( Le Blog La Lorraine Royaliste )
« Notre force est d’avoir raison » dit La Royale, et il ne faut pas compter sur nos adversaires pour nous démontrer le contraire. Cependant l’autocritique est toujours nécessaire, surtout lorsque la doctrine est plus que centenaire. Le besoin d’un dépoussiérage se fait parfois pressant.
« Les républicains ne peuvent pas décentraliser, car ils n’existent, ils ne durent, ils ne gouvernent que par la centralisation. Tout pouvoir républicain sort en effet de l’élection. S’il veut se maintenir à l’élection suivante, l’élu, ministre ou député a besoin de tenir de près son électeur. Qui tient l’électeur ? Le fonctionnaire. Qui tient le fonctionnaire ? L’élu, ministre ou député, par la chaîne administrative. Décentraliser l’administration, c’est donc couper en deux ou trois endroits cette chaîne de sûreté ; c’est rendre au fonctionnaire une part d’indépendance, à l’électeur la liberté correspondante. Le ministre ou le député perd ses moyens électoraux. Soyez persuadé qu’il ne renoncera que contraint et forcé. Jamais, de son gré propre, il ne se privera du fonctionnaire-domestique. Ces gens-là ne sont point d’humeur à se suicider » (L’Enquête sur la Monarchie, ed. 1925, p.51, paroles attribuées à André Buffet, avec lesquelles Charles Maurras se montre totalement d’accord).
Et la République n’a-t-elle pas décentralisé ? peut-on rétorquer. C’était il y a trente ans, après l’élection de François Mitterrand (ci-contre, Gaston Deferre, Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation). Depuis la décentralisation est devenue à la mode, cependant que tous reconnaissent qu’elle reste modeste par rapport à nos voisins, mais tout de même on peut estimer qu’un premier pas a été fait vers le recouvrement des libertés locales tant espéré par Charles Maurras. Quelle que soit la force de ces lois décentralisatrices, elles suffisent, puisqu’elles furent faites par la République à balayer la logique maurrassienne à ce sujet. Maurice Torrelli (Maurras et la pensée d’Action française) estimait à la fin des années 1980 que ces lois donnaient raison à l’Action française : elles prouvent la nécessité pour nos grands pays modernes de décentraliser. Mais Torrelli ne manquait pas de lucidité et ne se faisait pas d’illusion sur l’authenticité de cette décentralisation républicaine.
En effet, depuis Maurras, nous sommes passés à la Vème République, en apparence moins néfaste que les précédentes. En voulant lutter contre le régime des partis, Charles de Gaulle a finalement favorisé sa toute puissance. En faisant élire le chef de l’Etat (qui dispose d’un réel pouvoir, contrairement aux deux républiques précédentes) directement par le peuple, on a donné les pleins pouvoirs aux partis politiciens, instruments indispensables de l’élection. Or qu’a fait la décentralisation mitterrandienne, si ce n’est donner des prérogatives de pouvoir local (bien limitées qui plus est) à l’élection, et donc aux partis, à l’exception heureuse des petites communes qui ne sont pas contaminées par les partis, car ils n’y sont pas nécessaires. Qu’a donc à craindre l’Etat de la décentralisation, puisque les élections locales sont aux mains des partis. Il est en effet quasiment impossible qu’un élu ne soit pas d’un grand parti (réalité qui va s’aggraver avec la réforme électorale, supprimant la proportionnelle, au profit du bipartisme de l’UMPS). Alors à l’Enquête sur la Monarchie, nous pouvons répondre : Oui, la République a décentralisé. Car le républicain a trouvé mieux que le « fonctionnaire-domestique », c’est le parti qui étant une organisation nationale et centralisée fausse la décentralisation, et empêche aux libertés de s’épanouir.
Plus cyniquement, cette pseudo-décentralisation n’a servi qu’à dédouaner l’Etat républicain d’un certain nombre de tâches encombrantes, qu’il était incapable de gérer, et qui lui coûtaient si cher. La décentralisation se révèle alors juste comme créatrice de nouveaux fonctionnaires, et comme un échelon artificiel.
En outre ces lois de décentralisation se sont focalisées sur les collectivités territoriales, en oubliant totalement les corporations professionnelles, et toutes les associations. Aucune liberté n’a été octroyée. C’est la gangrène partisane qui a tenté de s’enraciner localement.
La décentralisation républicaine « n’est ni faite, ni à faire ! »
Elle est très éloignée du retour à l’épanouissement des libertés territoriales, professionnelles et associatives. C’est ici que le peuple peut s’exprimer et non des préfets ou, comme c’est le cas de plus en plus, des partis usurpateurs qui empêchent le citoyen de s’occuper de ses propres affaires, ce dont il est bien plus capable qu’eux.
Ces mêmes partis qui confisquent le pouvoir au peuple dans ses prérogatives naturelles, n’ont aucune difficulté et aucun remord à vendre notre souveraineté aux lobbys internationaux, via leur officine Bruxelloise, qu’est l’Union européenne.
Charles Maurras ne pouvait pas voir plus juste quand il liait indéfectiblement les libertés à l’autorité. Celle-ci se doit d’être indépendante, car elle n’a alors rien à craindre d’une véritable et puissante décentralisation libératrice, et n’est ainsi pas soumise aux partis et autres lobbys, qui finiront par dépérir, ne pouvant plus influencer le pouvoir. Pour que cette autorité soit indépendante, elle ne peut qu’être héréditaire. En laissant s’épanouir pleinement les libertés, la Monarchie ne sera pas juste décentralisée, elle sera fédérative, de toutes les forces vives et devenues libres de notre pays.
Pour retrouver nos libertés et, nous débarrasser de l’oligarchie vendue des partis, seule l’autorité apporte la solution. En guise de conclusion, méditons cette phrase de Charles Maurras :
« Les libertés ne s’octroient pas, elles se prennent. »
VR
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