Que dire de ce qui s’est passé à Bayonne, et faut-il d’ailleurs dire quelque chose ? Les faits ne parlent-ils pas d’eux-mêmes ?
Les indépendantistes dont nous a parlé le JT n’ont pas fait honneur à ce beau Pays basque qu’ils prétendent représenter; les militants socialistes agités qu’on a vus n’ont pas fait honneur à leur parti; Philippe Poutou, dans le même JT, s’il a – à juste titre – fustigé « la caste politique », a néammoins discrédité l’ensemble de ceux qui lui font confiance en refusant de condamner ces violences et en déclarant que, finalement, elles étaient somme toutes normales; quant à François Hollande, champion olympique du yo-yo, c’est comme d’habitude : on n’a toujours pas compris s’il avait condamné, mais sans condamner malgré tout, tout en laissant entendre que c’était condamnable, mais qu’il ne fallait pas etc… etc…etc… : heureusement qu’on a inventé l’aspro effervescent !…
Bref, le débat d’idées, le débat politique, la chose publique, en un mot, la France, le Bien commun : c’est où, dans ce désolant déballage très, très bas de gamme ?….
Vu le succès reconnu par tous les politiques du film « the Artist », film muet, je suggère que les candidats au grand carnaval du 22 Avril, fassent leur campagne « en M U E T ». Ils ne diront plus d’âneries, et nous ficheront la paix avec leurs mauvais dialogues, ou sinon…faîtes un ROI!!!!!!!!!!!
Et dire que ces guignols peuvent déclencher le fameux feu capable de vitrifier la planète !
Il y a la vulgarité des mots et, éventuellement, des actes. Ce n’est pas la pire.
La pire des vulgarités est essentielle, intrinsèque, au système électoral. Et elle se déploie, aujourd’hui, dans le discours de tous les candidats à l’élection présidentielle. C’est celle, n’en déplaise aux anglophobes, que Shakespeare a mieux décrit que quiconque, dans son Coriolan. Cette vulgarité affecte déjà la république romaine car Shakespeare ne l’a pas inventée. Son Coriolan est tiré de Plutarque et de Tite Live…
C’est pourquoi il est bon que le sommet de l’Etat y soit soustrait; et c’est ce qu’apporte une royauté, sous ses diverses formes, que le roi gouverne ou, même, ne gouverne pas.
Ainsi, la véritable souveraineté, en Grande Bretagne, réside, sans-doute, dans le parlement. Mais le Roi ou la Reine symbolise la pérennité et la transcendance de la nation britannique et de sa tradition, par rapport aux partis. S’il s’en écarte, on lui tranche, éventuellement, le cou. Non pour renverser l’ordre et la tradition anglaise, mais, au contraire, pour la conserver, la rétablir, voire l’exalter. Bref, l’inverse de ce qui fut fait en France lorsque Louis XVI fut guillotiné. Il s’agissait, alors, et c’est encore, aujourd’hui, le sens profond de notre république, de faire table rase du passé national et d’édifier une « nation » radicalement nouvelle, dressée contre son histoire, contre son propre héritage.
Toutes les campagnes électorales comportent, partout, leur part de vulgarité. Les nôtres développent, en raison de ce que je viens de dire, une vulgarité plus profonde. Et, en un sens, radicale. Chez nous, elle est totale. Et, même, totalitaire.
Vous avez bien raison, dans ce contexte, de prendre le parti de ne pas dire « pour qui il conviendrait de voter », laissant à chacun, et, le cas échéant, à chaque « sensibilité » royaliste, le soin, toujours ambigu, d’en décider. Et d’en décider, sans-doute avec un certain dégoût, un certain recul, et, il faut l’espérer, sans illusion. Car de cette vulgarité, de cette démagogie, à bien y regarder, aucun des candidats n’est vraiment exempt. Tous sont, en quelque sorte, pour revenir à Plutarque ou à Shakespeare, tribuns de la plèbe. La plèbe, en ce sens, c’est ce que devient le peuple lorsqu’ils lui ont parlé, lorsqu’il est devenu le jouet de leur mensonge. Lorsque, par une longue pratique de sa déconstruction, ils l’ont placé – au moins pour un temps – sous leur dépendance. Telle est, à mon sens, en profondeur, la vulgarité véritable de notre système politique.
Dans son essai « Dictateur et Roi », Charles Maurras se livre en 1899 à une analyse du système, qui n’a pas pris une ride et qui s’appliquerait encore aujourd’hui sans y changer une ligne. Preuve de la permanence de sa nocivité.
» L’électeur français passe son temps à délivrer des blancs seings à des inconnus, sans autre garantie que la nuance des affiches sur lesquelles les candidats ont inscrit leurs déclarations. Ce système intéresse, excite, détermine les partis d’opposition, même honnêtes, à plus forte raison ceux qui ne le sont pas, à provoquer le plus grand nombre possible de scandales et de catastrophes, de manière à causer le plus de mutations possibles à chaque renouvellement électoral. L’intérêt de parti remplace ainsi le bien public. C’est ainsi que l’on décompose la France.
Qu’y devient l’État ? Un esclave. Esclave des Chambres. Esclave des partis parlementaires, des coteries électorales. Esclave même de ces événements imprévus qui, sous un tel régime, déchaînent avec la panique, des changements d’opinion, donc de personnel et de direction, mais qui sont justement ceux qui exigeraient, au regard du salut public, le maximum de fermeté, de stabilité et de possession de soi même : on est conduit nécessairement à tout ébranler quand il faudrait tout affermir ; on destitue Varron à l’heure précise où il le faudrait accabler, même incapable et même indigne, des témoignages de la confiance de l’État. »
Campagne électorable pitoyable qui nous conforte dans l’idée que la démocratie est une maladie pour notre pays