Ce ne sont pas des Cafés politiques ordinaires que Lafautearousseau et la Fédération Royaliste Provençale organisent à Marseille depuis 2010. Sous leur forme actuelle, inaugurée en octobre 2010, tous sont mis en ligne. L’on peut les revoir à tout moment et, d’ailleurs, tous ont déjà été téléchargés plusieurs milliers de fois ! Si l’on en considère l’ensemble, l’on s’apercevra que, tant par les personnalités qui y sont intervenues que par les sujets traités, ils constituent un excellent travail de réflexion politique. En un sens, ils ont été ce que l’on appelle aujourd’hui un Think Tank. Avis aux jeunes qui veulent acquérir une formation politique sérieuse : ils peuvent y venir; ils peuvent les consulter, ici.
Ce n’est pas non plus une intervention ordinaire que celle d’Hilaire de Crémiers, le 9 mars dernier; intervention dont la video est mise en ligne ci-dessous. C’est une remarquable réflexion sur le problème institutionnel français depuis les derniers temps de l’Ancien Régime jusqu’à nos jours : soit l’absence d’un exécutif capable de gouverner, soit la carence de représentation nationale véritable, soit l’une et l’autre. Les exemples historiques sont probants, le problème est très exactement décrit et défini. L’écoute de cette vidéo est indispensable pour qui veut militer pour une France royale autrement que de façon superficielle et / ou folklorique.
L’analyse d’Hilaire de Crémiers dénonçant une crise de la représentation à la tête de l’Etat, qui ne serait plus en fait, que la représentation des partis eux-mêmes, à savoir la mise en oeuvre de leur programme politique, par un homme, avant tout chef de parti, alors qu’il y a nécessité d’avoir à la
tête de l’Etat, un véritable exécutif incarnant non seulement la continuité historique de l’Etat, mais aussi l’intérêt général, le bien commun (donc la res-publica au sens noble du terme) dans l’exercice de fonctions régaliennes, de sorte que toute la Nation sans aucune exclusive, se sente représentée en lui,
qu’il s’agisse par exemple de sa majorité politique du moment, comme de sa minorité politique du moment, ou qu’il s’agisse de telle ou telle composante de la population, sur tel ou tel critère, et vis-à-vis desquelles, en toute indépendance,
le Chef de l’Etat n’ait aucun intérêt particulier lié ou partisan, mais la seule préoccupation de l’harmonie générale et de l’intérêt national en un mot : ce que pourrait et devrait être un Roi, de par la source de sa légitimité, à la fois historique, populaire, ne peut-être que partagée par tout royaliste, je dirais même par tout républicain, au sens noble du terme.
Se pose ensuite la question de la souveraineté et de la représentation « populaire », du conflit qu’il y aurait nécessairement entre exécutif et législatif au sujet de la dite souveraineté, ainsi que des formes de représentation. Vaste débat.
Par définition, la souveraineté ne se partage pas mais elle peut se différencier. Nous savons bien que dans les fonctions régaliennes, il y a une sorte de domaine réservé du Chef de l’Etat, qui existe dans la Vème République, où la souveraineté s’exerce directement par le Chef de l’Etat (prenons
l’intervention au Mali par exemple), même si le Parlement peut être informé ou donner un avis; par ailleurs, en tant que législateur, et dans ses domaines de compétences, il est clair que le Parlement élu est souverain, ce qui n’empêcherait en aucun cas le Roi d’intervenir comme arbitre, sur l’échiquier politique, entre la représentation nationale et le peuple lui-même, par le biais du référendum, de la dissolution de l’assemblée nationale, du véto suspensif ou de la demande de seconde lecture à l’assemblée nationale.
De même que respectant les résultats des élections
législatives, le Roi aurait son mot à dire dans la nomination du 1er Ministre et la formation du gouvernement, seul responsable devant le Parlement.
Cependant, dire comme l’affirme Hilaire de Crémiers qu’il faudrait à terme supprimer les partis politiques pour une représentation qui essemblerait fort à celle des corporatismes, n’est pas sain. Dans nos sociétés modernes, complexes, il est nécessaire d’avoir des partis politiques qu conçoivent des programmes d’actions d’ordre général à mettre en oeuvre selon une certaine cohérence d’ensemble et selon une orientation sur laquelle chaque citoyen puisse se prononcer de manière générale. En ce qui concerne la vie économique et sociale, ce serait plutôt au sein des
entreprises mais aussi des comités de quartier urbains, ou des espaces ruraux que devraient pouvoir s’exercer de nouveaux droits démocratiques et sociaux.
Pour faire simple, indéniable et court, la Royauté est par nature SACRÉE, quelle que soit la civilisation et le substrat religieux dans les trois ordres identifiés (comme une découverte fondamentale) par Georges Dumézil. Toute autre tentative de dissertation autour de la « république » (au sens noble ? c’est un sketch pour des chansonniers ?) ou des partis «nécessaires pour que tout le monde s’exprime ; dans une cabine téléphonique ?».
La relation entre le peuple et le Roi ou la Reine est de l’ordre de la transcendance, donc inexplicable par les mots de l’Homme.
Un grand merci à Hilaire de Crémiers de nous avoir transporté le temps d’un instant trop court, un peu en dehors de la déliquescence, surtout quand on est à Marseille (!), en nous rappelant des choses simples, comme : la colonne vertébrale du Code Civil était chez Louis XV dans les travaux du chancelier d’Aguesseau.
Je suis depuis très longtemps un amoureux d’Antigone (40 ans ? quand un prof de lettres nous la fit découvrir vers 1966, à l’heure où nous avions des lycées …). Pour la lutte de sa conscience en face de la raison d’État. Merci donc aussi au professeur Donnier de ne jamais oublier une occasion de nous faire partager ses lumineuses analyses. Et pour des raisons personnelles, j’y associe notre Maître, le colonel Elie Denoix de Saint Marc, qui, comme beaucoup, ont payé cher …
Hilaire de Crémiers a très bien expliqué que la République n’est pas née en 1792. A aucun moment, il n’a parlé de transcendance, même si cet aspect n’est pas à nier, en particulier dans la Royauté.
Hilaire de Crémiers a parlé de choses très concrètes, il faut donc revenir sur terre !
Le roi, de par son sacre, est considéré comme un évêque parmis les autres. Comme l’affirme Georges Duby (Les trois ordres ou l’imaginaire du féodalisme) : « Il est Rex et Sacerdos, comme le Christ dont il occupe ici-bas la place exacte, dans le rapport de symétrie qui unit la terre au ciel ».
Le Roi « est transcendant » reconnaissait Rousseau. C’est ce qui caractérise l’institution monarchique. Elle s’oppose aussi bien aux démocraties qu’aux dictatures. Un véritable culte est rendu à la personne royale, avec comme justification vis à vis de l’orthodoxie chrétienne, la figure emblématique de Saint Louis. La mystique royale et la religion catholique sont les éléments fondateurs de notre identité nationale.
N’en déplaise à certains, la dimension sacrale de la souveraineté – De Gaulle l’avait bien compris – reste l’incontournabe fondement de toute vraie légitimité, cet indispendable ciment des communautés organiques.
OK Thulé, mais après concrètement,
quelles institutions sont mises en place, la monarchie de droit
divin ? Et les corporations d’Ancien Régime ? Sans nier la
transcendance, il faudra bien une nouvelle constitution à la
France du XXIème siècle, où la souveraineté du peuple
s’exercera en lien avec celle propre au Roi, il y aura bien
articulation entre le législatif et l’exécutif ?
Si l’on revient à 1789, il faut bien au moins une assemblée
représentative du corps électoral et de préférence un système
bicaméral, où la souveraineté du peuple s’exerce dans les
domaines de compétences du Parlement, et un Roi détenant
des pouvoirs réservés sur des fonctions régaliennes où
s’exerce sa part de souveraineté, tout en étant garant et
arbitre de l’ensemble du système.
La souveraineté absolue du Roi ou absolue du peuple, en tout
domaine, c’est bien le problème à résoudre.
La discussion qui précède me paraît appeler les remarques ou questions suivantes :
1. Hilaire de Crémiers a bien distingué les deux sens de République, dont l’un est traditionnel, l’autre révolutionnaire : a. « chose publique » et par extension Etat, Bien Commun; b. le régime politique issu de la Révolution, en rupture avec l’histoire et la réalité nationales. L’un et l’autre ne peuvent être confondus, même si, par la force des réalités, le second contient encore quelque chose du premier.
2. Il ne me semble pas qu’Hilaire de Crémiers ait évoqué la nécessité de « supprimer les partis politiques ». Selon moi, ceux-ci peuvent constituer un élément de la représentation nationale; ils ne peuvent en être le tout, ni même l’essentiel, comme c’est, aujourd’hui, le cas. Qu’en pense DC ?
3. Aux époques de foi, la royauté – mais pas seulement la royauté – est, en effet, « sacrale » au sens religieux. Mais la transcendance d’un pouvoir perçu comme « légitime » n’est pas nécessairement ni uniquement d’ordre religieux. Les services rendus, la durée, la Tradition, sont aussi, me semble-t-il, des sources de « transcendance ». Transcendance sans laquelle aucun pouvoir (l’élection ne suffit pas) ne dispose d’une réelle autorité.
Mon cher DC, la souveraineté ou « majesté » appartient au peuple, et ne cesse jamais de lui appartenir. Elle est imprescriptible parce qu’elle réside inaliénablement dans la communauté populaire. Le peuple peut la déléguer, mais non s’en dessaisir.
Loin d’être coupée du peuple, la vraie souveraineté en émane donc directement. Le prince doit occuper sa fonction que par dérivation du droit permanent du peuple à se gouverner lui-même. Il n’a d’autre autorité que celle dont il est investi par le peuple, non sous forme d’un transfert de pouvoir que le peuple abandonnerait à son profit, mais par délégation d’un pouvoir que le peuple ne cesse à aucun moment de conserve intrinsèquement .
En d’autres termes, il exerce son pouvoir sous le contrôle du peuple, et ne peut en faire usage qu’au service du bien commun, qui reste sa finalité principale. Il ne commande pas à la société comme s’il en était coupé ou indépendant. Il n’est pas le propriétaire de la souveraineté, mais son dépositaire ; il jouit seulement des droits de cette souveraineté. Ce système se fonde sur le respect de toutes les appartenances et la représentation de toutes les identités particulières. Il permet également de distinguer la souveraineté de l’absolutisme.
Chers Thulé et Anatole,
Je reprends les propos de (Thulé) selon lesquels » la
souveraineté ou « majesté » appartient au peuple, et ne cesse
jamais de lui appartenir. » et » Il (le Roi) n’est pas
le propriétaire de la souveraineté, mais son dépositaire ».
Bien sûr, il est dépositaire d’une souveraineté qui comme
pour tout pouvoir vient d’en haut si l’on se réfère à la
transcendance, mais ceci étant dit, vis-à-vis du peuple,
comme tout dépositaire, il ne peut exercer de
souveraineté que celle que le peuple consent à lui
reconnaître, cela se traduit de nos jours, en France, par
l’approbation d’une Constitution.
On peut aussi dire qu’il en est historiquement et
héréditairement dépositaire, mais là aussi cela implique une
acceptation du peuple, qui se formalise dans une Constitution
par la reconnaissance de l’ordre de succession dynastique.
Pour ce qui concerne les partis politiques, c’est Jean Louis
FAURE qui laisse entendre la nécessité de les supprimer.
Bien entendu, les partis politiques ont leur rôle à jouer dans la
représentation nationale, et principalement au Parlement,
peuvent-ils cependant en avoir le monopôle ?
Déjà, au niveau national, comme au niveau régional, il existe
des corps intermédiaires représentatifs des « forces vives » du
domaine économique et social, que sont le Conseil
économique et social et les conseils économiques et sociaux
régionaux, certes ils n’ont qu’une voix consultative, mais
c’est pour éviter que ne s’instaurent les dérives du
corporatisme.
Pourrait-on éviter ces dérives tout en associant ces
représentants au processus législatif ? Ceci suscite beaucoup
de questions. La hiérarchie des normes fait primer la loi sur
le contrat, ce qui permet de préserver l’intérêt général sur
les intérêts particuliers ou les rapports de force précisément
entre « forces vives ». C’est tout le débat actuel avec la
réforme de la représentativité syndicale et les accords de
compétitivité récemment passés, qui bien que majoritaires en
nombre de syndicats signataires, ne le sont pas en nombre
de salariés représentés et nécessitent, de toute façon, une
transposition légale.
Dans tous les cas, il est clair que les propositions des
représentations sociales et économiques auraient intérêt à
être davantage examinées et prises en compte par le
législateur en visant au mieux l’intérêt général.
Mais c’est là aussi que pourrait intervenir le Roi, car si au
Parlement, il se trouve une majorité politique parlementaire
représentative de la volonté générale, cette volonté générale
n’est pas nécessairement toujours en adéquation avec ce que
peut être l’intérêt général; or, le Roi peut, si la Constitution lui
en donne les moyens, agir pour bonifier les propositions de
loi, soit en Conseil des ministres, soit par ses audiences des
forces vives, soit en demandant une seconde lecture à
l’assemblée, soit par un véto suspensif (en cas de crise ou si
les nécessités l’exigent), soit aussi en redonnant la parole au
peuple par référendum, toute chose qui n’est pas possible
aujourd’hui, puisque nos dirigeants de gauche comme de
droite sont à la fois juges et parties et une fois élus,
monopolisent le champ politique, de sorte qu’entre deux
législatures, le dialogue entre le peuple et le pouvoir, se
trouve en quelque sorte, en sommeil, jusqu’aux prochaines
élections.
Déjà, si comme le dit Hilaire de Crémiers, la tête de l’exécutif
était indépendante des partis, et représentait les intérêts
supérieurs de la Nation, l’ensemble des articulations
politiques et le fonctionnement de nos institutions en seraient
changé, ce qui revitaliserait notre démocratie. Cela ne peut
se faire que par l’élaboration d’un projet constitutionnel pour
lequel la Vème République dans sa version arbitrale et non
bonapartiste constitue une base sérieuse, à mon avis.
Mon cher DC,
La démocratie représentative, d’essence libérale et bourgeoise, dans laquelle les représentants sont autorisés par l’élection à transformer la volonté populaire en actes de gouvernement, constitue à l’heure actuelle le régime politique le plus communément répandu dans les pays occidentaux. L’une des conséquences qui en résultent est qu’on a pris l’habitude de considérer que démocratie et représentation sont en quelque sorte synonymes. L’histoire montre pourtant qu’il n’en est rien.
Dans le système représentatif, l’électeur ayant délégué par le suffrage sa volonté politique à celui qui le représente, le centre de gravité du pouvoir réside immanquablement dans les représentants et les partis qui les regroupent, et non plus dans le peuple. Jean Louis Faure à raison de se méfier d’une classe politique qui forme une oligarchie de professionnels dont le premier objectif est de défendre leurs intérêts propres, dans un climat général de confusion et d’irresponsabilité. S’y ajoute aujourd’hui, à une époque où ceux qui possèdent un pouvoir de décision le tiennent beaucoup plus souvent de la nomination ou de la cooptation que de l’élection, une oligarchie d' »experts », de hauts fonctionnaires et de techniciens.
L’Etat de droit, dont vous célébrez régulièrement les vertus, n’apparaît pas de nature à corriger la situation. Reposant sur un ensemble de procédures et de règles juridiques formelles, il est en effet indifférent aux fins spécifiques du politique. Les valeurs sont exclues de ses préoccupations, laissant ainsi le champ libre à l’affrontement des intérêts. Les lois y ont autorité du seul fait qu’elles sont légales, c’est-à-dire conformes à la Constitution et aux procédures prévues pour leur adoption. La légitimité se réduit dès lors à la légalité.
L’ambiguité de cette conception légaliste de la légitimité réside dans le respect des institutions pour elles-mêmes, comme si celles-ci constituaient une fin en soi, sans que la volonté populaire puisse les modifier et en contrôler le fonctionnement.
Tous ces facteurs appellent une refonte en profondeur des pratiques démocratiques qui ne peut s’opérer qu’en direction d’une véritable démocratie participative. Dans une société qui tend à devenir de plus en plus » illisible », celle-ci a en effet pour principal avantage d’éliminer ou de corriger les distorsions dues à la représentation, d’assurer une meilleure conformité de la loi à la volonté générale, et d’être fondatrice d’une légitimité sans laquelle la légalité institutionnelle n’est que pur simulacre.
Cher Thulé,
Je fais bien la distinction entre la représentation (exercice
indirect ou délégué de la souveraineté sans mandat impératif)
et la démocratie directe (ce que vous appelez « participative »)
que l’on retrouve aussi dans la procédure de référendum.
Il me semble que l’on ne peut exclure, ni l’une, ni l’autre,
dans la pratique démocratique, car chacune a son rôle à
jouer et chacune n’est pas nécessairement la plus adéquate
pour opérer, qu’il s’agisse des sujets traités ou des niveaux
de décision. Au niveau local ou au sein des entreprises, la
démocratie participative peut être efficiente, au niveau
national, hormis le référendum, ou la consultation permanente
d’Etats Généraux sur tel ou tel sujet, pour concourir à
l’élaboration des lois, je ne vois pas comment l’on pourrait se
passer au final d’une représentation législative pour le vote
des lois.
Mon cher DC, la véritable clef de voûte de la démocratie participative, c’est le principe de subsidiarité. Il exige en effet
que les décisions soient toujours prises au niveau le plus bas possible, par ceux qui en subissent le plus directement les conséquences.
Il implique donc que les plus petites unités politiques détiennent des compétences autonomes substantielles et qu’elles soient en même temps représentées collectivement aux niveaux de pouvoir plus élevés. Il ne s’agit pas là de décentraliser. Dans la décentralisation, le pouvoir local n’est jamais titulaire que de la part d’autorité que le pouvoir central veut bien lui concéder : il ne représente qu’une délégation de ce pouvoir central, qui reste le noyau substantiel de la vie publique dans une logique strictement pyramidale de la société.
Avec la subsidiarité, c’est le mouvement inverse : le niveau local ne délègue aux échelons supérieurs que les responsabilités et les tâches dont il ne peut se charger lui même, il ne fait remonter au-dessus de lui que les compétences qu’il ne peut assumer, tandis qu’il résout par ses propres moyens tous les problèmes qui sont effectivement de sa compétence, en assumant lui-même les conséquences de ses décisions et de ses choix.
La subsidiarité représente donc un partage de compétences selon le critère de la suffisance ou de l’insuffisance : chaque niveau d’autorité conserve les compétences pour lesquelles il est suffisant. Il en résulte par exemple que chaque communauté, plutôt que de se voir imposer une offre standardisée de biens et de services, doit pouvoir librement décider par elle-même des biens et des services qu’elle estime lui convenir.
Le « principe de subsidiarité » qui consisterait à déposséder les
Français de l’exercice de leur souveraineté au niveau
national, quand bien même une démocratie participative au
niveau local et dans les entreprises permettrait des prises de
décisions au plus près des citoyens, n’est pas acceptable.
Tout gouvernement mène une politique nationale pour laquelle
les Français ont leur mot à dire, soit au moyen du
référendum, soit en élisant des représentants au Parlement.
Sans tomber dans l’égalitarisme, les Français sont attachés
au principe d’égalité qui permet de faire face : aux abus de
pouvoir, aux rapports de force en défaveur des plus faibles et
à la mise en concurrence de territoires, les uns par rapport
aux autres, riches et moins riches, dans un esprit d’unité et
de concorde nationale. Si ce principe aujourd’hui est
malmené, c’est précisément qu’il manque un pouvoir arbitral
à la tête de l’Etat, capable de permettre les conditions de
réalisation de cet équilibre et de l’harmonie, dans la société.
Renforcer la démocratie ne consiste pas à considérer que les
Français doivent pouvoir davantage s’exprimer uniquement là
où ils se trouvent (quartier, commune, entreprise), et par
contre se taire au niveau national, dès lors qu’à ce
niveau, une minorité se chargerait de conduire les affaires du
pays à leur place mais en leur nom, et sur lesquelles ils ne
seraient pas considérés comme suffisamment capables de se
prononcer. Nous sommes au XXI ème siècle, avec les
moyens de communication et d’enseignement du XXI ème
siècle, chacun est en mesure de se faire sa propre opinion
même si les médias et l’école ne sont pas
toujours à la hauteur de leur fonction.
« Restituer » la démocratie en bas, pour la « confisquer » en haut
est toujours une atteinte à la démocratie, qu’elle soit
participative ou représentative.
La solution n’est pas de séparer le bas du haut, mais de
renforcer l’expression et la participation en bas, et
d’équilibrer le haut, avec un pouvoir arbitral qui fasse
précisément le lien entre le bas et le haut.
La souveraineté doit-elle être centralisatrice, pyramidale, omnicompétente et séparée du peuple ou, au contraire répartie, autonome, fédérale et partagée ? C’est sur ce point, mon cher DC, que nous nous séparons.
Mon Cher Thulé,
La réponse à votre question est :
– pour ne pas être totalement séparée du peuple, il faut un
Roi arbitre, dans l’exercice de la souveraineté,
– la souveraineté peut-elle être fédérale, autonome ? Non elle
est nationale ou ne l’est pas.
– pour le reste, centralisatrice, pyramidale, ou répartie,
partagée, cela dépend du sujet traité, mais il ne s’agit alors
que de libre administration sur un territoire donné, ou de
démocratie sociale au sein de l’entreprise.
La nation doit demeurer le cadre pertinent pour l’exercice de
la souveraineté du peuple français, quelles que soient ses
composantes, et vis-à-vis de ce qui est extérieur à l’Etat
national (Union européenne et puissances étrangères). Pour
conclure, la souveraineté ne doit être exercée ni de manière
jacobine (l’Etat en impose à la Nation et à ses libertés), ni de
manière fédérale (les féodalités détruisent l’Etat), mais de
manière nationale et participative, avec un garant-arbitre
entre le peuple et ses représentants (le Roi).