Le 28 Mars dernier une information de la plus haute importance pour la vie d’un pays, et le nôtre en particulier a tourné en boucle toute la journée. Il s’agissait de présenter les chiffres de la démographie. Néanmoins l’insistance et la lourdeur du procédé ne pouvait qu’inciter à quelques interrogations et à beaucoup de méfiance. À partir d’un rapport de quatre pages rédigé par l’INED (Institut National d’Études Démographiques) N° 498, Mars 2013, le Figaro titrait : « Les Français champions de la natalité malgré la crise ». Tous les media usèrent de titres et de présentations aussi dithyrambiques. Le titre du rapport lui-même était moins claironnant « France 2012 : fécondité stable, mortalité infantile en baisse ». (lien : http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1634/publi_pdf1_population_societes_2013_498_fecondite_mortalite.pdf
Et c’est en vain que l’on cherchera plus de détails sur la composition de cette merveilleuse fécondité.
Rien n’a notablement évolué depuis la polémique de Novembre 1998, lancée par Hervé Le Bras (photo, ndlr) contre madame Michèle Tribalat.
(lien : http://olivier.hammam.free.fr/imports/user-ined/presse-publique/lemonde0611-10.html) et les suivantes.
La nature de la querelle initiée par un gourou démontre bien que la démographie n’est pas réellement une science exacte et autorise facilement que la politique s’y installe. Cet intellectuel marxisant, excipant de son titre d’ingénieur de Polytechnique, ce qui ne se traduit nullement par la moindre rigueur scientifique dans ses publications, met sur le marché à jets continus, des contrevérités très arrangées, élucubrations théoriques difficilement étayables par des observations. Ce fut « L’invention de la France « (1981, réédité en 2012) et aujourd’hui « Le mystère français » avec son alter ego, lui aussi marxisant Emmanuel Todd, autre coqueluche des media.
Ce qui se veut de l’Histoire n’apporte rigoureusement rien de plus que les travaux de Braudel, Duby, Sauvy ou Chaunu (qui l’a cependant soutenu), mais avec la volonté évidente et délibérée d’évacuer le fait religieux et ethnique. « Oubliant » dans les évènements migratoires des décennies précédentes que les flux étaient de religion chrétienne dans l’immense majorité. Et cherchant à forcer une intégration impossible de l’islam. Avec des remarques de Le Bras dans un entretien à La Croix (31 Mai 1012), du genre «…Dès le début de L’Invention de la France, nous expliquons que c’est un pays constitué de populations d’origines très diverses. Donc, se plaindre de la diversité actuelle, c’est méconnaître l’histoire de la France. Certes, avec quelques brutalités – comme pour l’apprentissage du français et le confinement des langues régionales, le breton, l’alsacien ou le basque –, on est arrivé, aux XIXe et XXe siècles, à faire un pays qui est à la fois très divers mais qui se ressent aussi comme une nation. Et tout d’un coup, cette capacité de la France à faire nation serait perdue ? Nous pensons le contraire. Plutôt que de s’inquiéter du débat sur la soi-disant identité nationale ou sur la menace islamique, nous nous sommes dit que notre livre apportait une réponse positive : la République et la nation continuent à se forger avec des apports ethniques et culturels extérieurs. Je pense que le sentiment d’être un étranger pour un Breton qui arrivait à Paris à la fin du XIXe siècle devait être plus fort que pour un jeune Algérien ou un jeune Malien qui débarque aujourd’hui après avoir fait des études secondaires dans son pays … ».
Et tout le reste de la même encre.
Le Bras est parvenu à imposer par une décision du Conseil Constitutionnel (tant pis pour les chercheurs) une interdiction de procéder à des classifications par religions et ethnies (Loi relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile, Décision n° 2007-557 DC du 15 novembre 2007, cf. alinéa 29).
Dans le même temps l’ostracisme a frappé Michèle Tribalat. Il est illusoire et intellectuellement malhonnête de prétendre faire de la démographique en occultant des zones de recherches pour des raisons idéologiques, démarches qui nous rapprochent de Lyssenko … De plus à l’heure où les moyens de mesures sont de plus en plus performants et faciles en mettre en oeuvre. Et dans une situation d’une impérieuse nécessité. Nous trainons la règlementation AME (Aide Médicale d’Etat), merveilleuse trouvaille de Kouchner – Aubry (2000, gouvernement Jospin), ouvrant les soins aux résidants irréguliers. A titre d’exemple : quand madame Tchétchène, enceinte, arrive en France par des filières illégales, elle accouche d’un petit tchétchène automatiquement français. Le bilan de l’AME mérite clairement d’être chiffré et publié.
Nous en étions là de nos réflexions, quand nous avons croisé un article du New York Times publiant un sondage sorti des urnes sur la nature des votes à la dernière élection présidentielle américaine.
(lien : http://elections.nytimes.com/2012/results/president/exit-polls)
L’excellent trimestriel de Sciences Politiques, Commentaire, publie dans sa livraison de Printemps 2013, N° 141, la reproduction du papier. Nous ne rapportons que les critères retenus dans le tableur qui sert à étudier le fondement de l’élection.
1 – Hommes
2 – Femmes
3 – Les âges
4 – Race et ethnicité: Noirs, Asiatiques, Hispaniques, Blancs
5 – Statut personnel ou familial: gay lesbienne ou bisexuels, non mariés, femmes actives avec enfants de moins de 18 ans, parents d’enfants de moins de 18 ans, couples mariés
6 – Niveaux d’éducation : sans diplôme du secondaire, diplômés du secondaire, passage en collège, post graduate
7 – Situation financière : améliorée, inchangée, détériorée, et un classement de 30.000 $ à 200.000 $ annuel
8 – Opinion politique : démocrate, libéral, modéré, indépendant, conservateur, républicain
9 – Zones d’habitation
10 _ Religion : catholiques, juifs, protestants, un service religieux au moins une fois par semaine, protestants blancs, White born again
Notons au passage que la religion musulmane n’est pas citée …Tout est ainsi résumé : la plupart des grands pays ne s’interdisent pas de recenser leur population selon les critères ethniques et religieux. Ne pas le faire ouvre la porte à beaucoup d’élucubrations et rend illisible l’inversion de population qui se déroule sous nos yeux. Et dans le pire des cas en invoquant le fameux « France terre de migrations », comme insistent nos deux intellectuels ci-dessus.
Le summum de l’imposture est atteint avec ce critère asséné sans jamais aucune démonstration d’un développement économique lié la démographie (c’est en général l’Allemagne qui est visée, en lui promettant un sévère déclin). Jusqu’à ce que des économistes agacés finissent par rappeler que la plus grande progression démographique de ces dernières années est l’Afrique. Avec le développement économique que l’on connait !
Peut-on espérer voir l’Université se dresser un jour contre cette règle absurde qui rend sans objet toute étude sur la population française ? Dans un carcan relevant d’un pur obscurantisme, indigne de la tradition de chercheurs de notre pays. Quand on lit les trajectoires de Le Bras (http://fr.wikipedia.org/wiki/Herv%C3%A9_Le_Bras) et sa vindicte contre tous ceux qui s’écartent du chemin balisé qu’il a tracé (comme Gérard Calot http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_Calot ), on ne peut nier que cette matière est aujourd’hui entre les mains d’un commissaire politique. Lui et ses compères cultivent une maladie désormais bien identifiée, et de mieux en mieux dénoncée: le déni de réalité.
L’hebdomadaire économique britannique The Economist l’avait mis à la Une le 31 Mars 2012), et Les Echos du 29 Avril 2013, dans une page d’entretien avec Henri De Castries, patron d’AXA (ci-dessous) « la France doit sortir du déni de réalité ».
Oui, des certitudes sectaires infectent des pans entiers de l’Université.
Un peuple en train d’être effacé.
http://www.france-catholique.fr/Un-peuple-en-train-d-etre-efface.html
Voici un texte de Dominique Daguet recueilli dans l’hebdomadaire France Catholique. Ce qu’il décrit complète le papier de Champsaur dans LFAR. Ce que Renaud Camus appelle le grand remplacement se déroule désormais sous nos yeux sans que les démographes aient les outils statistiques pour mesurer l’évènement.
Car on les leur a retirés.
Une poignée de gauchistes hérités de mai 68 se sont arrogé le droit de décider ce que les chercheurs en démographie étaient autorisés à dire. Or la tragédie que nous vivons mérite qu’au minimum, chacun soit objectivement éclairé comme nous devons l’être au pays de Voltaire. Les contorsions telles que les décrit Daguet, obligeant à passer par des déductions acrobatiques pour avoir une photographie juste de la situation, ne sont plus acceptables.
Il devient impératif que l’on mette tous nos élus devant leur responsabilité, rangeant au rayon des coquetteries intellectuelles, un humanisme de café du commerce qui interdirait de répertorier des critères ethniques. Cette omerta institutionnalisée n’est plus acceptable.
Peut-être la confrontation quotidienne des réalités sera-t-elle plus puissante que les statistiques impossibles des chercheurs car il ne suffit pas de publier des chiffres, il faut pouvoir s’en servir.
Par ailleurs les « moyennes » sont adoucissantes alors que la grande variation d’empreintes des territoires est carrément palpable. Des territoires entiers ont basculé.
Les travaux universitaires ne sont pas la panacée ni le meilleur support d’une politique sociale. La volonté prime.
Hélas !
Sébastien Morge a une approche différente du « grand remplacement » qui ouvre un champ d’investigation moins arithmétique mais plus inquiétant : et si l’Etat s’était littéralement incarné, libéré, frankensteinisé, jusqu’à suivre son dessein propre en échappant à tout contrôle ?
http://sebastienmorge.com/1632
Une fois n’est pas coutume, cher @catoneo, mais je ne partage pas vos analyses. La démographie est une science de plus en plus exacte. Les instruments d’observations et de mesure s’améliorent constamment, plus précis qu’au début des études d’Alfred Sauvy ou de Chaunu. Alors que leurs travaux furent remarquables sans avoir les puissances de calculs informatiques dont nous disposons aujourd’hui. La statistique n’intervient que pour partie dans cette matière, l’essentiel qui nous occupe relevant de la numération et du comptage. Exactement comme un recensement. Le dénommé Sébastien Morge n’est pas démographe, et son approche comporte une erreur désormais classique, celle de considérer que le grand remplacement procède de la seule immigration. Or le changement de civilisation se fait essentiellement par le droit du sol. Ce qui est invisible, en tout cas beaucoup moins que les flux du camp des saints, mais dont le résultat est catastrophique. C’est justement pour cette raison que les démographes devraient pouvoir travailler sans censure sur les classifications ethniques ET religieuses. Sans des mesures justes nous parlons dans le vide, et la simple observation visuelle « au doigt mouillé » est d’un consternant empirisme. Des recensements précis seraient sans appel. C’est le sens du papier de Daguet. Et ne brulons pas les étapes. Les décisions politiques ne pourront se prendre qu’avec des rapports justes entre les mains.
Un chiffre circule : en 1968, 610.000 musulmans en France, en 1988, 2 millions, en 2009, 8 millions, et projection en 2030, 28 millions soit 40% de la population. Vrai ou faux ? Pour ma part je n’en sais rien, car la Loi a été faite pour qu’on ne le sache pas. C’est clairement inacceptable.
Je voulais seulement dire que le mieux fondé des rapports démographiques ne servira à rien s’il n’y a derrière aucune volonté de réforme de la gestion des migrants.
Regardez l’impact des rapports de la Cour des comptes sur la Dette, les rapports sur la retraite par répartition, les rapports sur le coulage dans les prestations sociales, ceux sur la corruption des édiles… etc..
Sans entrer dans l’épineuse question des critères de classification des gens – on peut y passer notre belle jeunesse – à quoi bon savoir exactement qui et combien sommes-nous en France.
Le doigt mouillé en Île-de-France me suffit ; il vous suffit de tourner pendant une semaine ici pour avoir tout compris sans le secours d’aucun « expert ».
Cité dans ce billet de Champsaur l’Aide Médicale d’État. Il est heureux que quelques députés plus éveillés que d’autres, finissent par se poser la question de cette disposition invraisemblable, véritable aspirateur de clandestins.
Mais le véritable scandale est cette propension des sectaires qui nous gouvernent à cacher les chiffres. C’est le point de départ de tous les mensonges sur l’immigration.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/10/23/01016-20131023ARTFIG00482-sans-papiers-alerte-sur-l-aide-medicale.php
Madame Marisol Touraine, quelle idée vous faites vous de la représentation nationale ? Celle du chapitre « pas de liberté pour les ennemis de la liberté » ?
Dans une chronique du 19 Octobre 2012 du FigMag D’Orcival avait déjà dénoncé le scandale de l’AME dans le précédent budget. Mais quand il s’était agi de revoir cette aberration, le très flexible monsieur Copé avait voté pour la conserver. Ils sont vraiment interchangeables …
Un oubli important : s’agissant de l’AME , nous ne parlons pas de statistiques mais de pointages précis. Au travers de deux instruments d’usage obligatoire pour les praticiens, le SNIR et le RIAP. Chiffres qui remontent au niveau des cabinets des administrations concernées, Ministre et Sécu. Donc la totalité des irréguliers est parfaitement connue. Que ceux d’entre nous qui ont des amis toubibs leur demandent leurs chiffres au niveau d’un cabinet ou d’un hôpital, dans des zones de refuges-des-populations-qui-sont-une-chance-pour-la-France. Je vous assure que les chiffres sont effarants.