des impératifs probablement idéologiques, pour une bonne part, et certainement émotionnels, ce choix est typique – et révélateur… – de l’air du temps, dans tout ce qu’il a de plus détestable. Tout le monde s’occupe des affaires de tout le monde, n’importe qui se croit autorisé à émettre des jugements sur n’importe quoi, et chacun a son idée bien arrêtée sur tout, jugement péremptoire et définitif a la clef !…
Pour lui, c’est pour bientôt…
Pourtant, il est bien permis de penser que, en soi, le triste sort personnel de Mohamed Bouazizi ne concerne en rien la Capitale de la France, en tant que telle. Qu’il mérite compassion et respect, comme tout homme sur terre dont la dignité est bafouée, certes; mais, en soi, son suicide et ce qui l’a provoqué, n’est pas notre affaire, et ni nous ni le Conseil municipal de Paris n’avons le moindre titre à nous immiscer dans les affaires intérieures d’une État souverain. Il n’y aura de toutes façons pas assez d’artères à Paris – ni dans toute la France… – pour rendre hommage (?) à toutes les personnes qui, de par le vaste monde et dans les infinités de situations injustes et choquantes qui y prévalent, manifestent leur révolte de telle ou telle façon, plus ou moins acceptables du reste…
Un qui, par contre, et même si l’on a donné son nom au Parvis de Notre-Dame, attend toujours pour voir sa statue enfin dignement installée dans la Capitale, c’est Jean-Paul II ! Et là, le moins que l’on puisse dire, est que le Conseil municipal de Paris ne fait pas preuve de la même célérité que pour Mohamed Bouazizi. Bizarre, bizarre….
…mais pour Jean-Paul II ! Le Pape n’a eu droit qu’à une attribution a minima dans la nomenclature de la voirie parisienne, et sa statue attend toujours d’être installée dignement dans la capitale.
Pourtant Jean-Paul II, venu plusieurs fois en France et, à Paris, meneur de l’immense rassemblement des JMJ et de Longchamp, se trouve très certainement, et – cela va sans dire.. – beaucoup plus que Mohamed Bouazizi, lié de fait à l’une des pages importantes de l’histoire de cette grande cité : plus d’un million de jeunes réunis à Longchamp pour la Messe de clôture des inoubliables JMJ de 97, à Paris, justement. Ne serait-ce que pour ce fait là, cette réalité extra-ordinaire, on en conviendra, Jean-Paul II mérite bien ce petit quelque chose, non (1) ?
Rappelons que cette statue de 3,6 mètres de haut, réalisée et offerte par Zourab Tsereteli, Président de l’Académie des Beaux-Arts de Russie attend toujours l’accord des autorités parisiennes pour trouver sa place définitive à Paris. A la proposition de l’installer sur le site de l’église polonaise, la Mairie a répondu que c’était… trop près de la Cour des Comptes ! Si, si, c’est vrai, n’allez pas croire qu’on en rajoute… Nouvelle proposition : l’installer au Champ de Mars, en souvenir, justement, des grandioses JMJ de 1997 (c’est là que, le samedi après-midi, fut chanté un « Oh, happy day » d’anthologie, par Barbara Hendricks…). Nouveau refus, et devinez pour quel motif : le Champ de Mars est le lieu de la Fête de la Fédération, au début de la Révolution !
On croit rêver, mais, non, on ne rêve pas !…
En attendant (c’est le cas de le dire !…) Jean-Paul II doit se contenter de l’attribution a minima que lui a chichement accordée une Mairie plus généreuse et, surtout, plus rapide, dans d’autres cas…
(1) : Pour ceux qui veulent se remémorer cet évènement grandiose :
Près d’un million cinq cent mille jeunes à Longchamp, pour la Messe de clôture des JMJ 97…
A quand une place BOUDAREL????? ou Boumedienne.
La république est vraiment en bout de course.
Espérons que la pression sera suffisante pour que la statue de JEAN PAUL II trouve sa place à PARIS, qui ne doit pas être QU’UNE ville révolutionnaire.
Vote unanime pour donner le nom du jeune Tunisien immolé à un lieu de Paris.
54 de nos jeunes sont morts en Afghanistan !
Est ce qu’un lieu de Paris porte le nom d’un seul de ces jeunes ???
C’est une attitude typiquement républicaine que d’attribuer arbitrairement des noms de rue à des personnages objets d’un enjeu idéologique. C’est une façon de s’approprier les lieux en les mobilisant au service d’une idéologie. Ainsi les noms issus de l’usage et de la tradition sont abolis. Par exemple à Marseille la Plaine St Michel s’appelle Place Jean Jaurès, l’avenue de Madeleine s’appelle avenue de la Libération, et il en est de même de Paris où le cours La Reine s’appelle Franklin Roosevelt, l’Etoile s’appelle Charles de Gaulle. Bien entendu, seuls les vainqueurs ont droit à leur gravure dans le marbre: ainsi Blanqui, lequel provoqua le mort de 41 passants en organisant l’attentat de Fieschi contre Louis-Philippe a droit à un Boulevard à son nom, mais évidemment c’est en vain que l’on chercherait une rue Bonald ou un boulevard Villèle. La république est la perpétuation de la guerre civile.