Printemps 2011 : un sondage du CSA (commandé par l’Association de parents d’élèves de l’enseignement libre (Apel) et La Croix), vient confirmer ce que l’on savait déjà depuis longtemps : le collège « fonctionne mal » (doux euphémisme, pour celles et ceux qui vivent « du dedans » le désastre éducatif…).
Encore les questions sont-elles suffisamment « prudentes » pour que les sondés trouvent seulement que ce Collège unique ne favorise pas suffisamment l’égalité des chances et qu’il ne prépare pas bien les élèves à la suite de leur scolarité et à leur insertion professionnelle.
Oui, bien sûr, et le plus tôt sera le mieux….
C’est, effectivement, le moins que l’on puisse dire, alors qu’il y a bien davantage à dire et que, de toutes façons, le dire ne suffit pas : il faut, maintenant, agir, et, pour agir, il faut remonter aux causes vraies, aux causes essentielles du mal que l’on dénonce, même si ces causes, on va le voir, sont des causes lointaines. Lointaines dans le temps, mais aussi lointaines en ce sens qu’elles remontent à de vieilles nuées, dont on n’a toujours pas débarrassé les esprits des décideurs. Et pour cause : elles sont parties intégrante du Système en place, et de son idéologie pernicieuse…. On voit donc mal le Système se remettre en cause lui-même, et se déjuger, en rejetant aujourd’hui ce qu’il a patiemment construit en près d’un siècle et demi, pour être en conformité avec ses rêveries des origines.
Faisons donc un petit voyage, obligé, dans l’histoire, pour voir comment le naufrage actuel est le résultat direct de l’idéologie férocement « anti-racines » de notre République idéologique, telle qu’elle s’est patiemment et méthodiquement construite, depuis 1875. Et pas seulement le naufrage du Collège unique, mais celui de tout le Ministère de la des-Éducation nationale, ce qui condamne, au passage, la France à un déclassement international lent mais certain – et irréversible, si rien n’est fait…
Sous les dehors hypocrites d’une soi-disant laïcité respectueuse, une haine forcenée du catholicisme et de tous nos Héritages…..
« C’est que cette admirable Révolution par qui nous sommes n’est pas finie, c’est qu’elle dure encore, c’est que nous en sommes encore les acteurs, c’est que ce sont toujours les mêmes hommes qui se trouvent aux prises avec les mêmes ennemis. » Clemenceau, Discours prononcé à la Chambre des députés le 29 janvier 1891, « La Révolution est un Bloc… »)
Tout commence avec Jules Ferry, l’homme qui voulait organiser le monde (et, d’abord, le monde éducatif…) « sans Roi et sans Dieu ». Il n’a que trop bien réussi, hélas !… Avec les « hussards noirs de la République », dont on se gargarise tant, à tort et à travers, jusques et y compris dans des milieux où l’on pense être proche des traditions françaises, Jules Ferry a réussi à, lentement, transformer les français de l’intérieur, par leur esprit et leur culture. Si l’expression « changer le peuple » a bien un sens, c’est dans ce domaine du mental, du culturel, du spirituel qu’elle a commencé à prendre corps, bien avant que la même République idéologique ne continue son travail en passant à un second stade et, « important » depuis 1975 des masses invraisemblables d’étrangers, ne se mette à changer, aussi, le peuple, dans son physique, après l’avoir changé dans son mental (1).
Jules Ferry – pour faire court et résumer à grands traits – lance les bases essentielles de son action entre 1879 et 1882. Cette année-là, il est décidé que l’instruction obligatoire le sera justement, obligatoire, jusqu’à 13 ans. Ce n’est qu’en 1936 qu’on allongera la scolarité à 14 ans. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale – il faut tenir compte de la coupure de la Guerre de 14, qui a forcément tout ralenti… – les choses suivent leur cours, selon la lancée et la dynamique que leur a impulsées Jules Ferry, mais, pour les idéologues révolutionnaires, cela ne va pas assez vite. S’ils ne peuvent rien faire d’envergure à cause de la Première puis de la Seconde Guerre mondiale, ils réfléchissent beaucoup et amassent leurs théories dans les cartons, d’où elles sortiront un jour. Ils trouvent ainsi que ce qu’a fait Jules Ferry, c’est bien, mais que cela ne va pas assez vite : par exemple, il n’y a pas assez de petits français qui vont à l’école, après 13 ans : c’est la raison pour laquelle, en 36, comme nous venons de le voir, il est décidé d’allonger la scolarité d’un an. Mais cela n’est pas encore assez. Nouvelle coupure/interruption, due au désastre de 39/40. Mais tout repart en 45 lorsque, à l’occasion de l’un des plus extraordinaires tours de passe-passe de toute l’histoire de l’humanité, ceux qui avaient commencé par s’allier au nazisme réussissent à revenir au pouvoir, à supprimer leur adversaire de toujours, L’Action française, et à se faire concéder par de Gaulle – qui ne peut s’y opposer (2) – des pans entiers de l’économie nationale (Ports, Transports, EDF…) et, surtout, les médias et l’Éducation.
A ce moment-là, sous la houlette du CNR, les rêveurs idéologues, placés aux affaires et débarrassés de l’opposition de L’Action française, vont pouvoir donner libre cours à leurs utopies, et passer à la vitesse supérieure – on nous pardonnera l’expression… – en passant de l’humanité « sans Dieu et sans Roi » de Jules Ferry à « la révolution par la loi », imposée par le tout puissant CNR. Très proches du Parti communiste, Henri Wallon et Paul Langevin reprennent et mettent en forme tout ce qui traînait dans les cartons depuis l’avant-guerre. Il ne s’agira plus seulement de prolonger la scolarité obligatoire jusqu’à 13 ans, comme on l’avait fait en 36, car cela n’est pas encore assez (elle sera étendue jusqu’à 16 ans en 1959 (3) : on va maintenant pouvoir permettre à tout le monde – du moins le croit-on… – d’accéder aux plus hautes fonctions ; on va pouvoir briser ce vieux système auquel on reprochait de perpétuer et de reproduire les inégalités : on va mettre tout le monde à l’école, et le plus longtemps possible ! On pourra ainsi formater les cerveaux, tous les cerveaux, et réellement, changer le peuple, pour obtenir le peuple qu’on veut, conforme à l’idéologie révolutionnaire. Elle est là, et pas ailleurs, l’origine du Collège unique.
René Haby, l’un des fossoyeurs de la jeunesse de France, et donc des chances de la France….
Le Plan Langevin-Wallon, imaginé et voulu par tout ce que la gauche et l’extrême-gauche révolutionnaires comptent de rêveurs les plus utopiques, a été méthodiquement, consciencieusement et sciemment appliqué par… la droite ! Il est ainsi l’un des meilleures démonstrations que la perversité vient du Système, et non des hommes, et qu’il ne servira à rien de remplacer les hommes – ou les femmes… – : c’est le Système qu’il faut changer…..
Le piquant de l’histoire, qui nous servira de conclusion au terme de cette balade un peu rapide dans notre histoire contemporaine, est que cette folie du Collège unique, pensée par la gauche, a été réalisée par la droite : c’est René Haby et le gouvernement « de droite » d’un Président « de droite » qui l’a institué, en 1975 (4).
Ce fait révélateur nous permettra donc de conclure d’une façon politique cette réflexion sur le Collège unique en particulier, et sur l’enseignement, en général. S’il y a bien une droite et une gauche – il ne faut malgré tout pas exagérer, ni simplifier trop… – il y a, surtout, un Système, et, dans ce Système, Droite et Gauche, concourent à créer la même société subvertie. Le plan Langevin-Wallon en est, très probablement, l’un des meilleurs exemples, même s’il n’est évidemment pas le seul. On voit bien que la mesure phare d’un plan imaginé et lancé par la « gauche » a été faite par la « droite » : comment mieux faire toucher du doigt à nos concitoyens que c’est bien le Système qui est néfaste, qui est mauvais, qui est coupable, et pas les seules personnes ou les seuls partis ?….
Lorsque les enfants vont assister au spectacle du Guignol, eux qui sont à l’extérieur du petit théâtre, ne voient-ils pas deux personnages qui se font face ? Pourtant, il suffit de « passer par derrière » ce même théâtre, pour bien voir que c’est une seul et même personne qui active les deux marionnettes….
(1) : Certains, et ils ont tort, ont trop tendance à l’oublier : même si, aujourd’hui, d’un coup de baguette magique, on faisait disparaître du territoire national la totalité des immigrés qui s’y trouvent, la France resterait en danger de mort, car son premier adversaire, celui qui mène une guerre incessante, méthodique et hargneuse contre toutes ses traditions constitutives de son Être profond, c’est l’idéologie révolutionnaire, et la république idéologique qui en est l’héritière, et qui est au pouvoir depuis 1875. Et qui, pour en revenir à Jules Ferry, l’homme des origines, camoufle sous une pseudo laïcité un laïcisme agressif, qui n’est rien d’autre que la guerre ouverte au christianisme, et à tout ce qui n’est pas cette nouvelle religion messianique qu’a apportée la Révolution…..
(2) En 45. Mais, en 58, il aurait pu revenir sur ces exorbitantes concessions, et il ne l’a pas fait….
(3) Mesure réellement très mauvaise, en tous cas pour une grande majorité des enfants, celles et ceux qui, n‘ayant ni le goût, ni l’envie, ni les capacités de faire des études longues et abstraites, sont condamnés par l’actuel système à traîner dans un cursus qui n’est pas fait pour eux et qui ne les respecte pas. L’Etat s’y ruine – et ruine la France ; ces enfants y perdent leur temps, au lieu d’acquérir une formation qui les rendrait libres et heureux –ils ne sont ni l’un ni l’autre dans l’école-prison qu’on leur inflige ; et tout cela pour que, à coup de milliards, tout de même, on ait chaque année près de 150.000 jeunes qui sortent sans aucune formation du Système, direction l‘ANPE !
(4) La même année que les « Décrets Chirac » sur l’immigration ! Une année terrible, décidemment, que cette année 1975…..
VERDU sur Éloquence : Tanguy à la tribune,…
“Il est bon !!”