Ce dernier roman de Michel de Saint Pierre, quelque temps avant sa disparition en Juin 1987, nous offre une description cinglante, cruelle, pittoresque et incisive de ce milieu littéraire parisien, d’autant plus desséché qu’il est superficiel, creux, rassis.
Le consternant tintamarre qui a accompagné la petite production de ce Richard Millet, nous ramène à la composition de Michel de Saint Pierre.
Tant le bouquin que les commentaires de l’intelligentsia « officielle » sont un parfait résumé de la déliquescence du simple bon sens sans avoir la prétention de parler d’intelligence, à tout le moins dans ce Paris « branché » qui est certain de pouvoir donner le rythme de la vie intellectuelle de la France.
Je n’ai pas acheté ce livre, simplement parcouru dans une librairie. Parce que son titre infect me révulse. «Éloge littéraire … » d’un assassin fou aux 77 meurtres. En d’autres temps et sous d’autres cieux, il aurait été pendu par les pieds et savamment écorché vif pendant plusieurs jours. Mais nous sommes devenus civilisés …
Par cette provocation, Millet n’espérait il pas sa victimisation ? Cette autre spécialité du « milieu ». Ne pouvait il pas s’appuyer sur d’autres tragédies moins abjectes qui auraient étayé sa démonstration avec la même force ? Panne d’inspiration ? Ou la recherche du scandale, et la certitude de devenir un Millet martyr.
L’objet de notre billet est de souligner comment, au lieu de lire des critiques sur ce sordide absolu, sur cette violence poussée à un paroxysme, l’attention de nos sectateurs a instantanément glissé vers cette autre permanente préoccupation, l’interdiction de parler de l’invasion de l’Europe, la fatwa du milieu littéraire parisien.
On peut légitimement se demander en quoi l’ouvrage présenterait le moindre intérêt pour notre site, et les idées que nous protégeons.
Parce qu’on découvre vite en survolant une revue de presse que l’objet du hurlement intellectuel fut d’une part l’insoutenable mise en cause par Millet de l’inversion de population à laquelle nous assistons, désormais impuissants, un crime de lèse-humanité, et que subsidiairement monsieur Antoine Gallimard craint pour le prestige et la notoriété de sa rentrée littéraire ! Chacun aura compris qu’il parlait de son chiffre d’affaires …
Suivi pour faire bonne mesure de la construction d’un faux débat, les débatteurs se donnant le rôle de défendre la liberté d’écrire, même précisent ils, fût-elle abjecte ; Brasillach est né trop tôt.
Et chacun d’y aller de ses grincements contre le racisme …
En commençant par un emblème du Bd Saint Germain, qu’à peu près personne ne connait, Mme Annie Ernaux.
Mme Ernaux, une grande prêtresse parmi d’autres dans le cénacle, épaulée par l’incontournable quotidien du soir (dont, à dire vrai, on se passe très bien), où elle est affublée du titre d’ « écrivaine », comme d’autres sont « gardeuse des sceaux » ou « sapeuse-pompière », fixe la ligne :
« Le pamphlet fasciste de Richard Millet déshonore la littérature » LE MONDE 10.09.2012.
Extrait :
« J’ai lu le dernier pamphlet de Richard Millet, Langue fantôme suivi d’Eloge littéraire d’Anders Breivik (P.-G. de Roux, 120 p., 16 €) dans un mélange croissant de colère, de dégoût et d’effroi. Celui de lire sous la plume d’un écrivain, éditeur chez Gallimard, des propos qui exsudent le mépris de l’humanité et font l’apologie de la violence au prétexte d’examiner, sous le seul angle de leur beauté littéraire, les « actes » de celui qui a tué froidement, en 2011, 77 personnes en Norvège. Des propos que je n’avais lus jusqu’ici qu’au passé, chez des écrivains des années 1930. Je ne ferai pas silence sur cet écrit à la raison que réagir renforce la posture de martyr, d’écrivain maudit, qu’il s’est construite. »
Car Millet ose écrire : « Breivik est sans doute ce que méritait la Norvège, c’est un enfant de la ruine familiale autant que de la fracture idéologico-raciale que l’immigration extra-européenne a introduite en Europe depuis une vingtaine d’années ».
Et les organes des media suiveurs enfourchent le vélo rouillé de Mme Ernaux. S’en suit le laborieux pathos de ces grands spécialistes. Mais corrigeons nous, résumé n’est pas le mot juste, car nous subissons plutôt un épais concentré germanopratin, une soupe épaisse du faux débat. Tel intellectuel du quartier latin, convaincu de sa valeur ajoutée, va contester Mme Ernaux. Pas le fond de la critique, bien entendu, dont le socle est intouchable, mais mollement, le droit d’écrire … Ils sont plusieurs à tenter de nous prendre pour des gogos.
Tout est remarquablement observé par le toujours spirituel Patrick Besson sous un titre troublant « La liste Ernaux »; lien http://www.lepoint.fr/editos-du-point/patrick-besson/la-liste-ernaux-20-09-2012-1508203_71.php
On a beau connaître le club qui initie et entretient formatage et flicage de la pensée, en clair un terrorisme intellectuel, on ne s’y fait pas. Car aucun sujet ne trouve grâce aux yeux du contrôle. Le Comité national des écrivains en 1944 n’était qu’un très modeste embryon du très formel asservissement des esprits dont nous sommes témoins.
Persuadé de devoir guider la France, de donner la nouvelle liturgie de nos églises, de pouvoir dire au Primat des Gaules ce qu’il doit penser, et surtout ne pas dire.
S’il fallait une nouvelle démonstration de la farce que sont les prix littéraires, prix Nobel inclus (dommage que ce soit Sartre qui l’ait refusé) maintes fois dénoncée, nous y sommes à nouveau.
Et dessillons ce petit quartier de Paris, ce qui s’y passe n’est jamais un évènement planétaire …
Je ne suis absolument pas un lecteur de Renaud Camus, encore moins un admirateur mais nous lui emprunterons la conclusion, lue dans ce media électronique de Mme Elisabeth Lévy, « Causeur ».
S’il regrette le titre de Millet, Camus partage totalement sa critique de l’islamisation.
Causeur. Richard Millet est-il un écrivain que vous appréciez ? Que pensez-vous, sur le fond comme sur la forme, de son Éloge littéraire d’Anders Breivik ?
Renaud Camus. Oui, je connais Richard Millet depuis longtemps : nous avons l’un et l’autre été publiés de longues années durant par les éditions P.O.L. Je l’apprécie hautement, au point de lui avoir dédié « fraternellement » un ouvrage récent, Décivilisation. Comment ne me réjouirais-je pas de constater qu’en France, il y a au moins deux ou trois écrivains qui refusent de s’associer à l’énorme mensonge par omission dans lequel se vautre le parti dévot, comme dit Millet, justement, et de faire comme si ne survenait pas le phénomène le plus cataclysmique de l’histoire de l’Europe depuis des millénaires, à savoir le changement de peuple, le changement de civilisation, le Grand Remplacement ? Je ne pense évidemment que du bien de son livre, à une réserve près, que je lui ai très tôt exposée, son titre : personnellement, Breivik me fait absolument horreur, il est le comble de la nocence, jamais de la vie il ne me serait venu à l’esprit l’idée d’associer son nom au terme d’éloge.
Rien à ajouter.
Champsaur
Etrange article, dans lequel les demi-indignations précèdent les demi-opinions, les arrière-pensées imprègnent les sentences et la rigueur fait défaut à l’expression.
Aboli le 14 juin 1966 par le pape Paul VI, « l’Index Librorum Prohibitorum » connaît visiblement une deuxième vie dans les salles de rédaction parisiennes du XXIème siècle. Et la justicière de la Pravda des branchés d’avertir les futurs délinquants de papiers de la peine qu’ils encourront s’ils franchissent la ligne rouge.
Pourquoi cette aversion des « matons de Panurge »,selon l’expression de Philippe Muray, contre des écrivains, observateurs lucides du désastre contemporain?
On leur reproche de remettre en cause les grandes idoles de notre temps : la croyance au « progrès infini », l’idéologie du « genre », l' »antiracisme » de convenance, l’impératif de « métissage, la culture de masse ou bien encore l' »art contemporain ». En fait ils ne cessent de se battre pour la France. Le combat pour la littérature française est un combat politique
Des écrivains magnifiques comme Richard Millet et Renaud Camus ne cessent de se battre, non, certes, au sens des « modernes » aux principes universels, ni au sens cosmopolite des « citoyens du monde », mais par des romans de refondation de la symbolique européenne.