Il faut défaire ce qui a été fait, et refaire ce qui a été défait….
Le principe est très simple, et bien connu des amoureux des belles choses, qui redonnent vie à ce que la bêtise, la méchanceté ou la cupidité des hommes a abîmé.
En l’occurence, la bêtise, et la haine de nos Racines, de notre Histoire : on sait le mal qu’ont fait les révolutionnaires, à partir du moment où ils eurent le pouvoir : « Les Vandales du Vème siècle n’ont jamais brisé tant de chefs-d’œuvre. » disait d’eux Alexandre du Sommerard, ce grand royaliste et amateur d’art éclairé, qui consacra sa fortune à récuperer et sauver ce qui pouvait l’être, et qui, par son action, est directement à l’origine du Musée de Cluny…
« Emmanuel », le seul rescapé de l’ensemnle des cloches de Notre-Dame, pèse 13 tonnes, son battant 500 kilos; Le diamètre à la base de la cloche est de 2 m 62. Il a été installé en 1686 en remplacement de l’ancien bourdon Jacqueline
Il sonne en « fa dièse » ainsi qu’en atteste ce récit d’Ernest Laut, extrait du Petit Journal Illustré du 19 avril 1908.
Dans son décret n° 1.256, du 23 juillet 1793, la Convention ordonna que les cloches des églises et chapelles de France soient déposées pour être fondues et puissent servir à la confection des canons ; elle décrèta : « chaque commune a la faculté de conserver une cloche qui serve de timbre à son horloge », ce sera la « cloche civique » : cent mille cloches vont disparaître dans la tourmente. Et Napoléon, pour les besoins de son immense armée, ne fera qu’amplifier le processus…
Quelques cloches en réchapèrent : celle de Lignières (Cher), fondue à Orléans pendant la révolution, en 1790, qui porte la mention « Vive la nation, vive le Roi » et des fleurs de lys; celle de Quintat (Haute-Savoie) porte la mention « Si je survis à la Terreur, c’est pour annoncer le bonheur »….
A Notre-Dame de Paris, toutes les cloches furent fondues, à l’exception du bourdon Emmanuel : « Emmanuel » avait succédé à la cloche « Jacqueline », qui avait été fondue en 1400, et avait été coulé en 1685 par plusieurs fondeurs lorrains pour la remplacer. Le parrainage fut assuré par Louis XIV et Marie-Thérèse d’Autriche, c’est pourquoi la cloche porte également le prénom « Marie-Thérèse ».
« Emmanuel » se trouvant dans la tour sud, on installa, lors des restaurations du XIXème siècle (en 1856…), quatre cloches benjamines dans la tour nord. Mais, si la restauration partait d’un bon sentiment, elle fut râtée : car l’ensemble formé par ces cloches sonnait faux, n’étant pas accordé par rapport à Emmanuel, et donnait une sonnerie peu harmonieuse de par la piètre qualité du métal.
A partir de 2011, le projet se fit jour de recréer l’ensemble en place en 1686, lors de la bénédiction du bourdon, donc d’en revenir à la disposition existante jusqu’en 1792, afin de retrouver le paysage sonore de la fin du XVIIIème siècle : avec huit cloches au lieu de quatre dans la tour nord, et deux bourdons, contre un aujourd’hui, dans la tour sud….
Il faudra attendre le 24 mars 2013 pour voir le projet réalisé, et pour entendre à nouveau les sons qu’ont entendu Louis XIV, Louis XV et Louis XVI (et quelques autres….) : émouvant, non ?
Le Pélerin donne des informations sur l’avancement des travaux et, dans la foule des renseignements, véritable machine à remonter le temps, on peut cliquer sur un lien proposant d’ores et déjà d’entendre, reconstitué numériquement, ce que sera le son restitué, le même qu’ont entendu les parisiens pendant plus de 130 ans !:
1. l’article du Pélerin : http://www.pelerin.info/Histoire-Patrimoine/Notre-patrimoine/La-depose-des-cloches-lance-les-festivites-du-850e-anniversaire-de-la-cathedrale-Notre-Dame-de-Paris
2. le lien pour écouter les cloches, telles que les ont entendues les parisiens, jusqu’à la folie destructrice urbi et orbi de la Révolution : http://www.notredamedeparis.fr/IMG/mp3/NDP_Projet_Cloche.mp3
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