… et cela nous donne, recueillis par Philippe Larue, les propos suivants, dans le numéro du lundi 23 mai :
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L’Europe se trouve aujourd’hui en position d’accusée, souvent par les Européens eux-mêmes, du fait de sa prétention à l’universalité, de sa supériorité proclamée et de son arrogance intellectuelle.
Qu’elle n’ait pas toujours été fidèle à ses principes, lors de la colonisation des autres peuples, ne met pourtant pas en cause sa légitimité. La critique de l’Europe n’est en effet possible qu’à l’aide des normes juridiques et des principes éthiques qu’elle a diffusés chez tous les peuples pour connaître le monde plutôt que pour le juger. Levinas n’avait donc pas tort de louer « la générosité même de la pensée occidentale qui, apercevant l’homme abstrait dans les hommes, a proclamé la valeur absolue de la personne et a englobé dans le respect qu’elle lui porte jusqu’aux cultures où ces personnes se tiennent et où elles s’expriment ».
Il faut en prendre son parti : il n’y a pas plus d’égalité des cultures que de relativisme des valeurs. On ne saurait faire le procès de l’universel sans faire appel à la culture qui a donné cet universel en partage aux autres cultures.
248 pages, 21 euros
L’Europe aujourd’hui, c’est le désir d’oubli de soi, le repli sur la sphère privée et le confort narcissique de la consommation, alors même que des questions existentielles sont en jeu.
L’histoire, elle, continue à se déployer à l’échelle planétaire, sous l’effet de la volonté des autres. La politique, c’est l’histoire en action. Mais où est le grand dessein politique, qui pourrait réunir et donner des raisons d’espérer ?