(En 2008, les jeudi 21 et vendredi 22 février, nous avions rendu compte du reportage de Vincent Hervouët qui, sur LCI, s’était arrêté, dans sa toujours très intéressante chronique Ainsi va le monde, sur la situation à Cuba et sur la contestation du régime par la jeunesse… : CUBA CASTRO.pdf )
A quoi rêve maintenant le jeune Cubain, opposant du castrisme, qui n’avait d’autre revendication que de pouvoir enfin prendre autant d’avions qu’il le voudrait pour parcourir le monde ? Mais où en sont les possibilités du voyage, du simple tourisme, aujourd’hui, dans notre monde prétendument globalisé ? Regardons un planisphère. Quelles sont les régions du monde où l’on peut encore aller sans risque d’être pris en otage, tué, ou détroussé ? Si l’on jette un regard rapide sur les différents continents, l’on s’apercevra assez vite que, malgré la mondialisation, la globalisation, ces zones se sont singulièrement réduites ces cinquante dernières années et qu’en gros le monde est devenu, au contraire de ce qui était prévu, plus hostile, plus dangereux au cours de ce demi-siècle.
Une bonne partie de l’Afrique, de l’Asie, de l’Amérique centrale, de l’Amérique du Sud, de certaines contrées aux limites de l’Europe, le Proche Orient, sont désormais à éviter. Les voyageurs s’en détournent. Et les plages de Normandie recommenceront bientôt à être plus recommandables que celles de Tunisie ; les châteaux de la Loire, la Bavière de Louis II, la Toscane et l’Ombrie, apparaîtront beaucoup plus sûres que les destinations du bout du monde, où, souvent, la violence règne … Nous sommes loin du temps où Kessel parcourait sans trop de risque l’Afghanistan de Zaher Shah …
Est-ce un paradoxe, à l’ère d’Internet, des communications faciles, des distances raccourcies, du brassage des peuples et des biens ? Si l’on y regarde bien, tous ces facteurs ont suscité autant d’anticorps qui les annulent ou, même qui les exacerbent. De sorte que le monde a beaucoup de chances de se retrouver bientôt plus désuni, plus conflictuel que jamais, mondialisation ou pas.
Nous nous sommes placés du simple point de vue du voyage. Mais l’on ferait les mêmes constatations si l’on observait le terrain économique ou financier, les rivalités entre nations et continents, la lutte pour les matières premières, la compétition entre les programmes militaires, la montée des conflits religieux, ethniques ou territoriaux. Sans compter les réactions sociales, plus ou moins violentes, que la crise soulève … Athènes, Le Caire, ce ne sont plus des villes sûres pour le voyageur …
Au fond, à quoi ce sera ramenée la globalisation ? Elle n’a pas uni le monde ; elle n’a pas supprimé les peuples, les ambitions, les rapports de force, les fondamentaux des divers continents et sous-continents, ni les oppositions culturelles ou religieuses. Simplement, elle les a libérés, elle a supprimé ou prétendu supprimer les barrières, les protections, les limites qui assuraient des solidarités intermédiaires. Elle les a affaiblies. Et les luttes, les compétitions en sont simplement devenues plus âpres, plus sauvages, plus totales qu’auparavant. En gros, le monde en sera devenu plus violent. C’est pourquoi de bons esprits comme Régis Debray, se sont avisés de faire l’éloge des frontières, qui, tous comptes faits, contribuaient à l’ordre du monde. Et l’on s’apercevra, sans-doute, à assez bref délai, qu’en définitive la mondialisation dont on a fait si grand cas, n’aura rien fait gagner, tout au contraire, à la vie des hommes de ce temps.
Les esprits chimériques en seront déçus ? Mais qu’est-ce que cela changera ?
VERDU sur Éloquence : Tanguy à la tribune,…
“Il est bon !!”