Ce point de vue est celui de Pascal NARI, dont nous lisions, déjà, les analyses, remarquablement informées et toujours pertinentes, il y a des années, dans Aspects de la France. Les Provençaux qui lisent lafautearousseau, et quelques autres, se souviendront qu’il fut, aussi, invité par l’Union Royaliste Provençale, à prendre la parole au Rassemblement Royaliste des Baux de Provence, non plus sous son nom de plume, mais sous le sien propre, et ils n’auront pas oublié sa connaissance approfondie des questions touchant au monde islamique et, corrélativement, à l’immigration en France et en Europe. Sa compétence, son expérience personnelle, riche et étendue, son érudition et sa sagesse en faisaient un intervenant réellement qualifié.
Voici que, dans le numéro 2833 d’Action française 2000, nous lisons, de lui, un article qui fait le point sur l’évolution de la situation en Libye. Sa conclusion : « Quel immense gâchis », confirme la position que nous avons prise, ici-même, sur les prétendus printemps arabes et sur l’absurde politique que la France y a menée et qu’elle poursuit, d’ailleurs, contre tout réalisme, en Syrie.
Nous publions ces lignes éclairantes. Ce nous est, aussi, l’occasion de saluer et de rendre hommage à Pascal NARI et à la qualité de ses travaux.
oOo
La chute du colonel Kadhafi n’aura pas suffi à pacifier la Libye, loin s’en faut. Privé de gouvernement, le pays semble plus que jamais livré aux passions tribales.
Ce qui se passe actuellement en Libye, à quelques encablures de l’Europe, dans un pays situé entre l’Égypte et la Tunisie, sur le point de passer sous le contrôle des islamistes, est réellement inquiétant, et ce n’est là qu’un euphémisme.
On aurait pu penser que le sujet, en raison du rôle déterminant joué par la France dans le renversement du colonel Kadhafi, serait abordé au cours de la campagne électorale. Il n’en est rien. Personne n’en parle, et pour cause : tout le monde, ou presque, a applaudi l’intervention franco-britannique sous couvert d’une interprétation très flexible de la résolution onusienne. Et, probablement, personne ne voudra en assumer les conséquences. Pas même BHL, disparu des écrans et des ondes !
Messianisme illusoire
L’objectif était de préserver la population civile libyenne, surtout les habitants de Benghazi, de la répression des forces du dictateur et d’instaurer la démocratie dans le pays. On oubliait que la « démocratie » n’était, ne pouvait jamais être, l’aboutissement d’une révolution sanglante, surtout imposée par des forces étrangères. On ignorait le passé et les structures sociales du pays.
Les forces d’intervention occidentales se sont, heureusement dégagées et ne sont plus présentes. Le chaos a remplacé la guerre et le sang coule partout. On évalue à plus de 30 000 le nombre de victimes des règlements de comptes entre factions rivales depuis la chute de la dictature. Les prisons sont pleines, on ne sait exactement plus de qui, et la torture y est la règle. Human Rights Watrch, une ONG humanitaire américaine à l’indignation un peu moins sélective qu’Amnesty Intenrational, la dénonce avec force, tout comme Médecins sans frontière, qui a décidé de suspendre ses activités dans le pays.
À Benghazi, « capitale » de la révolution, la foule a envahi et dévasté le siège du CNT, gouvernement théorique du pays. Son vice-président a été contraint à démissionner et aurait pris la fuite. L’insécurité est totale. À Tripoli, capitale supposée de la Libye, les milices se battent entre elles. Les quartiers changent de main d’un jour à l’autre. Ailleurs dans le pays, un dangereux morcellement tribal s’installe. Les services publics cessent de fonctionner. L’émigration massive vers l’Europe ne va pas tarder à reprendre. On a même observé, ici ou là, la réapparition de slogans en faveur de Kadhafi, dont les partisans auraient pris, au moins pendant quelques heures, le contrôle d’une cité d’importance, Beni Oualid, située à 170 kilomètres de la capitale. Les « autorités » ont déclaré qu’il s’agissait d’un différend tribal. Rien n’est moins sûr.
Réserve occidentale
Que peut-il se passer désormais ? Une nouvelle intervention de forces internationales pour rétablir l’ordre et l’autorité est totalement exclue. Elle serait d’ailleurs aussi désastreuse que celle des forces des « coalitions » en Irak et en Afghanistan. Dans le climat économique et politique actuel, tout le monde préfère, à Paris, à Londres, à Washington comme à Rome, que l’on parle le moins possible de la situation libyenne.
Un CNT fantoche
Les élections promises et la mise en œuvre d’une constitution « démocratique » viennent d’être officiellement ajournées. Personne n’a protesté à Paris ni ailleurs. Auprès de qui protesterait-on ? Il n’y a pratiquement plus d’autorité et le CNT est de plus en plus une fiction. La Libye risque donc de se tribaliser, de retourner un siècle en arrière, de devenir une seconde Somalie, terreau de l’islamisme radical et de tous les excès. Une centaine de tribus et de nombreux clans pourraient se partager le territoire et se disputer ses richesses. À une dictature certes exécrable, mais qui maintenait la sécurité et l’unité du pays, assurait les services publics et était même susceptible d’évoluer, pourrait succéder une anarchie tribale sanglante, exportatrice du terrorisme islamiste et menaçante pour l’Europe. Quel immense gâchis !
Pascal Nari
Et en plus ça a déstabilisé le Mali
Décidément la stupidité des hommes politiques occidentaux n’a pas de limites. L’Irak marchait, certes avec un régime de fer, mais marchait. Le pays tourne à l’anarchie par la faute de la guerre américaine dont l’armée se retire en laissant le chaos. La même chose se produit en Libye, en Tunisie. Le « printemps » égyptien ne se présente guère sous un profil plus favorable. En Afghanistan la situation est encore pire. En Europe sont entrées des populations culturellement voisines de celles de ces pays. Il ne faut pas compter sur l’INSEE pour savoir que plus de 50% de la population carcérale est issue du tiers monde et incapable de vivre sous un régime de liberté à l’occidentale.
Il serait convenable que le candidat Sarkozy et son ami BHL
viennent rendre compte, ce qui étymologiquement parlant, se
nomme » la responsabilité « .
Au passage, le candidat Sarkozy cherchant des économies et
ne répugnant pas, « faute d’argent », à faire travailler au-delà
de 60 ans, des salariés ayant cotisé plus que la durée déjà
rallongée à 41,5 années (« coupables » d’avoir commencé à
travailler plus jeune), vienne nous dire, combien cette guerre,
a coûté aux Français et pour quel intérêt francais ?
Il serait également intéressant de connaître les suites des
élucubrations « affairistes » de BHL et de son ami Hugues
DEWAVRIN en Syrie.
Qui vient de découvrir l’eau froide en Libye ? Le Figaro de ce matin nous offre deux pages, pas moins, d’une consternante banalité sur la situation du pays après l’épisode du coup de semonce à un «Premier Ministre» en peau de lapin (Ali Zeidan). Nous expliquant doctement que la Libye est aux mains des milices. Et le clou du spectacle donné par la «spécialiste défense» (sic) de ce grand journal, mme Isabelle Lasserre qui écrit sans trembler « … En 2011 la guerre aérienne franco-britannique menée en Libye … fut considérée par certains comme un modèle d’intervention militaire pour l’avenir (resic). Les objectifs furent atteints en quelques mois, sans perte humaine pour la coalition et avec très peu de dégâts collatéraux au sol … ». Comment oser écrire de telles sottises ? En pleine béhachélisation ? C’est vrai que faire la guerre quand il n’y a rien en face est plutôt facile … Quant aux dégâts occasionnés, de quel bilan dispose-t-elle ? Totalement scandaleux. Nous avons aujourd’hui le résultat de cette sordide équipée sans compter les conséquences sur les pays périphériques.
http://www.realpolitik.tv/2015/01/libye-le-but-de-la-guerre-etait-il-dassassiner-le-colonel-kadhafi/
Bernard Lugan est sur la liste noire du Système avec d’autres universitaires connus. Il est le seul à avoir fidèlement rapporté les propos du président Idriss Déby sur la guerre de Février 2011 contre la Libye. Quand cette équipée a été lancée nous avons été plusieurs à évoquer le but concerté entre Obama, Cameron et Sarkozy d’assassiner Kadhafi.
Dès Février 2011 il fut clair pour tous ceux qui avaient été impliqués dans les affaires libyennes depuis le coup d’état de 1969, que les raisons avancées étaient mensongères. Nos dizaines d’années d’archives assignaient à la France une position privilégiée au côté du bédouin.
Certains atlantistes fanatiques souhaitaient ouvertement voir Kadhafi «glisser dans l’escalier» (François Heisburg sur LCP en Juillet 2011).
Aujourd’hui les deux décideurs français de cette opération mafieuse, Sarkozy et Juppé occupent de nouveau tous les écrans, alors qu’ils relèvent d’un procureur de la CPI.