Quand on voit l’état hyper-archi-lamentable dans lequel les eurocrates ont mis cette pauvre Union européenne, que faire d’autre que d’éclater d’un grand rire bien sonore, et de répéter, avec Coluche – niveau auquel « ils » se sont mis eux-même… – : « Je me marre !… »
Voilà où l’on peut faire de gigantesques économies : en redéfinissant le rôle de cette « Commission européenne », en taillant dans ses effectifs, en lui réduisant ses budgets au seul strict nécessaire… bref en donnant l’assaut à cette Bastille/pompe à phynance dont l’énergique reprise en main (doux euphémisme) serait l’une des rares bonnes nouvelles de nos temps, par ailleurs, bien moroses : mais, qui le fera ?
Un reportage sur la Turquie publié hier soir sur Arte montrait à ceux qui ne le savaient pas encore comment Erdogan avançait patiemment et obstinément dans son projet d’établir une dictature islamique dans ce pays que Mustapha Kemal avait voulu, sinon démocratique, au moins laïque avec notamment une libération de la femme. Erdogan, lui, veut un retour de la femme (voilée) au foyer, avec obligation de « produire » au moins trois enfants, dans un pays qui compte déjà 75 millions d’habitants. Un pays qui, malgré des progrès économiques spectaculaires, reste un pays pauvre et dont la dette financière risque d’exploser, avec des conséquences graves. Un pays qui brime ses minorités et refuse par ailleurs obstinément de reconnaître le génocide arménien. Ne parlons pas de son rôle douteux dans le drame syrien où il joue les boute-feu, sans doute pour rétablir son influence dans un territoire autrefois perdu de son empire. Et c’est ce pays si peu démocratique, qui tente de revenir à son passé religieux si peu ouvert et tolérant (en fait moins tolérant que ce qu’il était à la fin de l’empire ottoman), qui, de plus, est entrain de reprendre pied dans les Balkans occidentaux oublieux de la manière dont ils ont été islamisés de force, que Bruxelles (et ceux qui veulent une Europe faible et ectoplasmique) voudrait faire entrer dans l’Union européenne. Il y a de fait deux Turquie : la moderne et européenne et l’archaïque et orientale. Malheureusement, c’est cette dernière qu’Erdogan pousse en avant, y compris dans son hinterland caucasien, au détriment de l’autre qu’il réprime. Il voudrait miser sur les deux tableaux, à l’est et à l’ouest, dans une stratégie de puissance territoriale et idéologique. Dans ces conditions, faire entrer cette Turquie-là dans l’Europe serait inconséquent et dramatique. Mais on n’en est plus à une inconséquence près dans la politique suicidaire de ceux qui nous gouvernent.
Il n’est pas sûr que le pouvoir islamique turc tienne tant que ça à se lier les mains dans une intégration institutionnelle européenne.
Il pourrait bien y mettre des conditions nouvelles. On verra.
A noter que la Turquie est dans le Marché commun déjà, quasiment à parité.
Par contre il est indéniable que l’AKP de Gül et Erdogan marche, non pas vers une dictature islamique, mais vers la restauration du califat ottoman ; ce qui ne laisse d’inquiéter les pays arabes car la Turquie d’aujourd’hui et demain leur semble bien plus forte que l’empire finissant de jadis qui fut un oppresseur sévère.
La Turquie a pratiquement renversé ses alliances pour capter les bénéfices apportés par sa domination économique sur sa zone naturelle d’effort. Un marché commun de toute la Méditerranée orientale lui plairait bien.
Le rempart infranchissable est constitué paradoxalement des républiques d’Asie centrale qui sont devenues des satrapies jalouses, pseudo-monarchiques, qui ne céderont rien et pas un dollar à La Porte revenue. Les sourires restent néanmoins gratuits.
Il faudra suivre le réchauffement des relations turco-persanes qui a commencé pour former un axe structurant sur tous le Moyen-Orient. Les fondamentaux de cette alliance sont anciens.
Les discussions d’élargissement à Bruxelles sont finalement secondaires pour les Turcs.