En philosophes engagés dans les débats que l’actualité suscite, dans Le Figaro du 4 janvier, Chantal Delsol et Jean-François Mattéi avaient dénoncé « Sciences-Po Paris ou l’inculture générale »…. (Pour s’y reporter cliquez ici)
Voici une autre dénonciation de l’état de fait qui règne à Sciences-Po Paris : elle émane cette fois de Pierre Benichou :
Adieu Sciences-Po ! Chargé d’animer un séminaire sur « le récit journalistique », il a dû y renoncer : il raconte….
C’est excellent, surtout venant d’un homme de gauche. Responsable : un personnage dénommé Descoings imposé par Chirac et confirmé par Sarkozy.
A virer le plus vite possible
Signé: un ancien de la Rue Saint-Guillaume qui a honte de ce qu’est devenue cette institution!
S’est-on posé la question de la raison, moins avouable, de ce
nivellement par le bas, outre le fallacieux objectif prétexté de
non discrimination, et du soi-disant respect du principe
d’égalité? A savoir, former des gestionnaires de haut niveau
technique, immédiatement rentables pour les grandes
entreprises et la finance, pour qui la culture n’est pas
nécessairement indispensable, du moment que le salarié fait
générer un maximum de profits ? Ceci, mis à part
Sciences-Po, ne devient-il pas de plus en plus courant dans
l’enseignement supérieur et les grandes écoles, sans compter
la mise en bouche de la suppression de l’épreuve d’histoire
géographie au baccalauréat S, celui généralement reconnu
comme étant la voie « royale » pour accéder aux grandes
écoles ? Et sans compter encore, avec la financiarisation de
ces écoles et universités, par les fonds privés qui dicteront
bientôt leurs lois sur les contenus des enseignements, si ce
n’est déjà en partie le cas ? Etant financeurs, ils visent à
rentabiliser au bout du compte, un investissement réalisé
pour de futurs salariés, qui seront formatés à leurs besoins et
convenances, et qu’ils viennent d’ailleurs souvent chercher à
l’issue de leurs études, directement » du producteur au
consommateur ».
Formons-nous des citoyens « productifs » ou de simples
producteurs? La question se pose en effet.
c’est très glauque, mais quand Finkielkraut, dont je ne partage pas toutes les opinions, mais qui mérite attention et respect, malgré certaines de ses névroses persistantes, nous alertait quotidiennement sur ce séisme culturel, il était unilatéralement raillé, quand Bénichou en parle (homme respectable dont je loue la pertinence d’analyse dans l’article qu’il a rédigé au sujet de son expérience ) et quelques autres « personnalités officielles cela devient soudainement plus audible… il y a vraiment deux poids deux mesures – merci en tout cas à toutes ces plumes habiles pour nous avoir fait prendre conscience du drame que nous vivons en ce moment, c’est bien cela qui compte plus que les luttes de chapelle concernant la précocité de ce violent diagnostic.
cordialement,
(un trentenaire, fils d’ouvrier qui paye très cher le fait de ne pas avoir fait d’études, de n’avoir pas eu les clés, les codes, ou les réflexes qu’une certaine classe sociale procure spontanément à ses progénitures pour sélectionner la bonne orientation, jeune homme que l’absence de livres dans son foyer familiale a rendu particulièrement désireux d’en savoir un peu plus « qu’initialement prévu » dans son fatum social… Merci aux bibliothèque de mon enfance et adolescence, aux dernières émissions culturelles des années 90 (un siècle d’écrivains par exemple), aux brocantes riches en trésors de ma région, au prix unique du livre, à la vitalité éditoriale de mon beau pays, à son terreau de représentations artistiques –
La démocratisation culturelle a du bon, c’est même une sublime idée, mais pour paraphraser quelque peu Léautaud, quand on veut se cultiver vraiment, on trouve tous les moyens pour le faire, rien ne nous arrête, rien ne nous dissuade –
J’ajouterai que la jeunesse actuelle n’est pas intégralement décérébrée, il est des gens brillant, des enfants à l’esprit lumineux, mais ils se cachent, il faut pour les dénicher, mériter leur confiance, je les soupçonne d’avoir un peu honte de préférer au sens du réseau ou aux entremises fallacieuses la jouissance éthérée et gratuite de quelques subtiles références.
Beau et intéressant commentaire que celui qui précède !