…Tel est le sujet, et le titre de l’éditorial du dernier Politique Magazine de septembre (n° 99)…
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Où est la politique ?
Où est la politique ? L’art politique ? La science politique ? À l’heure actuelle, en France. Certes, il y a tous les jours des livres, des essais, des articles qui paraissent sur la question, des cours qui sont donnés dans des facultés, dans des écoles et des instituts brillants. Des idées sont agitées qui ne sont que des idées. Justes, vraies, sans doute, mais très souvent utopiques, fausses et finalement malfaisantes parce qu’inapplicables.
Mais concrètement où se façonne la politique de la France ? Celle de demain ? Eh bien, dans les partis politiques. C’est là que ça se concocte.
Par exemple à gauche : Les journées de l’université d’été du Parti socialiste à La Rochelle ont présenté au peuple français les prodigieuses propositions des candidats à la candidature du Parti socialiste ; l’élection se veut ouverte à toute la gauche. Quelle merveille d’avoir inventé ainsi le moyen de faire une campagne électorale avant même une campagne électorale nationale ! Etre toujours en campagne électorale, n’est-ce pas le rêve de l’homme politique ? Et ce qui constitue le plus sûr de la politique en France ? Toujours sur les plateaux !
Les discours se succèdent aux discours, les phrases aux phrases, toutes de cette banalité dont François Hollande a fait sa spécificité et dans laquelle il excelle, ce qui lui assure dans les sondages une avance considérable. Le spectacle fut réjouissant. Le camarade François, plus bourgeois que jamais, se dispensait, comme un maître qu’il est, d’assister à la séance inaugurale de la camarade Martine. La camarade Martine, tout aussi bourgeoise, s’éclipsait au beau milieu de l’intervention de ce cher camarade François qui pour se faire pardonner l’avait pourtant dûment bizoutée. Elle s’arrangeait à la sortie pour faire savoir fraternellement que son prédécesseur à la tête du Parti socialiste, à savoir ce même camarade François, lui avait laissé une situation catastrophique, un parti en capilotade !
La camarade Ségolène, issue d’excellente famille, elle aussi, faisait bande à part, en affichant son féroce sourire qui se durcit chaque fois qu’elle dit « moi », c’est-à-dire au début de toutes ses phrases. À l’en croire, la politique, c’est elle. Eh oui, c’est ça, la politique en France : Ségolène ! Tout est possible : la morale et l’immoralité, la morale pour garantir l’immoralité, l’immoralité pour mieux cautionner la morale.
L’argent qu’il suffit de savoir prendre là où il est pour le mettre là où il faut, non mais ! Cette idée géniale rajeunit incontestablement le socialisme français comme l’idée de mettre l’armée, en principe tant détestée, au service de la jeunesse délinquante… Bref, nul ne peut dire jusqu’où iront les trouvailles de la camarade Ségolène. Elle est sûre de gagner, mais elle perdra à cause des méchants ! C’est ça la politique en France. Et le camarade Montebourg – ah, celui-là quel bourgeois ! –, comme il est original avec sa « démondialisation ». Il pense, lui : dans l’internationale socialiste, il suffit d’être nationaliste, et tous les problèmes sont résolus. C’est comme le camarade Valls : il suffit de vouloir les contraires pour bâtir l’unité. C’est ça la République indivisible : maintenir l’ordre du désordre !
À droite, ce n’est pas mieux. La politique consiste à tenir le parti. Et pourquoi ? Pour tenir l’élection, pardi ! C’est à la fois l’unique but et la seule règle du jeu. 2012-2017, voilà le centre de tous les calculs. Toutes les propositions ne sont envisagées qu’en vue de ces calculs. Ils y pensent tous, en se rasant le matin. Quelle est la légitimité de pareils hommes ? Les Sarkozy, les Copé, les Bertrand, les Fillon, les Baroin, les Lemaire… Inutile de les nommer tous ou toutes, puisqu’il faut la parité ! Quelle que soit leur intelligence ! Où est le principe qui les arrachera à leurs egos ? Dans le système, il n’y en a pas.
C’est eux, encore eux, toujours eux : leur principe, leur finalité.
Et quand ils parlent de la France, quand ils invoquent l’intérêt général – et il le faut dans les circonstances actuelles – eh bien, ils pensent encore électoralement. Oui, même quand ils parlent de la règle d’or financière qu’ils veulent constitutionnaliser, ils sont soupçonnés d’arrière-pensées et comment ne pas les en soupçonner ?
Et voilà que de partis à partis, ils en sont réduits à se traiter de politiciens et, certes, ils ont toujours raison de s’invectiver avec une telle appellation : elle frappe toujours juste ; et le comble est qu’ils le savent !
Le même défaut se retrouve sur tout l’échiquier. Marine Le Pen n’y échappe pas qui voit survenir d’ailleurs un concurrent ; les écolos, non plus, qui y ajoutent le ridicule de leur posture dont un Hulot est l’exemple le plus typique. Et Mélenchon joue « la sociale » pour mieux accéder au pouvoir.
Voilà la politique en France. C’est accablant. Et c’est ainsi que se dessine son avenir : national, économique, financier, moral, social, diplomatique, militaire…Qui ne comprend qu’il y a un vice au cœur du système ? Le pire est que tout le monde le sait mais personne ne veut le voir. Que faudra-t-il ? ■
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“Alors les grands penseurs de la gôôôche on se réveille ? On a une panne de…”