Fondée en 1920 par Jacques Bainville, reprise par l’équipe de Politique magazine, la Nouvelle revue universelle – trimestrielle – est de la même qualité.
Elle se situe parmi les revues de réflexion comme Commentaires ou Esprit. Nous avons de la chance de disposer d’un tel instrument : à nous de la faire connaître !…
Un esprit nouveau souffle sur la Revue, une dynamique prometteuse s’installe : que chacun en profite, y participe et concoure à faire de la Revue, toujours plus et toujours mieux, le forum qui servira nos Idées en ces temps de crise, face aux évènements qui se préparent…
Abonnez-vous, faites abonner vos amis et connaissances, donnez des adresses de personnes susceptibles d’être intéressées :
Voici le « A nos lecteurs », par Christian Franchet d’Espèray, qui « ouvre » ce numéro : il a été écrit avant la manifestation du 24 mars – mais cela change peu de choses puisque cette journée a surtout confirmé et amplifié le mouvement du 13 janvier –, et aussi avant l’élection du pape François, qui a ouvert d’emblée de nouvelles et passionnantes perspectives pour l’Eglise romaine, pour les chrétiens en général et même pour tous les Français.
Enfin, sachez-le, Christian Tarente consacre un article au nouveau pape dans le prochain Politique magazine, qui sort très bientôt….
La France est de retour !
par Christian Franchet d’Espèrey
Dolente et souffreteuse, grabataire et fiévreuse, elle ne manquait pourtant pas de médecins à son chevet. Mais tant de doctes praticiens rassemblés pour découvrir que seule… l’aggravation de son mal parviendrait à la sauver ! Où es-tu, Molière ?… Bref, cette pauvre France était au plus mal, elle se traînait de crise en crise, souffrant de perte de mémoire et de troubles identitaires. Pire, elle finit par contracter une dérive anthropologique aiguë, un mal affreux, long et difficile à résorber.
Nous en étions là… A vrai dire, nous en sommes toujours là, si ce n’est que deux évènements inattendus sont venus nous remettre au cœur une dose d’espoir que nous n’attendions plus.
Premier évènement : l’immense clameur poussée par le peuple de France en réponse à un projet de loi proprement insensé, dans toutes les acceptions du terme. Ce que nous avons appelé ici-même le « cri d’Antigone », cet appel sacré aux lois inviolables, a déchiré la nuit. Des portes de Paris au Champ de Mars, une triple marée humaine a déferlé. Les images qu’on en a prises ont fait le tour de la terre. Les quelques peuples déjà soumis à la nouvelle barbarie, ou en voie de l’être, comme tous les autres qui nous regardent, stupéfaits, sombrer dans la décadence, tous ont vu ce million de personnes défiler sur le pavé parisien non pour défendre leurs salaires, leurs « droits acquis » ou leurs privilèges, mais pour défendre l’être humain contre ceux qui s’acharnent à le détruire.
Immense clameur… Immense soulagement, aussi, à la face du monde : le peuple français existe encore ! On le croyait moribond, peut-être déjà mort… et il a bougé, il s’est redressé, debout il s’est mis en marche, tout au bonheur de se retrouver, et de crier et chanter pour soutenir la plus irréprochable, la plus irrécusable, la plus irréfutable des causes. Contre une pression dominante qui paraissait insurmontable, cette foule a fait éclater sa vitalité retrouvée. De la braise, une flamme a jailli… elle peut faiblir, vaciller, mais elle ne doit plus s’éteindre. À chaque instant, nous devons être prêts à réveiller cette ardeur – non pour elle-même, mais pour qu’après avoir réchauffé les cœurs, elle serve àrendre un avenir à l’intelligence.
Deuxième évènement, concomitant, bien qu’à 4000 kilomètres de là. C’est la terre africaine qui nous l’a offert. La grande épopée coloniale française, déployée dans des circonstances multiples et à des époques successives, a été marquée à la fois d’heures glorieuses et de lourdes ambiguïtés, qui ont laissé des souvenirs amers mais aussi des traces historiques indélébiles d’amitié et de solidarité. Quand est venu le temps incertain de la décolonisation, des efforts – insensés là encore – furent faits pour que nous doutions de nous-mêmes dans un sempiternel état de repentance. Il est sûr que le grand mouvement qui a poussé des Français, depuis le XVIe siècle, à aller s’installer partout dans le monde ne s’est pas fait sans heurts, sans violences, sans injustices. Il est sûr, notamment, que l’exportation de nos « valeurs démocratiques », de nos pseudo-droits de l’homme et de notre matérialisme n’a pas fait que du bien. Il reste que cette grande confrontation de peuples a eu beaucoup d’effets bénéfiques : ce sont ceux-là qu’il faut, aujourd’hui encore, privilégier et développer. Toute une idéologie « anticolonialiste » a prétendu nier cette réalité profonde que la France recèle, dans sa culture et dans son être même, des trésors d’amitié, de générosité, de don de soi, d’ouverture aux autres qu’elle a le droit et le devoir de répandre partout où sa présence peut être reçue. Nos amis maliens ont fait fête à nos troupes débarquant à Bamako : c’est l’âme même de la France qui répondait à leur appel. Et tant pis pour les grincheux et les pisse-froid qui ont hurlé à l’aventure néocoloniale.
Toute idée de « recolonisation », certes, est absurde : comme le dit l’antique sagesse, on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve. La colonisation du XIXe siècle a vécu et ne reviendra pas. Mais il est tout aussi vrai – d’une vérité profonde – que les liens qui unissent la France aux Africains francophones – liens exclusifs, comme ceux d’un cousinage… – ont été tissés par notre histoire commune : cette histoire, nous pouvons et devons, avec eux, la regarder en face, sans honte ni mauvaise conscience, lucides sur ses ombres et ses lumières, mais sans que nous cessions jamais de tendre la main à tous ceux-là qui, dans le continent noir, rêvent de la France. Voilà le sens à donner à la présence de nos soldats au Mali. Après avoir chassé les barbus islamistes du désert, ils doivent ouvrir la voie à des coopérants de toutes sortes, enseignants, ingénieurs, techniciens, avant que n’accourent des o.n.g. anglo-saxonnes venus servir de paravent à des intérêts douteux. Certes, entre les touaregs et les populations noires du sud, les relations ont de tout temps été tendues. La démarche que dicte le bon sens est de profiter de notre prestige retrouvé – qui est celui de la France, et d’elle seule – pour les aider à trouver une solution politique durable. Enfin un authentique projet digne de notre destin !
« La civilisation qui se construit n’a pas simplement besoin de technique et de moyens. Elle a essentiellement besoin d’une inspiration qui puisse donner un sens à ses prodigieuses ressources et les mettre vraiment au service de la condition humaine. » (Cardinal Jean Danielou, peu après mai 1968).
Pour la génération de ceux qui ont eu 20 ans en 1968, et donc 60 en 2008, cette période de quarante années fait désormais figure de nouvel entre-deux guerres : les illusions lyriques des barricades de la rue Gay Lussac portaient en germe la débâcle finale, le débarquement à Obama Beach de la crise des subprimes. Une crise financière ? Sans doute mais, d’abord et surtout, une crise de l’intelligence, qu’un cardinal Daniélou avait diagnostiquée dès l’origine et qui n’a cessé de s’aggraver. Crise de la raison, crise du sens. Et d’abord du sens des mots. On connaît l’ambiguïté sémantique des mots libéral et libertaire :une des tâches que s’est fixées la Nouvelle Revue universelle est de contribuer à la lever. Mais l’expérience le prouve : quand le libéral rencontre le libertaire et s’accorde avec lui, ce n’est pas seulement que la liberté vraie est menacée, c’est d’abord que l’intelligence est terriblement atteinte. Les victimes de ce symptôme – aujourd’hui à l’état pandémique – prennent pour une joyeuse fièvre du samedi soir la redoutable fièvre quarte qu’ils ont contractée. Le virus est là, et il est mortel.
C’est pourquoi, comme nous l’annoncions dans notre dernier numéro, Antoine de Crémiers a pris à bras le corps « les impasses et l’impuissance de notre bel aujourd’hui », impasses dans lesquelles nous sommes complètement bloqués, et impuissance qui nous mine. Nul pessimisme dans son approche, mais un regard clinique aiguisé : son diagnostic s’appuie sur les réflexions d’un grand nombre d’observateurs de notre temps. Quelle place réelle la modernité accorde-t-elle à démocratie, et plus généralement à la politique ? Entre pratique économique réaliste et idéologie philosophique équivoque, où situer le libéralisme ? La Nouvelle Revue universelle n’a pas fini d’en débattre. Antoine de Crémiers en assure une impressionnante ouverture de rideau.
Première et immédiate illustration : François Reloujac dénonce le rôle joué dans la genèse de la crise par la démission des hommes politiques, c’est-à-dire par la négation, dans une inconscience tragiquement coupable, de la seule règle d’or qui tienne, une règle en or massif : politique d’abord.
Autre illustration proposée, cette fois, par Gilles Varange. Pour la politique mondiale, l’année 2013 va, selon toutes probabilités, rester marquée d’une pierre noire bien plutôt que blanche : la fameuse modernité mondialisée va voler en éclats. Non sans faire beaucoup de dégâts. La satisfaction intellectuelle de ceux qui n’ont cessé de l’annoncer ne pèsera pas lourd à côté de la tâche immense de reconstruction qui les attend, qui nous attend…
Une sauvegarde a cependant été maintenue : notre dissuasion nucléaire. Mathieu Epinay nous raconte cette étonnante aventure dont on retiendra l’exceptionnelle valeur d’exemple. Tous nos chefs d’Etat l’ont respectée : « La fonction conférerait-elle un sens plus aigu du sacré ? Non, c’est plutôt que sa gravité stimule une réflexion objective et pragmatique. » Il y a là non seulement une garantie pour l’avenir, mais une démonstration que, quand la France veut, elle peut.
Mais ne rêvons pas trop vite, la modernité, pour mieuxprotéger ses laboratoires où il est fait défense à Dieu d’entrer, n’hésite pas à aller au-delà d’elle-même. Grégor Puppinck voit dans la Cour européenne des Droits de l’Homme le symbole même d’une postmodernité fondée sur un relativisme et un subjectivisme érigés en absolu. Sa jurisprudence entend transformer le mécanisme de protection des droits de l’homme en une machine à propager et imposer la postmodernité aux Etats, fussent-ils réticents ou hostiles.
La dénaturation du mariage est une des manifestations de cet état d’esprit. Dans une petite fable, dont l’apparence charmante ne peut dissimuler ce qu’elle a de terrifiant, François Schwerer nous fait entrer de plain-pied dans le meilleur des mondes, tandis que le poète Claude Wallaert nous montre que Créon triomphant ne saurait échapper au châtiment : il lui promet « la mort des rats ».
Le prophète exigeant et doux que, par un jour d’avril 2005, un conclave nous a donné pour pape, sous le nom de Benoît XVI, a donc estimé que, pour le bien de l’Eglise, son devoir était de se retirer. Ceux qui se croient autorisés à le critiquer seraient avisés de s’interroger sur ce que signifie réellement « servir jusqu’au bout le bien commun ». Notre directeur, Hilaire de Crémiers, a expliqué le sens à donner à ce retrait, qui n’a, naturellement, riend’une « démission », car elle doit tout à l’ultime lucidité d’un homme qui sait mieux que personne comment l’Eglise doit être conduite dans le temps que nous vivons. Son geste est une parfaite illustration d’une phrase de son encyclique sur l’espérance, Spe Salvi, que Xavier Walter aimait à citer : « Tout agir raisonnable et loyal est espérance en acte ».
Un précepte que ne récusera pas Dom Philippe Piron, Abbé de l’abbaye bénédictine de Kergonan, à l’entrée de la presqu’île de Quiberon, si actif pour faire vivre et croître sa communauté.
Nous le remercions de nous avoir autorisés à publier le texte de la belle homélie qu’il prononça, par un 21 janvier enneigé, en l’église Saint-Germain l’Auxerrois.
Christian Franchet d’Espèrey
Bonjour,
La Nouvelle revue universelle est-elle vendue par numéro ?
Dans l’affirmative quels sont ses coût et mode de règlement ?
Cordialement.
Cher Monsieur,*
J’ai longtemps collaboré à la NRU du temps du regretté Xavier Walter qui était devenu un ami.
Je viens de terminer un article sur le thème »La Russie après les Jeux olympiques ».
Je serais heureux de vous l’adresser si vous pense qu’il serait susceptible de vous intéresser.
Bien cordialement
Yves Marie Laulan ancien président du Comité économique de l’OTAN, président de l’Insitut de Géopolitique des Populations.
(A Yves-Marie Laulan) Nous vous avons effectivement lu, longtemps, dans la NRU et avons apprécié chaque fois la qualité et le sérieux des articles que vous y écriviez. Et, comme vous, nous regrettons Xavier Walter…
Bien sûr, nous serions très intéressés par un article de vous sur « La Russie après les Jeux Olympiques », et nous serions très honorés de la marque d’estime que vous nous manifesteriez en nous l’envoyant; le publier serait pour nous un réel motif de satisfaction…
en écoutant r c un invité a prononcé le non de la revue je découvre avec un grand bonheur la page