Dans notre Tableau « Activités France entière », nous publions – entre autres… – les lieux, dates et sujets du Cycle de Conférences d’Yvan Blot 2011/2012 :
LA FRANCE AU BORD DU GOUFFRE OU LE SUICIDE DE LA FRANCE (Face à la trahison des élites irresponsables, le recours au peuple)
– Le gaspillage des fonds publics ou le référendum financier ?
– La spoliation fiscale et l’endettement ou le contrôle par l’initiative populaire ?
Et nous publierons demain la Conférence du 21 novembre : Criminalité, perte des valeurs ou sauvegarde des traditions
– Le laxisme des élites envers le crime ou le bon sens populaire ?
– Travail, famille, morale et religion, institutions ringardes ou conditions du renouveau ?
* Yvan Blot, Président de « Agir pour la démocratie directe » – Courriel : atheneion@free.fr
Chapitre deux : le gouffre des finances publiques
Le 20ème siècle fut celui de la croissance illimitée des finances publiques. Autrefois, les Etats n’avaient qu’un seul très gros poste de dépenses, le poste militaire. Aujourd’hui, les dépenses dites « sociales » sont les plus importantes. Les gérants politiques élus pour un temps courts, qui ne sont nullement propriétaires du pays ont intérêt à tirer des avantages à court terme de leur gestion, notamment dans la perspective de leur réélection, mais n’ont pas d’intérêt personnel à assurer la fortune du pays en longue période. L’évolution démographique à long terme, l’accroissement du capital en longue période ne les concernent pas. C’est pourquoi là où c’est possible, les citoyens, en général propriétaires de quelques biens et attachés à leur famille et à l’avenir de leurs enfants, prennent par référendum des décisions que les gouvernements ne prennent pas.
En France, la préférence pour les choix à court terme a sans doute atteint des sommets sous les présidences de François Mitterrand et de Jacques Chirac. Sous ces deux présidence, l’une dite de gauche et l’autre dite de droite, les dépenses publiques ont beaucoup progressé ainsi que les impôts, les budgets publics ont été systématiquement en déficit et la dette publique s’est envolé vers des hauteurs insoupçonnées. Mais la France n’est pas une exception et tout l’Occident, Etats-Unis en tête a connu plus ou moins des errements semblables. C’est largement du au système politique en place où les citoyens propriétaires ne peuvent pas décider et où le monopole des décisions publiques est dans les mains d’oligarchies irresponsables.
A propos d’un livre de Jacques Attali
« Tous ruinés dans dix ans » tel est le titre d’un ouvrage récent de Jacques Attali. Dans ce livre, l’auteur dit : « jamais, sauf en période de guerre, la dette publique n’a été aussi élevée dans les pays occidentaux ». C’est vrai mais il ne dit pas pourquoi : la vraie raison est que la démocratie représentative pure est devenue un régime oligarchique gouverné par des gérants irresponsables : politiciens mais aussi hauts fonctionnaires des finances, dirigeants de syndicats et associations irresponsables, dirigeants des medias, etc. Attali ajoute : « jamais l’endettement n’a fait peser autant de dangers sur la démocratie ! » Là, il se moque du monde car nous ne sommes plus en démocratie sinon formellement et c’est la démocratie directe qui permettra de sortir de cette spirale infernale d l’endettement comme le montrent de façon différente les exemples islandais et suisses. Enfin, Attali propose pour réduire cette crise de réduire les dépenses publiques mais surtout d’augmenter les impôts et de réduire le pouvoir d’achat par l’inflation. Autrement dit, Attali propose de réduire les dépenses publiques mais surtout d’augmenter les impôts ou de réduire le pouvoir d’achat par l’inflation. Autrement dit, le contribuable paiera les fautes des gérants de l’Etat et des banques : c’est ce que les Islandais ont récemment rejeté par référendum. !
La préférence pour l’immédiat
Le livre d’Attali est superficiel. Pour comprendre pourquoi nos Etats se sont tant endettés, il faut lire les analyses du professeur d’économie Hans Hermann Hoppe, allemand vivant aux USA, sur « la préférence pour l’immédiat ». Selon lui, conformément aux travaux de l’école autrichienne libérale (von Mises et von Hayek) seuls les propriétaires et pères de famille sont prêts à investir systématiquement à long terme. Les gérants non propriétaires veulent gagner le maximum à court terme, en raison de leur statut instable de gérant. Or, notre société est dirigée principalement par des gérants : les élus politiques et les managers : ils agissent avec l’argent des autres et perdent donc toute prudence ! C’est vrai des politiciens comme des banquiers non propriétaires de leurs établissements. Le professeur d’économie Pascal Salin montre quant à lui que nous ne sommes plus en régime capitaliste car ce ne sont pas des propriétaires mais des « managers » qui dirigent et qui prennent des décisions où le court terme est l’horizon déterminant.
La préférence pour l’immédiat est un phénomène humain universel. On préfère avoir une satisfaction immédiate plutôt qu’une satisfaction future. Ainsi, la préférence pour l’immédiat est l’ennemi de deux comportements civilisateurs essentiels qui sont l’épargne et l’investissement. Beaucoup de facteurs agissent sur cette préférence pour l’instantané : les circonstances extérieures, le temps biologique, le contexte social ou institutionnel. Une catastrophe naturelle ou une guerre accroît la préférence pour l’immédiat. L’enfant veut « tout et tout de suite » car il néglige l’importance du temps future. La vieillesse joue un rôle analogue excepté si l’on a des enfants dont on veut assurer la prospérité future. Un sociologue cité par Hoppe, Edward Banfield explique la persistance des classes sociales par des différences de préférence pour l’immédiat chez les individus. « Les membres des classes supérieures se caractérisent par l’orientation vers le futur, l’autodiscipline, la capacité de renoncer à une gratification immédiate au profit d’un avenir meilleur, les basses classes sociales sont orientées vers l’hédonisme et la préférence pour le présent ».
Hoppe note que les violations du droit de propriété accroissent la préférence pour l’immédiat des victimes : ces violations viennent des criminels ou de l’Etat. Un citoyen qui est dans un Etat au comportement arbitraire aura moins tendance à épargner et à investir à long terme. Par ailleurs, le criminel ou l’Etat qui porte atteinte au droit de propriété le fait parce qu’il a lui-même une préférence forte pour l’immédiat. Il veut des avantages tout de suite. Le criminel parce que c’est dans sa nature d’être dominé par son cerveau instinctif ou reptilien et l’Etat parce que le mécanisme des réélections le contraint à gérer sa carrière dans le court terme.
Hoppe pose le problème des gérants (caretaker). Le problème est le même pour une entreprise et pour le gouvernement. Le gérant peut utiliser les ressources mais il n’est pas propriétaire du capital. Un propriétaire n’a aucun intérêt à gaspiller son capital Pour Hoppe, le gérant a intérêt à s’endetter car il ne sera pas lui-même contraint de rembourser. Le gérant au pouvoir va pratiquer trois formes de redistribution. Les transferts d’un groupe à un autre groupe social, les services gratuits (payés en fait par le contribuable) et les règles de protection de tel ou tel groupe qui sont exigées par des lobbies économiques. Ces transferts découragent la productivité des meilleurs. Punir les gens efficaces rend la société globalement moins efficace. Pour Hoppe, un gérant au pouvoir pourra être tenté par la guerre et en politique intérieure, il augmentera les impôts et les dettes ; Autrement dit le gérant va exploiter les citoyens. La croyance que le gouvernement est démocratique émousse la résistance des citoyens. La hausse des dépenses publiques s’accompagne d’un déclin de la propriété individuelle.
HOPPE 68
La préférence pour l’immédiat fait des ravages en Occident. Le comportement correspondant est celui du « je veux tout et tout de suite » des enfants mal élevés et des délinquants. Pour Hoppe, la crise démographique, la montée du crime, l’accroissement de l’endettement public et même l’invasion migratoire ont une cause commune, la préférence pour l’immédiat. Les pouvoirs publics ne défendent pas l’espace public contre les intrus avec autant d’énergie que le feraient des propriétaires privés.
Dans le secteur privé, comme dans le secteur public, les propriétaires responsables sont marginalisés par les managers irresponsables qui négligent le long terme. Il faut responsabiliser les décideurs. En politique, Hoppe préconise la privatisation du pouvoir (retour à la monarchie !) mais on peut aussi prôner la démocratie directe, les deux n’étant nullement incompatibles comme le montre le Liechtenstein. Ses suggestions ont fait l’objet de débats passionnés aux USA mais la France est restée à côté de la discussion, politiquement correct oblige !
Supériorité de la démocratie directe en gestion des finances publiques
L’étude, censurée en France, des professeurs Feld et Kirchgässner (2008) montre que les outils de la démocratie directe, le référendum financier, le référendum veto, voire l’initiative populaire, permettent de réduire le niveau des impôts et des dépenses de 30% et le niveau des dettes publiques de 50%. Ces résultats ont été prouvés par des études empiriques portant sur de longues périodes aux USA et en Suisse.
Ils ne sont pas étonnants. Depuis longtemps, les économistes du « public choice » montrent qu’en régime parlementaire pur, les politiciens ont intérêt à faire des cadeaux à leurs électeurs et donc à augmenter les dépenses. Le financement est assuré par des impôts frappant des minorités électorales (IRPP) ou des impôts indolores (TVA) ou l’endettement qui reporte la charge sur les générations futures. Les socialistes sont passés maîtres pour faire ces largesses avec l’argent des autres mais ils ne sont pas les seuls !
En Suisse, au niveau cantonal ou municipal existe une arme redoutable pour lutter contre cette dérive : le référendum financier. Les dépenses publiques très fortes ou les dépenses récurrentes sont en effet soumises à des référendums obligatoires. Ainsi, les citoyens de Zurich ont refusé par deux fois la construction (très chère) d’un métro ! Ils ont préfère le tramway et le maire (socialiste) a du se résigner. Tout ce qui est palais des congrès, tours en centre-ville ou cité administrative géante est soumis au bon vouloir des citoyens qui imposent souvent le retour à la mesure et à la raison. De même, l’endettement est soumis à référendum ce qui a pour effet d’en réduire le montant. Une autre arme est le référendum facultatif ou référendum veto. Par pétition, les citoyens peuvent contester une décision de l’assemblée locale ou nationale et déclencher un référendum. C’est ainsi que les citoyens suisse ont par trois fois refusé la TVA. Celle-ci a fini par être adoptée mais avec un taux très faible. Quant à l’initiative populaire, elle a permis de réduire les impôts pour obliger les pouvoirs publics à réduire les dépenses lorsque l’outil du référendum financier n’existait pas : on se souvient de la Californie du temps de Reagan et de la proposition13 !
Pourquoi les citoyens freinent-ils les dépenses, les impôts et l’endettement lorsqu’on les consulte ? C’est que leur argent à eux est en cause alors que les oligarques politiques, syndicaux ou de la fonction publique ou des banques jouent ave l’argent d’autrui. Dans nos sociétés occidentales, les classes moyennes ont un poids électoral prépondérant. Il s’agit souvent de petits propriétaires qui n’ont pas des réflexes de gérants à court terme ! C’est pourquoi une bonne gestion exige que la démocratie des propriétaires l’emporte sur l’oligarchie des managers. C’est ce qui se passe en Suisse.
Petit fait significatif : la Suisse s’appelle officiellement en allemand : Schweizerische Eidgenossenschaft. On traduit à tort (y compris en Suisse) par confédération suisse. Mais le mot « Genossenschaft » signifie « association de copropriétaires ». Eid veut dire « serment ». L’expression veut dire mot à mot : association de copropriétaires unis par un serment de se défendre en commun. On est loin de l’Etat socialiste ou de l’Etat abstrait des Jacobins !
Marc Vergier sur Histoire ▬ Le 23 novembre 1944…
“Question : Est-ce lui que Charles de Gaulle, à qui il venait proposer sa collaboration, a…”