Peu de temps après l’abdication de la reine de Hollande en faveur de son fils, c’est le roi des Belges, Albert II (à gauche) qui a abdiqué en faveur de son fils Philippe 1er (à droite)
Samedi dernier, en commentaire à notre Navigation sélective sur le Net, DC nous a écrit :
Je vous invite à publier l’article rédigé en billet invité sur le blog de Bertrand Renouvin « d’Albert II à Philippe 1er roi des Belges, la monarchie parlementaire en questions ».
Écrit par : DC | dimanche, 18 août 2013
Nous le faisons bien volontiers, en donnant seulement le lien permettant d’accéder au Blog de Bertrand Renouvin, car la longueur de l’article excède la capacité d’accueil des notes de Hautetfort : http://www.bertrand-renouvin.fr/
Denis Cribier termine son article par ces mots :
« …En conclusion, il est toujours préférable d’écouter ce que disent nos voisins belges, qu’il s’agisse des hommes politiques ou des Belges eux-mêmes, de leur monarchie parlementaire, de la famille royale et de leur Roi, plutôt que de s’égarer dans les chroniques people ou les commentaires de presse, souvent caricaturaux en France, laissant entendre que l’institution royale n’est qu’une monarchie d’opérette.
Interrogeons-nous plutôt sur ce que pourrait apporter de positif à la France, la permanence d’une monarchie parlementaire en France, et pourquoi certains de nos voisins européens l’ont conservée, en nous donnant de beaux exemples de démocratie vivante et apaisée, avec un Chef d’Etat indépendant des partis politiques, symbole de l’unité nationale. »
Il y a peu, nous évoquions dans ces colonnes la possibilité de la fin de la Belgique, étant donné la détermination d’un nombre toujours croissant de Flamands à exiger leur indépendance; et nous posions la question : quelle serait la politique de la France, ou que devrait elle être, vis-à-vis d’une Flandre indépendante d’une part, vis-à-vis de la Wallonie, d’autre part.
Dans un « commentaire » DC nous avait fait le reproche – amical, du moins l’avons-nous pris ainsi… – de ne considérer le sujet que du point de vue d’une éventuelle extension territoriale de la France, au cas où la Wallonie demanderait son intégration dans l’ensemble français; et il nous conseillait déjà de voir plutôt quels bienfaits réels la monarchie apportait au peuple belge.
L’accord est évident sur ce point précis; Mais, en politique, il faut prévoir; et l’on doit envisager les différents scénarios possibles, afin de tâcher d’en déduire une éventuelle position, une ligne de conduite; ce qui ne signifie bien sûr pas que l’on souhaite ces scénarios, ni qu’on les répute, d’avance, inéluctables…
Pour trois peuples, actuellement, en Europe, la demande d’indépendance existe réellement : les Catalans, les Ecossais et les Flamands. La France ne serait pas directement « impactée » – pour reprendre l’horrible expression de nos jargonautes de l’audiovisuel… – par les indépendances éventuelles de l’Ecosse ni de la Catalogne.
Par contre, si une République Flamande voyait le jour à sa frontière Nord-Est, il est clair que la France devrait avoir une politique d’amitié avec ce nouveau pays, qui aurait pu faire partie de l’ensemble national, qui en a fait d’ailleurs partie un temps, mais dont l’Histoire nous a finalement séparé. Pourquoi pas imaginer, même, quelque chose qui ressemblerait à ce que François premier avait signé avec les Suisses : une Paix perpétuelle, qui dura près de trois siècles, et fut rompue seulement par la folie et les atrocités révolutionnaires ?…
Quant à la Wallonie, le débat reste ouvert : les Wallons souhaiteraient-ils, eux aussi, être indépendants ? Demanderaient-ils leur rattachement à la France (qui a bien « accepté » Mayotte !…) ? Les Français approuveraient-ils ce rattachement ?…
Tout ceci n’est que prospective, tirée de la simple observation du monde qui nous entoure. Si nous sommes tout à fait d’accord avec DC pour reconnaître les services que rend la monarchie (et comment pourrions-nous ne pas l’être ?…) il ne s’agit pas non plus de ne pas voir, de ne pas savoir, ou de ne pas vouloir savoir ce qui se passe à nos portes; que ce qui se passe soit bien ou mal, c’est une autre question : le fait est que cela se passe, et que – qu’on le veuille ou non – les apparences semblent bien aller dans le sens d’une « prise de pouvoir » par les Flamands, sous forme de prise de leur indépendance.
Nous le constatons, c’est tout; et nous ouvrons le débat : quelle position exigerait l’intérêt national si l’Histoire nous présentait, bientôt, un tel cas de figure ? Et y aurait-il une attitude commune, ou officielle, des royalistes sur le sujet ?…
Quand on voit ce qui se passe en France. Quand on constate le lent et inexorable déclin de ce pays entamé par la débâcle de 1940 et la décolonisation bâclée, il faudrait que les Wallons soient saisis de démence pour disparaître dans le chaudron hexagonal. Contrairement a ce qui est écrit, ce qu’on nomme aujourd’hui la Belgique n’a jamais été française sauf pendant les brèves périodes d’occupation de son territoire. Pour le reste l’intérêt bien compris des communautés flamandes, germanophones et francophones est de rester unies et de conserver précieusement la monarchie : arbitre suprême et garant de sa souveraineté.
c’est faux : la Wallonie n’a en effet jamais été française, mais le territoire qui forme actuellement les provinces de Flandre Orientale et de Flandre Occidentale a fait partie du territoire primitif de la France depuis le traité fondateur de Verdun jusqu’à ce que François Ier le cède en toute propriété à Charles Quint; les comtes de Flandres faisaient d’ailleurs partie du groupe des douze pairs de France primitifs
nous ne voulons absolument pas rejoindre la France, malgré toute notre affection pour elle, elle n’est plus un « bon exemple », et il en serait fini de nos particularismes. En cas de referrendum la question serait simple en premier lieu : voulez vous conserver la Monarchie ? et la réponse à plus de 70% serait oui pour Bruxelles et la Wallonie. De surcroit cela n’arrangerait pas les affaires des Français avec une dette importante per capita et diffcilement gérable dans une France qui s’appauvrit. Le lobyisme du « rattachisme » est un fantasme de quelques illusionistes . Il faut aussi souligner que le système belgo wallon d’un parti socialiste jusqu’alors régnant en maitre, assimilé à la France entrainerait pour ce « personnel » poltitique une radiation en nombre de ses membres… pour toutes ces raisons il n’y aura pas de rattachisme ni de rattachement, que Dieu garde notre Roi, nous saurons agir démocratiquement si il le fallait.
effectivement ne pas confondre Français et francophones. l’Histoire n’est commune depuis plus de 500 ans.
S’il est un pays où la royauté a montré son efficacité,, c’est bien la Belgique.
Elle est et demeure le ciment indispensable d’unité, elle a forgé le vivre ensemble.
Pour s’en convaincre il suffit de revoir les images de liesse populaire lors de l’avènement des nouveaux souverains.
Il n’était plus question de flamands ou de wallons, mais d’un peuple.
Merci, mille fois merci au peuple belge pour cette leçon de politique royale.
A part la question qui tue : l’unité pour faire quoi ? ni la France ni la Wallonie n »ont intérêt à un rattachement, leurs comptes publics sont plombés à mort et aucun projet d’ampleur ne se dessine nulle part. La fracture flamande est à prendre au sérieux (comme celle jadis du Katanga), l’indépendance dans les coeurs est confortée par les bons résultats de la province maritime.
Dans le texte de Denis Cribier, le Pays basque a été omis des peuples marchant à l’indépendance, et je suis moins sûr que lui de la détermination des Ecossais qui se satisferont d’une autonomie des moeurs et coutumes.
Je m’en voudrais d’engager une polémique avec Theofrede (Dieu de paix). Dans le complexe système féodal, il y eut en effet des liens de vassalité entre les Flandres occidentale, orientale et la France Mais, si le Roi de France en a été un temps le suzerain, le comte de Flandre était maître chez lui. Tout comme d’ailleurs son voisin le comte de Hainaut. Ces Etats tombèrent d’ailleurs dans l’escarcelle des Ducs de Bourgogne ensuite dans celle des Habsbourg par suite du mariage de la fille de Charles le Téméraire, Marie de Bourgogne, avec Maximilien 1er d’Autriche. Enfin, vu l’ampleur du sujet, je ne pourrai retracer ici les relations tumultueuses et conflictuelles entre la France et la Flandre.Charles Quint était un prince bourguignon, né à Gand, capitale de la Flandre Orientale.Quant à François 1er, il ne put que renoncer à ses prétentions sur cette terre.
Bonjour Catoneo,
Le texte dont vous parlez n’est pas le mien, il s’agit du texte
de présentation de LA FAUTEAROUSSEAU, qui a l’amabilité de
citer l’article que j’ai écrit en billet invité, sur le Blog de
Bertrand Renouvin, à savoir « d’Albert II à Philippe 1er roi des
Belges, la monarchie parlementaire en questions ».
Pour ce qui concerne l’avenir de la Belgique, je pense
également que tout rattachement de la Wallonie à la France,
n’est ni souhaitable, ni probable.
Si rattachement, il devait y avoir, il serait logique que la
Flandre belge réintègre la Flandre néerlandaise, dont elle
faisait partie, tandis que Bruxelles et la Wallonie
constitueraient un nouveau royaume belge indépendant.
Qu’il ait eu raison de le faire ou non, le rédacteur de cette note a posé une question. Il a proposé un débat. Il ne s’agissait pas de définir une position qui serait celle de lafautearousseau ou, encore moins, celle des royalistes. Le débat a donc eu lieu et la question posée a eu une réponse : Les commentaires vont tous dans un même sens. Ils sont fondés. Et, surtout, nos lecteurs Belges qui sont intervenus, doivent être assurés qu’ils ont, en tant que tels, toute notre amitié.
Tout à fait d’accord avec Jean Gugliotta
Tout à fait d’accord, moi aussi, comme avec l’ensemble des commentaires qui précèdent.
Je suis assez d’accord avec deux remarques de Catoneo:
1. Les Ecossais règleront très probablement leur problème « à l’anglaise » : leur « indépendance » de « moeurs et coutumes » se réalisera au sein du Royaume Uni. Ils resteront liés à la couronne britannique. Et il est vrai que cette évolution n’a pas d’incidence pour la France.
2. Dans la note du blog, le Pays basque a, en effet, été omis des peuples d’Europe de l’Ouest tendant à l’indépendance. Leur détermination est pourtant plus radicale, sans doute, que celle des indépendantistes catalans. Et il est faux que la France ne serait pas « impactée » par une éventuelle indépendance du Pays basque ou de la Catalogne. Nos Pyrénées-Orientales et nos Pyrénées-Atantiques auraient tôt fait de s’en apercevoir. Le ministère de l’Intérieur aussi.
En fait, dans la situation où elle-même se trouve, la France a tout simplement intérêt à l’équilibre européen, au maintien du statu quo. C’est l’évidence même. Si un Louis XIV quelconque nous revenait, si le peuple français cessait soudainement d’être ce qu’il est devenu, nous serions à temps de reprendre notre marche en avant. Mais – hélas ! – il n’y a vraiment pas d’urgence… Ces questions-là ne se posent pas quand on a le feu chez soi et que la maison menace ruine. Personne ne veut y venir et l’on a plus urgent à faire que de lorgner hors frontières.
Je vais faire entendre une voix discordante dans ce concert d’unanimités qui me paraît surprenant…
D’abord, je trouve presqu’amusant que Denis Cribier – dont j’ai apprecié l’article, qu’à mon avis lafautearousseau a bien fait de passer … – « dispose » ainsi des Flamands, affirmant que leur avenir est dans l’intégration aux Pays-Bas : « …il serait logique que la
Flandre belge réintègre la Flandre néerlandaise, dont elle faisait partie… » N’est-ce pas oublier un peu vite qu’en 1830 les Flamands catholiques sont alllés jusqu’à faire une « révolution » pour se séparer de leurs voisins protestants du Nord, qu’ils ne supportaient pas… Il « dispose » aussi des Wallons, qu’il a d’ores et déjà « mis en monarchie » avec l’actuel roi : Denis Cribier semble donc connaître l’avenir; c’est, peut-être une force ?… Je lis attentivement – car le sujet m’intéresse – le plus de choses possibles sur le sujet, mais je n’ai rien lu de significatif, prouvant absolument que les Flamands voulaient réintégrer les Pays-Bas qu’ils ont quitté il y a presque 185 ans, ni que les Wallons voulaient vivre tout seuls, et en royauté. Je pense que, en réalité, personne ne sait comment les choses vont se passer, et que la seule certitude que l’on a est que la tentation de l’indépendance ne cesse de progresser en Flandre. Tout le reste est prospective, et, comme le dit Jean Gugliotta, c’est en cela que lafautearousseau a bien fait de poser une question et d’ouvrir un débat, mais dans ce débat bien malin qui se risquerait à prédire l’avenir…
Quant au Pays Basque, dont parle Anatole, le problème est simple et – pardonnez-moi – je le connais un peu : il est coupé en deux, et sa partie sud, l’Alava, avec la capitale historique Vitoria, n’est pas indépendantiste; l’indépendantisme est majoritaire dans le Guipuzcoa (capitale Saint Sébastien) qui touche la France, et, disons, fait jeu égal avec les non indépendantistes dans la Biscaye (capitale Bilbao). Mais, là aussi, ce qui est amusant c’est que les indépendantistes Basques font ce qu’ils reprochent à Madrid de faire : ils veulent annexer la Navarre, qui fit bien partie il y a très longtemps du Pays Basque, mais s’en est détaché depuis très longtemps aussi, est devenue une Province a part entière et n’a aucune envie de devenir « basque » : n’empêche, les indépendantistes – se conduisant exactement vis-à-vis de la Navarre comme le Madrid dont ils condamnent la politique envers eux !… – veulent employer la force, tout simplement. On se plaint du centralisme coercitif, et on propose un système où on sera soi-même centralisateur coercitif…
Voilà, pour faire court; il ne me semble pas que l’indépendantisme basque se présenet de la même façon que l’écossais, le catalan ou le flamand.. En guise de conclusion temporaire, il est triste qu’Anatole ait raison : la France est très affaiblie par le Sytème aujourd’hui, et, alors que sous Napoléon III elle a pu intégrer sans problème Nice et la Savoie (ce qui fut une bonne chose) il est vrai qu’elle n’a pas la santé aujourd’hui, au moment où l’Histoire lui passe peut-être le plat, pour une éventuelle intégration de la Wallonie. Il n’empêche que la question est posée : si vraiment les Flamands s’en vont (est c’est plus que très possible) et si, et si… qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on dit, qu’est-ce qu’on pense, qu’est-ce qu’on propose ?… Que Denis Cribier me pardonne, je le dis sans aucune moquerie, bien au contraire : mais je n’ai pas ses certitudes. Je ne sais qu’une chose, c’est que je crois bien que la Belgique va « sauter » mais, à part ça, je ne sais rien de plus… Je me contente de faire de la prospectivce…
Academos croit vraiment que dans l’avalanche des problèmes cruciaux, quasi vitaux, qui assaillent la France, les royalistes, au risque de fâcher ou gêner leurs nombreux amis belges, au risque d’être déplaisants pour la famille royale belge et même pour la famille de France qui entretient avec elle, on le sait, des liens étroits et privilégiés, que, donc, les royalistes aient à passer beaucoup de temps à se poser la question de savoir ce que nous aurions à dire, faire, penser, ou proposer au cas où la Belgique « sauterait » ?
Franchement, je ne le crois pas. Je trouve même cela à la fois inefficient et maladroit.
Si on n’a plus le droit d’écouter la radio, de regarder les JT, de lire les journaux et de réfléchir simplement, sans penser à mal, à ce qu’il s’y dit, alors, vive le « courtoisement correct » !… J’avais cru comprendre que les commentaires étaient « ouverts » : j’ai dû mal lire…
Un éclatement de la Belgique, dans les conditions opportunément rappelées par Anatole, c’est-à-dire aux côtés d’une France fatiguée, sans volonté et sans moyens, serait, à mon sens, une véritable bombe à retardement.
Une bombe qui ouvrirait la voix à des revendications des Européistes qui ne détestent rien tant que l’État-Nation et qui ne rêvent qu’à un monde d’entités provinciales directement reliées à Bruxelles. Cette tentation est parfaitement visible chez beaucoup de nos roitelets présidents de Conseils régionaux, institués par la funeste Décentralisation (qui n’était concevable – et encore ! -que sous l’égide d’un État fort).
Je m’étonne que parmi les territoires « en danger de revendications indépendantistes » ne figure pas la Corse, où les partis clairement orientés en ce sens confinent (et dépassent souvent) 30% des suffrages…
Pour répondre à Academos, et s’il a bien lu mon article
« d’Albert II à Philippe 1er roi des Belges, la monarchie
parlementaire en questions », je disais précisément :
» la Belgique est née de la scission des anciens Pays-Bas, créés en 1815 par le Congrès de Vienne, comprenant au nord les anciennes Provinces-Unies néerlandophones et en majorité protestantes, et au sud les anciens Pays-Bas autrichiens, trilingues (néerlandais, français et allemand) et essentiellement catholiques, lors de la révolution belge de 1830, opposant plusieurs provinces du sud à ladite Constitution de 1815, proposée par le Roi Guillaume 1er et ce, pour divers motifs :
– religieux (protestants au nord, catholiques au sud),
– politiques, liés à l’insuffisance de représentativité (le sud comptant 60% de la population pour seulement 50% des sièges aux Etats-Généraux, les ministres émanant principalement du nord), à l’insuffisance de liberté de la presse et de liberté de réunion,
– et constitutionnels (limitation insuffisante des pouvoirs royaux),
J’ajoutais par la suite :
« La NVA (Nieuw-Vlaamse Alliantie, Alliance néo-flamande) n’a jamais caché son hostilité à la monarchie « Nous reconnaissons l’institution qu’est la monarchie, mais ce n’est pas un secret que nous ne sommes pas partisans de la royauté« , a précisé le porte-parole de la NVA qui se veut cependant légaliste.
En effet, la royauté constitue l’obstacle majeur au projet d’indépendance de la Flandre, revendiquée par la NVA, qui prétexte par ailleurs la nécessité d’une modernisation des institutions, auxquelles ils pourraient feindre de se rallier, si le Roi passait de son statut actuel de garant et d’arbitre du jeu politique, à celui purement protocolaire, d’une monarchie essentiellement représentative ou selon leur formule « cérémonielle ».
Or, il faut bien comprendre que derrière cette manœuvre se profile de manière tout à fait logique, le projet de la NVA de faire passer, cette fois, la Belgique, d’un Etat fédéral à un Etat confédéral où la Flandre et la Wallonie seraient deux régions totalement indépendantes, et non plus seulement largement autonomes, comme c’est déjà le cas actuellement avec la sixième réforme de l’Etat, qui n’est même pas encore complètement achevée.
La NVA se positionne donc déjà dans l’étape suivante de son projet destructeur de la Belgique, cette fois en tentant de transformer l’Etat fédéral en Etat confédéral. Mais le pire est à venir, puisqu’il faut bien comprendre, une fois de plus, l’enjeu de ce projet qui ne concerne pas seulement la Belgique, mais est susceptible d’avoir des conséquences sur l’Europe entière.
En effet, la vision politique de la NVA n’est pas celle d’une Europe confédérale des Etats, mais celle d’une Europe confédérale des Régions indépendantes, ce qui amènerait donc les Etats européens à disparaître (la Belgique étant le premier domino) au profit des Régions.
Pour ce qui nous concerne, il n’y aurait donc plus de France, mais une Alsace indépendante, une Lorraine, une Bretagne indépendantes …confédérées dans l’Union européenne.
Il s’agit d’un projet dangereux pour la souveraineté des nations, facteur de divisions communautaristes, et propice à l’apparition de nouvelles féodalités, dont l’Union européenne ferait bien de se démarquer, plutôt que de promouvoir le régionalisme à tout crin, et se faire ainsi complice d’un projet qui ferait à terme disparaître les Etats, au profit d’une supranationalité européenne. A moins que sans le savoir, derrière l’Union européenne, se profilent chez certains, les visées d’un tel projet, favorable à tous les impérialismes.
Ceci nous amène donc à nous interroger sur le rôle du nouveau Roi des Belges, Philippe 1er, à la fois comme rempart pour la continuité historique de la Belgique, mais peut-être aussi pour nous-mêmes.
Tout cela pour dire que dans l’hypothèse d’un éclatement de la Belgique, mon commentaire précédent n’était pas de « disposer » des Flamands ou des Wallons, mais de considérer que la partie des Flamands qui se revendiquerait indépendantiste n’aurait pas de légitimité à se constituer en Etat, sur des critères linguistiques, alors que la Flandre belge est issue des Anciens Pays-Bas, tandis que la Wallonie ne l’est pas de la France.
Un Etat est avant tout une construction historique, juridique et politique pour une communauté de destin, et non une simple communauté linguistique, religieuse, sociale ou économique.
C’est justement parce que les commentaires sont libres que j’ai exprimé mon point de vue.
Et comme je crois maladroit qu’un blog royaliste ouvre un débat sur ce que nous devrons faire si ou quand la Belgique « sautera », ayant dit ce que j’avais à dire, qui est d’ailleurs en harmonie avec la plupart des avis exprimés ici, je m’arrête d’intervenir dans ce débat d’ailleurs, en soi, de bonne tenue.
A titre personnel, Academos est parfaitement fondé à donner son avis. Ce qui ne veut pas dire, bien-sûr, que le dit avis ne puisse être discuté, sans qu’il s’en offusque.
Denis Cribier pose bien la question institutionnelle belge et y donne la bonne réponse. Reste que l’avenir politique est incertain et que l’actualité belge ressemble de plus en plus à une histoire belge (des socialistes largement majoritaires au Sud – Wallonie – plutôt défenseurs de la monarchie et des conservateurs catholiques au Nord – Flandre – qui s’en passeraient volontiers).
Les turbulences belges affectent nécessairement la relation avec la France et déjà la général de Gaulle n’avait pas exclu de répondre à un appel des Wallons … si ceux-ci l’exprimaient clairement. Mais on est loin du compte puisque les rattachistes (très divisés) sont très minoritaires aujourd’hui, même si leur nombre croit. Voici quelques éléments factuels d’appréciation qui ne mettent pas en cause l’existence de la Belgique mais prennent acte de son état actuel pour en tirer quelques indications propres à clarifier et renforcer la relation franco-belge :
1/ l’association France-Wallonie-Bruxelles présidée par l’ambassadeur Bernard Dorin (et dont je suis administrateur) tente de rapprocher des points de vue wallons et bruxellois (très divergents) dans le cadre d’un dialogue avec des Français. L’intérêt de cette association est d’offrir un espace de débat et de rencontres. Il y est patent que les rattachistes sont d’un « républicanisme » virulent.
2/ La Communauté Française de Belgique (CFB) composée des régions wallonne et bruxelloise a passé un accord de droit international avec la France. Il est loin de produire tous ses effets mais constitue un cadre juridique pour une coopération notamment culturelle.
3/ au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie la Communauté Française de Belgique est un acteur important. A propos du Congo ex belge il est patent que les positions françaises sont plus en phase avec celles de la CFB qu’avec celles de l’Etat belge (par exemple plus « ouvert » aux intérêts miniers américains)
4/ Il faut considérer que l’antagonisme Flandre/Wallonie est bien moins fort que l’antagonisme Flandre/France … même si le souvenir de la bataille des Eperons d’Or est un des ressorts du nationalisme flamand
5/ la francophonie est une belle chose mais la francophilie en est une plus belle encore et ce sentiment reste présent dans TOUTE la Belgique comme en a témoigne le succès de la conférence du prince Jean organisée l’an dernier à Bruxelles pas des amis belges.
6/ le présence des institutions européennes à Bruxelles influence considérablement l’enseignement (enfants de fonctionnaires européens dans les écoles) qui tend à l’anglicisation MAIS qui plonge parallèlement ces mêmes fonctionnaires dans un « bain » culturel majoritairement francophone. Le dynamisme de notre section bruxelloise repose en partie sur leur activité.
7/ l’intégration de l’économie notamment wallonne à l’économie française est importante (Fina/Elf ; disparition de SABENA au profit partiel d’AIR France ; GDF/Suez surtout ; empire d’Albert Frères sans parler de l’exemple plus Malheureux de DEXIA.
Ces éléments conduisent à imaginer des démarches françaises distinctes suivants que l’on s’adresse à la Belgique résiduelle ou pas, l’avenir le dira, à la Wallonie, incluant la minorité germanophone ; à la CFB ; à la région « Bruxelles capitale » et son statut complexe de « communes à facilités ».
Une approche empirique s’impose donc … mais un état français d’essence jacobine en est-il capable ? Sans doute pas. N’en déplaise aux rattachistes les Wallons et plus encore les Bruxellois préfèrent leurs « libertés » à une intégration dans une République qui vue d’Outre Quiévrain ressemble plus à une prison des peuples qu’à la (con)fédération royale qui est la leur.
JB
Merci à Joël Broquet pour cette très intéressante contribution au débat, et le mot est faible…
erratum dans le texte de Broquet qui prie le lecteur de l’excuser :
Evidemment il faut lire :
4/ Il faut considérer que l’antagonisme Flandre/Wallonie est bien PLUS fort (et non pas MOINS fort ) que l’antagonisme Flandre/France … même si le souvenir de la bataille des Eperons d’Or est un des ressorts du nationalisme flamand
commentaire : un touriste français en Flandre est mieux reçu qu’un Wallon …
JB