(Rédigée avant « l’affaire », cette note devait être envoyée dans la semaine, jeudi ou vendredi. Nous l’envoyons donc dès aujourd’hui, sans pourtant rien y changer…..)
Ou, encore : les livres d’Histoire diront-ils, un jour, que Jaurès est mort en 2012 ?….
Quand on voit ce que ses héritiers ont fait, et continuent de faire, de ce qui fut, malgré tout, une grande idée, autrefois… Nous ne prendrons que deux exemples de ce grand effondrement – alors qu’il serait possible d’en prendre tant d’autres !… -, chez l’ex couple Hollande et, surtout, in fine, chez Dominique Strauss-Kahnn…..
Autrefois, il y a très, très longtemps, à des années lumières du FMI, du tout à l’égo qui déchire jusqu’au sang les différentes chapelles du PS, ou des déchirements de l’ex-couple Hollande-Royal etc…etc…., le Parti Socialiste c’était, donc, Jaurès.
On aimait ou on n’aimait pas, on adhérait à ses envolées lyriques ou – comme Maurras et l’Action Française – on y voyait, dans le meilleur des cas, des illusions, peut-être généreuses mais fort optimistes, en tout cas annonciatrices de réveils douloureux, comme ce fut d’ailleurs le cas. Assassiné en 1914, il prédisait que jamais les travailleurs allemands n’attaqueraient les travailleurs français; en tout cas, il le croyait, ou il faisait semblant de le croire; c’était juste avant que, dans cette Grande Guerre qui fut héroïque autant qu’elle fut monstrueuse, les travailleurs français et allemands ne s’étripassent avec allant, les réalités, là comme ailleurs, étant nationales, et non idéologiques.
Cependant, il faut bien reconnaître qu’il y avait malgré tout du souffle, de l’épaisseur, chez le personnage; il y avait quelque chose qui faisait que l’on respectait un véritable engagement politique, même si on ne le partageait pas. On pouvait apprécier ses moments d’honnêteté lucide -comme quand il reconnaissait « le charme séculaire de la Monarchie », tordant ainsi le cou aux mensonges d’une certaine gauche qui prétendait que les masses laborieuses gémissaient sous les tyrans !…-; on pouvait être frappé aussi de son engagement chrétien et catholique jamais renié: c’est une chose que beaucoup ignorent: mais dans une gauche où, à l’époque, l’anti catholicisme frisait souvent l’hystérie (on était à peine neuf ans après l’extraordinaire déferlement de haine anti chrétienne de 1905…), et où l’on bouffait du curé comme aujourd’hui on défend la forêt amazonienne, il n’a jamais cessé de pratiquer (baptême des enfants etc…), ce qui lui conférait malgré tout une certaine originalité dans ce milieu politique; bref, la personne de Jaurès, restait au dessus et à l’abri de toutes critiques personnelles stricto sensu…
I : de dirigeants « tristes sires »…..
Les choses ont bien changé aujourd’hui au PS: les mondanités ont remplacé les envolées lyriques, l’épaisseur des dirigeants a fondu comme neige au soleil, et l’élévation des idéaux a laissé la place à de désolantes ou ridicules histoires personnelles, dont la banalité et la médiocrité rappellent certains mauvais feuilletons venus des Etats-Unis… Juste avant la campagne électorale de 2007, Laurent Fabius avait déjà épinglé Ségolène Royal en ces termes, peu amènes on en conviendra: « Il vaut mieux dire: « Voici mon programme ! » que « Mon programme c’est « Voici » ! » (ambiance…). Puis il y eut la parution du livre « La femme fatale », consacré à Ségolène. On rasait les pâquerettes, on mettait le cap droit sur le caniveau…
Ensuite, « son ex » (comme on dit parfois aujourd’hui, avec une grande vulgarité….) s’afficha sur une plage avec sa nouvelle conquête; mais, on se demande bien pourquoi, il attaqua un journal mondain (Closer, pour ne pas le nommer), et lui fit infliger une amende de 15.000 euros par la justice, à défaut d’obtenir le retrait de la vente de ce magazine; motif ?: « atteinte à la vie privée », pour avoir publié des photos de lui, et d’elle, sur une plage publique marocaine !; l’argument était en soi, d’un point de vue juridique, recevable, puisqu’il s’agissait de faire respecter le droit à l’intimité, à la vie privée… mais on ne voyait pas trop où François Hollande voulait en venir: il voulait être respecté ? par les journalistes de Closer, comme hier son ex-compagne par les auteures de La Femme Fatale » ? Mais pour être respectés, la première des choses à faire pour les hommes politiques, au lieu d’aller pleurer devant les tribunaux n’est-elle pas, tout simplement, d’être respectables; de ne pas avoir les comportement stéréotypés de monsieur-tout-le-monde; d’être, au moins un peu, ne serait-ce qu’un tout petit peu, au-dessus de ce qui se fait partout: si on prétend avoir des salaires, des conditions d’existence et un environnement exceptionnel, c’est aussi parce que l’on est aussi soi même – ou du moins que l’on essaye de l’être… – un peu exceptionnel; sinon, si l’on est en tous point semblable aux autres, au vulgum pecus » (qui est ce qu’il est, mais qui, lui au moins, ne demande pas à « être à la tête de… »), quelle justification y a-t-il à cette débauche d’avantages en tous genre dont jouit la classe politique en général, l’ex couple Hollande en particulier ?
Et pourquoi aller devant les tribunaux ? en espérant y trouver une respectabilité ? Mais celle-ci ne se décrète pas, et pas par un Tribunal: elle vient des personnes elles-mêmes, et de leurs attitudes…Quand on n’a pas un comportement irréprochable et exemplaire, quand on est coincé entre ses actes (ordinaires…) et ses exigences (extra-ordinaires…), pourquoi se plaindre d’être traité sans trop d’égards et de révérence, comme tout le monde, puisqu’on est dans la pratique comme tout le monde ? Et il faudrait qu’en plus l’ex couple se drape dans les plis de la vertu outragée, lui qui donne un exemple de vie privée somme toute assez conforme à la désolante médiocrité qui s’étale un peu partout ?
On est donc bien loin, très, très loin, à des années-lumières, de Jean Jaurès ! L’ex couple Royal-Hollande ferait mieux de commencer par le commencement: se tenir mieux et renvoyer une meilleure image de lui; le reste, c’est à dire le respect que l’on va demander aux tribunaux, ne viendrait-il pas alors tout seul, tout naturellement ?…..
II : …à d’autres, non moins « tristes sires »….
Paris, 3 mai 2011, le Parisien publie cette photo : propriétaire du plus luxueux ryad de Marrakech, époux de la richissime Anne Sinclair, DSK et son épouse sortent de la Porsche Panamera S de son ami Ramzi Khiroun (120.000 euros, tout de même…) pour se rendre dans son non moins luxueux domicile de la Place des Vosges.
Qu’on nous comprenne bien : ce n’est pas le succès, ni la fortune que nous reprochons, ni à DSK ni à personne : on sait bien que, acquis honnêtement, par le travail, succès et fortune ne sont en rien critiquables. C’est l’hypocrisie qui est critiquable : celle des hommes, et celle des discours et programmes….
Mais que dire, maintenant que l’on a suffisamment épinglé lemanque d’épaisseur (comme on est polis !…) de deux personnalités phares du PS dans leurs misérables comportements humains, alors qu’ils persistent à se présenter comme des descendants du grand PS d’autrefois ; que dire, donc, de ce qui est encore infiniment plus grave, pour l’idée et pour la croyance socialiste : le positionnement de l’actuel PS, en général, et de Dominique Strauss-Kahn, en particulier.
Jacques Julliard aura sans doute été le plus cruel, mais le plus juste, des observateurs de cette évolution/trahison de son propre camp, dont on sait combien il en souffre…..
Dès le 2 août 2007, donc juste après la défaite de Ségolène Royal à la Présidentielle, et dans un article retentissant du Nouvel Observateur, il a envoyé à toutes les composantes de la Gauche, mais surtout à son Parti socialiste, la volée de bois vert amplement méritée.
Quelques extraits :
« Socialistes, croyez-vous encore à vos mythes ?…. le mal est plus profond qu’une défaite conjoncturelle..;…c’est une défaite intellectuelle et morale. Il y a longtemps que le PS a cessé de penser et de croire ce qu’il raconte…. »
Et encore :
« …les socialistes croient-ils encore à leurs mythes tels que la lutte des classes…, le prolétariat, la nationalisation des moyens de production et j’en passe ? Si l’on n’y croit plus, alors qu’on le dise, et surtout que l’on en tire les conséquences. Trop longtemps on a cru pouvoir gagner la partie au moyen d’un logiciel que l’on savait faux. Pour un parti qui se veut le parti de l’intelligence, quel mépris de l’intelligence ! Quelle dénégation du réel ! Quel mépris de l’électeur ! Et l’on voudrait que celui-ci ne s’en aperçut pas ?…. Le plus grave, c’est que cette démission de l’intelligence a produit ce qu’il faut bien appeler une imposture morale. Au propre comme au figuré, les socialistes n’habitent pas où ils militent, ils ne mettent pas leurs enfants dans les écoles qu’ils défendent, la plupart ne vivent pas comme ils sont censés vivre. L’écart entre l’être et le paraître est devenu le principal handicap social du parti…. »
Et voici le tour des éléphants, et du premier d’entre eux, peut-être :
« Quels masques de cire que ces éléphants ! La preuve, c’est leur débandade actuelle. Les mêmes qui multipliaient les réserves à l’égard du rapprochement de Ségolène avec Bayrou entre les deux tours de la présidentielle ne trouvent pas mauvais un mois plus tard de se jeter dans les bras de Sarkozy. Sans parachute ! Tel qui déclarait il y a quelques jours vouloir se consacrer entièrement à la rénovation du socialisme décide tout à trac de partir à New York rénover le FMI ! ».
Ainsi arrivés au cas Strauss-Kahnn, dans cette réflexion désabusée sur l’évolution/trahison du PS, notre boucle est pour ainsi dire bouclée. Car, enfin, si Dominique Strauss-Kahnn, l’Américain, le financier, plus fédéraliste européen encore que Sarkozy; si DSK, donc, devenait le candidat du PS en 2012 – mais le simple fait qu’on en parle et que certains le souhaitent, au PS, pose déjà problème, en soi… -; et si d’aventure il devait l’emporter, serait-ce le candidat de la gauche, ou de la droite qui l’aurait emporté ? A très peu de choses près – nous parlons évidemment de choses fondamentales, pas des apparences… – un Sarkozy n’en remplacerait-il pas un autre ?…..
Mais Jaurès, lui, mourrait une seconde fois. Et, cette fois, ce serait la bonnne, si l’on peut dire……
Il y a certes Jaurés, il y a aussi De Gaulle, il y a des
commentaires sur le couple Hollande, on attend les
commentaires également des couples Sarkozy, tant qu’à
faire, mais je ne crois pas que cela soit à la
hauteur de la cause que nous défendons.
Hormis l’actualité qu’il faut bien commenter, la vie privée
reste la vie privée, chacun est en mesure de se faire sa
propre opinion.
« acquis honnêtement, par le travail, succès et fortune ne sont en rien critiquables », certes. Par l’héritage non plus!
Vous m’étonnez en comparant les « géants d’hier » avec les « nains d’aujourd’hui ». Jaurès ne méritait pas davantage notre respect que Strauss-Kahn. Comme l’a montré en son temps Georges Sorel et comme JC Michéa le montre aujourd’hui, Jaurès n’était pas une icône de pureté et de noblesse. Il n’était d’ailleurs pas un vrai socialiste mais un intellectuel kantien et humanitariste, ce qui représente ce que nous détestons le plus. Le seul point à son actif est son effort pour éviter la guerre de 1914, effort qui lui a coûté la vie puisqu’il fut assassiné par un représentant typique du crétinisme belliciste de l’époque.
le socialisme a longtemps représenté une grane chose. Pour la classe ouvrière de l’époque, c’atait la solidarité et le sens du bien commun, la lutte contre le désordre établi, la revendication pour plus de justice et de dignité.
Cette honnêteté ordinaire, qui impliquait le sens de l’honneur et de la parole donnée, a permis à l’Action Française parcequ’elle était restée fidèle à ses valeurs d’origine, de se solidariser de cette contestation populaire du système de l’argent.
Le ralliement d’une grande partie de la gauche à l’économie de marché, son installation médiatique plus portée à défendre l’homoparentalité, les sans-papiers, l’art contemporain, les genders, le politiquement correct, et la sureillance permanente du comportement d’autrui, qu’a prendre fait et cause pour la classe ouvrière.
Qu’on ait pu envisager de passer sans heurt de la direction du FMI à celle de candidat socialiste à l’élection présidentielle, en dit long sur la dissolution du socialisme dans la mondialisation et de l’immense mépris que réservent aux « gens de peu » ceux qui vivent dans la bulle du paraître médiatique.
Ce qui vaut pour les socialistes par rapport à Jaurés, vaut
aussi pour l’U.M.P. par rapport à De Gaulle.
Ceci explique bien des choses, dans le fait que les
Français soient désemparés et se tournent de plus en plus
vers d’autres mouvements politiques.
Indépendamment de la ré-instauration de la royauté en
France, la parole royale a donc un boulevard devant elle
pour faire entendre sa voix dans une période aussi trouble.
Disserter des heures sur le fait que oui ou non la royauté
serait suffisante ou pas en cas de retour, pour ceci ou
pour cela, est une chose, appeler ou encourager à encore
davantage d’initiatives et de déclarations royales en est
une autre.