A un moment, Giocanti en arrive au fait « provençal », et fait remarquer que « la culture provençale est rebelle à l’idée d’enfer » et que, en Provence, la grande fête c’est Noël, plus que Pâques…
La discussion revient vers Nicole Maurras : « J’ai beaucoup hésité »… « Maurras, les femmes, l’amour, je ne voulais rien dire… » Elle déclare que Giocanti l’a poussée, au contraire à en parler, alors que Déon le lui a franchement déconseillé (elle y reviendra une deuxième fois : Déon craignait que les gens n’achetassent le bouquin croyant y trouver des détails intimes et plus ou moins scabreux…).
Nicole Maurras prend alors l’exemple de cette « Marie-Thérèse » du Mont de Saturne qui s’est refusée à lui, à la différence de tant d’autres, ce qui a littéralement choqué Maurras; il lui écrivit des centaines de lettres, dit Nicole Maurras, et n’eut plus jamais, après cet échec, la même attitude qu’avant de la connaître….
Les trois intervenants sont d’accord sur ce point : ces épisodes, loin d’être superflus ou anecdotiques montrent un Maurras « plus humain », moins « statue du Commandeur »…
Ce n’est certainement pas faire injure aux autres contributeurs que de le remarquer : les intervenants ont tenu à signaler combien les deux contributions de Thibon (« éclatante ») et de Mattéi étaient remarquables : elles n’eclipsent pas la contribution signalée de Frédéric Rouvillois, sur le fédéralisme, d’Olivier Dard (organisateur de trois Colloques passés et du Colloque à venir sur le Maurrassisme et l’Action française….), l’intérêt de la Lettre de Drieu la Rochelle à Maurras, expliquant pourquoi lui, Drieu, n’est pas maurrasssien; ou ce texte de Joseph Kessel, voyant deux Maurras : un chien triste (!), c’est-à-dire Maurras à Paris; et un Maurras rayonnant, épanoui, lorsqu’il est chez lui, en Provence (« …Mon Martigues plus beau que tout… »)
Vers la fin de l’émission, l’intérêt croît encore. On en arrive au procès, et aux années de l’avant-guerre, puis de la guerre. Comment a-t-on pu accuser Maurras d’ « intelligence avec l’ennemi » ? On sait bien que c’est un faussaire qui a dressé l’acte d’accusation… Maurras accusé de haine ? En prenant comme preuve la Lettre à Schrameck, de 1925 ? Mais Maurras, qui a, certes, « connu des colères immenses », ne haïssait personne : dans cette lettre à Schrameck, effectivement violente dans le ton, il voulait en fait calmer les Camelots du Roi qui en avaient assez de se faire assassiner, et il prenait sur lui leur colère, pour éviter qu’ils ne commettent, eux, des actes violents : cette Lettre est « un chef d’oeuvre de haine raisonnée »….
De même, on rappelle que si Maurras a été aussi calme pendant le 6 février, et même pendant la guerre, c’est que le danger de guerre civile était bien réel : après le 6 février 34, il y a eu des centaines de milliers, peut-être plus d’un million, de gens de gauche et d’extrême-gauche dans la rue…
Et puis on rappelle aussi, et c’est bienvenu, que dès 1924, Maurras a alerté sur Hitler, parlant très tôt de lui et du nazisme comme « le chien enragé de l’Europe ». Bainville note dans son Journal que « l’energumène » a gagné les élections (Journal, Tome III, note du 1er février 1933; sans compter le nombre de notes où il le traite de « barbare » de « forcené » et autres…) : il est dommage, même si cela est un peu normal – l’émisssion portant sur Maurras – que les intervenants n’aient pas, au moins, mentionné ce mot de Bainville; ni le fait que, dès 1930, Daudet arreta toute attaque antisémite dans L’Action française, voyant ce qui se faisait jour outre-Rhin….
Par contre, on a bien rappelé – et on a bien fait… – que Maurras a toujours fermement rejeté la métaphysique de la race, Gobineau etc… et qu’il comparait le nazisme à l’Islam ou le rapprochait de Fichte…. En somme, là où les pacifistes de la Troisième République rêvaient, refusant les crédits militaires, Maurras et l’Action française avertissaient…
On redit aussi pourquoi – par intérêt national et non par idéologie – l’AF critiquait la République qui poussait Mussolini dans les bras de Hitler – alors que, de fait, les deux hommes ne s’appréciaient guère… : Maurras était pro mussolinien « statégiquement, et pas idéologiquement »…..
On conclut, parce que, hélas, l »heure tourne, avec deux choses : d’abord Nicole Maurras revient sur une photo de Maurras à Lyon en 43 (la photo numéro 36). Maurras ne voulait pas de photo; on l’a convaincu d’en faire; on lui a demandé de sourire, mais il a répondu que, vu les circonstances, sourire…..
La dernière chose sera dite par Giocanti : « Le roi n’est pas une idée… » rappelant l’attachement sans faille de Maurras aux Princes de la Maison de France.
Nous ne cessons de le dire, dans ce Blog, répétant sans cesse que notre Cause – si elle se fonde sur des doctrines et des idées – a surtout un visage, et que c’est celui du Chef de la Maison de France, et celui du Dauphin, le Prince Jean et de la Famille de France qui, on le sait, va s’agrandir en janvier….
Anne sur Journal de l’année 14 de Jacques…
“Très beau commentaire en vérité. Je suis d’ailleurs persuadée que Bainville vous approuverait !”