Comme Antiquus, DC, Thulé et bien d’autres (savez-vous que le nombre des commentateurs s’élève à plusieurs centaines, sur lafautearousseau ?…), Jaco nous fait l’amitié de poster, assez régulièrement, ses points de vue sur tel ou tel sujet et, plus particulièrement, sur tel ou tel commentaire, ce qui nous vaut des joutes intéressantes et toujours positives.
Le mardi 3 mai dernier, nous avons publié une note inspirée à la fois par le mariage princier d’Angleterre et par l’émission d’une heure sur France inter, du dimanche 1er mai consacré à la Monarchie (Une Royauté, oui, mais pour quoi faire ? Ou : à pays divers, Royautés diverses….).
Jaco a donc envoyé ses réflexions et celles-ci nous ont paru devoir être publiées, aussi, sous forme de note. C’est ce que nous faisons.
Carrément.
La note ci-dessus évoque, au fond, deux questions en partie distinctes : le mariage anglais et une énième réflexion sur ce que devrait être et à quoi pourrait servir une royauté en France.
Sur le premier point, il me semble assez clair que les Français en général et les royalistes en particulier ne font pas l’effort de considérer l’Angleterre pour ce qu’elle est, c’est-à-dire selon sa nature propre. Ils la jugent à travers le prisme français. Cela me paraît une erreur. Ainsi, pour un Français, y compris certains royalistes, le mariage du prince William n’a été que « strass et paillettes ». Pour la grande majorité du peuple britannique, y compris ceux du Commonwealth, ce mariage s’est, au contraire, déroulé selon les rites séculaires de la tradition anglaise, dont, ainsi, il manifeste la pérennité et affirme sa foi dans l’avenir, ce qui est le propre d’un mariage. La monarchie en est le symbole, et, probablement, bien plus que cela, qui est déjà beaucoup. Les royalistes français qui ont dénigré ce mariage se sont, à mon sens, trompés. C’est pourquoi, je suis davantage d’accord avec ce qu’en ont dit lafautearousseau ou Jean-Philippe Chauvin, ou, encore, Action française Provence, que ce qu’en ont dit, avec un rien d’aigreur, les Manants du Roi.
La monarchie anglaise (ou espagnole, ou autre) peut-elle servir de modèle à ce que pourrait être une royauté en France ? Evidemment non. Non pas en raison de l’un de ces jugements de valeur dont Français et royalistes sont si volontiers coutumiers, mais tout simplement parce qu’elle est anglaise. Parce qu’elle est l’élément supérieur d’un ensemble d’institutions typiquement britanniques qui, bien évidemment, n’ont pas d’équivalent français. Elles ont un équilibre qui leur est propre et la question de leur exportation, en France ou ailleurs, ne se pose même pas. Alors, pourquoi le fait-on ?
Lafautearousseau soulève, enfin, la question des rapports entre le politique et la société civile, dont on connaît le triste état actuel. (Je veux dire : le triste état des deux). Maurras a d’abord cru pouvoir reconstruire la société française « par le bas ». C’est le sens du « régionalisme » ou, plutôt, du fédéralisme de son premier engagement, dans un esprit très mistralien que Mistral n’a jamais désavoué. Mais, dit-il, quelque part, « ce fut l’illusion de notre jeunesse, car on ne construit pas sous un bombardement ». Maurras voulut, alors, refaire un Etat qui ne soit pas destructeur mais, au contraire, par son « action politique préalable » créateur de l’ordre social. C’est le sens, si souvent incompris, du « politique d’abord » qui n’était, pour Maurras, qu’une nécessité « préalable ». Je pense, pour ma part, que nous devons tenir compte, aujourd’hui, des évolutions que nos sociétés française et européenne ont connues depuis l’époque de la première Action française, où, en effet, la restauration de l’Etat aurait probablement suffi à la revitalisation de la société civile, encore à peu près en ordre. De sorte que, comme dit Boutang, aujourd’hui, « le Prince ne suffirait pas ». Le Politique ne suffirait pas. Je ne donne qu’un exemple, mais il est, à mon sens, essentiel, car il touche au fondement même de toute société : En 1914, il y a, en France, 5% de divorces ; il y en a 10% en 1970 ; et plus de 50%, en 2011 ! C’est pourquoi, je crois que le politique, s’il peut être, naturellement, un facteur essentiel de reconstruction sociale, n’y suffira plus. Et c’est aussi pourquoi Boutang appelle, comme, je crois, nous devrions le faire, à une metanoia (intellectuelle, morale, spirituelle et politique) de l’ensemble de la société française, notamment dans ses élites.
La métanoïa des élites : laissez-moi rire. Faut-il vous rappeler que de tous temps ce sont les élites qui ont trahi?
Avant de s’interroger si « le Prince ne suffirait pas » à ceci ou à
cela, il serait déjà bien de s’employer au retour du Roi, en
s’inscrivant dans nos traditions historiques et politiques pour
associer et faire adhérer les Français, à cette perspective.
DC a évidemment raison. Il me semble, à titre d’exemple, que c’est à quoi ce blog s’emploie. Il n’est pas le seul. D’autre part, il y a le Prince que nous devons soutenir sans prétendre nous confondre avec lui.
Sur la question des élites, je ne sais s’il faut en rire, mais Thulé, à mon avis, n’a pas tort de souligner leur capacité de « trahison ». Il oublie seulement qu’elles seules, en tous temps, aussi, sont capables d’imprimer à la société un mouvement de reconstruction. Ne soyons pas trop manichéens.