C.J. nous écrit : « La première image du beau diaporama sur la fleur de lys est un lis botanique, le lis de la Vierge présenté par l’archange dans toutes les scènes d’Annonciation. Le lys héraldique, me semble-t-il, est une stylisation de la fleur d’iris, qui n’a absolument rien a voir, sauf acoustiquement avec le lis botanique. D’autre part les premières armes de France présentent un champ de lys, réduit, à l’époque classique, à trois fleurs de lys. Pourriez-vous nous éclairer sur cette transition, ses raisons, ses modalités ? ».
On peut remonter à trois « explications », qui nous permettront, au passage, de mieux nous replonger dans notre Album « Voyage au pays de la Fleur de lys » (200 photos):
Fleur de lys, fleurs de lys…..
1. La légende populaire : comme toute légende, elle peut contenir une part de vérité. Un, ou plusieurs, rois prénommés Louis aimaient beaucoup cette fleur et aimaient à la cueillir; Louis s’écrivant alors « louys », ou « louïs », avec une prononciation appuyé sur la séparation en deux syllabes « lou » et « isse », on aurait donc fini par dire la fleur du roi « lou – isse », puis en simplifiant la fleur de « lou – isse » et, enfin, dernière simplification, la « fleur de lisse » (s’écrivant lis ou lys). Pour aimable qu’elle soit, et s’il est tout à fait possible que plusieurs rois prénommés Louis aient aimé cette fleur (mais les prénommés Charles aussi l’aimaient, on va le voir…) cette « explication » n’en est pas vraiment une, et reste ce qu’elle est : une aimable tradition populaire….
2. Du point de vue de la botanique, Lis et Iris sont deux espèces nettement séparées; tous les livres de botanique sont formels là-dessus :
* l’Iris (famille des Iridacées) est un genre comprenant 300 espèces monocotylédones dispersées à travers l’hémisohère Nord. Aucun Iris n’apparaît à l’état sauvage dans l’hémisphère Sud.
* Le Lilium, nom savant du Lis (famille des Liliacées) est un genre comprenant 80 espoèces de plantes bulbeuses, qui sont généralement rustiques. Celui que nous utilisons sur lafautearousseau est la variété « lilium longiflorum », aux fleurs très parfumées, blanches, en trompettes, fleurissant en juillet-août
3. Passons maintenant à la troisième et dernière explication, l’historique, celle qui nous intéresse véritablement dans le choix par la Royauté française de cet emblème (alors que, comme l’a fait remarquer Bainville, toutes les autres familles régnantes européennes avaient choisi des animaux sauvages et redoutables comme emblème, de l’aigle au léopard…).
La fleur de lis apparaît (sans doute pour la première fois) sur la partie supérieure du sceptre de Charles-le-Chauve (823-877), petit-fils de Charlemagne, roi de Francie occidentale (843-877) et empereur d’Occident (875). Question : d’où vient-elle ? Interrogeons la langue. … Les rois de France sont issus de rois « francs » c’est-à-dire des germaniques et il est donc naturel que la langue des Francs (le francique) ait influencé le latin parlé en Gaule. Cette influence se retrouve justement dans la dénomination « fleur de lis ». Voici en effet ce qu’on lit dans la très précieuse « Petite Histoire de la Langue Française » de l’éminent linguiste et philologue Charles Bruneau (1883-1969) : « Cette fleur, qui ne ressemble nullement à une fleur de lis, est en réalité une fleur d’iris (néerlandais) « lisbloem », francique « lieschbloem »). Dans ce mot francique, bloeme a été traduit par « fleur », tandis que liesch, sans doute incompris, était conservé tel quel ».
Psautier de Charles le Chauve
Mitterrand, que je n’aimais guère, a exprimé dans ses dernières volontés, celle que ne soient déposées, pour ses obsèques, que des iris, la fleur des rois de France.
Cela avait été dit par un journaliste rue Frédéric Le Play, alors qu’au matin du 9 janvier 1996 les premières fleurs étaient livrées.
Cette référence a ensuite très vite disparu.