Dans la fable d’Orwell, La Ferme des animaux, les cochons inscrivent sur un mur, qui n’est pas encore celui de la honte, les grands principes de l’animalisme. Guidé par l’idéal révolutionnaire, le septième et dernier principe proclame que « tous les animaux sont égaux ». On sait comment la fable se termine. Quand le nouveau pouvoir a fait son œuvre, l’âne Benjamin constate que le précepte égalitaire a pris une curieuse inflexion : « tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres ».
C’est ce que l’on constate en France depuis l’avènement de la gauche morale : tous les citoyens sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres. Quand des centaines de milliers de personnes manifestent contre un « changement de civilisation », c’est-à-dire le mariage homosexuel, elles sont stigmatisées par les autorités et maltraitées par la police, femmes et enfants compris. Le ministre de l’Intérieur n’a pas alors de mots assez durs pour défendre « l’ordre républicain » contre « l’idéologie de Vichy » et traiter les manifestants pacifiques d’« extrémistes de droite ». Tous ceux qui ont l’incorrection de défendre d’autres principes que ceux du pouvoir en place sont accusés de déchirer « le pacte social ».
Mais quand, au cours de la fête du couronnement du PSG, quelques centaines de casseurs mettent à sac tout un quartier de Paris, autour du Trocadéro, et viennent polluer la plus belle avenue du monde, la gauche morale et égalitaire cherche à minimiser les dégâts, à imputer la responsabilité à des casseurs professionnels, voire encore, comme l’a fait M. Cambadélis, à établir un rapprochement surprenant entre les manifestants contre le mariage pour tous et les adeptes de la violence pour quelques uns. Quant au Maire de Paris, il se contente d’invoquer benoîtement les agissements d’« une poignée de perturbateurs ». À ses yeux, en effet, « les débordements ont été contenus, et la fête n’a pas été gâchée ».
Comme les émeutes de l’automne 2005, que l’on a qualifié d’« urbaines », alors que l’urbanité française évoquait traditionnellement une courtoisie raffinée, les émeutes parisiennes du 13 mai soulignent les deux maux qui ravagent notre pays. Ces maux ont un seul et même nom : c’est la barbarie. Elle ronge, puis détruit ce que l’on appelait autrefois la civilisation. Lorsque le Marquis de Mirabeau créa ce néologisme dans L’Ami des hommes, il y reconnaissait la perfection de l’humanisation grâce aux Lumières apportées par la science et la vertu. La barbarie ne peut supporter, avec le civisme, la civilisation.
Mais il y a deux façons de mettre à mal la civilisation. D’abord, la barbarie furieuse, que les Romains nommaient ferocitas, et qui s’étend aujourd’hui des banlieues à une cité que l’on n’ose plus appeler la « Ville Lumière ». C’est elle qui se manifeste dans les débordements de violence qui affecte les personnes et les biens, et davantage encore la civilité d’une nation. Mais il y a aussi la barbarie douce, ou vanitas, qui tient moins de la vanité des hommes politiques que de leur vacuité. C’est elle qui fait le lit de la précédente en minimisant ses effets ou en lui trouvant des excuses.
Or, il est de fait que les socialistes, infidèles à leur idéal d’égalité, traitent avec un mépris souverain ceux qu’ils ne reconnaissent pas comme des citoyens à part entière. Ils les rejettent dans les ténèbres de la Réaction, de la Droite et de l’Extrême-Droite, sans jamais admettre que leurs adversaires pourraient avoir, parfois, raison de se révolter contre des injustices. Au contraire, ils réservent leur mansuétude à tous ceux qu’ils considèrent comme des exclus, quels que soient les actes qu’ils commettent, pour mieux faire état de leur belle âme.
Ce qui est directement en cause, dans l’escalade de violence et de démission que nous connaissons dans notre pays, c’est l’existence d’un espace public que tous les citoyens devraient respecter, quels que soient leur choix politique, leur origine ethnique ou leur foi religieuse. Il est de la responsabilité de l’État d’instaurer cet espace de partage, par son rôle législatif, ou de le restaurer, par son action préventive et répressive. Mais quand l’autorité de la république est bafouée, l’État de droit se soumet insensiblement à l’état de fait, et on légalise par faiblesse toutes les formes de violence.
Les émeutes para-sportives de Paris, comme les manifestations contre le mariage homosexuel, mettent en évidence la duplicité du pouvoir socialiste. Quand il se trouve confronté à des difficultés, il tend à impliquer ceux qu’il ne reconnaît pas comme des citoyens, alors qu’il se montre conciliant envers ceux qui ne se reconnaissent pas comme des citoyens. C’est là un trait de beaucoup d’esprits forts que Rousseau avait dénoncé en son temps : « Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d’aimer ses voisins ». Un esprit mal intentionné pourra entendre : tel socialiste aime les Barbares pour être dispensé d’aimer ses voisins.
On comprend l’ennui du pouvoir socialiste, c’est une partie de son électorat qui a « ANIME » le XVIème arrondissement.
Au fait à quand des charters payés par les contribuables pour envoyer ces voyous mettre de l’ambiance au QUATAR?????
je ne suis pas certain qu’ils y feraient le centième de ce qu’ils font chez nous.
« Kostas » Cambadelis est un lambertiste chic, nourri au sein de l’insurrection urbaine. Il connaît son sujet et se plaît à confondre ses adversaires, pâles amateurs.
Avec un million de manifestants il aurait renversé la République ! C’est cela son message subliminal.
L’anarchique prolifération de violences de toutes sortes fait peur, à juste titre, mais cette peur est instrumentalisée.
La politisation des peurs urbaines pousse les pouvoirs publics à nourrir délibérément les inquiétudes, plutôt qu’à châtier les individus dangereux.
D’autre part, les gouvernements (gauche et droite confondus) ont commis une fatale erreur de diagnostic, en s’inspirant d’une culture de l’excuse prônée par des militants d’extrême gauche se disant sociologues. En ne traitant pas de prime abord la dimension criminelle, toutes les « politiques de la ville » étaient vouées à l’échec.
Cette grave erreur de diagnostic, la France la paie depuis bientôt trente ans, et cher, par une « crise des banlieues » unique en Europe.