Le 14 novembre, Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères, a déposé un rapport au secrétariat de la Présidence sur « Les conséquences du retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, sur l’avenir de la relation transatlantique et les perspectives de l’Europe de la défense ».
Nous connaissons Hubert Védrine comme un fin professionnel de la politique étrangère de la France, puisqu’il a occupé le bureau de Calonne de 1997 à 2002 prenant souvent des positions empreintes de bon sens, conformes aux besoins de la France en ce domaine. Le fait qu’il ait participé à des gouvernements socialistes ne change rien à l’affaire car la politique étrangère n’est pas une affaire de parti. Pourtant nous n’attendions pas de miracles lorsque le Président Hollande lui a demandé de traiter cette question. Il eût été étonnant que l’ancien ministre ose jeter un pavé dans la mare, et du reste on ne lui aurait pas demandé de faire un rapport s’il ne s’était pas engagé à rendre un document conforme à la pratique des ministères Fabius et Juppé, d’ailleurs fort peu différents l’un de l’autre. L’ancien ministre rappelle que c’est la France qui a œuvré pour la création de l’OTAN au début des années 50. Il rappelle aussi les raisons pour lesquelles le général de Gaulle, le 7 mars 1966, écrit au Président Johnson pour lui faire savoir qu’il n’entendait plus, ni participer aux commandements intégrés, ni mettre ses forces à la disposition de l’OTAN, recouvrant ainsi sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté. Les motifs du général tenaient au refus des USA de placer l’OTAN sous commandement triparti, laissant le commandement aux seuls anglo-américains, et à l’opposition des mêmes à la force de dissuasion. De plus le gouvernement français craignait de se voir engagé sur un théâtre d’opérations où il n’aurait rien à faire. Est-il besoin de se souvenir qu’à cette époque, le danger soviétique n’était pas un vain mot ? Alors qu’après 1990 ce danger est écarté, comment expliquer le retour dans l’OTAN en décembre 1995 sous l’impulsion de Jacques Chirac ? Comment justifier une implication accrue aujourd’hui ?
C’est que, nous dit Védrine, la nature de l’OTAN a changé : aujourd’hui les USA sont tout prêts à partager le fardeau de la défense stratégique de l’Europe, alors que les autres Etats se refusent à y consacrer les efforts minimaux. Le retour de la France, selon lui, valorise le rôle de notre pays par le nombre des militaires français qui participent au commandement et leur efficacité. Pourtant l’ancien ministre constate que des décisions contraires à l’intérêt stratégique de la France ont été prises car le gouvernement français, y compris celui de M. Hollande a »accepté que l’OTAN décide de se doter d’une capacité de défense des territoires et des populations contre les missiles balistiques, sur la base d’une extension du programme de défense de théâtre (ALTBMD : Active Layered Theatre Ballistic Missile Defence). » Il doute que l’industrie européenne soit mise à contribution, suspecte avec raison que ce système, présenté artificieusement comme dirigé contre l’Iran, soit braqué au contraire contre la Russie. Il estime que ce système est dangereux pour notre sécurité et contraignant pour l’indépendance de l’Europe. Même si le rapport n’était légitimé que par ce paragraphe, il mériterait d’avoir été publié ! Mais alors, pourquoi l’accepter ? Parce que nous sommes seuls, parce que nous sommes faibles ! Et Védrine de nous engager à la vigilance. Une exhortation qui se résume à conseiller aux européens de ne pas oublier que les motivations des USA, état des deux océans, ne peuvent être les mêmes qu’un ensemble continental risquant toujours de se trouver marginalisé par rapport à l’Histoire. On ne saurait mieux dire. Ainsi « Vigilance signifie que nous devrons veiller à ce qu’elle reste une Alliance militaire, recentrée sur la défense collective, et le moins possible politico-militaire dans son action. » Il parle d’or, mais s’il craint avec raison l’idéologisation de l’Alliance, alors pourquoi se félicite t-il que l’OTAN ait répondu à un « appel à l’aide d’insurgés » en Libye, acte d’agression contraire au droit international, comme le soulignait Medvedev la semaine dernière, et justifié par une vision idéologique et biaisée des évènements ? Et en Syrie où l’OTAN vient d’accepter la coûteuse et inutile installation de missiles patriot à la frontière turque ? Il ne s’explique pas sur cette lourde contradiction. Peut-être considère t-il que l’exportation de la « démocratie » n’est pas une opération idéologique ? Ses cours de Sciences Po sont peut-être un peu loin. De même pour l’alliance inconditionnelle des USA avec Israël, étrangère aux intérêts de la France et même de l’Europe.
En fait l’auteur du rapport se résigne à ce retour dans l’OTAN parce qu’il ne voit pas d’autre politique possible, même s’il est quelque peu sceptique. Les européens considèrent que l’OTAN suffit à la défense de l’Europe et ne voient aucune nécessité de l’assurer eux-mêmes. Or Védrine n’envisage pas d’évènements possibles nous contraignant à changer nos alliances et se contente de déclarations d’intentions qui n’ont aucune chance d’être suivies. Après tout, pourquoi s’en étonner ? Védrine est un grand commis, mais certainement pas un visionnaire.
Pierre de Meuse souligne à juste titre qu’il n’y avait rien à attendre de cet exercice, j’ajouterai autant en raison de la personnalité de Védrine, que du sujet traité. Sa très grande proximité avec François Mitterrand laisse faussement penser qu’il adhérait à une doctrine gaulliste pure et dure vis-à-vis de l’atlantisme. Mais il n’est pas Chevènement et son tropisme américain s’est peu à peu dévoilé. Un des rares à appeler Albright « ma chère Madeleine ». Je lui pardonne difficilement son jeu dans le conflit des Balkans, notamment l’armement clandestin des Croates contre les Serbes.
Sa lecture de la décision de De Gaulle en 1966 est très incomplète (délibérément ?). Selon Soutou (La guerre de cinquante ans, la guerre froide), deux évènements ont poussé De Gaulle à trancher, la crise de Berlin d’Août 1961, et la crise de Cuba, un an plus tard. Le convainquant que jamais les Américains ne s’engageraient pour sauver l’Europe, et que donc il était urgent de sortir de ce couplage automatique du commandement. Il n’insiste pas assez sur la collaboration technique maintenue (et les transferts de technologie) montrant que pour Washington une force crédible en France était indispensable.
Il ne peut évidemment pas être clair sur la politique étrangère de la France, sa politique arabe notamment. Désormais condamnée à jouer la supplétive des patrons de l’OTAN. J’entendais récemment dans une école militaire, un conférencier connu devant un amphi de 200 élèves officiers, dire que l’on allait quitter l’Afghanistan, « les fesses rouges ». Cela valait la peine de faire tuer 88 soldats, sous-officiers et officiers …
Mais il est par ailleurs irréaliste de chercher une sortie du système, car le format de notre Armée est réduit à un point qui demanderait plusieurs années pour être reconstruit (l’armée de terre tiendrait dans le stade de France, et l’armée de l’air sur la place de la Concorde).
Ces 25 pages souvent confuses, et inutiles rejoignent le cimetière des rapports hollandais.
Je pense qu’on se leurre beaucoup sur l’autonomie stratégique, voire politique, de l’OTAN. Il n’y a pas à Bruxelles ou à Mons un cénacle de « patrons » qui décide par exemple d’une politique arabe de l’Alliance. Chaque pays a la sienne, quand il en a !
Par contre au niveau des états-majors et de Norfolk, il y a une réflexion permanente d’optimisation des moyens fournis à l’organisation par les alliés et c’est, je crois, le niveau le plus élevé d’autonomie au sein de l’OTAN. L’organisation intégrée est une grosse boîte à outils.
Quant à évoquer un « couplage automatique » déduit de l’intégration au SHAPE, c’est pousser l’argument hors des réalités. Pour les adversaires de l’OTAN il est toujours agaçant d’accepter qu’en 2002, l’allié le plus proche des Etats-Unis n’a pas suivi le Pentagone, le pays-hôte du siège et du commandement principal OTAN a décliné, que le pays qui stockait 80% des moyens offensifs et logistiques de l’OTAN n’est pas venu non plus. Il s’agit du Canada, de la Belgique et de l’Allemagne. Comme couplage automatique on fait mieux.
Les alliés qui ont suivi les Etats-Unis en Irak puis en Afghanistan ont utilisé les moyens OTAN en sus des leurs, ce qui démontrait une fois encore l’esprit « self-service » des dispositifs.
Un peu de réalités ne fait jamais de mal.
@catoneo
On ne peut pas décrire un mode global, chaque engagement étant spécifique. Le dénominateur commun demeure les intérêts des États Unis d’Amérique. Vos exemples n’en sont pas : l’agression contre l’Irak fut conduite sans aucun mandat international et hors OTAN, et donc seuls ont suivi les vassaux de Washington ; la question de l’Angleterre ne se pose pas puisqu’il s’agit d’un pays systématiquement supplétif de la bannière étoilée, sans discussion ; en l’espèce l’espagnol Aznar a suivi jusqu’à devoir plier bagages. Le Canada a été révulsé que cette équipée sanglante s’engage sans mandat, et a donc refusé « l’invitation » américaine, non sans frictions.
Pour l’Afghanistan le dispositif français a suivi les demandes de Washington, et la totalité des commandements était intégrée dans les procédures américaines, jusqu’à ce que l’aberration de notre engagement devienne impossible à justifier
Le cas de l’Allemagne est aussi très particulier, car depuis 1945, le pays ou ne peut pas ou ne veut pas engager ses forces dans des opérations de guerre extérieures. Le territoire sert de zone de stockage et de commandement. De plus les Allemands proclament très clairement que leur défense est américaine, ce qui justifie des budgets maigrichons, ce dont ils sont heureux.
La question du couplage automatique visait la situation de la guerre froide. L’intégration est telle aujourd’hui que les armes des pays membres sont par nature inféodées à la bannière étoilée. Le cas de la Libye est exemplaire, comme ce fut le cas dans les Balkans. Si l’on écarte les déclamations du philosophe décolleté, la première frappe (par des avions français) a visé six obusiers automoteurs qui s’approchaient de Bengazzi, et non des colonnes de chars qui auraient fait 6.000 morts civils. Et dans la première semaine 199 missiles de croisières Tomahawk sont tirés de sous-marins et navires britanniques, afin de détruire toute la défense aérienne libyenne, et l’infrastructure des communications, hors commandement français. Toute opération de guerre aujourd’hui est conduite à l’intérieure d’une bulle électronique virtuelle dont le contrôle est entièrement entre les mains de Washington. L’exercice a consisté à faire croire que les Etats Unis n’intervenaient pas dans l’opération, et qu’un vaniteux français était à la tête d’une croisade du Droit. Alors que l’assassinat de Khadaffi par les trois pays était programmé depuis le début. Je ne suis pas du tout un dévot gaulliste mais force est de constater que la remarque de l’époque «Organisation imposée à l’Alliance Atlantique et qui n’est que la subordination militaire et politique de l’Europe occidentale aux Etats-Unis d’Amérique » est le socle de cette organisation. Comme son but premier a disparu, on en arrive au document tarabiscoté de Védrine pour tenter de justifier un semblant d’indépendance diplomatique, et donc militaire. C’est la triste réalité …
Prochaine étape, la mise en cause de la force de dissuasion française.
Quand vous prenez une décision comme celle du général De Gaulle ou du président Sarkozy de sortir ou d’entrer dans un commandement allié intégré, vous avez fait auparavant une synthèse « globale » de la défense de vos propres intérêts. Le première ligne de votre commentaire ne veut rien dire, même si chaque conflit est évidemment particulier. Les circonstances tactiques n’emportent pas la stratégie qui les habite.
Créditer Sarkozy d’une vision stratégique est une farce. Il a fait ce que ses maîtres lui ont demandé. Quand on remet les décisions d’engagement entre les mains d’une autre puissance on n’invoque pas la notion de stratégie. Car on en perd de facto le contrôle et pour le coup la notion ne veut rien dire. Quant aux distingos «tactiques», la formule académique recouvre un engagement des forces comme supplétives d’opérations qui ne sont pas décidées par la France. Quand un officier supérieur connu, conférencier dans une grande école militaire, dit à un amphi de 200 élèves officiers que la France fut supplétive des Américains en Afghanistan, on peut le croire … Déclarer comme vous le faites « Les alliés qui ont suivi les Etats-Unis en Irak puis en Afghanistan ont utilisé les moyens OTAN en sus des leurs, ce qui démontrait une fois encore l’esprit « self-service » des dispositifs » est une imposture laissant croire à une flexibilité, alors que sans rapport avec la réalité opérationnelle.
On voit que vous n’avez jamais été « dedans ». Mais loin de moi l’idée de vouloir critiquer vos arguments (un peu éculés). Pavlov pas mort.
Le rapport Védrine est fondé sur des réalités avant de vouloir plaire si tant est qu’il en ait eu l’intention, ce qui en passant ferait sourire Hubert Védrine qui se pose bien au-dessus du vulgum pecus politique. L’orgueil est son moindre défaut 🙂
Je n’entrerai pas dans des chicayas opération par opération si la tactique est pour vous une formule académique. La stratégie de la France est atlantique car il n’y a rien d’autre sur l’étagère. C’est aussi simple que cela.
« La stratégie de la France est atlantique car il n’y a rien d’autre sur l’étagère. C’est aussi simple que cela » nous dites vous. On peut admettre ce raisonnement, mais vous auriez dû commencer par cela, au lieu de nous parler de « boîte à outils ». Cela dit, les choses changent, les rapports de force deviennent parfois plus contraignants et même intolérables. dans ce cas, il est préférable d’avoir regardé sous l’étagère.
Le fil du débat ne s’est pas prêté au préalable de la stratégie, effectivement. Boîte à outils voulait dire moyens tactiques à la carte, pas un chipotage stratégique. Avec les A400M l’Europe s’y essaie, qui tente un pool logistique. On verra.
Cela dit les choses changent. Certainement, mais pas chez nous qui n’avons plus aucun moyen de les faire changer. Le but ultime de notre stratégie est de protéger la population française. Ayant annoncé la queue de trajectoire, le réglage de départ coule de source.
La stratégie française s’inscrit dans une seule constante : nous n’avons plus aucun ami sûr depuis juin 40 (sinon déjà Munich). N’ayant pas la capacité de nous défendre seuls, nous devons nous allier. Quand on va sur la marché des alliances on a vite fait le tour. Simplissime…
La géopolitique a toujours été la mal-aimée des sciences sociales. C’est surtout la définition de son champ ou de son statut qui n’a jamais cessé de poser problème. La géopolitique étudie l’influence de la géographie sur la politique et sur l’histoire, c’est-à- dire les rapports entre l’espace et la puissance.
Il est plus que jamais indispensable de s’y référer dans un monde en transition, où toutes les cartes sont en train d’être redistribuées à l’échelle planétaire. La géopolitique relativise le poids des seuls facteurs idéologiques, mouvants par définition, et rappelle la présence de constantes qui transcendent les régimes comme les idées.
Dans le passé, la géopolitique exerçait ses contraintes principalement au niveau des Etats qui, de nos jours, au moins dans l’hémisphère occidental, semblent être entrés dans une crise irréversible. Aujourd’hui, elle révèle des logiques continentales, que les agissements désordonnés des Etats ont longtemps masquées, mais qui sont désormais plus fondamentales que jamais. Elle aide à raisonner en termes, non plus de pays, mais de continents. La Mer contre la Terre, aujourd’hui, c’est les Etats-Unis d’Amérique contre le « reste du monde », et d’abord contre le bloc continental européen. L’axe Madrid-Paris-Berlin-Moscou acquiert dans cette perspective toute son importance.
Le bloc germano-russe reste au cœur du « centre mondial ». C’est pourquoi le sort du monde dépend de l’alliance de ces deux pays. Là aussi, la chute du système soviétique a éclairci les fronts. Dans l’Alliance Atlantique ou en dehors, n’est pas le problème, c’est de la stratégie court-termiste; surtout quand l’inconnue chinoise domine tout le reste.
« N’ayant pas la capacité de nous défendre seuls, nous devons nous allier. »Vous avez raison. Cependant sur « le marché des alliances » il n’est pas évident que celle des USA soit éternelle. En matière de politique étrangère, les changements brutaux sont toujours contre-productifs ; il faudrait donc nous préparer à trouver des alliés plus conformes à nos intérêts durables. Pourquoi pas la Russie? Carl Schmitt disait: « pour choisir une alliance, ne choisissez pas le plus puissant – il confisquera tous les avantages – choisissez celui qui a durablement le plus besoin de vous. Il n’est pas difficile de voir qui remplit ces conditions. C’est la Russie.
Les constantes lourdes évoluent lentement, mais évoluent. En leur sein, les ruptures systémiques surprennent toujours. Le nouvel Empire du Milieu peut déborder sa zone culturelle traditionnelle pour sécuriser ses limes (et avant tout la « crête » himalayenne) et mettre en mouvement une contre-alliance, comme s’effondrer en royaumes combattants à la suite d’une implosion du consensus ploutocratique du peuple han. La Russie aimerait bien anticiper cette évolution ou révolution. car elle n’a pas les moyens de mettre deux fers au feu. Pour l’instant elle cherche à sauver la Sibérie extrême-orientale et les républiques steppiques au contact.
Dans le cas de la Russie, il y a eu connivence à l’époque gaulliste quand l’URSS instrumentalisait le non-alignement de Paris comme l’affaiblissement du maillon français de l’Alliance. Elle y est parvenue dès que le gouvernement français refusa de prendre sa place au front de l’Est et délaissa la modernisation de son armée de terre au profit de ses investissements nucléaires. A noter que leur pertinence est l’un des nombreux sujets tabous chez nous.
Aujourd’hui, toute hypothétique alliance franco-russe se heurterait à une hostilité feutrée de Berlin (le traité Adenauer-De Gaulle s’éteindrait comme une chandelle cuite) et à une hostilité ouverte des 6 pays d’Europe orientale, sans parler des pays scandinaves et baltes. Elle créerait une large zone anti-française du Rhin à la Vistule. Et pour quels bénéfices ? Pour le plaisir de dire merde à l’Oncle Sam ? Ca dure 5 minutes ; on ne peut pas dire merde à quelqu’un tous les matins pour capitaliser sur un choix stratégique (sauf à Cuba).
Reste la question qui tue. Comment se fait-il que de tous les pays de l’OTAN la France soit le seul à débattre de ces questions jusqu’au point d’en vouloir partir ? Tous les autres sont des imbéciles heureux. Heureusement que nous existons.
Quels amis sûrs avions-nous avant juin 40 ?
A part, bien sûr, la Principauté de Monaco.
Le rapport Védrine est une dépêche délayée à l’eau tiède dans le style du Quai d’Orsay, qui présente l’intérêt de mettre en ligne les principaux points négatifs de ce montage appelé OTAN, mais avec une énorme lacune : il ne procède à aucune prospective. L’atlantisme a disparu en Novembre 1989, ce qui n’a pas retenu les relais de la bannière étoilée de donner toute leur puissance, et de toute évidence encore aujourd’hui, avec une dialectique de pacotille « puisque nous pesons de moins en moins, nous avons de plus en plus besoin d’un grand frère ». Les préparatifs de l’équipée sanglante contre l’Irak furent l’occasion en France de voir défiler sur les plateaux de télé, le ban et l’arrière ban des agents français de la grande puissance, relayant sans vergogne l’intoxication américaine sur les armes de destruction massive.
Antiquus dit avec raison que ce serait le devoir d’une administration française responsable de réviser la totalité des alliances, dans un monde où le centre de gravité économique a ripé vers l’Asie, où la Chine a un budget de défense en croissance de 15% / an, et un budget de recherche de 3% de PIB.
Un incident récent en dit long sur le degré de fossilisation de certaines cervelles. La société chinoise Huawei, désormais N°2 mondial en technologies de l’information et de communication (ils étaient 17ème en 2005 !!), a recruté pour l’Europe il y a deux ans, le second de chez Thalès, François Quentin. En charge entre autre de toutes les communications de la force nucléaire française. On ne sache pas que le SGDN ait fait le tri de ses neurones, et Quentin n’a demandé l’avis de personne pour rejoindre sa nouvelle fonction. En septembre dernier le petit sénateur Bockel pond un rapport sur le risque que présente Huawei pour la sécurité nationale, allant jusqu’à préconiser l’interdiction de vendre leurs serveurs en Europe … C’est l’économie de l’acier mondial vu par Montebourg. Il est évident et urgent qu’il faut entièrement revoir nos priorités, sachant que la France a une certaine pratique séculaire des alliances, sans remonter à la guerre de succession d’Espagne. Mais ouvrir l’Elysée au petit danois Rasmunsen, secrétaire général de l’OTAN (excusez du peu) pour un bouclier antimissile vendu comme une protection contre l’Iran (prendre les gens pour des imbéciles), provoquant une réunion immédiate des Russes et des Chinois à Moscou (qui avaient compris, eux, que Téhéran était loin …), c’est évidemment continuer à dormir dans les plis du stars and stripes alors que nous ne sommes en rien concernés.
Géopolitique : thulé a raison de souligner nos carences en matière de géopolitique, qui se confond assez vite avec le café du commerce. La Nouvelle Revue d’Histoire Mars 2012 N° 59, donne la parole à Aymeric Chauprade sur le géographe allemand Friedrich Ratzel qu’il considère comme le fondateur de la géopolitique « explication de l’histoire par la géographie humaine, celle de la longue durée des peuples et des territoires »
Ironie très fade de catoneo sur l’apathie des membres de l’OTAN. Ils vont au moins cher, sans plus. Précision : je suis « dedans » et je connais bien Védrine 🙂
@Gorgulov
Amis sûrs, nous en avons eu quelques-uns mais celui qui se considérait comme notre « petit-frère » à tous égards, tout en ayant un niveau technologique de développement industriel semblable au nôtre, nous l’avons vendu à Munich : c’était la Tchécoslovaquie.
La mèche a fusé longtemps. Quand la débâcle soviétique a libéré les pays du bloc de l’Est, on a lu partout ici que c’était un espace francophile qui s’ouvrait pour nous. A part quelques artistes, les peuples se sont sentis américanophiles, et ont accueilli l’efficacité allemande comme partenaire sérieux. La France s’est retrouvée sans sa vraie case d’influence. Petite case. Ce qui m’amène à la réponse suivante.
@ M. Faure : « Ironie très fade sur l’apathie des membres de l’OTAN. Ils vont au moins cher, sans plus ». Je n’en doutais pas trop, mais il est sûr avec cette assertion que vous n’êtes pas « dedans ».
Quant à la dialectique de pacotille, je suis de ceux qui soutiennent que la France ne remontera la pente que le jour où elle aura pris la vraie mesure de sa taille en tous domaines à l’échelle de la planète, parce qu’elle ne pourra jamais courir aussi vite que les autres en chaussant du 41 dans des galoches de 45. Essayez 🙂
Enorme défi à notre orgueil.
Pas possible, Catoneo, vous m’avez fichu la frousse: « le traité Adenauer-De Gaulle s’éteindrait! » Comme si ce traité n’était pas vidé de son contenu depuis longtemps ; exactement depuis que l’Allemagne a soutenu l’entrée de la Grande Bretagne dans la Communauté européenne. Et nous aurions une hostilité ouverte des 6 pays de l’Europe orientale! Du coup, ils refuseraient de nous acheter ce qu’ils ne nous achètent déjà pas. Même la Pologne qui se paie le luxe de détester à la fois l’Allemagne et la Russie commerce avec l’Allemagne 5 fois plus qu’avec nous. Alors quoi? Tous ces peuples ne nous aimeraient plus? Ils ne nous aiment pas, déjà, sauf peut-etre les roumains. D’ailleurs j’ai pu voir en bourlinguant un peu partout que les français sont des gens qui croient que tout le monde les aime alors que c’est le contraire. Vous craignez bien à tort les conséquences de cet isolement. En revanche, la Russie nous offrirait un partenariat irremplaçable, parce que nous serions les premiers à lui tendre la main. Et puis il y a un autre problème dans l’alliance américaine, qui n’a pas été abordé jusqu’à présent: les USA sont une alliance idéologique. Ils veulent impérativement nous rendre conformes à leur modèle. Si d’aventure, par exemple, il nous venait à l’idée de nous écarter du schéma cosmopolite et mondialisant qu’ils ont préparé pour nous, par exemple en stoppant l’immigration, la pression de leur part serait terrible. Peut-être qu’à ce moment-là nous aurions intérêt à trouver une alliance de remplacement. Même si un tel choix ne manquerait pas d’être coûteux.
A propos de votre dernier alinéa: « heureusement que nous existons ». Hé bien oui, je ne sais pas si c’est heureux, mais nous existons, et nous répugnons à nous endormir dans un raisonnable conformisme. Et puis je vous rappelle que vous êtes sur un blog royaliste.
@Antiquus
J’entends bien votre description géopolitique imagée, mais je me souviens aussi qu’un des arguments-maîtres contre l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne était géopolitique. La République turque est au contact de tous les dangers majeurs pour nous et l’Europe occidentale ferait un bond décisif au milieu de ce désordre sans les moyens d’en venir à bout.
Je ne ferais pas la liste des hostilités auxquelles fait face la Fédération de Russie sur toute sa frontière méridionale, mais une alliance nous y impliquerait et sans mots dire, l’ours russe détestant les conseils.
Je demeure donc sur ma vision d’absence d’alternative (crédible ou pas d’ailleurs).
Puis-je savoir quelles sont les contraintes dialectiques lorsqu’on poste sur un blog royaliste, ça m’aiderait pour le mien 🙂
à l’appui de la remarque d’antiquus, rappelons le merveilleux cadeau de Noël de la Pologne à la France en Décembre 2002. Pour l’équipement de son aviation de chasse, choix du F 16 américain contre le Rafale de Dassault. Magnifique exemple du principal rôle de l’OTAN : feuille de vigne des américains pour contrer toute velléité de développer un ensemble militaro-industriel européen. Y a-t-il meilleur moyen d’assurer un asservissement ?
Imagine-t-on une seconde que le dossier US ait été mieux défendu que le dossier Gripen (SAAB) ou celui d’Eurofighter (EADS) ? Que l’ambassadeur US à Varsovie ait été « on the ball » nuit et jour pour faire gagner Lookheed ?
Je ne parle pas du dossier Rafale dont les promoteurs tellement sûrs d’eux ne percent nulle part. Donnez-nous l’effectif Dassault-DGA en poste permanent à Varsovie en 2002 en nombre de jours-hommes et vous saurez le pourquoi du comment. Qu’il y ait eu des pressions collatérales, c’est sûr aussi ; nous, n’en faisons jamais. Noooon !
Au bout du compte ce choix sera une confirmation de la confiance des Polonais dans une alliance US et pas dans une alliance franco-polonaise ; la dernière fois ça s’était mal passé. Faut pas rêver non plus.
Sur les dangers de la frontière méridionale de l’Empire, votre argument tombe juste. On ne fait rien sans risque. Je constate en revanche que vous n’avez pas répondu à mon objection concernant l’intolérable messianisme américain. Or, pour la France , reprendre le contrôle de ses frontières est une question de vie ou de mort. Or que font les USA? Ils ont le culot d’envoyer des représentants dans nos banlieues pour nouer des contacts avec la « France de demain » africaine et islamiste. Se libérer de cette tutelle odieuse mérite bien quelques hasards.
Pour finir, il n’y a pas de contraintes sur un blog royaliste, mais il ne faut pas s’étonner que l’on soit mécontent de ce qui existe.
Pour le choix d’un tel équippement les aspects techniques ne sont pas déterminants car la plateforme de base est très comparable; la décision est donc strictement un signal politique, en l’espèce la Pologne ne rechigne pas sur le budget européen (ils ont confiance ? ah! les braves gens, l’Histoire ne leur pèse pas trop?)
Avec catoneo aux commandes les ricains peuvent fermer le poste CIA à Paris !!
Le messianisme américain est réel et m’a horripilé dès que je l’ai subi personnellement dans mon job de l’époque. Fréquentant encore des Américains au plan familial je puis témoigner qu’ils ont une vision hégémonique-angélique indestructible, leur modèle étant supérieur à tout autre. Il faut beaucoup de patience et d’arguments pour mener une conversation à son terme, sachant qu’ils n’abdiquent jamais. Mais pour s’opposer à eux faut-il encore avoir un « contre-projet ». Le connaissez-vous ?
Hégémoniques certes, par contre, dans le personnel diplomatique, ils sont d’une curiosité sans bornes et s’investissent à fond (comme Chris Stevens à Tripoli qui parlait couramment arabe et français). Juste en passant, l’ambassadeur US à Varsovie en 2002 parlait couramment le polonais. J’ai connu le consul général US à Shenyang bien avant que la Chine devienne à la mode, il parlait un mandarin complet avec juste une pointe d’accent. Les chefs de poste US en France parlent évidemment français, à défaut le comprennent très bien, et sont parfaitement « briefés » sur l’environnement politique qu’ils vont découvrir avec des détails étonnants.
Ils sont finalement insupportables par leur professionnalisme, et leurs certitudes…, et une indéniable naïveté ! Rien à voir avec le dilettantisme élégant des touristes du Quai.
Faudrait peut-être (et même avant tout) se demander où sont les ennemis de la France et se décider à se débarrasser alors d’une armée aussi encombrante que coûteuse et inutile. Que va-t-elle faire en Afghanistan, alors que la Seine Saint-Denis bouillonne ?
Mieux vaudraient quelques centaines d’unités de CRS et de gendarmes mobiles, avec des moyens renforcés que des régiments de cavalerie (de cavalerie !!!) en 2012 qui attendent encore le déferlement de l’armée russe par le saillant de Thuringe.
Je précise être ancien auditeur (49è session) de l’IHEDN et qu’à la question posée à mes camarades militaires : « Depuis quand n’avez-vous pas tué un ennemi ? », je n’ai eu que sourires gênés et réponses humanitaires, alors que tuer l’ennemi est tout de même le minimum – sans doute l’essentiel – de ce que l’on demande à une Armée.
Déjà 22 commentaires à propos de cette note. Et tous pertinents, même lorsqu’ils sont divergents. Qui a dit que les sujets de politique étrangère n’intéressent pas les lecteurs ? De fait, ce n’est pas le cas, du moins sur cet excellent blog.
C’est le nœud du problème. J’ai le souvenir de « considérants » laborieux en préambule du Livre Blanc d’Hervé Morin. Une armée d’engagement extérieur n’est que le bras d’une diplomatie. Faut-il encore que les objectifs de celle-ci soient tenables.
Le meilleur atout stratégique français sont ses ZEE maritimes, ce qui induit la priorité donnée à une marine adaptée. Pour le reste, le combat continental devenu hypothétique réclame moins de moyens, mais le noyau préservé devrait être considérablement durci.
Reste la question des OPEX sur notre zone d’intérêts. Les préservent-elles ? Nous sommes parfois au seuil de la posture grandiloquente comme au Proche-Orient ou au Sahara.
Ce que nous avons le plus en rayon, ce sont les képis étoilés. Nous pourrions encadrer deux fois au moins la Grande Armée du Premier Empire même si notre infanterie tient toute dans le Stade de France.
réponse à Catonéo. Les USA n’ont pas seulement une vision hégémonique, mais une arrogance insupportable, et j’ai pu l’expérimenter au cours de ma carrière. Vous me posez la question de savoir si j’ai un contre-projet? Je pourrais vous répondre que l’on peut imaginer des zones auto-centrées confédérales permettant d’éviter l’appauvrissement de continents entiers par une guerre des tarifs et des monnaies. Je pourrais aussi vous dire que le multilatéralisme n’est pas contraire à l’équilibre, enfin ce que des géopoliticiens comme Chauprade ou Lacoste écrivent régulièrement. Cependant dans le cadre de votre débat diplomatique ou..familial, je ne vois pas comment on peut convaincre le citoyen d’un Etat qui finance sa domination par la planche à billets: 15.000 millards de dettes et qui considère fanatiquement que son pays a été créé par Dieu pour extirper l’impureté de l’Histoire peut être convaincu.
Je reviens sur « …15.000 milliards de dettes et qui considère fanatiquement que son pays a été créé par Dieu pour extirper l’impureté de l’Histoire peut être convaincu ».
Il ne peut pas. En 1979, un séminaire euro-américain à Salzburg planchait sur les changes et la capacité du monde à absorber la dette américaine financée par l’émission de bons de la Treasury. Comparés à ceux d’aujourd’hui, les chiffres d’alors étaient gérables, mais nous nous sommes séparés sur un doute dorénavant éclairé, sans solution aucune. On nous aurait prouvé que l’effondrement était à moins de vingt ans par explosion de l’inflation que nous l’aurions cru sans peine. A tort !
L’économie américaine est indestructible, d’abord par son dynamisme que rien n’entame, mais surtout parce qu’elle phagocyte elle-même ses excédents monétaires inflationnistes et stérilise sa « monnaie de banque » en excès. Une traduction d’un débat Russ Roberts-Steve Hanke explique bien le processus, sans jargon : http://blog.turgot.org/index.php?post/Hanke-USA
L’Américain éduqué n’y voit rien et ne comprend pas notre émoi. On peut lui reprocher le danger auquel il nous expose mais nous ne pouvons pas nous indigner s’il n’est pas culpabilisé ; c’est pour lui « notre » problème, sous-tendu par notre modèle socio-économique pervers.
Le seul pays de l’OCDE qui n’est pas obligé de jouer au ping-pong américain c’est l’Allemagne. Sa stratégie anticipe le « cluster » continental que vous souhaitez voir construire, mais la France d’aujourd’hui y sera une quantité négligée parce qu’elle est encombrée de rêves grandioses qui la dépassent de cent coudées et brouillent sa prospective. L’euromark est en chemin. L’Allemagne reconstruit avec ses « clients » de proximité quelque chose qui ressemble à la vieille Hanse, sinon un reich par consensus de la Slovénie à l’Estonie…
C’est exactement avec ce genre de raisonnement faussement savant sous un vocabulaire ésotérique que s’est construit la bulle de 2008, où des prix Nobel d’économie avaient imaginé la titrisation des dettes. Quand la supercherie a éclaté, si l’on peut dire, des banques durent effacer des montagnes de faux actifs, telle UBS pour 34 milliards Eur, une broutille. On peut trouver des quantités d’explications rassurantes en face d’un montant de dettes délirant, ce ne sont que raisonnements théoriques, qui ne répondent pas à la mise en danger du système financier international. Quant à affirmer doctement que « l’économie américaine est indestructible par son dynamisme », cela relève de la pure spéculation. En parler sans mentionner une fois les pas de géant de la Chine, dans TOUS les domaines industriels, ne reflète pas l’obsession américaine : ce fut l’essentiel des discours d’Obama pendant la campagne …
N’empêche que j’aimerais bien qu’on réponde à ma question : à quoi sert l’Armée française ?
Quand je vois les pustules cancéreuses qui se sont installées en Loire atlantique, je me dis que les moyens de l’Armée, au lieu d’aller tirer, en Afghanistan sur des gens qui ne nous ont rien fait, feraient mieux, avec leurs gros moyens techniques d’aller émasculer la racaille écolo-anarchiste de Notre-Dame des Landes !
« En tuer ! » selon la glorieuse devise du 501ème régiment de Chars de combat, ci-devant cantonné à Rambouillet
Je croyais le 501°RCC stationné à Moumelon. 🙂
Il est bien à Mourmelon où il a remplacé le 503è, dissous ! C’est bien pourquoi j’ai écrit « ci-devant cantonné à Rambouillet »
Mais enfin, de Mourmelon à la seine Saint-Denis, il n’y a que quelques heures de route… Et pour Notre-Dame des Landes, un jour au plus…
Les folies de l’atlantisme, et leurs ravages.
Y a-t-il un pays du Levant mieux connu des Français que l’ensemble Syrie – Liban ? Y a-t-il un pays où une diplomatie indépendante de Paris devrait jouer un rôle majeur, en première ligne, loin des vociférations des relais des sunnites gavés de pétrodollars ?
http://www.marianne.net/La-Syrie-le-loup-et-les-armes-chimiques_a224931.html
Les États Unis ont désormais intégré l’organisation de la propagande guerrière comme une composante à part entière de l’espace opérationnel. Existaient la marine, la terre, l’air, l’espace, depuis peu et très officiellement la cyberwar, et aujourd’hui l’outil de propagande à l’échelle du monde. Le degré d’intoxication des masses et des gouvernements étrangers auquel ils sont parvenus les incite à réutiliser les mêmes outils qui ont déjà parfaitement fonctionné. L’un des premiers à éternellement relayer Washington est le Guisnel du Point. De nouveau aujourd’hui. Alors que tous ceux qui connaissent le contexte d’une éventuelle mise en œuvre d’armes chimiques, savent que l’accusation est totalement farfelue concernant la Syrie.
Excellents commentaires
Si le régime syrien n’a pas d’armes chimiques, pourquoi le président Assad réplique-t-il à Obama qu’il ne les utilisera pas contre les Syriens, et son état-major de préciser qu’elles sortiront seulement en cas d’invasion par des forces extérieures.
Idiot, puisqu’ils n’en ont pas !
Ils ont dit ou on a prétendu qu’ils l’ont dit, à usage du journal de 20 h ??
On imagine très bien Assad et ses militaires venant déclarer devant des micros « On est prêt, mais on vous promet de n’en faire qu’un usage parcimonieux ». Comment peut on soutenir des conneries pareilles ?
Ce qui est idiot est de se goinfrer au biberon de la propagande la plus fétide. De toute évidence votre dévotion à la bannière étoilée vous retient de la moindre analyse critique.
Dans l’affaire syrienne, l’hiver des journalistes a congelé les cervelles depuis la première émeute à Deera en Mars 2011. Hommage aux Alaouites d’avoir pu résister à ce rouleau compresseur de désinformation, et espérons que les Russes et les Chinois leur garderont leur soutien.
Entièrement d’accord avec vous, Jean-Louis. Les USA manient le mensonge depuis le déput de leur impérialisme: de Fort Alamo à la mascarade du Maine, dans le golfe de La Havane, ils ont toujours mobilisé les émotions en répandant des informations biaisées, des fabrications cyniques. Il faut rappeler cette constante pour déjouer ces manipulations humiliantes pour notre bon sens.
La vérité sur la présence ou l’absence d’armes chimiques va éclater au grand jour quand on accèdera aux stocks. Soyez patients.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères syrien, Jihad Maqdisi, qui affirmait cet été que ces armes ne seraient pas tirées sur la population, a été limogé, s’est enfui, et sa maison vient d’être brûlée par la police parallèle.
Ces propos sur la rétention ont été réitérés par son successeur et repris par la SANA, agence officielle syrienne d’information.
C’est mieux de chercher des faits avérés que de se faire un film sur Fort Alamo 🙂
@JLFaure : vos remarques à mon endroit ne font pas argument. C’est souvent à défaut qu’on se rabat sur la personne.
Attendez, Catoneo, de quoi parlons-nous? De la présence d’armes chimiques? Croyez-vous que les USA, la Grande Bretagne ou la France n’ont pas d’armes chimiques? Quand je faisais mon service militaire, l’armée faisait état de stocks AT. Saddam avait des armes chimiques fournies par… la France. Le problème n’est pas d’avoir des armes chimiques mais de s’en servir. La Syrie n’en a jamais utilisé. De surcroît ce que vous dites: « La vérité sur la présence ou l’absence d’armes chimiques va éclater au grand jour quand on accèdera aux stocks. » C’est tout à fait inexact. Si on accède aux stocks, on prouve. Mais si on n’y accède pas, on peut toujours dire qu’ils ont été détruits ou dissimulés. C’est la technique de la psywar américaine. Ne nous y laissons pas prendre.
@catoneo
La question n’est pas de disserter sur les évènements de Syrie à partir des informations ne parvenant que par un seul canal et destinées à saturer les medias occidentaux, exercice pusillanime. Le montage est connu et largement éventé. Mais nous sommes au centre du sujet de ce fil, puisqu’on assiste à un suivisme de la diplomatie française jusqu’à la nausée. Juppé d’abord, aujourd’hui son successeur, leur alignement sur mme Clinton nous fait perdre toute crédibilité dans le monde arabe. Ce n’était pas la philosophie de la France. La tarte à la crème des armes chimiques est le dernier exemple d’intox montée par les services de Washington. C’est assez consternant d’avaler des morceaux pareils …
Je précise que je ne suis pas l’avocat des Etats-Unis ici. Je m’en tiens aux faits. Si les ogives chargées de merde ne sont pas tirées et si les stocks des primaires sont introuvables, il n’y aura pas eu d’armes chimiques. Ca fait deux « si ».
Le pouvoir syrien sera considéré alors comme parfaitement idiot, dans la même veine de celui de Saddam Hussein qui se vantait d’en posséder. On pense à ce sujet que Saddam Hussein s’était fait enfumé par son état-major qui avait mangé les crédits de développement à des fins personnelles.
Avant tout pronostic de représailles, la question demeure donc de savoir si l’armée syrienne va les tirer. Pour ça il faut attendre et , d’accord avec vous, ne croire personne. Attendons.