« Je compte faire entendre la voix d’un peuple qui en a assez. J’utiliserai tous les arguments du droit. Je compte aussi faire un travail pédagogique auprès des communautés issues de l’immigration pour qu’elles comprennent qu’elles ont leur place dans la Patrie à condition qu’elles respectent la Patrie, que nous les aiderons mais qu’elles doivent la respecter ».
Ce sont ses premiers mots devant les caméras, après son élection. A vrai dire pour être complets, ajoutons qu’il les a fait suivre de la déclaration d’intention, peu « protocolaire », suivante : » Je veux être un casse-c… démocratique ». Vaste programme ! Bon vent !
Espérons que des royalistes auront su dire à Maître Collard leurs
points de désaccord, avec certaines thèses ou positions du Front
national, et lui faire valoir ce qui les différencie de manière
fondamentale.
Cher DC. Je ne connais pas Gilbert Collard. Vu et entendu à la télé ou à la radio un million de fois, comme tout le monde, je ne l’ai vu et rencontré qu’une seule fois, le 21 janvier dernier, à Marseille, lors du dîner-débat organisé comme chaque année par la FRP après la Messe pour Louis XVI. Collard était en duo avec Jean-François Mattéi : vous pouvez visionner la vidéo de cette soirée sur le Blog; l’intervention de Collard était basée sur l’amour de la France, aimée à la façon de Barrès, de Péguy; la France charnelle, la terre de France, la terre des Pères (à travers ce souvenir de la maison de famille trois fois détruite lors des trois guerres et trois fois reconstruite…)
Je n’ai pas qualité pour parler ni au nom de ce Blog, ni au nom des « royalistes » dans leur ensemble (forment-ils d’ailleurs un ensemble ? Comme dirait Bainville, « c’est douteux… »); mais ce que je peux vous dire, c’est ce que j’ai entendu ce soir-là, où Gilbert Collard n’était d’ailleurs pas invité en tant que représentant du Front national (auquel il n’appartient pas), ni pour parler du Front national. Ecoutez donc ce qu’il a dit. Ce qui nous réunit avec lui, c’est la France, le charnel « sans et contre l’idéologique », si je puis dire, et c’est donc l’essentiel…
Gilbert COLLARD, qui a été l’ami de Jean-Edern HALLIER, qui fut membre, en son temps, du Parti Socialiste, et dont les propos sont sans contrainte, y compris vis à vis du Front National, me paraît être un « électron » suffisamment libre et doté d’un sens national assez aigu, pour qu’il soit éminemment quelqu’un avec qui les royalistes peuvent parler, tout en restant eux-mêmes.
Le discrétion n’est pas son fort mais je sais, pour l’y avoir vu, à Marseille, que Gilbert COLLARD est souvent venu, solitaire et discret, assister, à sa place, comme tout le monde, à nos messes du 21 janvier, en mémoire du pauvre Louis XVI… Il n’y a aucune raison, ni aucun conformisme, qui nous obligerait à ne pas en tenir compte … Et à l’exclure, sinon de nos groupes, dont il n’est pas, du moins de ceux, à l’extérieur de nos cercles, avec qui nous pouvons être en amitié d’esprit. Et tout à fait librement. Soyons donc assez grands garçons pour ne pas en être choqués, étonnés ou inquiets …
Je voudrais ajouter – notamment à l’intention de DC – que, dans un ordre très différent de celui de Gilbert COLLARD, Edgar MORIN, Régis DEBRAY, Jean DANIEL, parmi d’autres de leur bord, dans leurs récentes analyses et évolutions, nous intéressent éminemment. Les royalistes, à mon sens, se situent hors des clivages du système. Comme le disait le vieux Maurice PUJO, un jour de bonne inspiration, leur vocation est même d’en faire éclater les blocs. Non d’en accepter les conformismes ou les interdits.
Il est certain que, royalistes, nous sommes les mieux placés
pour dialoguer avec toutes les composantes politiques de
notre pays, et leur rappeler pour l’essentiel, ce qu’est la
France, mais aussi ce qui est nécessaire pour préserver son
avenir, en tant que nation libre et unie.
Ensuite, sans tomber dans l’idéologie, il y a des principes
républicains, au bon sens du terme, sur lesquels il n’y a pas
lieu de transiger.
Academos dit : les royalistes forment-ils d’ailleurs un
ensemble ?
Telle est la question. Or, tout le monde se retrouve, en grande
partie, dans les propos du livre du Prince « un Prince
français », même si certains points font débat; il y a donc
intérêt à approfondir ce qui ne fait pas toujours l’unanimité
entre nous, sur la base de ces propos.
Droite ou gauche, rouge ou blanc, ancien ou moderne telle est la question que souvent on nous pose. Les royalistes sont-ils de gauche? Certes non. Mais pas de droite non plus, ou pas seulement, eux qui appellent depuis toujours à un dépassement des clivages politiques, sans être nécessairement entendus.
Où nous situer alors? Sur un axe transversal, par dessus les pôles, loin des empoignades partisanes. Une école de pensée donc et en tant que telle rétive à toute forme d’hémiplégie mentale.
Les préoccupations utilitaires ne sont pas notre fort. Nous occupons une ligne de crête et ce que nous faisons n’est pas facile, ni dans l’ordre de la pensée ni dans l’ordre de la pratique. Non seulement nous ne cherchons pas à plaire, mais nous prenons consciemment le risque de déplaire. Celà suscite parfois des incompréhensions, des critiques et des hostilités croisées.
« Amicus Plato, sed magis amica veritas » cette phrase d’Aristote que fait dire Cervantès à Don Quichotte. Ce pourrait être notre mot d’ordre. On fait le mieux possible ce pour quoi on pense être fait. C’est déjà bien. En d’autres temps cela pourrait s’appeler faire son devoir.
Bien dit, Thulé. Qu’est-ce que cela prouve ? Que toute notre civilisation est axée autour de philosophies non seulement de la pensée, mais, bien plus, de la vérité. Même Don Quichotte, dans sa folie, préfère la vérité à l’amitié. Ou, du moins, comme Aristote, ordonne la seconde à la première. Nous sommes, aujourd’hui, sortis de cet ordre, au profit de rien, car le relativisme, le subjectivisme, l’individualisme, à l’état pur, s’avèrent sans substance. Et cela signifie que nous campons, comme un prolérariat, aux portes de notre civilisation et que nous en sommes sortis au profit d’aucune autre.