Mardi dernier, nous avons publié une note, sobrement intitulée « Sur Florange ». Il s’agissait, en fait, de rappeler qu’un Etat digne de ce nom a le devoir d’exercer son contrôle sur « toutes les infrastructures et entreprise stratégiques – c’est-à-dire tout ce qui est susceptible de constituer, en des mains entièrement étrangères, une menace, de quelque ordre qu’elle soit, pour le pays et ses habitants ». Il nous a semblé utile, aujourd’hui, de mettre en ligne un point de vue d’Eric Zemmour, sur le même sujet*. On y lira cette phrase qui dit, sur la nationalisation, ce que, nous aussi, voulons rappeler : « C’est un mot de combat qui illustre la lutte séculaire de l’Etat contre l’argent, du peuple contre les féodaux. En évoquant la nationalisation des usines sidérurgiques de Mittal, Arnaud Montebourg veut incarner la révolte des Etats-nations contre les grands prédateurs du capitalisme mondialisé ». Naturellement, ce rappel ne préjuge en rien de la capacité, ni de la sincérité, ni même de la simple volonté des dirigeants de notre République.
La nationalisation est un mot chargé de sens et d’histoire, qui évoque à la fois la punition de Louis Renault par le général de Gaulle pour collaboration et le programme commun de la gauche mis en œuvre par François Mitterrand en 1981 C’est un mot de combat qui illustre la lutte séculaire de l’Etat contre l’argent, du peuple contre les féodaux. En évoquant la nationalisation des usines sidérurgiques de Mittal, Arnaud Montebourg veut incarner la révolte des Etats-nations contre les grands prédateurs du capitalisme mondialisé. C’est dans l’air du temps. La France, l’Allemagne et même l’Angleterre ont exigé il y a peu que les géants américains d’internet paient leurs impôts.
Les politiques ont enfin compris qu’ils avaient, au nom des grands idéaux internationalistes et libéraux, du « doux commerce », laissé grossir des monstres multinationaux qui se rient des frontières et mettent en concurrence les ouvriers du monde entier pour tirer les salaires vers le bas. Le milliardaire américain Warren Buffett l’a avoué : «La lutte des classes existe et les riches l’ont gagnée. »
L’indien Mittal est un de ces grands féodaux de la globalisation. Mais la révolte de Montebourg arrive bien tard. L’Etat est déjà bien faible. Une nationalisation coûte de l’argent, et les caisses de l’Etat sont vides. La nationalisation de l’industrie automobile américaine par Obama – qu’il donne en exemple – a entraîné des restructurations énormes avec licenciements par milliers et baisses de salaires. Dans un marché mondial ouvert, la compétitivité a un prix social élevé. Montebourg le sait mieux que personne, lui qui défendit pendant la primaire socialiste la démondialisation et le protectionnisme. Mais François Hollande ne fait rien contre le libre-échange et la politique de la concurrence imposés par Bruxelles. Il met tout en œuvre pour sauvegarder un euro dont la surévaluation est un des boulets que traîne l’industrie française. Le verbe flamboyant de Montebourg s’arrête aux portes de l’Elysée.
* Figaro Magazine du 30 novembre.
Votre article est à tout point de vue pertinent.
Cependant, il n’est jamais trop tard pour bien faire.