Editions Picollec 342 pages, 22 euros
Enfin un livre courageux et extrêmement documenté. On est loin du robinet d’eau tiède que nous servent, dans leurs ouvrages, ces rebelles modernes qui vivent du système dont ils prétendent dénoncer les scandales. Voici une véritable enquête fouillée et passionnante. Fruit de deux ans de travail, ce brûlot nous emmène dans l’envers du décor de la grande comédie « médiacratique » de la presse de gauche. Après avoir lu « Ils ont acheté la presse », de Benjamin Dormann, vous ne lirez plus jamais Le Monde ou le Nouvel Observateur notamment avec le même regard.
Au passage, on en apprend de belles sur les coulisses de l’organisation des primaires du Parti Socialiste ou sur la nomination de Van Rompuy à la Présidence de l’Europe… Une preuve de plus que notre démocratie est malade, au point de ne pas laisser place à ce type de critique, comme elle le devrait si elle était sure d’elle.
Qu’importe qu’on ne connaisse pas l’auteur de cette enquête qui se dévore comme un roman, ce qu’il nous apprend et la réflexion que suscite son livre enrichit son lecteur et ouvre des débats nécessaires.
Un livre rare à lire et à faire lire, tant qu’il nous reste encore des d’éditeurs assez libres pour publier ce type de pamphlet.
On ne peut que partager les premiers commentaires sur cet ouvrage :
* « Des analyses fines et décapantes (qui) montrent la distance qui existe entre les discours et les actes ». Jean-Clément Texier (Président Ringier France. Ringier, groupe Suisse de médias d’1 milliard d’euros de chiffre d’affaires mondial.)
* « Une enquête, mais aussi un voyage décoiffant, et qui réussit à nous étonner nous autres qui, sur le sujet, sommes pourtant ferrés à glace… sibien informé […], si précis […], si éclairé ». Alain Sanders, journal Présent
Parce que la presse d’opinion a pour priorité de contrecarrer la réélection de Nicolas Sarkozy. Du coup, elle communique plus qu’elle n’enquête ou n’informe, reproduisant trop souvent avec complaisance des scénarios mis en scène par des communicants amis.
Parce que cette presse a docilement accepté de recevoir des centaines de millions de subventions supplémentaires du pouvoir sarkozyste, plutôt que de s’intéresser aux lecteurs.
Enfin, parce qu’elle s’est de plus en plus vendue à des financiers dits « de gauche », qui, dans la presse comme ailleurs, restent des financiers. En suivant notamment de près les exemples de la reprise du Monde par Matthieu Pigasse et la gestion du Nouvel Observateur par Denis Olivennes, on découvre la réalité méconnue de leurs pratiques …
Si ce 4ème pouvoir ne joue plus son rôle aujourd’hui, c’est qu’il a accepté de se fondre dans le 5ème pouvoir que l’on pénètre ici : celui des vastes réseaux mondiaux dominants, mêlant hommes d’affaires, financiers, médias et politiques, agissant dans la plus grande discrétion, parallèlement à nos structures démocratiques. Un voyage dans les coulisses où l’on croise notamment Le Siècle, le Young Leader Arnaud Montebourg, le Bilderberger Manuel Valls, le German Marshall Fund, financeur américain de Terra Nova, initiateur des Primaires du Parti Socialiste,… et où l’on apprend les incroyables conditions de la nomination d’Herman Van Rompuy à la Présidence du Conseil Européen.
Merci de cette découverte. Il doit manquer « be » dans le nom de l’auteur 🙂