…et, à ce propos, queqlues réflexions générales, où l’on verra que la sémantique rejoint le politique….
L’expression « le Roi martyr », pour désigner le seul Louis XVI, est bien, ainsi, l’un des exemples les plus frappants de ces perversions de vocabulaire que les royalistes se sont stupidement laissés imposer, et qu’ils ont fini par reprendre et employer à leur tour, comme tout le monde. Or, les mots ne sont pas innocents et, comme le faisait remarquer Bainville, c’est par les mots que l’on désigne les idées, et c’est sur les idées que l’on s’entend…..
Ainsi, par exemple, « la prise de la Bastille », qui n’a jamais été prise, mais qui fut le théâtre de l’une des ignominies les plus infâmes de la Révolution : contre la promesse donnée au gouverneur qu’il n’y aurait aucune violence, celui-ci ouvre les portes, et l’on massacre tout le monde, on décapite les corps, et l’on promène les têtes au bout des piques ! Voilà la vérité, et elle est immonde : mais en disant et laisssant dire « prise de la Bastille », on laisse croire à un glorieux fait d’armes, (« les ridicules légendes de la Bastille », disait Bainville)…
Autre exemple : « la fuite à Varennes », le mot « fuite » étant synonyme de lâcheté, de culpabilité : le fuyard est par définition mauvais, alors qu’avec l’affaire de Varennes, il s’agit d’une évasion, le Roi tentant de sauver sa vie et celle de sa famille, et le terme pouvant être connoté positivement, voire susciter la bienveillance et même la sympathie du public, pour le héros innocent qui a réussi à s’échapper au nez et à la barbe de son infâme geôlier; alors qu’en laissant s’installer le terme de « fuite », on laisse s’installer la connotation infâmante qui l’accompagne, et qui condamne son auteur….
On pourrait prendre encore bien d’autres exemples de ces erreurs de langage auxquelles il faut tordre le cou – et on le fera… – mais bornons-nous aujourd’hui à cette expression fausse et malheureuse de « Roi martyr », et revenons à Louis XVII : il n’y a pas eu « de » Roi martyr en France, mais « deux » Rois martyrs, le martyr du second étant pire que celui du premier car Louis XVI était un adulte (39 ans) qui, après tout, aurait pu vingt fois sauver son trône; alors que le martyr de Louis XVII, petit enfant sans défense, ajoute la dimension du monstrueux et de l’horreur absolue par rapport à celle de son père…
Ces quelques considérations pour rappeler que nous arrivons au sinistre anniversaire du 8 juin, et qu’il y aura deux messes célébrées à Paris pour le roi martyr Louis XVII, Louis-Charles, Duc de Normandie, Roi de France du 21 janvier 1793 au 8 juin 1795:
1. : Église Sainte-Elisabeth à Paris : Vendredi 8 juin 2012 à 19 h.
195, rue du Temple – 75003 PARIS –Tél : 01 49 96 49 10 / fax : 01.42.76.07.17 –www.sainteelisabethdehongrie.com ( Paroisse Sainte Elisabeth, Abbé Xavier Snoëk )
En venant prier, le 8 Juin, pour l’enfant qui meurt seul dans la Tour nous nous inscrivons dans une longue tradition de prière pour les membres de la famille royale, assassinés. Déjà, en fondant cette église, la reine Marie de Medicis demande aux religieuses de Sainte Elisabeth de prier pour le Roi Henri IV, son défunt mari, et pour ses enfants, en récitant quotidiennement, après la messe conventuelle, le psaume 19 Exaudiat te Dominus tous les samedis, et en chantant, le 14 Mai, jour anniversaire de la mort du Roi, les litanies de la sainte Vierge.
En Novembre 1814, on célèbre une messe pour Madame Elisabeth. Enfin, en 1815, les membres de l’Ordre de Malte se rassemblèrent dans l’église Sainte-Elisabeth, qui allait devenir leur église conventuelle, pour prier, eux aussi, pour la famille royale.
Depuis 2005, l’Association Marais Temple demande, chaque 8 juin, une messe pour commémorer la mort de Louis XVII. Elle s’inscrit alors dans cette longue lignée de quatre siècles de prière pour des membres de la famille de France, morts assassinés. En priant pour Louis XVII, nous voulons associer tous les enfants qui sont maltraités dans le monde. En ces mois où dans de nombreux pays sévissent des émeutes, nous pouvons prier pour les enfants qui sont les premières victimes de ces conflits internes. Oui, prions pour tous ces enfants qui meurent avec leurs parents ! Prions pour les enfants qui se retrouvent sans parents ! Prions pour les enfants qui vivent dans l’angoisse à cause de leur religion ou de leur appartenance ethnique ! Prions aussi pour les enfants qui sont maltraités dans leur famille !… – Abbé Xavier Snoëk
2. : Centre Saint Paul à Paris : dimanche 10 juin, à 19h
En ce qui concerne le Roi Martyr, si Louis XVI n’est certe pas le seul, il demeure comme le symbole d’une idée juste et traditionnelle écrasée par un totalitarisme haineux et meurtrier de masse, se prévalant de la liberté (comme tous les totalitarismes, d’ailleurs). C’est en cela, à mon sens, qu’il doit être le vrai « Roi Martyr ». Pour ce qui est de la « fuite » de Varenne, Louis XVI a surtout eu le courage de ne pas faire ce qu’a fait la révolution elle même, je veux dire faire massacrer son peuple pour maintenir son pouvoir.
Bravo pour votre combat sémantique. l’immonde félonie de la Bastide, l’évasion de Varennes, les 2 rois martyrs…on ne combat bien que ce qu’on remplace.
Faut se mettre au parfum !!!
http://louisxvii.canalblog.com/
Franchement, Toulonnais, il ne me semble pas que ce courage de Louis XVI dont vous parlez soit recommandable: ne pas « massacrer son peuple » (expression détestable parce que le terme de peuple est ici utilisé à tort) a signifié surtout faire massacrer les plus fidèles de ses partisans. Je pense à tant d’occasions, du serment du Royal-Allemand aux sinistres journées d’octobre, à l’auberge de Varennes ou encore à la défense des Tuileries, ou les ordres du roi étaient de ne pas exercer de violences. Rappelons que les suisses au service du roi ont dû défendre le palais sans armes. Le roi avait donné l’ordre que les armoires de fer qui les contenaient soient fermées à clef. Résultat: ils ont été massacrés par la foule et dépecés. Bien loin d’admirer cette attitude de Louis XVI, je la considère comme criminelle. Si le roi voulait pour lui le martyre, il ne devait pas y vouer son royaume ni ses sujets.
L’admiration, le respect ou, même, en un sens, l’affection que l’on peut porter à Louis XVI n’empêchent pas qu’Antiquus a raison.