Journal – Tome III, 15 juillet 1929
Supposons qu’on apprenne ce soir qu’une bande de communistes, grossie des éléments louches de la population, a donné l’assaut à la prison de la Santé, massacré le directeur et les gardiens, délivré les détenus politiques et les autres.
Supposons que cette journée reste dépourvue de sanctions, que, loin de là, on la glorifie et que les pierres de la prison emportée d’assaut soient vendues sur les places publiques comme un joyeux souvenir.
Que dirait-on ? Que se passerait-il ?
D’abord les citoyens prudents commenceraient à penser qu’il ne serait pas maladroit de mettre en sûreté leurs personnes et leurs biens. Tel fut, après 1789, le principe de l’émigration. Mais peut-être y aurait-il aujourd’hui plus de français qu’en 1789 pour accuser l’imprévoyance et la faiblesse du gouvernement et pour les sommer de résister à l’émeute.
Aujourd’hui le sens primitif du 14 juillet devenu fête nationale est un peu oublié et l’on danse parce que c’est le seul jour de l’année où des bals sont permis dans les rues. Mais reportons-nous au 14 juillet 1789 comme si nous en lisions le récit pour la première fois. Il nous apparaîtra qu’il s’agissait d’un très grave désordre, dont l’équivalent ne saurait être toléré sans péril pour la société, qui a conduit tout droit en effet à la Terreur et au règne de la guillotine, accompagnée des assignats. Et le gouvernement qui a laissé s’accomplir sans résister ces choses déplorables serait digne des plus durs reproches.
Nous avons connu un vieux légitimiste qui disait, en manière de paradoxe, que Louis XVI était la seule victime de la Révolution dont le sort fût justifié. Quel avait donc été le tort de Louis XVI ? Quand on lit les Mémoires de Saint-Priest, on s’aperçoit que l’erreur du gouvernement de 1789 n’ a pas été d’être tyrannique (il n’était même pas autoritaire) ni d’être hésitant, ni d’être fermé aux aspirations du siècle. Son erreur, énorme et funeste, a été de ne pas croire au mal. Elle a été de ne pas croire qu’il y eût de mauvaises gens, des criminels capables de tout le jour où ils ne rencontrent plus d’obstacle.
Saint-Priest montre Louis XVI dans toutes les circonstances, et jusqu’au 10 août, ou peu s’en faut, convaincu que tout cela s’arrangerait et que ni les émeutiers de la Bastille ni les révolutionnaires n’étaient si méchants qu’on le disait, et d’ailleurs, au moins au début, bien peu de personnes le lui disaient. A la Convention, pendant son procès, Louis XVI répondait encore poliment, comme à des juges impartiaux et intègres. D’ailleurs on peut voir dans les Mémoires de Broussilof, qui viennent d’être présentés au public français par le général Niessel, que Nicolas II avait sur l’espèce humaine exactement les mêmes illusions, les mêmes illusions mortelles. Malheur aux peuples dont les chefs ne veulent pas savoir qu’il existe des canailles et restent incrédules quand on leur dit qu’il suffit d’un jour de faiblesse pour lâcher à travers un pays ses plus sinistres gredins !
« …les ridicules légendes de la Bastille… »
Je tiens à vous informer, en tant que Belge, que la date choisie par le gouvernement républicain de 1887 (je pense) pour créer le jour de votre Fête Nationale n’est pas le 14 juillet 1789 mais le 14 juillet 1790… En effet, lorsqu’il a fallut choisir une date, certains proposèrent la « prise » de la Bastille, mais comme il y avait eu des morts, cette date fut écartée, on proposa alors la chute de la Monarchie, mais comme à l’époque, il y avait encore beaucoup de royalistes à l’assemblée, cette date fut aussi écarté. On a alors choisi le 14 juillet 1790, date à laquelle fut célébrée la Fête de la Confédération où chaque représentant des nouvelles régions de France est venu prêter serment au Roi et sur la Constitution. Je pense que beaucoup de Français ignorent ce détail…
Bien à vous.
Ce très intéressant commentaire de Claude MARON, que je crois avéré, nous enseigne donc que le 14 juillet est une fête royaliste.
En effet elle célèbre la journée historique où « chaque représentant des nouvelles régions de France est venu prêter serment au Roi….. »
Je pense que Louis XVI a été mal entouré,En Juin 1789, il fit venir un régiment Allemand pour déloger les bavards des Etats Généraux, déjà,en rébellion,,et que ces soldats arrivèrent le soir, les révolutionnaires envoyèrent leurs femmes arroser la troupe qui sympathisa avec les émeutiers. Les soldats auraient du arriver le matin même pour neutraliser les braillards.
De même le 14 juillet, il n’y eut aucune réaction de la force t Charles De Gaulle n’eurent pas ce genre d’hésitations.
(A Claude Maron). Merci pour votre message. Vous lirez notre Ephéméride de demain, 14 juillet : nous savons très bien que le 14 juillet retenu comme jour de Fête nationale est le 14 juillet 1790, jour de la Fête de la Fédération, jour d’illusions et de naïveté, mais au moins jour « pur » dans les intentions de l’immense majorité des participants; et non le funeste 14 juillet 1789, sommet de brigandage et de terrorisme; mais l’ambigüité est là : qui célèbre le 14 juillet 90, et qui le 14 juillet 89 ?…