De Jacques Bainville, Journal, 1914, pages 93/94, note du 20 septembre :
5 septembre 1914 : Mort de Charles Péguy
« Nous avons appris presque en même temps la mort héroïque au champ d’honneur de Charles Péguy et la destruction de la cathédrale de Reims.
Ce Péguy !
Il était avant-hier une espèce de dreyfusard tout à fait vulgaire, un professeur radical-socialiste qui faisait une littérature forcenée. Il ressemblait à Jean-Jacques Rousseau par l’insociabilité, par la farouche vertu.
Et puis la mystique du nationalisme l’avait saisi. Il s’était retrouvé paysan de France, tout près de la terre, de la glèbe, du sillon. Cet universitaire s’était mis à vénérer Sainte Geneviève et Sainte Jeanne d’Arc avec la ferveur et la simplicité d’un homme du Moyen-Âge. Il était devenu un des mainteneurs et un des exalteurs de la tradition. Il a été de ce mouvement profond, de ce mouvement de l’instinct qui, dans les mois qui ont précédé la guerre, a replié les français sur eux-mêmes, à conduit l’élite intellectuelle et morale de la nation à des méditations, souvent d’un caractère religieux, sur les origines et l’histoire de la nation.
Chose étrange que Péguy soit mort d’une balle au front au moment où commençait à brûler la cathédrale où Jeanne d’Arc, pour le sacre de Charles VII, avait mené son oriflamme à l’honneur.
La guerre de 1914 a fait de beaux symboles. Péguy aura dans notre histoire littéraire et nationale la place de ces poètes soldats de l’Allemagne d’il y a cent ans qui tombaient dans la guerre d’indépendance. »
Cincinnatus sur Une initiative papale qui, curieusement, arrive…
“Nous ne sommes pas capables en France d’une révolution de velours, nous sommes incapables de faire…”