L’analyse de Champsaur suscite un débat, et c’est tant mieux; en acceptant les questions, voire les critiques et la contradiction, nous prouvons par l’exemple que lafautearousseau se veut un lieu d’échange, de débats d’idées, afin que, par une mise en commun des points de vue, on fasse progresser la réflexion commune, en affinant sans cesse les positions, le vocabulaire etc… Pourvu évidemment – c’est la règle, et elle est respectée – que tout se passe dans la courtoisie, avec un état d’esprit positif, et dans le seul but de faire progresser la réflexion…
Aujourd’hui, Champsaur répond à Michel Corcelles, qui lui a envoyé un « commentaire »; en attendant, très bientôt, les questions de C.T, qui souhaite faire quelques objections à Champsaur : nous lui avons donné « carte blanche » et attendons son texte, que nous publierons sitôt après l’avoir reçu…
Merci à tous ceux qui font, ainsi, vivre notre quotidien…
1. Le « Commentaire » de Michel Corcelles :
Messieurs,
Je suis avec attention les articles de Champsaur dont le nom évoque tout à la fois nos campagnes et une belle société de traitement des eaux … Ce point patronymique évoqué je note l’extrême intérêt de ces articles. En effet les d ébats sur l’énergie ont aujourd’hui une importance accrue tant au plan industriel (comment servir notre industrie) que politique (c’est un enjeu électoral) qu’environnementaux (pollutions…) que civique (imaginer de nouveaux comportements). Bref les Français actifs que sont vos lecteurs ne peuvent rester à l’écart du débat et par conséquent s’y engager en recensant les amis ayant de l’intérêt et des compétences en ce domaine. Des portes peuvent leur être ouvertes dans le espaces publics et associatif où il en est débattu et – entre autres-le « pôle environnement » du carrefour des acteurs sociaux dirigé par Patrice Vermeulen dont le comité de pilotage comprend des professionnels de haut niveau. Il organise un colloque préparatoire à la Conférence des Parties au changement climatique qui se tiendra à Varsovie en Novembre. Ce colloque se tiendra le 15 octobre à l’Académie Polonaise des Sciences à Paris et des places peuvent être réservées dès maintenant en écrivant à dircas@cas-france.fr
Pour la FRANCE la situation est d’autant plus difficile qu’une « électricité peu chère » ne nous a pas préparé au choc des augmentations qui frappe les usagers. D’où notamment une politique d’isolation d’autant plus urgente que les prix de l’énergie monte mais en même temps il semble que nous soyons pas en mesure d’assumer financièrement les investissements qui permettraient de réduire la consommation. Idem pour les investissements dans les ENR.
D’où peut-être le nécessaire recours au nucléaire ou gaz de schiste MAIS il serait absurde de renoncer pour autant à la recherche d’une « transition énergétique » d’une manière ou d’une autre nécessaire et il serait dommage qu’une famille de pensée qui se pique de prospective se réfugie en la matière dans des schémas du ou des siècles passés. C’est l’occasion notamment et Champsaur à raison de l’évoquer, de déposer des brevets. Car les pays qui sauront « imposer » leur modèle de transition seront … les rois du pétrole.
Les décisions se prennent aujourd’hui dans un entrelac institutionnel ou s’affrontent tous les lobbies. Mme Batho vient d’en faire les frais et avant de s’en réjouir il faut se demander si le rôle d’un Etat qui travaillerait dans la durée ne serait pas de faire des choix de survie immédiate (nucléaire, schiste …) mais en préparant des phases intermédiaires (charbon…) pour déboucher sur des solutions « écologiques » mettant en première lignes les collectivités locales dans une perspective « écolo/proudhonienne/décentralisatrice »
Qu’en pense Champsaur ?
Codialement
Michel Corcelles
Écrit par : corcelles | mardi, 09 juillet 2013
2. La réponse de Champsaur :
Ce qu’il faut savoir sur le documentaire Gasland est bien résumé dans l’article de wikipedia , lien http://fr.wikipedia.org/wiki/Gasland
Rien d’autre qu’un montage hollywoodien avec la fameuse séquence anxiogène de l’eau de l’évier qui s’enflamme. Seul cas connu dont l’origine a été identifiée, sans rapport avec le procédé d’extraction. Cette séquence est la clé de voute de tous les exposés organisés par les écologistes forcenés, et ceux qui tournent autour. Pour y avoir plusieurs fois assisté en spectateur discret, j’ai pu constater la méthode de l’endoctrinement.
Travailler sur la transition énergétique est une nécessité qui ne se discute pas. Faut il pour autant en faire un chapitre d’un programme gouvernemental sous un chapeau novlangue, alors que les chercheurs sont déjà impliqués depuis longtemps très en amont, sur les futures sources après les réserves fossiles (je pense en particulier à l’IFP en France, mais il y a beaucoup de centres de recherches). Je partage le commentaire de Michel Corcelles. Mais nous vivons un drame français, un de plus. Le sujet a été totalement préempté par un groupe politique, en moyenne peu compétent, pesant électoralement à peu près rien (850.000 voix aux dernières présidentielles) mais surreprésenté à la Chambre par le jeu de la tambouille, et donnant à croire qu’ils sont les seuls à pouvoir parler protection de l’environnement. Alors que la première remarque de fond est que la fracturation est un procédé technique d’une extrême complexité qui évolue chaque jour, et si discussion il doit y avoir, elle ne peut guère qu’être réservée aux techniciens et ingénieurs, qui la mettent en œuvre. Nous avons en France des activistes–je-sais-tout, telle Mme Corinne Lepage, avocate de son état mais insatiable sur le drame AZF, sur le dossier Tapie, et bien entendu sur les gaz de schistes. La France a été désertée par Descartes. Et pour rester français, pas un sujet de cette importance sans une commission auprès du Ministre. Le Conseil National du débat sur la transition énergétique est donc dirigée par Mme Laurence Tubiana, diplômée de SciencesPo, sans aucune teinture scientifique, et qui a donné sa mesure dans un entretien au JDD du 11 Mai 2013, ( http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/Laurence-Tubiana-En-2100-l-energie-sera-propre-et-illimitee-606812, ), boule de cristal de Mme Irma … « En 2100, l’énergie sera propre et illimitée » ! Même si l’on ne sait pas prévoir la météo à 48 h. Mme Batho n’a pas été victime de groupes industriels mais des gâte sauces de Solférino. Sans intérêt. En l’état, la France s’est placée en dehors de l’évolution technologique en cours, de plus en occultant délibérément la question cruciale de l’indépendance énergétique. Dans ce culte de l’irrationnel ne reste que ce qui est suggéré dans le commentaire de Michel Corcelles, conduire nos réflexions avec les pays les plus proches qui ne se sont pas enfermés dans un sectarisme …
Champsaur
A la charnière des 19 et 20è siècle l’innovation était partagée quasiment à parité par trois pays, Allemagne, Grande Bretagne et France.
La première (vaincue deux fois) est restée dans la course – on ne sait finalement pas comment – la deuxième a vendu son industrie métallique pour se jeter dans l’ingénierie financière, et la troisième, après de formidables avancées dans les domaines astro-aéronautique, nucléaire et ferroviaire, s’est jetée, elle, dans… le principe chiraquien de précaution.
Croire qu’un pays châtré de pareille façon puisse revenir dans la cour des innovateurs est très osé ! Ceux de nos ingénieurs qui trouveront quelque chose prendront la mer !
Mettre en plus le dossier entre les mains des tocards que cite Champsaur est le plus sûr moyen de le couler.
A ce sujet, je ne saurais trop conseiller à ceux qui s’intéressent à la transition énergétique de visiter le site de la Société Géologique de France et particulièrement la rubrique Forum Transition Energétique et son “dossier technique”. On y lira des avis de professionnels des sciences de la Terre, gens qui sont concernés par le sujet à double titre: comme usagers et comme techniciens.
On notera aussi que les géologues prennent en compte aussi de nombreuses autres sources d’énergie.
Il en ressort, à mon avis, que c’est la volonté politique qui est la clef de ces questions et non la technique ou la science.
Bien à vous
Thierry
commençons par un rectificatif. Pour recevoir le programme du colloque franco-polonais « énergie-climat » du 15 octobre 2013 le demander à dircas@cas-france.org et non pas à dircas@cas-france.fr comme indiqué par erreur.
Concluons avec Champsaur : « En état, la France s’est placée en dehors de l’évolution technologique en cours, de plus en occultant délibérément la question cruciale de l’indépendance énergétique »
Certes,et pour rester sur le seul terrain politique,les citoyens que nous sommes ont la possibilité d’investir ou prou les champs de décisions. cénacles publics, para publics, para parlementaires instituts et réseaux de toute sorte sont plus ouverts que ne le croient les contempteurs/spectateurs du « système ».
Encore faut-il avoir envie d’y entrer et de s’astreindre à un minimum de technicité; sans avoir le culte ou la phobie de telle ou telle énergie; car au regard d’aucune, pas même le vent (sauf pour ceux qui en vendent) n’assurera à elle seule l’indépendance de la France. Même notre nucléaire doit beaucoup … au Niger.
Le « mix » s’impose comme la réflexion sur les transitions. Des convergences originales peuvent se faire jour en privilégiant certaines complémentarités bi latérales (France/Pologne; France/Algérie; France/Niger …) sans nier qu’il existe de fait une « Europe de l’énergie » dans laquelle l’Allemagne n’est pas dans la position la plus facile). L’innovation et les brevets doivent être privilégiés. Le débat idéologique aussi et je note que le concept de « décroissance » (identifié trop rapidement au retour à l’âge des cavernes) n’est plus l’apanage des Khmers Verts mais touche des cénacles qui pour être réactionnaires ne sont pas forcément stupides. L’autarcie énergétique n’est pas tenable et l’Etat/EDF a vécu … comme le modèle jacobin. Et cela nous ramène au rôle des collectivités locales comme espace d’innovation et d’expérimentation transitionnelle.