Lors du Colloque sur l’Europe organisé par Jean-François Mattéi (1), il était possible, au moment de la pause, de discuter avec chacun des intervenants. Avec Mezri Haddad, nous avons d’abord parlé du livre de Sylvain Gouguenheim; puis de ce GMO (Grand Moyen-Orient), qu’il voit poindre, du Maroc à la Turquie, sous l’égide des États-Unis; enfin, il nous a confié, en aparté, que les trois quarts des attaques sur Internet portées contre lui proviennent – après investigations… – de… la banlieue parisienne ! Et non pas de Tunis même, ou, au moins, de Tunisie.
Belle illustration de la soi-disant spontanéité (!) des émeutes dans le monde arabo-musulman, et de l’extrême légèreté de ceux qui – comme BHL, par exemple… – ont absolument voulu croire à l’éveil de la démocratie. Et, plus grave encore, des responsables politiques qui leur ont emboîté le pas, mettant en quelque sorte, notre Diplomatie à leur remorque !….
Il ne s’agit bien sûr pas, comme le rappelle Mezri Hadad, et nous sommes bien d’accord avec lui sur ce point, de regretter en quoi que ce soit tel ou tel dirigeant, ni de se faire la moindre illusion sur lui : il s’agit simplement d’être le plus lucide possible, et de bien voir qu’il y a plein de choses derrière ces « révolutions arabes », mais certainement pas ce que croient y voir certains…; qui, naïfs, s’imaginent assister à l’apparition de la démocratie là où, entre autres, risquent de sortir, soit de nouveaux dictateurs (plus jeunes, ou plus militaires) soit, carrément, des barbus…. Des barbus qui, par exemple – et Mezri Haddad le confirme pour la Tunisie… – sont très actifs actuellement, partout et dans tous les milieux, de la Tunisie à la Syrie, en passant par la Libye…
Pourtant les observateurs lucides ne manquent pas, et les avertissements non plus ! Voici ce qu’on pouvait lire, à ce sujet, sur le site du Monde, le 14 juin….
(1) : le samedi 11 juin à La Baume, près d’Aix-en-Provence….
Mezri Haddad, observateur lucide des réalités concrètes…..
Des experts mettent en garde contre le « risque islamiste » en Libye
Un groupe d’experts français et étrangers des questions de défense et du monde arabe met en garde contre « le risque islamiste » en Libye, dans un rapport publié à l’issue d’une mission auprès des belligérants libyens.
« Les véritables démocrates ne sont qu’une minorité » au sein du Conseil national de transition (CNT) qui regroupe les insurgés, « et doivent cohabiter avec des anciens proches du colonel Kadhafi, des partisans de la monarchie et des tenants de l’instauration d’un islam radical », soulignent-ils.
La délégation, conduite par le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), Eric Denécé, et l’ancien préfet Yves Bonnet, ancien patron du contre-espionnage français (DST), était également composée de membres du Centre international de recherches et d’études sur le terrorisme. Elle s’est rendue à Tripoli, puis dans l’est du pays auprès des insurgés, du 31 mars au 25 avril.
« LES ARSENAUX ONT ÉTÉ PILLÉS »
« La Libye est le seul pays du ‘printemps arabe’ dans lequel le risque islamique s’accroît, la Cyrénaïque [Est] étant la région du monde arabe ayant envoyé le plus grand nombre de djihadistes combattre les Américains en Irak », écrivent-ils.
Rappelant qu’« après la chute du système Kadhafi, à Benghazi, les arsenaux ont été pillés », les auteurs notent que les services de renseignement occidentaux « sont très inquiets sur le devenir des armes pillées par les insurgés dans les arsenaux libyens. En particulier des missiles sol-air portables de type SAM-7 ».
« Des membres d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) auraient en effet acquis plusieurs exemplaires de ces matériels des mains des trafiquants libyens », écrivent-ils. « Les autorités maliennes ont récemment déclaré avoir déjà enregistré plusieurs signes d’infiltration d’armes (AK 47, RPG, ZU 23, SAM-7) et de matériel (pick-up et camions de transport de troupes) dans le nord du pays », rappellent-ils notamment.
Selon les auteurs du rapport, « grâce à l’arrivée des armes libyennes, AQMI est en train de renforcer son arsenal et d’accroître la menace qu’elle représente pour les Etats de la région ».
pour ceux qui lisent, ces informations sont connues depuis déjà plusieurs semaines
Se faire conseiller par BHL n’était vraiment pas à la hauteur
des enjeux en Lybie, tout respire le piège qui risque de se
refermer sur cette aventureuse initiative. Ce ne sont pas
d’aventuriers dont nous avons besoin à la tête de l’Etat, mais
de véritables stratèges, diplomates et férus d’histoire.
Là encore, la Royauté française manque et cela se ressent.