Ceci expliquant probablement cela, après l’imposante couverture médiatique du mariage princier en Angleterre, on a parlé longuement de la Royauté, ce dimanche 1er mai, sur France inter : La Monarchie en Europe fut le thème chois par Stéphane Paoli, qui recevait (entre autres) Didier Maus, Constitutionnaliste, Professeur à l’université Aix Marseille III et président émérite de l’Association internationale de droit constitutionnel; Evelyne Lever, Historienne, spécialiste de la monarchie d’ancien régime, auteur entre autres ouvrages des biographies de Louis XVI, Louis XVIII, Marie-Antoinette aux éditions Fayard; et Philippe Delorme, Historien et journaliste, auteur de « Les dynasties du monde 2010 » et de « William et Catherine : 150 ans de noces royales en Grande-Bretagne » (2011) aux Éditions L’Express Point de Vue…
Pour écouter l’émission : http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/3D-journal/
Très sincèrement, c’est peu de dire que celle-ci fut tès inégale (le micro de Jean Piero est réellement désolant…) et que, à côté de quelques bons moments – Funck Brentano cité dès le début de l’émission, et un intelligent développement sur les libertés locales/privilèges…. -) on y a entendu aussi des banalités ou des choses carrément sans intérêt, mais bon…
On a remarqué que la plupart des autres maisons royales ou impériales d’Europe avaient pour emblèmes des aigles, des lions, des léopards, toutes sortes d’animaux carnassiers. La maison de France avait choisi trois modestes fleurs…. (Bainville)…
Puisque l’on a, donc, beaucoup parlé de royauté en cette fin de semaine, redisons simplement deux ou trois choses…
D’abord, les Anglais ont bien de la chance d’avoir gardé leur royauté, de ne pas être passés par l’effroyable Révolution qui – poursuivie aujourd’hui encore par la République idéologique qui en est issue, comme le disait très bien Clémenceau… – nous a déstabillisés, dévitalisés et fait perdre notre rang, détruisant de fond en comble notre Société. Voilà pourquoi, voir à l’occasion du mariage princier combien Royauté et Tradition(s) peuvent être populaires et unificatrices, pourquoi ne pas le dire, cela fait penser à ce qu’un tel évènement pourrait être chez nous. Il est clair qu’en Grande-Bretagne la Monarchie est l’une des Institutions qui structurent la société, quel que soit par ailleurs l’état présent dans lequel elle se trouve….
Une telle royauté ne saurait cependant être exportable, ni être prise, telle quelle, pour modèle : tout simplement parce que, à chaque pays, correspondent des contingences, des données qui ne sont pas les mêmes ailleurs, c’est une évidence.
Et si nous souhaitons que la France renoue avec la Royauté, qui l’a construite et qui a assuré sa grandeur, il est clair que cela ne peut pas être pour bâtir une royauté « à l’anglaise » (ou « à l’espagnole »…), ce qui n’aurait aucun sens. La Royauté de demain, en France, serait, forcément, en accord avec nos traditions nationales, et le précédent Comte de Paris, parlant de la Constitution de la Vème République – dont, aimait-il à rappeler, il se serait parfaitement accomodé… – déclarait que les Français n’accepteraient pas un Chef de l’Etat qui serait sans pouvoir.
A quoi servirait donc un Roi, en France, et pourquoi ( pour « quoi » ? ) vouloir une Royauté ? Si c’est pour simplement présider à la décadence généralisée des moeurs et de la société, dans toutes ses composantes, et à l’émergence de ce Rien qui nous menace (voir les réflexions de Jean-François Mattéi…), alors il n’y a aucune raison de vouloir transformer les Institutions actuelles, si c’est, justement, pour ne rien transformer !….
Si nous voulons un Roi, c’est, comme nous l’avons dit souvent, pour retrouver cet espace a-démocratique au sommet de l’Etat, qui garantisse la sérénité sur le temps long etc… etc…. Mais ce n’est pas seulement cela que nous voulons, même si ce rôle – assuré par le Roi et la Reine dans les monarchies Espagnole et Anglaise – est fort utile.
En parlant de La Tour du Pin – dans un article écrit pour le centenaire de sa naissance – Maurras expliquait qu’un seul point pouvait le séparer de La Tour du Pin : c’est que, lui et « ses amis du premier degré… se représentaient l’État politique, la Monarchie, comme le couronnement naturel de l’ordre social. Nous répétions, nous, qu’elle précéderait cet ordre au lieu de le suivre, parce qu’elle aurait à le faire, parce qu’elle en serait la cause, le facteur, son action politique préalable étant absolument nécessaire… »
Il faudra donc bien que le Roi soit, aussi, un élément moteur, et acteur dans le processus de reconstruction d’une Société qui a été détruite de fond en comble par la Révolution, et subvertie au sens premier du mot.
Le Roi arbitre, oui, certes; mais aussi, et en fait surtout, vu la situation, le Roi « premier rebelle, et serviteur de la légitimité révolutionnaire », le « Prince chrétien » qui impulsera le mouvement de reconstruction d’une Société dans laquelle l’homme ne sera plus, comme aujourd’hui, empêché de vivre naturellement….
Roi chrétien garant et protecteur, arbitre, fédérateur,
représentant et défenseur de la nation, initiateur, médiateur
et conciliateur dans le cadre d’une monarchie parlementaire
en lien avec nos traditions politiques.
Il faut renvoyer dos à dos les nostalgiques de « l’avant » et les thuriféraires de » l’après », les partisans de Joseph de maistre et ceux de Michelet, car par-delà 1789, la Révolution prolonge l’Ancien Régime au moins autant qu’elle ne le contredit.
Devrions-nous changer d’institutions pour changer de régime vers une certaine forme de royauté comme le préconise Lafautearousseau, ou couronner la République comme le préconise DC?
La note ci-dessus évoque, au fond, deux questions en partie distinctes : le mariage anglais et une énième réflexion sur ce que devrait être et à quoi pourrait servir une royauté en France.
Sur le premier point, il me semble assez clair que les Français en général et les royalistes en particulier ne font pas l’effort de considérer l’Angleterre pour ce qu’elle est, c’est-à-dire selon sa nature propre. Ils la jugent à travers le prisme français. Cela me paraît une erreur. Ainsi, pour un Français, y compris certains royalistes, le mariage du prince William n’a été que « strass et paillettes ». Pour la grande majorité du peuple britannique, y compris ceux du Commonwealth, ce mariage s’est, au contraire, déroulé selon les rites séculaires de la tradition anglaise, dont, ainsi, il manifeste la pérennité et affirme sa foi dans l’avenir, ce qui est le propre d’un mariage. La monarchie en est le symbole, et, probablement, bien plus que cela, qui est déjà beaucoup. Les royalistes français qui ont dénigré ce mariage se sont, à mon sens, trompés. C’est pourquoi, je suis davantage d’accord avec ce qu’en ont dit lafautearousseau ou Jean-Philippe Chauvin, ou, encore, Action française Provence, que ce qu’en ont dit, avec un rien d’aigreur, les Manants du Roi.
La monarchie anglaise (ou espagnole, ou autre) peut-elle servir de modèle à ce que pourrait être une royauté en France ? Evidemment non. Non pas en raison de l’un de ces jugements de valeur dont Français et royalistes sont si volontiers coutumiers, mais tout simplement parce qu’elle est anglaise. Parce qu’elle est l’élément supérieur d’un ensemble d’institutions typiquement britanniques qui, bien évidemment, n’ont pas d’équivalent français. Elles ont un équilibre qui leur est propre et la question de leur exportation, en France ou ailleurs, ne se pose même pas. Alors, pourquoi le fait-on ?
Lafautearousseau soulève, enfin, la question des rapports entre le politique et la société civile, dont on connaît le triste état actuel. (Je veux dire : le triste état des deux). Maurras a d’abord cru pouvoir reconstruire la société française « par le bas ». C’est le sens du « régionalisme » ou, plutôt, du fédéralisme de son premier engagement, dans un esprit très mistralien que Mistral n’a jamais désavoué. Mais, dit-il, quelque part, « ce fut l’illusion de notre jeunesse, car on ne construit pas sous un bombardement ». Maurras voulut, alors, refaire un Etat qui ne soit pas destructeur mais, au contraire, par son « action politique préalable » créateur de l’ordre social. C’est le sens, si souvent incompris, du « politique d’abord » qui n’était, pour Maurras, qu’une nécessité « préalable ». Je pense, pour ma part, que nous devons tenir compte, aujourd’hui, des évolutions que nos sociétés française et européenne ont connues depuis l’époque de la première Action française, où, en effet, la restauration de l’Etat aurait probablement suffi à la revitalisation de la société civile, encore à peu près en ordre. De sorte que, comme dit Boutang, aujourd’hui, « le Prince ne suffirait pas ». Le Politique ne suffirait pas. Je ne donne qu’un exemple, mais il est, à mon sens, essentiel, car il touche au fondement même de toute société : En 1914, il y a, en France, 5% de divorces ; il y en a 10% en 1970 ; et plus de 50%, en 2011 ! C’est pourquoi, je crois que le politique, s’il peut être, naturellement, un facteur essentiel de reconstruction sociale, n’y suffira plus. Et c’est aussi pourquoi Boutang appelle, comme, je crois, nous devrions le faire, à une metanoia (intellectuelle, morale, spirituelle et politique) de l’ensemble de la société française, notamment dans ses élites.
Heureux de voir qu’enfin Lafauteàrousseau cite feu le Comte de Paris. J’ai bien cru qu’on l’avait oublié. Il n’est pas bon de ne citer que le prince Jean.
(à EHLB): ravis de vous savoir « heureux », mais nous avons cité plus d’une fois feu le Comte de Paris, et même assez souvent…
Les propos de Thulé ne sont pas clairs, qu’entend-il par une
« certaine forme de royauté » ?
Quant à résumer mes propos, par la
formule « couronner la République », que je n’ai pas
employée, cela me paraît court et surtout inexact. Il ne
s’agit pas de couronner quelque chose d’existant, mais de
considérer l’existant, et nos traditions politiques, pour
construire une monarchie parlementaire à la Française.
Il faut comprendre que la monarchie parlementaire n’est
pas nécessairement pour la France, le modèle anglais ou
espagnol, mais tout simplement, le « modèle » français, qui
reste à élaborer. Et, pour cela, on ne peut dire que
Maurras soit celui qui synthétise nos traditions politiques
en matière de monarchie ou de royauté, il n’est positionné
qu’à un angle du champ historique, qu’il perçoit
essentiellement à travers le nationalisme, ce qui donne
une vue tronquée de l’histoire institutionnelle de notre
pays et obstrue toute perspective.
L’argumentation de Jaco me semble plus pertinente, à la
différence que, tout ce qui touche au domaine de la
conscience ou de la religion, relève des individus
eux-mêmes, et non de l’Etat ou du Roi. Il y a des lois,
il y a aussi l’influence du Roi dans ces domaines, par son
autorité morale et politique, mais la liberté de conscience,
bien qu’encadrée, demeure. Le Roi n’est pas une autorité
théocratique, il a une autorité morale et politique, ce qui
n’est pas rien.
La monarchie de droit divin étant devenue impensable, pour d’évidentes raisons, la monarchie ne peut plus être aujourd’hui qu’une monarchie constitutionnelle, c’est-à-dire, ne vous en déplaise mon cher DC, une démocratie couronnée. Un éventuel rétablissement de la monarchie en France aurait peut-être une valeur symbolique ou (horresco referens !) sentimentale, mais, -je suis en cela d’accord avec JACO- elle ne résoudrait aucun des problèmes politiques du moment.
Que leurs institutions soient républicaines ou monarchiques, les sociétés occidentales se ressemblent aujourd’hui de plus en plus. Elles évoluent ensemble à partir de la base, à partir du social, et non plus à partir du haut. Les moeurs précèdent la loi, et non plus l’inverse.
C’est sur cette transformation fondamentale qu’il faudrait peut-être s’interroger, plutôt que de repéter dans le vide des principes apparemment déconnectés de toutes les formes de possible.
Je ne suis, décidément, pas en accord avec grand chose de ce qui précède.
En forme résumée :
DC veut, à toute force, imposer son idée de monarchie parlementaire. Bien. Je ne suis pas partisan d’une monarchie où il n’y aurait ni parlement ni représentation populaire. Mais je me souviens aussi d’une vieille constatation de Renan qui devrait tempérer son optimisme, car elle comporte sa part de vérité : « les assemblées délibérantes sont des fléaux ». Elles l’ont été bel et bien, plusieurs fois, dans notre Histoire.
Ce que dit DC de Maurras m’est totalement obscur. Et le peu que je crois en comprendre me paraît infondé.
Je ne vois pas pourquoi DC mêle la question religieuse à mon propos, alors que mon commentaire n’en parlait pas, ou très indirectement, et sous un angle essentiellement politique ou social. (Disons, sans vouloir être prétentieux : du point de vue de la physique sociale). Cela dit, l’affirmation, devenue banale, selon laquelle la religion relève de la sphère privée (DC dit même « individuelle ») me paraît parfaitement inexacte. Elle est, tout simplement, un déni de réalité. Soit que l’on observe l’histoire de notre nation, celle, aussi, d’ailleurs, de toute l’Europe, et leur constitution physique, morale, esthétique, juridique, etc. … soit que l’on observe les sociétés modernes, dans le monde entier, l’on conclura que les religions sont (aussi) des phénomènes évidemment sociaux et donc éminemment politiques. On peut toujours se contorsionner pour affirmer des principes abstraits. Ignorer les faits me semble lourd de conséquences… Ce qui ne veut, évidemment, pas dire (navré d’être obligé à le confirmer) que je sois partisan d’un régime théocratique quelconque.
Thulé nous ressort la fausse problématique de la « monarchie de droit divin » dont on ferait bien de se débarrasser, une fois pour toutes. Elle n’est compréhensible, par le grand nombre, qu’aux grandes époques de foi, où tous les pouvoirs, et pas seulement les monarchies, et pas seulement la monarchie française, (mais aussi les républiques, dictatures et autres pouvoirs politiques de l’ancienne Europe) sont perçus comme de « droit divin », y compris, d’ailleurs, les autorités intermédiaires, jusqu’à celle du père de famille.
Je n’ai pas dit, non plus, qu’un Prince, à la tête de l’Etat « ne résoudrait aucun des problèmes politiques du moment ». J’ai dit, à la suite de Pierre Boutang, qu’il n’y suffirait pas. Cela, en raison de l’extrême fragilité de notre société. De notre civilisation.
Sur ce point, j’ai évoqué, à titre d’exemple, l’explosion des divorces, en France, et j’ai cité des pourcentages dont l’évolution, sur les cent, et, plus encore, sur les quarante dernières années, est effrayante. Je ne me référais pas, sur ce point, selon moi, fondamental, à une norme morale ou religieuse mais politique et sociale. En effet, toutes les sociétés dites occidentales, républiques et monarchies confondues, sont traversées par un courant de désagrégation qui défie toutes les lois de l’ordre et de la stabilité sociale et qui marque, à mon sens, les limites du Politique.
Si les sociétés dites occidentales « évoluent ensemble à partir de la base, à partir du social, et non plus à partir du haut », c’est plutôt vers leur désagrégation.
Les mœurs ne précèdent même plus la loi parce que, à proprement parler, il n’y a plus de mœurs.
JACO pourrait-il expliciter :
« metanoia (intellectuelle, morale, spirituelle et politique) de l’ensemble de la société française, notamment dans ses élites. »
Merci par avance de son effort.
Presque tous les dissidents de l’Action française — et l’on sait combien il y en eut ! — ont opposé le jeune Maurras à celui de la maturité et, de même, l’Action française des débuts à celle de l’entre-deux-guerres.
Il y a beaucoup de vrai dans cette oposition. Je pense l' » âge d’or du maurrassisme », pour reprendre le titre du livre de Jacques Paugam, a correspondu à cette période où le jeune Maurras, fédéraliste et antichrétien, rêvait d' »helléniser le monde » et se disait persuadé qu' »un socialisme, libéré de l’élément démocratique et cosmopolite, peut aller au nationalisme comme un gant bien fait à une belle main ».
Le jeune Maurras avait compris que, pour recréer le tissu social et restaurer la société, il faut partir du bas, ce qui implique la décentralisation, sinon l’autonomie, voire la démocratie directe. Simultanément, il dénonçait le « Christ hébreu », le « venin du Magnificat » et, dans Anthinéa qualifiait les premiers apôtres de « convoi de bateleurs, de prophètes, de nécromants, d’agités et d’agitateurs sans patrie ».
Par la suite, comme chacun le sait, Maurras prit ses distance vis-à-vis de ces écrits de jeunesse. En politique, il se rallia à l’idée que les choses se jouent « à partir du haut », c’est-à-dire par une réforme des institutions.
Personnellement je préfère le jeune félibre au « cher Maître » de l’Académie française.
Maurras vaut mieux que ce qu’en pensent ses détracteurs, qui ne l’ont généralement pas lu, mieux aussi que ce qu’en pensent ses partisans, qui l’ont lu, mais l’enferment souvent dans des formules toutes faites. Quoique l’on pense de ses idées, on ne peut avoir, enfin, que de l’admiration, et même de l’affection, pour ce vieux lutteur qui a consacré toute sa vie à ses idées, et qui a su les servir avec autant de courage, de passion et de désintéressement
Le Roi ne serait pas en haut dans une monarchie
parlementaire à la française ?
Mais où serait-il alors ?
Rien ne s’ impose, puisque tout est à faire et à
repenser, selon nos traditions politiques.
Il me semble que Thulé et JACO ont des préjugés sur le
terme de monarchie parlementaire. Il ne s’agit pas
de copier celle de 1791 où effectivement l’initiative venait
du bas et non du haut, ni par définition, de transposer le
« modèle » anglais.
Il s’agit de réfléchir à nos institutions, où le Roi serait
réellement en haut, en prenant pour base les Chartes de
la monarchie parlementaire, la Vème république, mais
aussi le droit de véto suspensif de la constitution de 1791,
en parvenant à un système équilibré entre l’exécutif et le
législatif.
Maintenant, l’on peut toujours être plus royaliste que le
Roi, mais l’histoire montre que cela ne fonctionne pas ainsi.
Je ne veux pas laisser sans suite la demande d’éclaircissement de MitronXIII7.
Que veut dire Pierre Boutang lorsqu’il indique que sans une « metanoia », c’est à dire une volonté profonde de changement, de « conversion » ou, positivement, de Renaissance, de la société française, même un Prince ne suffirait pas à enrayer la désagrégation de notre nation. A quoi j’ajouterai, pour ma part : et probablement de toute l’Europe.
Bien entendu, il ne s’agit pas d’une métanoia ou d’une conversion, au sens uniquement religieux, voire théologique. Mais au sens étymologique qui est : transformation profonde, changement d’esprit ou de mentalité.
Observez ce que sont devenus, pas seulement notre système institutionnel, ou politique, qu’il aurait suffi d’améliorer ou de changer, en d’autre temps, mais la société elle-même, le monde lui-même.
Faut-il encore décrire, ici, ce monde où nous vivons, les bases qui sont les siennes, l’avilissement qu’il induit, des peuples, des Etats, de la culture, de la simple vie en société ?
La politique, les institutions, n’ont guère de sens si on les réduit à de simples techniques ou entités juridiques, sans but « sociétal », sans ambition de civilisation.
Sauf à considérer le système mondial actuel comme satisfaisant, ou sans très graves défauts, susceptibles de réduire notre civilisation à presque rien, il faut admettre qu’une profonde remise en cause, un « retournement » sont nécessaires à notre survie en tant qu’Etat, peuple et société.
C’est le sens de l’appel de Boutang à une « métanoia ».
Peut-elle être envisagée, ressentie comme vitale, désirée, voulue, puis progressivement mise en oeuvre par un nombre suffisant de Français – et j’ajouterai, pour ma part, d’Européens ?
Mais, c’est, en leur temps, à leur manière, avec les qualités et, sans-doute, aussi, les défauts de leur époque, ce que Maurras et son Action Française avaient entrepris au début du siècle dernier, où toute une élite s’était rassemblée et grandissait autour d’eux et que la première guerre mondiale est tragiquement venue interrompre.
Mais c’est ce qui peut être repris. Par nous ou par d’autres, ou les deux. C’est ce qui peut devenir ce que le défunt Comte de Paris appelait très justement une « exigence naturelle des réalités de notre temps ». C’est ce qui peut devenir une grande aspiration populaire, qui a, naturellement, besoin d’être guidée, explicité, amplifiée.
Le rejet du monde de l’argent-roi et de ses citadelles de tous ordres , tel qu’il nous apparaît bien aujourd’hui, le refus de notre désagrégation peut, en effet, faire l’objet d’un consensus profond, en France et en Europe. Nous en avons, déjà, même dans les grands médias, des signes et des manifestations nombreux et de grande qualité. Sachons, au moins, les reconnaître.
Et, dans ce cas, Boutang, à mon avis, a raison de penser que le Prince issu de notre histoire nationale, peut apparaître comme le « premier rebelle, et serviteur de la légitimité révolutionnaire ». Révolutionnaire, bien-sûr, au sens que nous venons de dire.
C’était la drnière phrase de son « Reprendre le Pouvoir » dont le souci essentiel, comme toute sa vie d’homme d’action, n’était rien d’autre que de « faire » la monarchie, un Prince et un Roi.
Le sujet n’est pas si facile. J’espère avoir été clair.
Mitron XIII a bien fait de poser sa question, et Jaco lui a, à notre très humble avis, fort bien répondu. Il est heureux que ce Blog soit là, lorsque c’est pour servir à des échanges pareils…..
Le fait de dire » La politique, les institutions, n’ont guère de sens si on les réduit à de simples techniques ou entités juridiques, sans but « sociétal », sans ambition de civilisation »
est à mon avis un non sens. La politique ou plutôt le politique ont pour objet précisément d’agir sur le cours des choses et de fixer des caps selon des valeurs, des principes auxquels ils se réfèrent; quant aux institutions, si elles constituent le moyen d’y parvenir, elles s’inscrivent nécessairement dans l’histoire du pays qu’elles structurent.
Ce que l’on peut dire simplement, c’est que la ou le politique, les institutions, actuels ne satisfont pas au respect de principes ou de valeurs auxquels nous sommes attachés, mais il ne s’agit jamais de simples techniques ou entités juridiques, il y a nécessairement toujours derrière des objectifs qui ne sont pas les mêmes que les nôtres.
La France fait partie d’une civilisation dont toute l’identité réside dans le fait de ne plus en avoir — qui tient son identité même du refus d’en avoir une — et qui, après avoir fait le vide en elle-même, exporte aujourd’hui ce vide à l’échelle planétaire.
Au sein de ce vaste mouvement, qui menace de réduire l’histoire du monde aux aléas du marché mondial, la France est probablement plus menacée encore que certains de ses voisins.
On ne sortira pas d’une telle situation uniquement par des appels au « sursaut » des élites, ou à des prises de conscience; machines à décevoir immanquablement.
Il n’y a rien à attendre des formes d’action politique que l’on a connues jusqu’à présent.
Partout, il convient donc de revenir à la base pour réhabiliter la notion d’espace public et faire renaître la dimension politique du social autour de quelques mots d’ordre simples : autonomie, démocratie directe, subsidiarité.
L’époque où tout est perdu — au sens propre de ce terme — est la pire et la meilleure à la fois. Il s’agit de rechercher les conditions d’un nouveau commencement.
Pour ce faire, le retour du Roi est nécessaire. Mais, sera-t-il suffisant?
Il me semble que la question est « maladroitement »
formulée,alors que les propos de Thulé sont suffisamment
explicites.
Tout d’abord, le retour du Roi est non seulement
nécessaire, mais indispensable, pour toutes les raisons
maintes fois évoquées ici et ailleurs.
Serais-ce suffisant ? La question ne se pose pas, dès lors
qu’un changement d’institutions s’accompagne
nécessairement d’un changement d’organisation des
pouvoirs et des structures. C’est bien pour cela qu’il est
nécessaire de repenser notre constitution (la loi
fondamentale) qui ne traitera pas que du Roi, mais aussi
de tout le reste. Même si la Constitution ne règle pas tout,
elle fixe un cadre et des principes pour l’ensemble des
structures institutionnelles.
Le Roi étant indépendant des partis politiques, rien ne
l’empêche d’organiser des Etats Généraux sur tel ou tel
sujet, de prendre des initiatives ….
C’est pourquoi, si l’on n’attend pas du Roi, un programme
politique, pour le temps d’une législature, ce qui revient au
1er ministre, on attend de lui, il me semble, un projet
institutionnel sans cesse renouvelé et adapté qui s’inscrit
dans la durée, et dont il est le garant. Ce projet
institutionnel concerne tous les grands corps et structures
de l’Etat, des collectivités locales, des entreprises, des
syndicats etc … pour plus de démocratie politique, mais
aussi sociale et économique, avec le concours et
l’approbation des Français, projet dans lequel le Roi est
fédérateur, arbitre, conciliateur, garant, car il en est
l’initiateur. Ceci est en soi révolutionnaire.