(Une fois de plus, Yvan Blot nous a transmis un texte – cette fois-ci sur la prochaine élection présidentielle – que nous publions sitôt reçu, avec nos remerciements…http://www.democratiedirecte.fr/)
L’évolution des sondages montre une fois de plus que la stratégie de polarisation l’emporte sur la stratégie arithmétique pour gagner une élection. Cette dernière postule que pour gagner une élection, un candidat doit mobiliser ses électeurs mais aussi essayer d’étendre son électorat au dépens de l’adversaire : un candidat de droite, comme Marine Le Pen (et avant elle Chirac ou Giscard) va donc vouloir se recentrer et emprunter des thèmes à la gauche : étatisme économique ou au moins social démocratie, laïcité militante, critique lu libéralisme économique, etc..)
A gauche, il s’agit de façon symétrique de récupérer des électeurs du centre ou de la droite. C’est ce qu’on fait pendant longtemps les socialistes français tant ils étaient anticommunistes. Hollande a repris cette stratégie perdante : comme il pense que le socialisme mènera la France à l’échec économique (ce qui est vrai) il prend une position centriste agrémentée de quelques réformes symboliques dites sociétales, qui ne coûtent rien aux finances publiques, comme le mariage des homosexuels ou le vote des étrangers.
La stratégie de polarisation tient compte de la dynamique électorale. Il faut mobiliser ses électeurs par un discours offensif sans concessions, et ce discours entraînant permet de mobiliser les abstentionnistes, d’où un élargissement réel de l’électorat.
C’est ce qu’avait su faire François Mitterrand, qui avait compris qu’il fallait mobiliser toute la gauche et c’est lui qui a réussi à prendre le pouvoir. Mélenchon, sur une position très dure, proche de celle des anciens communistes, est son héritier quant à la stratégie.
A droite, Sarkozy utilisa cette stratégie « dure » lors des précédentes élections présidentielles avec succès. Aujourd’hui, il tente de refaire la même opération, mais c’est plus difficile car pendant cinq ans au pouvoir, il a en partie succombé aux sirènes de la stratégie arithmétique en voulant mordre sur la gauche (reprise de la théorie absurde de la double peine pour le renvoi des étrangers illégaux, nominations de ministres venant de la gauche comme Besson ou Kouchner, etc…)
Les résultats indiqués par les sondages ne sont nullement surprenants. Sarkozy, par sa politique gouvernementale considérée à tort ou à raison comme trop « centriste » par ses électeurs, a démarré la campagne avec de mauvais sondages. Il remonte à présent et double Hollande au premier tour (29,5% pour Sarkozy contre 28% pour Hollande, source BVA, baromètre du 22 mars). Sarkozy reprend des points, un peu sur Bayrou et nettement sur Marine Le Pen.
Mélenchon, avec son retour à la lutte des classes sans concession, fait une percée à gauche au détriment de Hollande. Ainsi, Mélenchon peut espérer doubler Marine Le Pen en intention de votes (plus 5 points en un mois alors que Marine Le Pen perd deux points; source BVA). Selon BVA (baromètre du 22 mars), Mélanchon fait 15 points contre 13% pour Marine Le Pen et 12% pour François Bayrou.
Le différentiel est encore faible mais la tendance des courbes depuis un mois est indiscutable : Sarkozy et Mélenchon montent, Hollande et Marine Le Pen baissent. Une fois de plus, les stratégies de « rencentrage » plombent ceux qui les mettent en œuvre. Hollande n’est pas assez à gauche pour reprendre des voix à Mélenchon. Son discours n’est guère audible car il veut donner des gages à l’Union européenne et au grand tuteur américain (défense de l’Europe et du libre échangisme).
Mélanchon joue, comme la gauche depuis toujours sur la jalousie sociale, la haine des « riches », et donc sur la lutte des classes, et c’est payant, surtout dans le contexte culturel français marqué durablement par la Révolution française. Il peut mettre en avant la république et la laïcité : à gauche, c’est mobilisant de façon non équivoque.
A droite, Marine Le Pen, soucieuse de se dédiaboliser, a pris un état major venu du socialisme (Collard, Philippot) voire du communisme (Dutheil de la Rochère). Elle a publié un livre centré sur la lutte des classes mondiales et sur la solution étatiste pour la France. Elle ne gagne rien ce faisant et perd lentement mais sûrement, continuellement des points. La fraction plus dure de son électorat (catholiques, monarchistes, conservateurs en matière de mœurs, libéraux à la Thatcher) se détourne d’elle et devient perplexe. Elle peut essayer de se recentrer sur ses fondamentaux (insécurité, immigration) mais n’est-ce-pas déjà fort tard ?
Nicolas Sarkozy a repris la recette de ses précédentes présidentielles et gagne des points peu à peu par rapport à Hollande, lequel en perd au profit de Mélenchon. Cela ne suffit pas toutefois à vaincre au deuxième tour. Sarkozy qui fut surnommé par certains (à juste titre semble-t-il), « l’Américain » (il a fait rentrer la France dans l’OTAN) n’hésite pas à aborder des sujets qui fâchent (notamment madame Merkel) en disant qu’il reverra les accords de Schengen pour mieux lutter contre l’immigration : cette audace est payante. Il tente de prendre des points sur Marine Le Pen sur l’insécurité et l’immigration (et aussi sur l’utilisation du référendum, très populaire chez les Français) et il est mieux positionné qu’elle (plus crédible) sur les sujets économiques et sociaux. Sortir de l’euro, cheval de bataille de Marine Le Pen n’est absolument pas un bon thème électoral. On n’a jamais vu De Gaulle en 1958 faire campagne sur la dévaluation du franc ! Une fois au pouvoir, il l’a fait mais ce n’était pas ce thème débilitant qu’il avait choisi pour mobiliser ses électeurs.
En résumé, les bons choix stratégiques ont été fait par Sarkozy et Mélenchon et ils engrangent les résultats correspondants. Les mauvais choix qui troublent leurs électeurs ont été fait par François Hollande (qui reste économiquement correct par rapport à l’Union européenne et à la tutelle américaine) et Marine Le Pen (ultra laïcisme, références historiques de gauche, jusqu’à Danton et Robespierre, sortie de l’euro, anticapitalisme mondial).
Mélenchon risque de passer devant Marine Le Pen qui avait refusé de débattre avec lui parce qu’il était un « petit » candidat ! En matière de laïcité ou d’anticapitalisme, il sera toujours plus crédible qu’elle ! Sarkozy lui, a déjà doublé Hollande au premier tour. Le deuxième tour sera serré !
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“Il est bon !!”