Le Prix des Impertinents 2012 a été décerné, jeudi 25 octobre, à Denis Tillinac pour son essai Considérations inactuelles, paru aux éditions Plon. La remise du prix a eu lieu au restaurant Montparnasse 1900, partenaire du prix.
Le Prix des Impertinents récompense un livre s’inscrivant à contre-courant de la pensée dominante. Le jury est composé de Christian Authier, Bruno de Cessole, Jean Clair, Louis Daufresne, Chantal Delsol, Paul-François Paoli, Jean Sévillia (président du jury), Rémi Soulié (secrétaire général), François Taillandier et Eric Zemmour.
151 pages, 16 euros
Pour aller à contre courant, ne plus se laisser intoxiquer par la pub et les médias, ne plus chercher d’exutoire dans la drogue et les relations virtuelles, D. Tillinac incite les jeunes à être inactuels, à renouer avec des valeurs anciennes comme l’honneur, le ludisme, la gratuité, l’intime, l’humour, la discrétion et l’aventure.
Quatrième de couverture
C’est une relecture des Nourritures terrestres qui m’a incité à risquer ces pages. Je n’ai pas l’outrecuidance de me comparer à Gide, et il y a loin de la prétendue Belle Epoque à la nôtre. Ce petit livre n’est pas un précis de morale mais une simple mise en garde, d’aîné à cadet, ou à cadette : un nihilisme habillé de fausses vertus abuse les consciences et je souhaite qu’une autre génération ne se laisse pas flouer comme la mienne. Ma vie aurait connu des embellies plus franches si à l’âge des commencements une plume amie m’avait alerté sans me désenchanter. Tel n’aura pas été le cas ; j’ai caboté tout seul sur des esquifs d’infortune, à contre-courant de mon époque. Si je m’adresse à toi, c’est pour que tu te sentes moins seul que je ne le fus à l’heure des décollages. Ce vers quoi nous dérivons tous n’est ni rassurant ni exaltant, mais il ne tient qu’à toi de t’en évader. Toi avec d’autres : si vous êtes nombreux à déserter le champ clos et miné des idées convenues, une espérance poindra en place de vos désarrois.
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Prix des Impertinents 2011 : Richard Millet, Fatigue du sens, éditions Pierre-Guillaume de Roux.
Prix des Impertinents 2010 : Michèle Tribalat, Les yeux grand fermés. L’immigration en France, Denoël.
Prix des Impertinents 2009 : Claire Brière-Blanchet, Voyage au bout de la Révolution, de Pékin à Sochaux, Fayard.
Tout ce qui combat « La Caste » qui prétend interposer un mur entre tout effort de pensée et son audience éventuelle est une bonne chose.
L’effort de penser est en effet dangereux lorsqu’il prend corps dans la littérature. Les paroles s’envolent, les écrits restent et agissent souterrainement de façon parfois spectaculaire.
La Caste (Annie Ernaux, Pierre Assouline, BHL, Elisabeth Roudinesco etc.) sait qu’elle serait perdue si elle laissait la langue française s’échapper et la littérature française se déployer librement.
Le moment venu, on se souviendra que dans la France de 2012, ils ont lancé une « fatwa » pour éxiger et obtenir la tête de Richard Millet.
Le texte cité de Tillinac me semble appétissant.
J’aime cette idée de l’ainé qui tente de transmettre
sincèrement et gracieusement une partie de son expérience aux cadets.
Son invitation aux nouvelles generations a chercher ailleurs
que dans le monde factice est une excellente introduction
a notre vision Royaliste de la réalité.
La Royauté comme idéal de comportement est sans doute
le chapitre manquant de cet ouvrage.
Ceci étant, Tillinac s’est beaucoup compromis dans le passé récent avec les fossoyeurs républicains de la France .
On pensera en particulier au frere Jacques Chirac qui fut pire que le frere François Mitterand,une gageure quand meme.
C’est Chirac,1er Ministre, qui inventa le concept d’avortement forcé des jeunes mères scolarisées ou étudiantes,donc dans la tranche des 15/25 .
Cette tranche constitue plus de la moitié des avortements en France depuis 1975.
Le caractère « forcé » étant lié au refus de Chirac d’insérer une clause de sauvegarde dans la loi de 1975 consistant a offrir la possibilité de s’inscrire dans des lycées résidentiels dédiés aux jeunes mères scolarisées souhaitant à la fois suivre leurs études secondaires et leur grossesse.
L’absence d’une telle clause démontre que la soit-disante liberté de choisir n’a jamais existé réellement,faute de vrai choix en terme de moyens et de suite éducative mise a disposition.
Merci Chirac/Tillinac.
Je suis, cette fois-ci, assez d’accord avec les divers points du commentaire de Machin.
Il n’est pas inutile de rappeler qu’en effet, Denis Tillinac s’est compromis, notamment, avec Jacques Chirac dans de fort mauvaises entreprises. Son fond est, sans doute, « traditionnel » mais « ces institutions corrompent les hommes », selon la très célèbre formule du duc d’Orléans (Philippe VIII), celui dont Maurras disait qu’il fut le Prince de sa jeunesse, comme chacune des générations suivantes, jusqu’à nous, aura eu le sien.
Mais, si nous devons marquer nos différences et nos désaccords, sans rien concéder de ce que nous croyons juste, nous devons, aussi, chercher des convergences, notamment avec ceux qui pensent, écrivent, participent à former l’opinion.
Denis Tillinac est de ceux-là et il me semble que, débarrassé de Chirac et de quelques autres, il participe de l’esprit traditionnel français; de ce que Machin appelle notre vision royaliste de la réalité; de ce que le prince Jean a appelé, en termes à peine différents, un « esprit de royauté » à instiller à la société française.