L’actualité nous rappelle l’impérieuse nécessité d’un Etat fort, voire interventionniste si l’intérêt national est en jeu, si le « pré carré » est menacé. C’est, au-delà des différences de nature et de degré, la conclusion que l’on peut tirer de la décision de la commission de Bruxelles contre la S.N.C.M., des difficultés financières de l’actionnaire principal sud-coréen des ex-Chantiers de l’Atlantique ou encore des visées de la société américaine Yahoo! sur la française Dailymotion.
Plutôt étrangers, si ce n’est hostiles, à cette approche, les médias préfèrent, anniversaire oblige, se battre à coups de sondages, de pourcentages et de statistiques sur le bilan de la première année du quinquennat. C’est vraiment se faire, et répandre dans le pays, une piètre idée du chef de l’Etat (quel qu’il soit) que de le traiter comme le P.-D.G. d’une grande entreprise. C’est de toute façon se poser des questions bien inutiles puisque tout le monde a la réponse, M. Hollande ayant « accompli » deux tâches qui paraissent importantes : l’intervention militaire au Mali et la légalisation du « mariage pour tous ».
Quel contraste entre les deux ! D’un côté un chef de guerre, dont l’autorité institutionnelle ne souffre aucune contestation (et c’est tant mieux), de l’autre un ex-candidat prisonnier des gages à donner à certains groupes de pression (et c’est tant pis). Cette ambiguïté reste malheureusement la marque de fabrique des présidents successifs. Porté au pouvoir par quelque chose qui ressemble fort à un plébiscite, le président de la République n’est évidemment pas ce « monarque républicain » que l’on se complaît à dénoncer. Au moins – mais n’est-ce pas la moindre des choses ? -, jouit-il de quelques attributs régaliens : « irresponsabilité » sur les plans politique et judiciaire, pouvoir de nomination et de dissolution, autorité sur les armées, etc.
Or, c’est bien contre cela – contre ces dernières digues – que M. Mélenchon propose l’instauration d’une VIème République, dont on comprend bien qu’elle aurait tous les inconvénients de la Vème (le principal étant l’existence de factions luttant pour le pouvoir) et aucun de ses avantages (le principal étant la primauté de l’exécutif). Mais M. Mélenchon est un jusqu’au-boutiste enragé : ne lit-on pas dans L’Humain d’abord (programme du Front de Gauche) : « Nous voulons renforcer et amplifier la souveraineté directe du peuple » ? Verbiage délirant et mensonger dont l’Histoire a montré les conséquences funestes. On sait trop à quelles extrémités pourrait conduire un dépérissement de l’Etat.
Samedi 4, sur France 3, rediffusion de l’excellent Louis XI, avec Jacques Perrin. Une superbe leçon de réalisme politique au service de la France, mais une leçon au goût amer : si aujourd’hui, comme au quinzième siècle, les « féodaux » jouent toujours contre la France, ils n’ont plus en face d’eux un Etat « royal » mais un Etat contesté et diminué, du fait même qu’il est aux mains d’une faction.
Il me semble que la conclusion n’est pas assez explicite : ne conviendrait-il pas, en effet, de souligner la différence de nature entre un Etat fort, « royal » car indépendant des factions et la caricature d’Etat à laquelle aboutirait les voeux de Mélenchon et consorts, sorte de tyrannie, forcément sanglante, de la canaille ?
Plus je vois et écoute le sieur Mélanchon et plus il me faut penser au chef nazi Ernst Röhm, assassiné lors de la nuit des longs couteaux. La même grande gueule, la même démagogie exacerbée, les mêmes promesses de grand soir, les mêmes coups de menton, les mêmes gloussements de vanité. Quelle carrière splendide aurait-il fait sous l’oncle Adolph. Tragique destin d’être né à la mauvaise époque, au mauvais lieu, à la mauvaise heure !
La dénonciation du « populisme », dont Mélenchon est un des représentants, vise trop souvent à désarmer la protestation sociale, tant au sein d’une droite avant tout soucieuse de ses intérêts que d’une gauche devenue massivement conservatrice et coupée du
peuple.
Elle permet alors à une Nouvelle Classe vénale et corrompue, dont le principal souci est la « délégitimation de tous ceux pour qui le peuple est une cause à défendre au profit de ceux pour qui le peuple est un problème à résoudre » de regarder le peuple avec dédain.
Que le « recours au peuple » puisse à lui seul être dénoncé comme une pathologie politique, voire une menace pour la démocratie, est à cet égard révélateur. C’est oublier qu’en démocratie, le peuple est l’unique dépositaire de la souveraineté. Surtout quand elle est confisquée.
Pourriez-vous préciser ce que vous entendez par « peuple » et dire clairement si, à votre avis, Mélenchon représente ce peuple ?