Si l’on vous dit :
« Ah ! C’est un coup de foudre ! Oui mon règne est passé……. Ah, Tout perdre en un jour. Pour une amourette avec une servante, une fille de rien !… Et vingt ans d’un labeur difficile, vingt ans d’ambition, de travaux nuit et jour… Mon crédit, mon pouvoir, tout ce que je rêvais, tout ce que je faisais et tout ce que j’avais, charges, emplois, honneurs, tout en un instant s’écroule, au milieu des éclats de rire de la foule !… »
A qui et à quoi pensez-vous ? Mais à…
…Victor Hugo, bien sûr, et à Ruy Blas !…
RUY BLAS – Acte I – Scène première – Don Salluste De Bazan, Gudiel ; par instants Ruy Blas.
Don Salluste.
Ruy Blas, fermez la porte, – ouvrez cette fenêtre.
Ruy Blas obéit, puis, sur un signe de don Salluste,
il sort par la porte du fond. Don Salluste va à la fenêtre.
Ils dorment encor tous ici, – le jour va naître.
Il se tourne brusquement vers Gudiel.
Ah ! C’est un coup de foudre ! … – oui, mon règne est passé,
Gudiel ! – renvoyé, disgracié, chassé ! –
Ah ! Tout perdre en un jour ! – l’aventure est secrète
Encor, n’en parle pas. – oui, pour une amourette,
– Chose, à mon âge, sotte et folle, j’en conviens ! –
Avec une suivante, une fille de rien !
Séduite, beau malheur ! Parce que la donzelle
Est à la reine, et vient de Neubourg avec elle,
Que cette créature a pleuré contre moi,
Et traîné son enfant dans les chambres du roi ;
Ordre de l’épouser. Je refuse. On m’exile.
On m’exile ! Et vingt ans d’un labeur difficile,
Vingt ans d’ambition, de travaux nuit et jour ;
Le président haï des alcades de cour,
Dont nul ne prononçait le nom sans épouvante ;
Le chef de la maison de Bazan, qui s’en vante ;
Mon crédit, mon pouvoir ; tout ce que je rêvais,
Tout ce que je faisais et tout ce que j’avais,
Charge, emplois, honneurs, tout en un instant s’écroule
Au milieu des éclats de rire de la foule !…..
Et la pièce continue, là où, pour d’autres, tout s’arrête……
Victot HUGO aurait-il été un visionnaire?
ou la nature humaine n’a pas changé
Comme quoi, on n’a rien inventé.
« Explosion en vol, désintégration… »