Nous mettons en ligne, aujourd’hui, le texte d’une réflxion de Fabrice de Chanceuil* conduite du point de vue de l’écologie humaine.
Deux autres contributions suivront encore. Notre dossier, désormais à la disposition de tous, comportera donc, en fin de compte, un total de douze documents : « POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE « MARIAGE POUR TOUS » **.
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Environnement
L’écologie humaine, comme l’écologie proprement dite, est une discipline scientifique que le biologiste et philosophe allemand Ernst Haeckel (1834-1919) définit comme étant la partie de l’écologie qui étudie l’espèce humaine, son activité organisée, sociale et individuelle, et sa place dans la biosphère. Il existe même, en France, une Société d’Écologie Humaine, créée en 1987 à l’initiative de chercheurs et d’enseignants en sciences sociales et biologiques, convaincus des bienfaits de la pluridisciplinarité et ayant la volonté d’instaurer un lieu d’échange et une fonction de dialogue pour tous ceux qui s’intéressent à l’étude des relations des hommes et de leur milieu de vie.
Comme l’écologie, l’écologie humaine est entrée progressivement dans le champ politique. Alors que certains théoriciens ont conduit l’écologie à se penser en dehors de l’homme voire contre l’homme, l’écologie humaine, de par sa dénomination même, place l’homme au cœur de la réflexion. Toutefois, c’est sous la dénomination d’écologie humaniste que ce courant s’est d’abord manifesté, à partir des années 1970, en s’appuyant sur la philosophie de l’évolution et en prolongeant la tradition naturaliste des philosophes grecs antiques. Elle invite l’homme à une responsabilité éthique en interaction constructive avec son environnement évolutif afin d’optimiser la société humaine dans sa relation avec son biotope en vue de parvenir à un équilibre planétaire. Cette nécessité de solidarité de l’ensemble de l’espèce humaine, pour préserver son environnement et son meilleur développement, a inspiré une expression politique particulière d’écologie humaniste représentée notamment, dans les grandes assemblées des Nations-Unies, par le Président Jacques Chirac ou le Roi Mohammed VI.
En fait, il semble bien que ce soit le Pape Benoît XVI qui, le premier, ait cité l’écologie humaine dans sa perspective globale. S’exprimant en juin 2011 devant les nouveaux ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège, il déclarait: « L’homme, à qui Dieu a confié la bonne gestion de la nature, ne peut pas être dominé par la technique et devenir son sujet. L’écologie humaine est une nécessité impérative. Adopter en tout une manière de vivre respectueuse de l’environnement et soutenir la recherche et l’exploitation d’énergies propres qui sauvegardent le patrimoine de la création et sont sans danger pour l’homme, doivent être des priorités politiques et économiques ». Toutefois, dans l’esprit du Pape, l’écologie humaine n’entend pas simplement introduire une pensée humaniste dans les questions écologiques. Comme l’a écrit Joël Sprung, en février 2012, elle est bien plus que cela. Elle est une écologie intégrale qui absorbe dans un même élan de communion la personne humaine avec tout son environnement naturel et social. Fondée théologiquement sur l’universalité du salut qui embrasse tous les êtres vivants de la Terre, l’écologie humaine est un appel adressé à chacun pour qu’il reprenne conscience de ses responsabilités à l’égard du monde qui l’entoure. Elle est un décentrement, une redécouverte de la liberté intérieure et de ses responsabilités comme citoyen, qui doit conduire chaque homme à un témoignage de pauvreté évangélique, à une sobriété choisie et vécue dans le partage, à une solidarité universelle en actes et en définitive à un amour inconditionnel de la vie, singulièrement celle des plus faibles. « Il existe aussi une écologie de l’homme. L’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté. L’homme n’est pas seulement une liberté qui se crée de soi » avait déclaré Benoit XVI devant le Bundestag en septembre 2011 sous les applaudissements des députés allemands.
C’est manifestement dans cette dimension que se situe Tugdual Derville, l’un des porte parole des opposants au mariage pour tous quand il déclare au journal la Croix le 16 janvier dernier: « Un mouvement d’écologie humaine est en train de se lever. Je vois des similitudes entre ce mouvement et la naissance de l’écologie politique il y a quelques décennies (…) Il est stupéfiant que ceux qui, actuellement, prétendent incarner l’écologie, aient oublié ce qui fait l’essence de l’humanité ».
L’écologie humaine est-elle ou non une idée neuve? En tout cas, elle paraît bien partie pour durer.
Société
UN MARIAGE QUI EBRANLE LES INSTITUTIONS
Le gouvernement français, sur la base d’un des points du programme du candidat socialiste devenu Président de la République, a décidé de soumettre au vote du Parlement une loi autorisant le mariage de deux personnes du même sexe leur donnant, par la même, la possibilité de devenir parents par l’adoption voire même par la procréation médicalement assistée ou la gestation pour autrui..
Ce que certains pensaient pouvoir être adopté comme une simple formalité, soulève une opposition grandissante. Pour une fois, toutes les grandes religions monothéistes sont d’accord pour dénoncer une loi qui remet en cause l’assise anthropologique de notre pays. Même l’Église catholique, d’ordinaire assez prudente face aux phénomènes de société sur lesquels elle est souvent mal à l’aise alors même qu’ils contestent le plus souvent son message, est sortie de sa réserve pour dénoncer ce que Monseigneur André Vingt-Trois, le Cardinal Archevêque de Paris, a qualifié de « supercherie ».
Les partisans du « mariage pou tous » défendent celui-ci au nom de l’égalité, brandie comme une valeur républicaine, l’appel aux grands principes fondateurs de la République étant censé, par un curieux renversement de la sacralité, faire taire toute opposition. Le cardinal n’est certes pas fermée à cette rhétorique lui qui, il y a peu, disait, parlant de la laïcité, qu’elle était au cœur du pacte républicain. Le Pape Jean-Paul II lui même, lorsqu’il était venu en France en 1980, n’avait-il pas dit que la devise républicaine « Liberté Égalité Fraternité » était dans le fond profondément chrétienne ? Mais depuis, dans une société secouée par la crise et en perte de repères, le glissement des valeurs s’est accéléré, la liberté se transformant progressivement en licence, l’égalité en confusion et la fraternité en connivence.
La violence ainsi faite à la nation, en portant atteinte, au nom des valeurs républicaines, aux fondements civilisationnels de notre société, pourrait donc être de nature à remettre en cause le fameux pacte républicain et, au-delà, le ralliement des catholiques à la République. Il ne faut pas en effet oublier que celui-ci, voulu par le Pape Léon XIII il n’y a guère plus d’un siècle, n’a jamais été une demande d’adhésion des catholiques aux valeurs du régime mais l’acceptation de son système institutionnel afin justement de permettre aux catholiques de faire entendre leur voix dans le débat public. Il aura fallu attendre la Première Guerre mondiale et la fraternité des tranchées, entre croyants et incroyants, pour souder l’unité nationale autour du nouveau régime. En sapant aujourd’hui encore un peu plus le substrat moral de notre pays, le risque d’une crise de régime n’est donc pas à écarter.
On objectera que plusieurs pays catholiques, par ailleurs monarchiques, comme l’Espagne, la Belgique ou le Luxembourg, ont déjà étendu le mariage aux personnes homosexuelles. Sans minimiser l’ancrage spirituel de ces nations, dont on a peut-être cependant trop mesuré l’impact de la religion à ses manifestations extérieures, il est indéniable que la France ne tient pas son titre de Fille aînée de l’Église du hasard: si la foi y est plus discrète, elle y est aussi plus exigeante, y compris dans ses prolongements sociétaux. Elle est également la Patrie des Droits de l’Homme, ce qui, non seulement, n’est pas contradictoire mais est complémentaire: là aussi, plus exigeants que ceux qui s’en réclament volontiers, les chrétiens, plutôt que de défendre un individualisme compulsif et mortifère, estiment que le vrai droit humain réside d’abord dans l’épanouissement de la personne et en l’occurrence de la personne de l’enfant.
Au moment où quelques-uns, mal inspirés, renient leur pays pour protéger leur argent, la République devrait comprendre qu’elle ne peut guère s’offrir le luxe d’une sécession.
* Fabrice de CHANCEUIL : Le blogue de Fabrice de Chanceuil Quand la nature prend la parole
** Précédentes mises en ligne :
> 14.01.2013 : Jean-François Mattéi article du Figaro : « Mariage pour tous et homoparentalité« .
> 22.01.2013 : Chantal Delsol, entretien avec Jean Sévillia (Figaro Magazine).
> 29.01.2013 : Thibaud Collin, article dans Le Monde du 15 janvier.
> 5.02.2013 : Hilaire de Crémiers, note parue sur le site de Politique Magazine, le 15 janvier.
> 12.02.2013 : Sylviane Agacinski, conférence dans le cadre des Semaines sociales. (VIDEO) et entretien sur Europe 1 (VIDEO).
> 19.02.2013: Bruno Nestor Azérot, député de la deuxième circonscription de la Martinique (GDR), discours prononcé le mercredi 30 janvier à l’Assemblée Nationale. (VIDEO).
> 26.02.2013 : Daniel Godard, professeur de Lettres Classiques, une réflexion dont l’originalité est de se placer d’un point de vue linguistique qui fait entendre, dans ce débat, « la voix de la langue française« .
> 06.03.2013 : Bertrand Vergely, le point de vue du philosophe et théologien, la question du mariage gay appelle dix remarques.
> 12.03.2013 : Danièle Masson, agrégée de l’Université, « Paradoxe et mensonges du mariage pour tous«
La France : patrie des droits de l’homme ? A quoi correspond cette fumisterie ? Ces droits de l’homme jamais autant bafoués que sous la révolution française. D’abord les droits de l’homme sont bien plus anciens que la révolution de 1789. Ensuite, les pays du Nord de l’Europe peuvent nous donner des cours particuliers en matière de droits de l’homme. Nous n’avons rien inventé et nous respectons assez peu lesdits droits de l’homme dont nos politiciens cyniques se gargarisent avec leur pitoyable corollaire : France, terre d’asile.La réalité, hélas, rabat le caquet de ces prétentieux, donneurs de leçon à l’humanité entière.