Comme à son habitude, Stéphane Bern a pris la parti le plus intelligent qui soit : le meilleur, qui consiste à dire, simplement, la vérité, toute la vérité. Et l’on voit que, oui, Marie-Antoinette a eu des défauts et a commis des erreurs. Mais les défauts – et même bien pire… – comme ils sont répandus dans notre classe politique largement corrompue d’aujourd’hui, dans cette Républqique idéologique que Saint Just, dans sa folie sanguinaire, avait rêvée « régénérée » !
Mais elle eut aussi ses qualités et ses charmes : femme moderne, éprise de liberté personnelle, étonamment « d’aujourd’hui » pourrait-on dire. Sorte de Coco Channel avant l’heure, donnant une impulsion décisive à ce qui deviendra le secteur de la Mode et de la Haute couture, qui pèse d’un poids économique non négligeable aujourd’hui encore, deux siècles après, et contribue, aussi, au rayonnement de la France. Et, surtout, ce destin tragique et injuste qui fait d’elle ce qu’elle reste aux yeux du monde entier – les « bourreaux barbouilleurs de lois » maudits par Chénier, lui aussi assassiné par eux, dussent-ils s’en étouffer de rage : une héroïne, d’un rare courage, d’une rare élégance face à l’horreur et à la barbarie de ses accusateurs, chez qui la laideur morale finit par rejaillir sur le physique.
Eh, oui : Marie-Antoinette acquittée par l’Histoire, et par les foules du monde entier. Prenant place dans l’immense cortège des Justes martyrisés par les Mauvais, depuis l’origine des Temps et jusqu’aux Totalitaires modernes, tous fils de ce Robespierre qui l’a fait mourir, comme Mao, Pol Pot, Ho Chi Minh, Hitler, Staline… Les dernières minutes de l’émission sont particulièrement « denses », lorsque Stéphane Bern raconte comment les hommages se sont multipliés tout au long de l’interminable parcours de la « charette » qui conduisait la Reine vers son Destin : silence, absence totale d’insulte et, au contraire, respect et hommages (des gens se signaient…) qui étaient autant de condamnations du sieur Robespierre et de sa bande sanguinaire.
Avoir bien montré tout cela n’est pas l’un des moindres mérites de ce nouvel excellent « Secrets d’Histoire »…
Il serait absurde de contester que Stephane Bern contribue, avec d’autres, certains beaucoup plus intéressants que lui (voir le dernier Louis XI diffusé sur la 5), à rebâtir, dans l’opinion, une image positive de l’Ancien Régime.
Il en est, toutefois, que ses facéties, ses manières, ses mines toujours réjouies, finissent par agacer. Dont moi, on l’aura compris !
Il n’est pas vrai, d’ailleurs, que ses émissions soient de qualité constante. Son « Versailles » (« Fêtes à Versailles » ?), était, en vérité, minable.
Je pense donc qu’il serait préférable qu’aux yeux des Français, l’Ancien Régime n’ait pas le seul visage de Stephane Bern.
Quant à la Reine, il est bon qu’elle soit, comme vous dites, « acquittée par l’Histoire ». Mais les reines ne sont pas destinées à devenir des héroïnes. Et je crains fort que les « qualités » que vous prêtez à Marie-Antoinette – à quoi, heureusement, elle ne se résume pas – aient été cause de sa chute, drame dont les ramifications dépassent de loin sa personne et s’étendent sur nous depuis deux siècles, jusqu’à notre pénible aujourd’hui : « femme moderne, éprise de liberté personnelle, étonnamment « d’aujourd’hui » pourrait-on dire ».
En effet, tout est dit.
Celà dit, mieux vaut une émission « grand public » de Stéphane BERN, plutôt que le silence des média. Il y a longtemps que Marie Antoinette a été réhabilitée par la majorité des personnes et aussi par le cinéma. Il ne manque plus que la repentance de la République,mais ça c’est une autre histoire. Le régime ne va pas se suicider.
« La critique est facile, l’art est difficile » ! Stéphane Bern réalise encore un excellent « secret d’histoire » et il faut être de mauvaise foi pour lui en retirer le mérite. L’animateur peut plaire ou déplaire, mais il est un des rares, pour ne pas dire le seul à la télévision, à réaliser des émissions historiques d’aussi bonnes qualités. Les divers sujets abordés sont traités en historiens, soucieux de coller au plus près de la vérité. Ils n’ont rien à voir avec la propagande idéologique d’histrions autoproclamés.
« Stéphane Bern réalise encore un excellent « secret d’histoire » et il faut être de mauvaise foi pour lui en retirer le mérite. »
Exact. Aussi ne l’ai-je pas fait.
S’il vise le commentaire – nuancé – que j’ai posté, ici, pm l’a mal lu !