C’est évidemment une excellente chose que Robert Ménard ait ouvert Boulevard Voltaire, le Cercle des empêcheurs de penser en rond. Comme, par exemple, sur Causeur, d’Elisabeth Lévy (Surtout si vous n’êtes pas d’accord…), il s’y publie quotidiennement des articles qui sont autant de contrefeux aux mensonges imposés par une petite coterie qui impose ses vues, pour reprendre l’expression de Chantal Delsol. Ce sont autant de bouffées d’oxygène indispensables, pour qui veut combattre le politiquement correct, et tous les « ment » qui vont avec : historiquement, moralement, culturellement, on en passse, et des meilleurs !
Et pourtant – heureusement – être souvent d’accord ne veut pas dire être toujours d’accord, et Robert Ménard sera sûrement… d’accord avec nous là-dessus : il y a peu, est paru, donc, sur Boulevard Voltaire un article de Jean-Claude Lauret à propos de François Reynaert…
D’après Jean-Claude Lauret, dans son papier intitulé « Pour en finir avec les fadaises de notre Histoire », François Reynaert est un « un gentil garçon, un passionné d’histoire. Il s’est donc plongé dans les œuvres des grands auteurs du passé…. etc… etc… »
Avant de donner notre réaction, on lira ci-après ce que nous estimons être les surprenantes amabilités de Jean-Claude Lauret, parlant – beaucoup trop gentiment à notre goût – de Reynaert, dénonciateur -soi-disant… – des « fadaises » de notre Histoire :
http://www.bvoltaire.fr/jeanclaudelauret/livre-pour-en-finir-avec-les-fadaises-de-notre-histoire,21251?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=e816cbfb1d-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-e816cbfb1d-25455017
Voici maintenant ce que nous souhaitons dire à ce sujet : un mouvement est en marche, inéluctable, et il se déroule inexorablement, même si nous le trouvons trop lent : le mouvement de re-découverte et de ré-appropriation par les français de leur Histoire, enfin débarrassée et expurgée de l’idéologie et des mensonges de la vérité officielle.
Et pourtant ! Pourtant, il y a encore des intoxiqués qui s’obstinent à maintenir, envers et contre tout, les contre-vérités les plus énormes, les déformations et travestissements de la réalité les plus scandaleux : François Reynaert (photo) est de ceux-là…
A l’occasion de la sortie de son livre Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises… il avait été reçu, sur LCI, par un Julien Arnaud fort complaisant envers lui, gobant avec admiration tout ce que disait Raynaert, et son désir de corriger certaines fadaises que nous avons tous, affirmait-t-il, apprises à l’école.
Mais, en fait de fadaises, c’est lui qui les débite, et avec un aplomb, une assurance littéralement stupéfiantes !
Nous rappellerons juste trois énormités, dans ce triste entretien, que -semble-t-il – Jean-Claude Lauret n’a pas écouté, et qui ne restera pas dans les annales comme un grand moment de liberté intellectuelle, mais bien plutôt comme un pénible moment de passage de brosse et de partage de conformisme, réellement attristant :
1 : Julien Arnaud pose la question :« …pour Louis XVI… auriez-vous voté la mort ? » Reynaert commence alors la classique contorsion du je ne suis pas favorable à la peine de mort mais.…. Mais, oui, il aurait voté la peine de mort. Et pourquoi ? Mais voyons, parce qu’il est prouvé que Louis XVI a trahi !
Alors que c’est, évidemment, la Révolution qui a agressé l’Europe, déclarant une guerre funeste et anti naturelle, contraire à tous nos intérêts de l’époque. Que Louis XVI ait mal réagi, sans amis, sans conseillers, non préparé qu’il était à des faits extra-ordinaires auxquels, de toutes façons, personne n’était préparé, voilà ce que personne ne peut nier. Mais il convient de commencer par le commencement. La folie des folies, le crime des crimes, c’est d’avoir mis le feu à l’Europe. Un feu qui devait ruiner notre position dominante sur le continent, briser notre puissance militaire et démographique, et amener par deux fois les coalisés de l’Europe entière sur notre territoire, qui n’avait plus été envahi depuis des lustres. Attaquer l’Autriche – devenue notre alliée évidente, depuis que nous l’avions vaincue, contre la Prusse, puissance montante et menaçante, qui devait devenir cette Allemagne qui nous a fait tant de mal aux XIXème et XXème siècle – c’est, bel et bien, de « l’intelligence avec l’ennemi ». Ce n’est donc pas Louis XVI qui a trahi, mais les philosophes prussophiles, puis la Révolution, la République et les deux Empires prussophiles – jusqu’à Sedan, terme logique de tout cela… –
De cela, pas un mot de notre prétendu correcteur de fadaises : drôle d’historien ! et beau boni-menteur ! Il ne retient qu’une chose de tout ce gigantesque gâchis voulu et créé par la seule Révolution, sa vérité-mensonge officielle : Louis XVI a trahi. Plus aveugle ou plus menteur que moi, tu meurs !…..
2 : la seconde énormité de l’entretien est peut-être encore plus grandiose que la première. Non, ni la Convention, ni Robespierre, ni leur système et leur régime ne peuvent être qualifiés de totalitaires. Tiens donc, et pourquoi, s’il vous plaît ? Accrochez-vous ! Parce que la Convention a produit la réaction thermidorienne ! Et, donc, un système qui génère sa propre limitation ne peut être qualifié de totalitaire « puisque », avec le 9 Thermidor, c’est la république de ce moment-là qui « peut en son sein se renverser… »!
Et, hop, passe la pirouette verbale ! Il est pas beau, mon sophisme ? Avec cet historien de pacotille, et cette explication (!) à dix centimes d’euros (en comptant large !…), on est en pleine bibliothèque rose ! Notre boni-menteur nous ferait presque entendre les cui-cui des oiseaux dans les arbres, les moutons bêlant gentiment dans les champs et, au loin, le « il pleut, il pleut, bergère !… ». C’est l’Histoire et la Politique ramenés au Monde de Martine !…
Raynaert prend vraiment les gens pour des imbéciles ! La vérité sur Thermidor n’est évidemment pas ce qu’il dit, dans son Histoire bidon pour lecteurs et lectrices fleurs bleues : il s’agit uniquement – comme l’explique Jacques Bainville – du réflexe de survie « des plus sagaces et des plus subtils », « ceux qui, par peur, avaient dit oui à tout » et à qui « une peur suprême… donna le courage du désespoir », rien de plus; et rien de bien glorieux, en soi. En tout cas, rien de ce que croit y trouver notre historien de pacotille.
On lui citera le passage du chapitre XVI de L’Histoire de France de Jacques Bainville, La Révolution :
« …Au mois d’avril 1794, la Terreur dure toujours. Danton a été supprimé, Camille Desmoulins et sa Lucile aussi. Les hommes de la Révolution se sont dévorés entre eux. Seuls ont échappé les prudents et les habiles, ceux qui ont eu, comme disait Sieyès, le talent de vivre. Mais à force d’épurer la Révolution, Robespierre en a tari la sève. Lui-même, avec le jacobinisme, il est toute la Révolution. Il n’y avait plus rien après les opinions de Marat. Il n’y a plus personne après Robespierre. Il a grandi, depuis la Constituante, par les surenchères que favorisait le principe politique en vigueur depuis 1789 : pas d’ennemis à gauche. Maintenant, quelles sont ses idées ? Que veut-il ? Où va-t-il ? Il ne le sait pas lui-même. On prête à ce despote les projets les plus bizarres, et la cour de Vienne s’intéresse à « Monsieur de Robespierre ». Pourtant il n’invente plus autre chose que la fête ridicule de l’Être suprême, tandis que la guillotine fauche tous les jours, éclaircit les rangs de l’Assemblée, dégarnit jusqu’à la Montagne. Il ne restait plus guère que ceux qui, par peur, avaient dit oui à tout. Une peur suprême leur donna le courage du désespoir. Robespierre sentit que la Convention lui échappait et il voulut recourir au moyen ordinaire, celui dont l’effet, jusque-là, n’avait jamais manqué : l’intervention de la Commune. On vit alors, au 9 thermidor, cette chose extraordinaire. Les Conventionnels qui survivaient étaient les plus sagaces et les plus subtils, puisqu’ils avaient réussi à sauver leur tête. Ils s’avisèrent de ce qu’on ne semblait jamais avoir compris depuis le 10 août : que ces fameuses « journées » n’étaient au fond que de petites affaires de quartier, qu’avec un peu de méthode, d’adresse et d’énergie, il était possible de mettre les émeutiers en échec. Sur quoi reposait la Commune jacobine ? Sur les sections. Il s’agissait, pour empêcher une « journée », pour arrêter Santerre et Henriot, de protéger d’abord le point menacé avec des sections modérées, puis de prendre l’offensive contre l’émeute. Il ne suffisait donc pas, pour renverser Robespierre, de voter sa mise en accusation. Il fallait être sûr de ce qui se passerait hors de l’Assernblée. Tallien et Barras se chargèrent de la manoeuvre. Elle réussit grâce à une seule section, la section Le Pelletier, qui donna le signal de la résistance. Robespierre, réfugié à l’Hôtel de Ville, connaissait trop bien le mécanisme de la Révolution pour ne pas savoir qu’il était perdu si l’émeute et la Commune commençaient à reculer. ll voulut se tuer, se manqua et, le lendemain, fut porté tout sanglant sur l’échafaud (27-29 juillet 1794)…. »
3 : La troisième énormité de l’entretien n’est même pas proférée, puisqu’elle n’a même pas besoin de l’être : elle découle de la précédente. La Convention n’étant pas totalitaire, ni Robespierre, ni la Terreur, il n’y a évidemment pas eu de génocide vendéen. Et, donc, notre historien du dimanche n’en parle pas, du génocide vendéen ! Puisqu’il n’existe pas !
CQFD, et le tour est joué ! Elle est pas belle, la vie ?
Et notre invité, à la fin de son entretien, est reparti tout guilleret, tout content; et Julien Arnaud aussi, tout guilleret et tout content. Dans le meilleur des mondes conformiste et historiquement correct possible…
Alors, désolé, et sans rancune, Jean-Claude Lauret, mais votre papier sur François Raynaert, vous pouvez le garder : un bonimenteur pareil, et des propos pareils, on n’est pas preneurs !…
Juste un mot : bizarre qu’en ayant sorti cette énormité sur la terreur, les tueries de Vendée, tout comme Le Pen niant les chambres à gaz, ce qui a fait fait parler dans Landerneau, personne n’ait relevé pour lui.
Pauvre personnage que ce type.