« Le diable porte pierre : nous pressentons devoir quelque jour tresser des couronnes au couple improbable que forment François Hollande et Christiane Taubira… » : la semaine dernière, Christian Franchet, en ouverture du n° 32 de La Nouvelle Revue universelle, revenait sur cette Insurrection de l’esprit que furent les Manif pour tous.
Il nous présente maintenant, rapidement, les principales collaborations de ce nouveau numéro, qui confirme le dynamisme renouvelé de la Revue, poiur laquelle on peut à juste titre parler d’un nouveau départ.
Les royalistes de la chance d’avoir un tel « outil » à leur disposition, et une équipe decidée à lui donner la place qui doit être la sienne : que les encouragements et – surtout – les appuis et le soutiens concrets ne lui manquent pas !
Et maintenant, que le lecteur pressé accepte de se laisser guider dans une rapide visite de ce numéro de la Nouvelle Revue universelle.
1. DOSSIER : LES MALADIES MORTELLES DE LA DEMOCRATIE
Après avoir dénoncé, dans notre n° 31, les impasses et impuissances de la prétendue « post-modernité », Antoine de Crémiers, poursuivant sa grande enquête sur le monde où nous vivons, lance ses fusées pour traquer une vieille lune : la démocratie et les maux qui la rongent. Nous la connaissons bien, la « vieille », depuis qu’elle projette sur nous sa lumière blafarde. Mais que dissimule sa face cachée ? Elle se prévaut d’un antique succès à Athènes. Mais fonctionnait-elle si bien dans la Grèce antique ? Elle revendique aussi d’avoir fondé l’indépendance américaine. Qu’en était-il vraiment dans cette Amérique qu’a auscultée Tocqueville ? Danièle Masson a mené l’enquête, à la recherche d’un très hypothétique éternel démocratique.
Ces maladies mortelles de la démocratie ont très logiquement conduit à vouloir imposer au peuple par la contrainte ce qui était « bon » pour lui. C’est ainsi qu’Antoine de Crémiers est parti à la rencontre d’un monstre conceptuel : la démocratie totalitaire. Ce qu’il découvre, c’est qu’il s’agit bien moins d’un monstre que d’une figure déjà trop familière…
2. GEOPOLITIQUE : L’UNION EUROPéENNE SURVIVRA-T-ELLE ?
Selon la déclaration de Lisbonne de l’an 2000, nous rappelle Gilles Varange, l’Europe allait devenir en une décennie « l’économie la plus compétitive et la plus dynamique du monde ». Parvenue à la date annoncée, « toute une partie de l’Europe n’est plus qu’un immense champ de ruines industrielles, … une fabrique de chômeurs… » Inutile de dire que la vision que nous retrace Gilles Varange de la politique européenne, et principalement de l’aveuglement de la politique allemande, n’a rien d’optimiste. Mais comme chez Bainville, même dans le drame, sa sobre lucidité est puissamment roborative.
3. ECONOMIE : REMETTRE EN CAUSE LE PARADIGME
Dans ce cinquième et avant-dernier volet de son analyse des origines de la crise que nous « traversons » (souhaitons-le !), François Reloujac, traite de l’inversion des valeurs où il voit la cause « finale » de la crise. Il montre comment la principale inversion des valeurs – la disparition de la notion de personne au profit de celle d’individu, plus docile au formatage idéologique – a conduit à substituer le profit individuel au bien commun. L’homme devenu à lui-même sa propre fin s’est trouvé amputé de sa part spirituelle et, du coup, de son sens de la convivialité avec les autres. Les papes – notamment Benoît XVI et François – ont étudié avec acuité ce phénomène. François Reloujac montre en quoi un « changement de paradigme » est la condition sine qua non d’un élan salvateur.
4. QUESTIONS DE DéFENSE : GARE A L’EFFET « LIGNE MAGINOT »
Rebondissant sur l’étude de Mathieu Epinay sur la force française de dissuasion publiée dans notre n° 31, Claude Wallaert pose quelques questions. Dans quelle mesure la crédibilité de la force de dissuasion risque-t-elle d’être affectée par la personnalité du président élu ? Quelle compétence ont gouvernants et élus pour décider des choix de la politique de défense et pour assurer sa continuité dans le temps ? Claude Wallaert évoque également quelques menaces bien réelles face auxquelles notre force de dissuasion est sans utilité. Parmi elles, celles pesant sur notre sécurité intérieure. Sans, bien entendu, remettre en cause le principe de la force de dissuasion, il met en garde contre les risques d’un effet « ligne Maginot ».
Prolongeant cette réflexion, le général Claude Mouton médite sur le devenir de l’armée française en s’intéressant à la préparation de la récente « loi de programmation militaire », mieux connue sous le nom de Livre blanc. S’il ne craint pas de remonter à quelques précédents historiques – il cite notamment L’étrange défaite, « l’ouvrage accablant » de Marc Bloch sur Juin 1940 –, c’est bien le devenir de l’armée aujourd’hui qui l’intéresse. Le savoir sans partage entre les mains des seuls politiques a de quoi l’inquiéter. Au terme de son analyse, face aux contraintes budgétaires, citant le chef d’état-major des armées, l’amiral Guillaud, il met lui aussi en garde contre les fausses solutions, apparemment habiles, mais qui sont autant de leurres.
5. UNE EXPOSITION AU LOUVRE : L’ALLEMAGNE ET NOUS
L’exposition du Louvre sur la peinture allemande de 1900 à 1939 (De l’Allemagne) s’annonçait comme un évènement consensuel, digne du cinquantenaire du traité de réconciliation de 1963, tout en signant le départ en beauté du directeur du Louvre, Henri Loyrette. Las ! les choses n’ont pas été aussi simples : l’hebdomadaire de Hambourg Die Zeit a vu dans cette manifestation une volonté de présenter l’évolution de l’art allemand de cette période comme une marche forcée vers le nazisme ! Loyrette s’est défendu en s’agitant comme un ver coupé. Mais au fond de l’affaire ressortait une fois de plus toute l’ambivalence de la relation franco-allemande, faites de sentiments contradictoires et de malentendus que le cours du temps s’est savamment complu à entretenir. Comme Bainville qui, contrairement à une idée convenue, éprouvait un réel attachement pour l’Allemagne, Dominique Decherf, biographe de Bainville et diplomate féru d’histoire, est à l’aise dans ces ambiguïtés. Il les perçoit avec autant de finesse que de profondeur. Laissez-le faire, sans doute va-t-il renouveler votre propre regard sur nos voisins allemands.
6. 40 ANS APRèS SA MORT, MARITAIN TOUJOURS EN DEBAT
Quand un éditeur se décidera-t-il à rééditer le Maurras et notre temps d’Henri Massis ? C’est une mine incomparable. A propos de Jacques Maritain, on y trouve par exemple ceci : « Il est évident qu’en éloignant de lui ceux qui, « à droite », l’avait pris pour maître, ses positions dites « de gauche » n’ont pas pour autant gagné à la doctrine de saint Thomas, à la philosophia perennis, les démocrates chrétiens et les néo-modernistes, quoi qu’il en ait été de ses efforts pour les séduire. Il est absurde de dire que « le thomisme est maurrassien », mais c’est ce qu’en pensent ses amis démocrates-chrétiens… » Résumé sans doute bien à l’excès, c’est là le sujet que traite Yves Floucat. Connaître mieux que lui l’œuvre de Maritain serait difficile. Il n’en est pas moins marginalisé par les maritaniens officiels qui refusent de voir qu’il fait jour en plein midi. Il a fait l’amitié à la Nouvelle Revue universelle de lui confier un texte qui synthétise sa réflexion sur ce que Maurras a pu graver, pour toujours, quoi que lui-même ait pu en dire, dans le fond de l’esprit de Maritain. Il démontre en quoi il n’a jamais été un démocrate-chrétien : jusqu’à sa mort, il y a cette année quarante ans, il en a été protégé par une sorte de talisman. Il le devait à sa fréquentation de Maurras. Un Maurras « entré en politique comme on entre en religion », mais dont on méconnaît trop souvent l’esprit profondément religieux. Il faut aussi voir dans cet article d’Yves Floucat un apport important à notre enquête au long cours sur le sens de la démocratie aujourd’hui.
7. RESISTANCE ET POLITIQUE : DU 18 JUIN A LA LIBERATION DE PARIS
Quand, le 11 novembre 1940, André Pertuzio organisa la manifestation des étudiants et lycéens à l’Etoile, défiant publiquement l’Occupant pour la première fois à Paris, il ne pouvait imaginer la manière dont, quatre ans plus tard serait libérée la capitale. C’est de revivre ce panorama que nous proposent les deux articles d’André Pertuzio lui-même et de Louis Gonnet. Mais sous un aspect particulier : celui du débat politique en France pendant ces années de guerre. André Pertuzio, qui « s’est toujours fait une certaine idée de la France », a toujours eu aussi de solides convictions politiques. Ce qui le frappe, c’est que ses idées étaient celles-là même de la Résistance à ses débuts, des idées alors largement partagées à Vichy. Puis il y eut le retournement des communistes contre Hitler qui, peu à peu, a coupé la Résistance de ses origines et ramènera finalement les anciens partis. D’où les cruelles désillusions d’hommes comme Henri Frenay ou le colonel Rémy.
Louis Gonnet, dans la mouvance du livre de François-Marin Fleutot Des royalistes dans la Résistance, a étudié de près la libération de Paris. D’avance acquise, la question est de savoir qui en bénéficiera. Pour toutes les parties en présence, c’est une course contre la montre. De Gaulle veut à tout prix obtenir des Alliés que les troupes françaises y entrent les premières. Leclerc manœuvre pour s’en donner la possibilité pratique. Mais dans Paris, les FTP communistes préparent la prise du pouvoir, tandis que les FFI cherchent à les en empêcher. Situation de guerre civile à la faveur de laquelle les vrais responsables de la défaite récupéreront le pouvoir.
8. QUEBEC LIBRE
La présence française au Québec, avant d’avoir conduit à l’existence d’un pays de plus de 8 millions d’habitants, fut une magnifique aventure. En évoquer l’histoire, entretenir la légende et célébrer les anniversaires doit, loin de toute nostalgie passéiste, aider à mobiliser notre énergie collective. La commémoration de la création par Louis XIV, il y a 350 ans, du « Conseil souverain de la Nouvelle France », répond à ce souci. La Nouvelle Revue universelle sait gré à Philippe Kaminski d’avoir organisé la participation française à la manifestation de la place Royale à Québec.
9. YVAN BLOT ET LES FAUX-PROPHETES
Ce ne devait être qu’une recension. C’est devenu une discussion. Yvan Blot a publié cette année une étude consacrée à quatre personnages en qui il voit l’origine de tous nos maux : Rousseau, Voltaire, Marx et Freud. Il dénonce en eux non point tant leurs idées elles-mêmes que l’usage qui en a été fait. Et propose, pour chacun, ce qu’il appelle des antidotes. Pierre Le Vigan a lu ce livre, et lui a fait quelques objections, la principale portant sur l’importance de la part animale dans l’homme. Yvan Blot y voit le lieu de tous les dangers. Qui fait l’ange fait la bête, répond en substance Le Vigan. Mais pour Blot, la priorité est de tuer le dragon qui est en nous.
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La variété des thèmes abordés dans ce numéro répond à l’objectif de diversité affiché par la Nouvelle Revue universelle. Il ne faut pourtant pas s’y tromper. Si nos approches sont multiples, et inégales en importance, notre objectif est unique : faire que la France se retrouve elle-même, dans son être vrai, dans ses racines, dans l’authentique progrès inscrit dans ses gènes, dans son seul devenir possible faute duquel elle se détruira.
Nous nous sommes placés, cette fois-ci, sous le triple signe de Péguy, Bernanos et Maurras. Non par fétichisme, ni révérence pour le passé, ni par goût de la littérature, mais simplement parce que ces trois-là, parmi d’autres, et chacun à sa manière, chacun avec son génie, comme ses insuffisances et ses défauts, ont eu la vision des cauchemars de notre siècle, et qu’ils ont voulu nous en préserver.
En ce centenaire de la publication de L’Argent et du premier pèlerinage de Chartres, nous rendrons visite, dans notre numéro d’été, à Charles Péguy : de son œil d’aigle, il a entrevu où se situait l’avenir de l’intelligence.
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