Pour son 30ème anniversaire, l’excellente revue Commentaire ressort un texte de fond sur la laïcité, du regretté sociologue François Bourricaud. Il y rappelle que :
* « … la laïcité … peut engendrer le conformisme le plus étouffant, comme celui que tentait d’imposer Robespierre avec la fête de l’Être suprême au pire moment de la terreur jacobine…
* … le paradoxe de la laïcité, c’est qu’elle rompt avec les dogmes des religions révélées tout en prétendant utiliser ces dogmes … (donc rien d’autre qu’une lutte pour la prise de pouvoir)
* … les républicains, puis les radicaux et les socialistes verront dans le dessaisissement de l’Église catholique (de l’école), dans la fin de sa prépondérance pédagogique, la condition préalable de tout progrès… »
L’heure n’est certainement pas à réécrire les évènements dramatiques qui se sont déroulés pendant 30 ans jusqu’à la loi de 1905. Sinon pour rappeler que prendre le contrôle de l’école était une obsession; mais sans changer notablement le contenu de ce qui était dispensé, comme en témoigne la lettre fameuse de Jules Ferry aux instituteurs du 17 novembre 1883.
Pour féroce qu’ait été la lutte pour arracher aux congrégations (surtout aux Jésuites) leur rôle d’enseignants, le texte de Ferry ne laisse pas d’émouvoir par sa grande sensibilité, et les sentiments quasi paternels qu’il exprime à l’égard de l’enfance et de l’adolescence. Sans minimiser son engagement sectaire anti-religieux, on n’imagine pas aujourd’hui quel responsable politique pourrait écrire l’équivalent. Il ne viendrait à l’idée de personne de mettre en cause un équilibre qui fut long à établir, et la cohabitation qui est sortie de cette crise violente, mais il faudrait être aveugle pour nier la gravité de la situation d’aujourd’hui.
Lorsque l’on se réfère à ces évènements comme au catéchisme de la République en passant par dessus une centaine d’années, on commet toujours un oubli fâcheux: le marxisme et son matérialisme desséché a semé son poison. Proliférant entre l’époque de nos aïeux et aujourd’hui, les enfants de Lénine, Trotski, Mao et Langevin-Wallon laissent derrière eux :
· La déchristianisation de notre vieux pays;
· La ruine de l’école de la République,
et sont totalement tétanisés devant la moindre décision quant à l’installation galopante d’une religion dont il ne fait aucun doute qu’elle entrera en conflit avec les racines philosophiques et religieuses de la France.
L’ISLAM
Pourquoi ce retour aux sources est il indispensable ?
Afin de cesser de psalmodier des slogans approximatifs assénés à longueur de polémiques, dangereusement pernicieux parce qu’ils nous dissimulent la nécessité d’aborder avec lucidité les deux défis fondamentaux qui nous attendent :
1. Quelle lecture fait l’Islam de la laïcité à la française ?
2. Quelle laïcité l’État en France peut il imposer à l’Islam ?
Ce n’est pas le lieu de tenter des réponses qui prendraient plusieurs pages. Mais on peut au moins rappeler la nature profonde d’une religion (que des media immatures présentent avec une insistance lourde, comme la seconde de France), en soulignant deux de ses caractéristiques fondamentales, qui la rende difficilement assimilable aux canons de la République de Léon Gambetta :
· La croyance dans la prédestination;
· L’organisation complète de la société, de la famille, de la vie quotidienne et de l’enseignement, jusqu’à avoir établi un Droit, ou le religieux et le séculier sont étroitement imbriqués.
Soulignons des évidences que nos législateurs oublient (ou préfèrent oublier) :
1. L’accès au Coran ne peut se faire qu’en langue arabe
2· Cet accès est enseigné très jeune, à l’âge où il faut acquérir les bases de la langue
3· Utopie que de faire semblant de croire que la laïcité à la française pourra imposer sa loi, contre la loi coranique (et le crime d’apostasie)
Faut il rappeler les incidents permanents dans les hôpitaux, ceux qui commencent à surgir dans les entreprises (cf Le Figaro du 3 avril 2008; L’entreprise face à la pratique de l’Islam; l’Association nationale des directeurs des ressources humaines s’est saisie du problème des revendications religieuses au travail). Mon activité professionnelle m’emmenait souvent en Arabie Séoudite, voyageant quelques fois sur Saudi Airlines; sitôt les portes de l’avion fermées à Roissy, un enregistrement récite un verset du Prophète sur les devoirs du voyageur et la protection qu’il reçoit d’Allah. Dans de tels contextes les gémissements du Grand Orient contre ce qui reste de foi chrétienne vivante en France, et ses assourdissants silences sur l’installation de l’Islam, sont incongrus ou délibérément malhonnêtes.
Le journaliste Claude Imbert du Point a écrit qu’un évènement majeur du XXème siècle en France a été la déchristianisation de notre vieux pays. Beaucoup de petites communes n’ont plus les finances pour entretenir leurs églises promises à la démolition. Sujet très vaste, mais nous sommes au coeur et nous héritons de cette situation. Membre de la commission sur la nationalité dans les années 1980, l’historien protestant Pierre Chaunu avait illustré cet inquiétant héritage en citant à ses collègues le prophète Jérémie « Les pères ont mangé des raisins verts et ce sont les dents des enfants qui en sont agacées » (31,29).
La laïcité à la française n’a aucun sens pour l’islam et l’incompatibilité est totale. La seule issue est une application intransigeante de nos lois qui aboutira fatalement à entraver le culte de cette religion, mais quels pouvoirs publics sont prêts à la confrontation et surtout sommes nous en mesure à ce jour de pouvoir prétendre exercer ce magistère? La réponse est clairement négative, car il est totalement illusoire de vouloir revenir au respect des lois si l’école ne retrouve pas un fonctionnement normal. Banalité que de redire que le bien le plus précieux d’une nation, d’une civilisation, d’une religion est ses enfants et sa jeunesse.
Et les musulmans ont beau jeu de souligner tous les travers d’une société déboussolée. Ils ne laisseront pas enseigner à leurs filles par des pédagogues dévoyés, la procédure pour avorter. La polémique créée en décembre 2007, dans une banlieue de Lyon par un recteur ignare, à l’ouverture d’une école confessionnelle musulmane, a surtout permis à des imams de nous jeter à la face que les parents en ont assez que leurs enfants fréquentent des établissements où ils n’apprennent plus rien sinon à devenir des vauriens. Au printemps 2001 un dénommé Cohn-Bendit eut à s’expliquer sur ses « écrits de jeunesse » (Le grand bazar 1975) d’une abjection insoutenable, où se mêle pédophilie et déviance sexuelle sur mineurs. Mystère de la République si celui que la presse de mars 2001 avait surnommé « le gourou crasseux » ne fut pas renvoyé devant les tribunaux.
Et donc si communautarisme il y a, il ne concerne pas uniquement la question de la foi. Dans une société dépravée il n’y a aucun doute que la plupart des religions cherchent à rehausser le sens du Sacré chez l’Homme.
Il n’y a guère de doute que le sujet de la laïcité à la française, est particulièrement mal maîtrisé. Pour preuve l’opuscule de Jean Glavany, député, ex chef de cabinet de François Mitterrand, et responsable de la laïcité au PS. Son travail est pour tout dire particulièrement médiocre (Nov. 2011), empêtré dans l’islam et ses voiles, sans aborder la vraie nature de cette religion.
Si les dogmes; les définitions et l’Histoire ne sont pas clairs pour des responsables ou des décideurs, peut-on attendre qu’ils le soient chez les exécutants ?
Un exemple du méli-mélo intellectuel dans lequel nous pataugeons. Une jeune cervelle portant le titre de professeur de lettres et d’histoire dans un lycée de Bordeaux (lien : http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20120914.OBS2461/laicite-autorite-le-prof-agresse-a-bordeaux-veut-briser-l-omerta.html ) est agressé par un élève. Ce dernier sans doute d’origine marocaine n’appréciait pas que son professeur ait émis des restrictions sur la démocratie au Maroc. Mais en lisant le nouvelobs jusqu’au bout on découvre que ce pédagogue est outré que l’Éducation nationale utilise le calendrier des fêtes chrétiennes pour calquer le déroulement de l’activité scolaire. C’est vrai, c’est très énervant … !
Concluons en soulignant que nous serons d’autant plus fondés à être inflexibles chez nous, que l’on se sera montré infiniment respectueux envers les pays berceau de l’Islam ou ceux dont il est la religion majoritaire. Force est de constater qu’en cautionnant ou en rejoignant des opérations militaires à la justification fumeuse, et empêtrés dans un simili de politique étrangère sans colonne vertébrale, nous sortons de cette logique, en nous faisant entrainer dans un conflit entre l’Occident et l’islam, loin de l’histoire et de la tradition diplomatique française.
Mais la loi de 1905, élaborée à son époque face à des religions où le séculier et la foi sont séparés dans leur Livre, n’est certainement le rempart que des politiciens prétendent opposer à un système socio religieux exclusif et conquérant.
VERDU sur Éloquence : Tanguy à la tribune,…
“Il est bon !!”