Récemmment (le 27 juillet, pour être tout à fait précis) nous passions un excellent papier de Bill Bonner dans Money Week, intitulé Rendez-nous la monarchie ! :
MoneyWeek_N°141_du_21_au_27_Juillet_2011_(glissé(e)s).pdf
Aujourd’hui, toujours dans Monney Week, nous avons trouvé cette illustration de l’un de ces si nombreux abus de notre Ancien Régime d’aujourd’hui : car c’est aujourd’hui que nous sommes en 1789, que nous croulons sous les privilèges et les égoïsmes des privilegiés, solidement défendus par d’imposantes et nombreuses Bastilles, autrement plus redoutables – et ruineuses… – que l’ancienne forteresse quasi vide, dont les révolutionnaires ont fait un mythe dont les réalités d’aujourd’hui se chargent de montrer le ridicule.
Certes, il ne faut rien généraliser; ni chercher à comparer, point par point, la Grèce et sa situation à la nôtre; il n’empêche, cet article prend un exemple – un seul, mais tout le monde sait bien que l’on pourrait en prendre bien d’autres….- d’un manque évident de rigueur, en France, alors que, par ailleurs, notre pays est notoirement sur-administré….
Voici l’article :
Pourquoi la Grèce déraille :
Les mois passent, les plans de secours se succèdent mais rien ne change dans la Zone euro. Les bourses sont toujours dans le rouge, même si on observe un léger rebond mardi. En cause : toujours le risque de défaut de paiement de la Grèce et ses conséquences sur les bilans des établissements financiers, en particulier français.
Les deux plans d’aide à la Grèce n’auront pas réussi à rassurer, alors que la faillite de la Grèce est pratiquement gravée dans le marbre. Le ministre allemand de l’Economie, Philipp Rösler, dans une tribune publiée lundi par le journal Die Welt, n’exclut même plus cette hypothèse. Prêter indéfiniment des fonds à un Etat qui n’est structurellement pas solvable n’aura permis que de gagner du temps. L’atterrissage risque d’être douloureux.
Comment la Grèce a pu en arriver là ? L’exemple du transport public local est éclairant. Dans une enquête publiée en juin dernier, le Daily Mail, un quotidien britannique, s’est intéressé au métro athénien. Un bijou de modernité, avec air climatisé et écrans plasma. Le problème, c’est que les contrôles de ticket sont quasiment inexistants et qu’il n’y a pas de barrières à l’entrée. Du coup, personne ou presque ne paie son billet.
L’histoire devient particulièrement symptomatique lorsque vous apprendrez que ce métro a été très largement financé par l’Union européenne via la Banque européenne d’investissement (BEI) et les Fonds structurels européens. Il s’agissait notamment de développer les transports à Athènes pour les Jeux Olympiques de 2004 qui se déroulaient dans la capitale grecque. Au total, depuis 1994, la seule BEI aura accordé 1,5 milliard d’euros de financement pour ce métro. L’Europe qui donne de l’argent à la Grèce pour un actif qu’elle gère avec légèreté, cela ne vous rappelle rien ?
70 000 euros par an
Autre exemple relevé par le Daily Mail. La compagnie nationale ferroviaire grecque (la SNCF locale) est dans une situation financière totalement absurde. Alors que le chiffre d’affaires annuel de l’entreprise dépasse à peine les 90 millions d’euros, la masse salariale de la compagnie frise les 580 millions d’euros. Le salaire moyen des employés, y compris les ouvriers ou les agents de nettoyage, est de près de 70 000 euros par an.
Ne croyez pas que ces travers correspondent à une anomalie dans le fonctionnement de la Grèce par rapport au reste de la Zone euro. On se rappellera que notre bonne vieille Cour des comptes avait étrillé la RATP dans un rapport daté de 2009 et rendu public par le site Bakchich.info. On y apprenait notamment qu’un jeune conducteur de métro à Berlin gagne 1 640 euros brut contre 2 070 euros (brut) à la RATP. Or un conducteur berlinois travaille beaucoup plus : 1 527 heures par an contre 1 286 heures à Paris. Sur la ligne A du RER parisien par exemple, c’est le pompon : le temps de conduite effectif est de 2h50 par jour pour des salaires allant de 2200 à 2700 euros bruts, primes non comprises. Une situation bien étrange, alors que la RATP accusait fin 2009 un endettement de 4,8 milliards d’euros.
Que retenir de tout ça ? Que la Grèce vit très largement au-dessus de ses moyens. Qu’une mauvaise gestion des fonds publics amène à une catastrophe budgétaire et que cela pourrait très rapidement nous arriver en France.
Il faut arrêter, je crois, et de se polariser sur le cas de la Grèce, et de se comparer à elle, ce qui est hors de propos.
La Grèce ne serait pas un si grand problème pour l’Europe, pour la zone Euro, si derrière elle ne se profilaient les vraies questions, lesquelles sont celles des grands pays européens : l’Italie, l’Espagne, la France… Et si ne planait pas sur les mois qui viennent, l’ombre de la perspective de leur défaut… C’est cela qui compte, qui est sérieux. La Grèce : ce n’est pas grand chose. L’on passe son temps à en faire le centre des préoccupations européennes, pour cacher la réalité des choses. Ne soyons pas dupes.
Cessons aussi de nous comparer à la Grèce où tout, dans l’ordre économique, est ubuesque. Nos vices et nos pathologies sont bien réels. Mais dans notre ordre, à notre échelle. Si malades que nous soyons, nous ne serons jamais des Grecs. Dans l’ordre économique, nous ne jouons pas du tout dans la même cour …
Ce que voulait démontrer cet article, me semble-t-il, c’est que toutes proportions gardées, les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Anatole voit juste.
La Grèce est l’arbre qui cache la forêt.
Il y a certes une mauvaise gestion des finances publiques en Grèce pour ne pas dire un manque de gestion caractérisé.
Cependant, le problème majeur est la croissance, puisque sans elle, il ne peut y avoir de remboursement de la dette à moins de faire défaut. Or, le problème des pays cités: Espagne, Italie, France et j’y ajouterai le Portugal, est que l’euro n’est pas une monnaie adaptée à nos économies.
Il faut repenser la monnaie européenne, en faire une monnaie commune à l’extérieur pour contrebalancer le dollar comme monnaie de réserve, et rétablir à l’intérieur de l’Europe les monnaies nationales sans qu’elles puissent être convertibles, en dehors de l’euro. Ceci permettra à chaque Etat de dévaluer sa monnaie à hauteur du niveau de son économie et de reconquérir des marchés.