Dans un récent article du Figaro , Pierre Rousselin a choisI de s’arrêter sur la biographie que consacre Philippe Nourry au roi d’Espagne, Juan Carlos.
Il part du constat, simple et évident, que « l’Espagne tangue » et que « le royaume vit un de ses moments les plus critiques depuis le rétablissement de la démocratie ». On pourrait ouvrir une polémique, en demandant quand, où, comment et par qui la fameuse « démocratie » aurait été installée en Espagne (puisque Pierre Rousselin parle de son rétablissement, ce qui suppose, en bon français, qu’elle existait « avant »…) : mais cela nous éloignerait du sujet….
Editions Tallandier, 485 pages, 23 euros
Quel est-il, ce sujet ? Tout simplement que, depuis l’avènement de Juan Carlos, et grâce à lui, « le pays a trouvé son équilibre institutionnel ». Et ce n’est pas rien, dans une Espagne où l’instabilité et les troubles duraient, d’une façon plus ou moins larvée, plus ou moins explosive, depuis au moins l’invasion napoléonienne de 1808.
Quoi qu’on pense de l’homme, du Régime, et des conditions dans lesquelles il l’a institué, force est de reconnaître ce fait historique : avec l’arrivée de Franco au pouvoir, disons depuis 1939, puis avec l’installation du roi qu’il a choisi, cela fait 72 ans que l’Espagne tourne le dos à cette instabilité chronique, et plus ou moins explosive, qu’elle avait connue pendant au moins 130 ans….
Or, dans cette Espagne devenue, en gros, stable politiquement, se pose le même problème que dans d’autres pays d’Europe, et en tout cas la France : droite et gauche ont échoué, et portent chacune leur part de responsabilités dans l’état présent des choses, assez calamiteux, il faut bien le reconnaître. Ainsi, Pierre Rousselin a raison d’écrire, au début de son article :
« …Ni la gauche, en bout de course, ni la droite, en embuscade, ne dispose d’une recette magique pour sortir le pays de l’ornière où l’a conduit l’explosion de sa bulle immobilière, en pleine crise financière mondiale. La spéculation a été telle que la corruption n’a épargné aucun parti. Les socialistes et leurs rivaux « populaires » partagent la responsabilité de la situation, notamment au niveau des administrations régionales et locales dont ils ont la charge… »
Là-dessus, Pierre Rousselin donne raison à Philippe Nourry, lorsque celui-ci écrit : « …Le roi a une carte à jouer… le moment venu, il sera entendu… » et lorsque, rappelant les qualités humaines et le sens politique du roi, il ajoute : « Juan Carlos est un homme d’une grande sagesse, d’un grand instinct et de beaucoup d’expérience…. Il y a chez lui un sens du maniement des hommes. Il dégage une grande sympathie et un besoin inné de rassembler… »
On notera, au passage, que ce dernier trait renvoie à la réflexion que Jean-Pierre Raffarin avait faite au Prince Jean, lors des cérémonies du quatre centième anniversaire de la fondation de Québec, lorsqu’il lui avait dit que sa vocation était de rassembler…
Comme nous l’avons souvent écrit ici-même, il est hors de question de comparer une actuelle monarchie – ici, en Espagne, ou en Angleterre, lors du récent mariage princier… – avec ce que nous souhaiterions pour la France.
Mais il est bien vrai qu’on aurait tort – dans le cas de l’Espagne – de négliger l’influence d’un homme, et d’une Institution, qui ont leur part dans la stabilisation politique de ce pays que nous évoquions plus haut. Si c’est une tarte à la crème que de dire les Espagnols sont plus juancarlistes que royalistes; ou le prince Felipe devra s’imposer etc…. il faut bien reconnaître que, lorsque le Roi partira, ceux qui souhaiteraient remplacer la monarchie devraient, à leur tour entrer dans d’épineux problèmes : quelle république, sur quel modèle ? Et la perplexité changerait, alors, de camp…
Car « …la République n’a pas laissé que de bons souvenirs… » en Espagne, note finement Pierre Rousselin : c’est, en effet, le moins que l’on puisse dire….
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