(Tiré de « Scènes et doctrines », page 121)
« Nous nous recommandons de la France éternelle; nous sommes des Français qui avons été formés à travers les siècles. Tout ce que nous sommes naît des conditions historiques et géographiques de notre pays. Nous avons été… médités à travers les siècles par nos parents, et il faut pour que nous nous développions, pour que nous trouvions le bonheur, que les choses ne soient pas essentiellement différentes de ce qu’elles étaient quand nos ancêtres nous « méditaient ». J’ai besoin qu’on garde à mon arbre la culture qui lui permit de me porter si haut, moi faible petite feuille. Nous voulons d’une politique qui tienne compte des traditions nationales et qui protège tout ce qu’elles ont encore de vivant au milieu des modifications que le temps apporte chez des êtres vivants, chez des êtres en perpétuelle transformation; il faut que la France demeure liée de génération en génération, il faut qu’elle demeure dans son essence, pour que nous, individus, nous trouvions le bonheur (car que ferai-je en Chine ou en Angleterre, moi Lorrain ?) et aussi pour que la nation trouve le bonheur. Et je ne puis guère plus me passer du bonheur national que de mon bonheur propre, car je porterai mal la tête à travers le monde si je suis d’une France humiliée… »
Paris, Place de la Bastille, dimanche 6 mai 2012 : les « français de plastique » fêtent « leur » vainqueur…..
Il est regrettable que ce « post » n’ait pas suscité de commentaire.
Pourtant, me semble-t-il, vous avez eu doublement raison de le publier.
D’abord parce que ce texte de Barrès est très beau et que – comme les poètes tiennent aux générations diverses des discours divers – il a, pour les Français d’aujourd’hui, une résonnance renouvelée, très forte et très singulière.
Ensuite parce qu’il est bon d’élargir toujours le cercle de ceux que nous appelons nos maîtres, de ne pas le limiter aux seuls maîtres de l’Action française et finalement au seul Maurras, si grand qu’il ait été. (« On est prié de s’adresser à l’altissime » dit Bainville).
La première Action française, Maurras en tête, fut inconsolable que Barrès ne voulût pas s’engager à ses côtés, se rallier à la monarchie ; elle voyait surtout, elle déplorait toutes les chances qui seraient perdues du simple fait de ce refus. Mais c’est qu’avant même l’Action française, Barrès avait été l’âme du nationalisme français ; que, surtout par ses premiers livres, ceux du Culte du Moi, notamment Sous L’œil des Barbares, qui avait tant impressionné le jeune Maurras, il avait été le vrai maître d’une génération dont il avait forgé le patriotisme et, plus encore, peut-être, l’énergie. Cette énergie reconstruite allait, d’ailleurs, en grande partie, servir au développement de l’Action française jusqu’à la Grande Guerre et bien au delà. Par là, bien plus que par sa présence à la Chambre, l’influence politique de Barrès a été considérable sans compter celle que l’esthète, le styliste, a exercée sur la littérature de son temps et, là encore, bien au delà …
Si l’on est d’Action française, ou, même, simplement patriote ou royaliste, l’on aura toujours intérêt à vivifier ses convictions à cette source d’énergie, aussi bien collective que personnelle, et aussi d’enracinement que sont les œuvres de cet « enchanteur » que fut – et pour certains d’entre nous – demeure, Maurice Barrès.
Il me semble donc naturel de remercier lafautearousseau de cette publication. Ce que je fais.
J’objecterai, simplement, que voir dans ce texte de Maurice Barrès une « réponse d’outre-tombe » aux ilotes qui agitaient des drapeaux algériens, tunisiens, marocains, palestiniens ou autres pour célébrer la victoire de leur candidat, le 6 mai au soir, à Paris, à la Bastille, est une expression d’un goût un peu douteux, voire macabre et, pour le dire franchement, sans grande originalité … Ce qui n’enlève rien à la pertinence du « post » et, encore moins, du texte lui-même …
Dans la France d’avant 1789, la citoyenneté définit les sujets d’un cadre institutionnel. Elle détermine les ressortissants sur lesquels un Etat exerce sa souveraineté. Alors que la nationalité dont nous parle Barrès est un fait historique lié à la filiation, la citoyenneté est un fait politique.
Tout a changé à la Révolution française. Ces deux notions ont été confondue dans la citoyenneté, car la nation n’est plus une affaire d’héritage. Ce sont les citoyens qui composent la nation, non plus les corps ou les communautés.
Dans cette perspective, l' »intégration »ne peut qu’être individuelle. Intégration, mais à quoi? A une identité nationale affaiblie et quasi inexistante? A un comportement économique?
En 1882 Ernest Renan affirme : « Une nation est un principe spirituel ». Devenir français serait adhérer à ce principe. Mais combien de français de naissance y adhèrent eux-mêmes? C’est cette question urgente que nous devons d’abord nous poser.
Quelle interprétation peut-on donner à cette photo ?
L’on voit un portrait du nouveau chef de l’Etat, avec le
drapeau français tricolore, entourés d’un drapeau marocain,
tunisien, et algérien.
Est-ce une volonté de manifester un communautarisme,
auquel cas il n’y aurait pas de drapeau tricolore au milieu; ou
est-ce une volonté de rappeler, qu’indépendamment de leurs
origines trop souvent décriées, ces jeunes gens sans doute
nés en France, que vous insultez, à priori, en
les traitant de « plastique », ont la volonté d’afficher fièrement
leur désir de vouloir de se rattacher à notre histoire, même
en prenant sur une ou deux générations à peine, le train en
route.
Plutôt que de les dénigrer, ce qui est indigne de la part de
royalistes, l’on devrait au contraire, y trouver un symbole
d’espoir dans la capacité de notre pays à intégrer ces
Français d’origine étrangère, à qui notre rôle, est de leur faire
précisément connaître l’histoire millénaire à laquelle ils
appartiennent désormais, quelque soit leur propre histoire,
histoire dont certains auront vite fait de la réduire à la seule
révolution française, ou à celle du socialisme.
Les Français d’aujourd’hui et de demain seront aussi ce que
nous autres royalistes en auront fait dans l’ordre politique.
Ce n’est pas avec une telle attitude de rejet que ces Français
pourront un jour comprendre l’essence historique de notre
pays, quand d’autres se chargent de les formater à leur
vision parfois sectaire de l’histoire.
(A DC): l’angélisme en a perdu plus d’un(e) avant vous…. Nous n’insultons personne, en appelant « de plastique » des « français » à qui l’on a donné une nationalité que parfois ils n’ont pas demandée; que parfois ils ont reçue « automatiquement, et technocratiquement », si l’on peut dire, sans même le savoir; que parfois ils vomissent….
Depuis 1975, une politique de substitution de population est menée par le Pays légal, sans que l’on demande son avis au Pays réel sur ce point, pourtant majeur et vital : de 1975 à 2012 entre 10 et 15 millions d’étrangers sont entrés en France : les Français sont-ils ou ont-ils été demandeurs ? Dans une vraie et saine démocratie, pour un bouleversement de cette importance, inédit dans l’histoire, on aurait fait une « votation » : mais nous ne sommes ni en République, ni en démocratie, vous le savez bien; nous sommes dans une république idéologique, et une démocratie idéologique, ce qui est radicalement différent. Et pour du « passé faire table rase », la république idéologique trouve judicieux de « changer le peuple » : elle l’a d’abord changé dans son mental, en menant une guerre de toutes les secondes contres toutes les Traditions constitutives de son Être profond; cela ne devait pas lui suffire : elle le change maintenant « physiquement », en communautarisant, en clanifiant, en « déshomogénéisant » la France.
Nous ne sommes pas d’accord avec cela et nous le dénonçons : libre à vous de dire que, ce faisant, nous « insultons » et nous « dénigrons ». Nous ne vous suivrons pas sur ce terrain du vocabulaire excessif, donc insignifiant; nous préférons vous dire que vous commettez, selon nous, une faute majeure : le déni de réalité…..
Il n’est pas convenable de décréter « indignes » des royalistes qui, sur tel ou tel point, ne pensent pas comme il apparaît à tel ou tel – par exemple à DC – que l’on doit obligatoirement penser.
Ainsi, sur le fond, même si l’on souhaite y apporter telle ou telle nuance, le commentaire précédent, signé lafautearousseau, ne me semble pas critiquable.
L’immigration dont nous parlons se caractérise d’abord par sa masse. Indéniablement, elle est d’abord inédite, ensuite déraisonnable, excessive et, donc, extrêmement dangereuse. Elle est le premier grand problème.
Elle se caractérise, simultanément, par sa « différence ». L’Islam – religion majoritaire des populations concernées – n’est pas une simple croyance, une pure spiritualité que notre « laïcité » simpliste pourrait contenir, comme nous croyons stupidement pouvoir le faire, dans la prétendue « sphère privée ». Ce sont des balivernes. Aucune religion, y compris la nôtre, ne peut accepter vraiment sa limitation à la dite sphère privée. L’Eglise feint de l’accepter mais uniquement parce qu’elle n’a plus les moyens d’une autre position. L’Islam, nous le savons bien, induit des formes sociétales, en fait une civilisation globale, comme toute civilisation, qu’il ne s’agit pas, ici, de juger, d’insulter, ou de stigmatiser, mais dont il suffit amplement de constater qu’elles ne sont pas les nôtres. Qu’elles ne sont pas, sauf à se renier, compatibles avec les nôtres.
Je n’adhère pas volontiers à une conception trop « homogénéisante » du peuple français. Ce qui, à la limite, peut verser dans le pur jacobinisme, qui, justement, a tant affaibli la vitalité du peuple français en nivelant, en affaiblissant à l’excès ses communautés historiques. lafautearousseau n’y insiste pas assez, selon moi, au risque d’une pensée politique déséquilibrée. En revanche, j’adhère tout à fait à la réflexion de Boutang selon qui, s’il y a place, en France, pour différentes communautés, il n’y a pas place pour deux civilisations. Or l’Islam, à mon avis, en soi, en est une. Elle n’est pas la nôtre et, si elle veut exister, en tant que telle, sur notre sol, elle n’est tout simplement pas tolérable.
Enfin, et là encore lafautearousseau n’y insiste pas suffisamment, cette immigration se heurte, en dehors de sa « masse » tout à fait excessive, en dehors du gravissime problème que constitue indéniablement l’Islam, au non moins gravissime problème – qui est de notre pure responsabilité, celui-là – de ce que Boutang appelle « l’extrême fragilité de notre civilisation qui fait que ces gens-là ne sont pas persuadés que nous valions grand chose, que nous ayons encore des raisons de vivre et de mourir ». Nous non plus, d’ailleurs, nous n’en sommes pas persuadés. Et c’est ce qui nous rend – de notre fait – particulièrement incapables d’intégrer à la communauté française, à ce qu’il en reste de substance vive, une masse considérable de populations que, peut-être, en d’autres temps, et dans d’autres conditions, nous aurions eu la capacité – tout à fait extraordinaire, d’ailleurs – d’intégrer, et, dans une certaine mesure, (jamais jacobine) d’assimiler. Les liens historiques qui nous unissent ou nous ont unis à elles l’auraient peut-être permis. Mais cette hypothèse est désormais du domaine du rêve, du « temps perdu ». Nous n’en sommes plus là. Et c’est pourquoi, au fond, lafautearousseau a raison.
Les Jacobins ne voulaient pas d’une France alsacienne ou d’une France bretonne, qu’ils estimaient dangereuse pour l’unité nationale, mais les « républicains » d’aujourd’hui applaudissent à la naissance d’une France africaine et d’une France musulmane.
On révait d’une France laïque et l’on se félicite qu’elle compte plus d’un millier de mosquées. On déclare que la France est profondément européene tout en l’ouvrant à une implantation massive de communautés d’origine africaine, arabe ou asiatique qui, par la force des choses, finissent par donner à certaines partie du territoire français un caractère particulier.
Mais qu’importent les contradictions. Droite et gauche institutionnellles se retrouvent d’ailleurs d’accord sur l’essentiel même si, pour des intérêts électoralistes, leurs positions à l’égard de l’immigration et du droit à la nationalité paraissent parfois diverger.
Si L’immigration de masse et la dilution de l’identité française correspondent en effet à l’idéologie universaliste de la gauche, elles ne sont pas non plus de nature à géner les dirigeant de la droite libérale pour lesquels la nation n’est pas tant une communauté humaine qu’une société anonyme, réservoir de main d’oeuvre et masse de consommateurs doont l’identité est sans importance.
Le sujet n’était pas l’immigration, mais la photo à la Bastille,
et ce qu’elle pouvait ou non signifier.
A force de tout amalgamer, on finit par dire n’importe quoi.
Vous avez disserté sur l’immigration, mais il se trouve que
votre copie est hors sujet, par rapport à la question posée à
laquelle vous n’avez pas répondu.
Il n’y a pas de déni de réalité sur l’immigration, tout le
monde connaît les chiffres; la question n’était pas de savoir
s’il faut plus ou moins d’immigration, il paraît évident qu’il en
faut moins. Mais il s’agissait de s’interroger sur les Français
que vous traitez de plastique.
Doit-on comprendre que vous souhaiteriez leur retirer la
nationalité française? alors qu’ils sont nés en France ? Et pour
aller où ? Dans ce cas, évidemment, nous ne serions pas
d’accord, et ce serait effectivement indigne de la France et
contraire à notre tradition millénaire du droit du sol.
Il y a en effet, et j’espère nombreux, des royalistes qui ne
partagent pas l’idée de droit du sang du Front national. A
chacun ses références.
Mon cher DC, le débat sur le droit du sol et le droit du sang est en fait un faux débat.
Le jus soli, loin de s’opposer terme à terme au jus sanguinis, procède d’une logique assez similaire. Il vise en effet à constater l’effet de la » formation française »,c’est-à-dire le fait qu’à défaut de filiation directe, l’éducation reçue en France constitue le meilleur critère d’adhésion à la culture nationale. Loin d’opposer une conception « ethnique » et fermée de la nation à une conception « contractuelle » et ouverte, les deux formes d’acquisition de la nationalité se rejoignent ainsi dans l’idée que l’appartenance à la nationalité française est avant tout affaire de formation, de culture et d’éducation. Et c’est pourquoi, dans la pratique, l’une et l’autre se sont constamment révélées comme des moyens différents, mais complémentaires, de légitimer l’assimilation.
On comprend mieux, alors, ce qui a changé aujourd’hui.
Traditionnellement, l’octroi de la nationalité française, que ce soit par le sang ou par le sol, avait jusqu’à présent été considéré comme la conséquence logique d’un constat d’adhésion ou d’assimilation à la nation. Le fait nouveau, c’est que l’octroi de la nationalité, quelle que soit la façon dont il s’opère, n’est plus considéré comme une conséquence, mais comme une cause : la
naturalisation n’est plus la suite logique, et comme la consécration de l’adhésion à la nation, mais l’élément moteur dont on suppose, à tort ou à raison, qu’elle finira par la produire.
Mon cher Thulé, peut-être pourriez-vous préciser davantage
votre appréciation en terme de cause et de conséquence qui
ne me parait pas très claire.
Bien que vous dites à juste titre que » Le jus soli, loin de
s’opposer terme à terme au jus sanguinis, procède d’une
logique assez similaire. Il vise en effet à constater l’effet de
la » formation française »,c’est-à-dire le fait qu’à défaut de
filiation directe, l’éducation reçue en France constitue le
meilleur critère d’adhésion à la culture nationale. Loin
d’opposer une conception « ethnique » et fermée de la nation à
une conception « contractuelle » et ouverte, les deux formes
d’acquisition de la nationalité se rejoignent ainsi dans l’idée
que l’appartenance à la nationalité française est avant tout
affaire de formation, de culture et d’éducation « , vous
n’émettez pas d’opinion sur la photo de la Bastille.
Devons-nous comprendre que ces quelques Français
d’origine étrangère brandissant des drapeaux de pays du
Maghreb, à côté du drapeau français, à la Bastille, sont
incultes ou communautaristes ? Il me semble que c’est le
contraire : un désir d’être reconnu Français à part entière,
face aux caméras du monde entier, en
dépit d’origines étrangères clairement assumées, pour avoir
été ces dernières années, stigmatisées en permanence.
Il ne s’agit pas de nier le phénomène communautariste, que
nous dénonçons à juste raison, mais devons-nous passer
notre temps à tout amalgamer au sein de notre population
d’origine maghrébine mais néanmoins française, au lieu
de s’employer à lui faire partager l’histoire dont elle fait à
présent partie ?
Il est vrai que cela est sans doute difficile, mais ne voit-on
pas des Français « de souche » parfois plus réfractaires à la
connaissance de notre histoire nationale, que certains autres
d’origine étrangère sans à priori ?
Il est de tradition que la gauche s’emploie à « formater » à sa
manière, les Français d’origine étrangère, cela s’est toujours
fait dans l’histoire, depuis le début du XXème siècle, pendant
que la droite dénigre, rejette ou stigmatise.
Les royalistes devraient au contraire être à la pointe pour
l’intégration de ces personnes qui sont que l’on le veuille ou
non, Français, parce que nés en France. Mieux vaut que ce
soit nous qui leur parlions de la France plutôt que d’autres.
L’immigration est un autre sujet qui mérite d’être pris au
sérieux pour ne pas menacer nos équilibres sociaux, mais
résoudre ces difficultés en laissant imaginer que l’abolition du
droit du sol est la solution, est tout simplement inapproprié et
contraire à nos traditions.
Mon cher DC, puisque vous tenez à un avis sur « la photo », je dirai qu’elle illustre parfaitement la crise d’identité que vivent les populations issues de l’immigration. Et ce ne sont pas les réponses du genre : assimilation ou expulsion qui résoudrons ce problème.
A l’inverse, un exemple d’intégration reussie parfaitement éclairant est celui de l’immigration asiatique. Cette immigration fait relativement peu parler d’elle, et les discours polémiques qui associent systématiquement les flux migratoires à l’insécurité, à la délinquance et au chômage, y font rarement allusion. Ces communautés, entreprenantes et travailleuses, n’alourdissent pas les statistiques du chômage. Elles ne demandent rien à personne et certains de leurs membres connaissent une réussite spectaculaire. Or, ce sont également les immigrés d’origine asiatique qui ont, en France, le mieux su maintenir et développer un mode de vie communautaire. Un exemple à suivre en quelque sorte.
Puisque DC et Thulé s’empoignent sur la question des droits du sol et du sang, Je vais me permettre de remettre les pendules à l’heure en ce qui concerne » notre tradition millénaire du droit du sol. »selon l’expression de DC. En effet, cette formule est trompeuse car la signification des mots a fondamentalement changé.
Il est vrai, et Mitterand en a usé habilement lors d’un de ses fameux discours (en 87, je crois), que l’ancien régime appliquait le droit du sol, et que c’est la révolution qui a institué le droit du sang, imitant ainsi la Suisse, qui l’applique depuis le XIV° siècle. MAIS, le sens de ces termes était fort différent.
En effet, si le droit du sol donnait la nationalité française, cette nationalité ne donnait, en fait, que des devoirs et aucun droit. Son application était essentiellement fiscale. En revanche, ce qui donnait un droit, c’est l’appartenance à un corps constitué, lequel fournissait quantité de droits, privilèges, franchises et autres libertés et pouvoirs. Ces droits et pouvoirs ne connaissaient nulle homogénéité ni égalité. Cependant il fallait s’y référer si l’on voulait se défendre face au pouvoir. La révolution a bien instauré le jus sanguinis, et elle ne pouvait faire autrement puisqu’elle abolissait d’un trait de plume les corps et les ordres, mais comme, depuis 2 siècles, les régimes qui lui ont emprunté leurs principes ont progressivement dépouillé la nationalité française de son contenu, elle ne contient plus aucun avantage, de sorte que ceux qui l’ont acquise (volontairement ou non), ne peuvent s’en contenter: ils se réclament d’une autre identité det on peut les comprendre.
Ce qu’en revanche je ne puis admettre, c’est le juridisme de DC qui, prisonnier des mots, affirme: « Doit-on comprendre que vous souhaiteriez leur retirer la nationalité française? lors qu’ils sont nés en France ? Et pour aller où ? Dans ce cas, évidemment, nous ne serions pas d’accord, et ce serait effectivement indigne de la France et…blablabla »
Mais non, cher DC, les événements qui s’approchent vont imposer un choix à ces arrivants:
– ou, gardant les mêmes motivations économiques, quitter un pays où ils ne sont venus que motivés que par l’appât du gain. Le problème sera donc réglé de lui-même
– ou lutter, au besoin par la force, pour la conservation de leurs privilèges au dépens des français les plus pauvres. Que le meilleur gagne!
– ou défendre fermement cette nationalité alors qu’elle ne leur apportera aucun avantage. Cette dernière catégorie est la seule qui peut, sous certaines conditions, nous intéresser.
.
Antiquus vous parlez des arrivants, sans doute des
sans-papiers, ou des travailleurs immigrés, or je vous parle
des Français d’origine étrangère, nés en France.
Il ne s’agit donc pas de blabla, les mots ont un sens : « Doit-on
comprendre que vous souhaiteriez leur retirer la nationalité
française? alors qu’ils sont nés en France ? Et pour aller où ?
Dans ce cas, évidemment, nous ne serions pas d’accord, et ce
serait effectivement indigne de la France.
Quant aux propos de Thulé, je suis en parfait accord; mais
mon cher Thulé, la crise d’identité ne me semble pas aller
vers l’envie pour ces Français d’origine maghrébine, de vivre
dans des pays qu’ils n’ont pas réellement connus,
contrairement peut-être à leurs parents ou grand-parents.
Que faire donc, les abandonner à Mélanchon ? ou aux
islamistes ? ou se donner les moyens de les intégrer ?
Par ailleurs, il serait effectivement intéressant d’analyser
pourquoi les Français d’origine asiatique posent moins de
problème.
Dans le type de société où nous vivons, rien n’est plus susceptible de faire renaître des affirmations identitaires excessives, que la volonté de nier les différences normales et d’anéantir les communautés au profit d’un modèle unique, qu’il s’agisse du modèle jacobin ou du modèle universaliste (qui sont d’ailleurs les mêmes).
Tout excès en un sens appelle l’excès inverse : les extrêmes se
confortent mutuellement. A l’inverse, des groupes culturels différents seront d’autant mieux intégrés qu’ils resteront libres de conserver une articulation communautaire forte.
Ce modèle est celui de la communauté ouverte, qui est le contraire de l’apartheid. Il consiste à rechercher l’intégration, non pas malgré ou contre les racines, mais bien plutôt grâce à elles.
Question simpliste à DC : si un couple de Français habite Londres – fût-ce depuis dix ans – et si de leur union naît un enfant, considérez-vous qu’il sera un petit Anglais ?
Pour répondre à Michel, il y a double appartenance : l’enfant
né de parents français sera de fait, Français, mais il sera
également Anglais, en tant que sujet de sa Majesté né au
Royaume-uni.
On peut imaginer qu’il ira à l’école anglaise, même si sa
langue maternelle sera le Français.
Qu’adviendra-t-il ensuite ?
Il aura vécu toute son enfance au Royaume-Uni, et sans
doute y demeurera-t-il. Il aura certes hérité également d’une
culture française, mais que signifiera-t-elle, si celle-ci n’est
pas vécue au quotidien.
Il y a fort à parier qu’au final, il se sentira davantage Anglais
que Français, parce que partageant sa vie avec cette
communauté plutôt qu’avec la nôtre.
Il me semble que la culture, l’identité, ne sont pas seulement
un héritage, mais surtout un vécu. C’est pourquoi le
communautarisme est dangereux, puisque cela revient à
vivre à l’écart d’une société dans laquelle on se trouve, tout
en faisant partie de cette société.
Il y a deux possibilités : soit il s’agit d’un choix délibéré de la
personne et dans ce cas, il s’agit d’une minorité à laquelle
doit s’appliquer sans complaisance les lois de notre pays;
soit il s’agit d’un repli sur soi, en réaction à un rejet
d’intégration de la société elle-même. C’est mon avis.
Franchement, le fait d’être « né » en France ou non me paraît un élément très partiel de la question. On peut naître en France tout en restant complètement à part. De même, le caractère « droit acquis » donné par une nationalité que l’on n’a pas voulu et dont on n’accepte pas les devoirs ne me semble pas marqué au sceau du bon sens. Je suis désolé, DC, mais ces barrières de papier doivent être prises pour ce qu’elles sont, c’està dire comme contingentes. Et, pour tout dire, je suis exaspéré par ces injonctions morales par laquelles on nous intime l’interdiction de faire ce qui « serait indigne de la France ». Non! la France n’est pas l’expression d’un principe abstrait et supérieur. Elle est un organisme vivant et son impératif est de survivre et se perpétuer. Vos références kantiennes doivent être remisées au magasin des accessoires inutilisables.