L’impasse est maintenant institutionnelle. La malfaisance essentielle du régime des partis va se révéler dans les mois qui viennent au point de compromettre l’avenir même de la France.
La République « taxatrice », tel est le qualificatif d’un français exact qu’il convient de lui accoler : elle n’est plus que ça. Elle a prétendu tout gérer, tout prendre en main, depuis l’éducation des tout-petits jusqu’aux soins et même aux non-soins des vieillards, assurer la justice sociale, redistribuer les richesses, garantir les assurances sociales et en établir les budgets, imposer les conceptions de ses sectateurs dans tous les domaines, y compris et d’abord dans l’instruction, l’information et même la morale politique. Bref, elle est censée tout faire, même la décentralisation, ce qui est un comble pour une République centralisée qui, en fait de décentralisation, n’organise que la pagaïe et ne fait prospérer que les partis, les hommes de partis qui vivent d’elle, de ses prébendes, des innombrables privilèges dont ils ont su se doter, plus nombreux, plus sûrs que les privilèges du passé qui se payaient en charges à assumer, en honneur à sauvegarder, en sang à verser. Là, rien !
Rien ! D’un côté des taxes, encore des taxes, toujours des taxes ; de l’autre de moins en moins de services rendus et de plus en plus mal rendus, une France à l’encan, des administrations pléthoriques dont nul ne connaît les innombrables arcanes, au point que le chef de l’Etat lui-même n’arrive pas à chiffrer à moins de 800 000 (!) – il est en fait largement en-dessous – le nombre de règles dont l’administration républicaine a su enserrer le citoyen français, pour l’empêcher de vivre, de respirer, de travailler, de s’épanouir, ce qui a amené François Hollande à proposer récemment avec cette incroyable impudence qui le caractérise, l’idée d’un « choc » de simplification administrative. Eh bien, tous ceux qui affrontent les difficultés de la vie quotidienne, en fait de simplification, n’ont rien vu venir ; en revanche, ils ont subi de plein fouet choc fiscal sur choc fiscal, doublé en conséquence de chocs administratifs à répétition, puisqu’à chaque fois que les impôts augmentent, que les taxes se multiplient, les systèmes de contrôles se renforcent, ce qui, après tout, est logique. Mais alors, quelle indécence d’oser parler de simplification !
Des dépenses sans recettes
La France est exsangue ; tous ses comptes sont dans le rouge : 2 000 milliards de dettes publiques à la fin de l’année, un déficit qui sera si loin d’être corrigé qu’il dépassera encore les prévisions au-dessus de 4% ; des déficits aggravés sur les comptes sociaux devenus irrémédiables, 350 milliards cumulés, qui sont dissimulés par des jongleries de branche à branche et de compte à compte dont les procédés relèvent de la menterie organisée ; le matraquage fiscal et aussi bien parafiscal qui frappe les contribuables et pas seulement les plus aisés, la matière et l’assiette des impositions s’élargissant au-delà même des capacités contributives ; des entreprises qui n’ont plus de marge et qui perdent leur compétitivité ; partout des arrêts d’activité, des plans sociaux, un chômage qui gangrène la France tout entière malgré les rodomontades d’un François Hollande de plus en plus coupé de la réalité et qui persiste à affirmer que la fameuse courbe va s’inverser ; enfin une agriculture bradée et toute la chaîne agroalimentaire mise en difficulté, l’Allemagne s’étant assurée la place que la France perd inéluctablement.
Plus de 35 milliards de prélèvements obligatoires supplémentaires, une dépense publique qui loin de diminuer atteint aujourd’hui 57% du PIB et qui fait ainsi de la France le pays le plus étatisé et le plus imposé d’Europe et du monde civilisé, avec des dépenses sociales à hauteur de 600 milliards – 200 milliards de plus que le budget du seul état ! – dont nul ne contrôle plus la croissance, l’efficience ni même l’utilisation, soit 33% du PIB, 58% de la dépense publique ; cette année encore, 16 milliards de déficit et non compensés, la cadès n’y suffisant plus. Tous ces chiffres effarants sont votés, coup sur coup, budget de l’état, budget de la Sécurité sociale, par des députés et des sénateurs, la plupart inconscients et, d’ailleurs, largement absents aux séances.
Des politiques ruineuses
Qui peut comprendre et maîtriser cette monstrueuse machinerie alors même que la dernière loi de financement votée en novembre, contenait dans son invraisemblable mouture, la même reprise et augmentée chaque année, des prescriptions de financements dont il a été décidé qu’elles n’étaient plus valables. Alors, que valent de telles lois ?
Ainsi le seul point de certitude, c’est toujours la dépense. Reste à trouver les recettes. D’où de tous les côtés et pour tous les motifs, des taxations pour couvrir des besoins innombrables, indéfiniment répertoriés, cependant toujours mal définis. Cette immense gabegie pèse au final sur les entreprises constamment taxées, car ce sont elles en définitive qui payent aussi les parts salariales, qui assurent les emplois et offrent le travail. Voilà ce qui tue littéralement la France.
Des politiques d’état ruineuses mais qui fournissent matière à des discours électoraux vibrants, n’ont résolu aucun problème : ni l’éducation en échec, ni l’urbanisation ratée, ni les banlieues incontrôlées et incontrôlables, ni l’économie livrée aux deux maux conjugués d’un socialisme niveleur et d’un libéralisme international aussi sauvage que destructeur, ni l’agriculture bradée par des technocrates incompétents, ni la culture laissée à des bandes de « gauchos » incultes et obscènes, non rien ne marche plus en France. C’est évident. Sauf la taxation, sauf la République taxatrice. Elle est toujours en action : elle s’en prend aux revenus, elle s’attaque aux patrimoines ; et voilà qu’elle veut mettre la main sur cette partie de l’épargne qu’elle a en principe garantie et qui lui échappe encore… et, comme elle est maligne, elle a fait semblant de céder sur une partie de son rapt pour mieux gagner sur l’autre, l’assurance-vie.
Alors « l’éco-taxe » qui pouvait se concevoir dans d’autres circonstances, est apparue pour ce qu’elle était dans le pauvre quotidien de travailleurs et d’entrepreneurs harassés : le « truc » de trop d’un état qui joue à l’écologie pour mieux pressurer le peuple. Les Bretons ont donné leur réponse, eux qui, avec leur bonnet rouge, disaient déjà non aux édits bursaux royaux. Ayrault a compris que ça ne passerait pas. Il a suspendu l’application de « l’éco-taxe », en déguisant sa reculade en acte de courage. Bravo donc ! Mais il faudra dédommager l’entreprise chargée de la perception : encore des centaines de millions… pour le contribuable !
L’état n’est plus l’état et le peuple, dans toutes ses différentes composantes, ne sait plus à qui se fier. Le consentement à l’impôt dont nul ne sait plus à quoi il sert, est remis en cause. Les institutions fondamentales sont touchées, cependant que les appareils de partis sont toujours là, qui prétendent profiter de la situation. La Ve République est aussi malade que la IVe finissante. Aucun procédé politicien, changement ministériel, même dissolution de la Chambre, ne la sauvera de son mal endémique devenu institutionnel : elle n’est plus qu’un avatar du régime des partis, celui qui fit toujours le malheur de la France et la jeta régulièrement en guerre civile.
Restaurer l’état avec des hommes capables, c’est la tâche que devraient s’assigner ceux qui ont encore souci de notre pauvre pays. Politique magazine se veut un organe de ce redressement français, possible et nécessaire…
*Analyse politique parue dans le numéro 123 de Politique magazine
Cher Hilaire,
ton analyse-que j’avais déjà lue dans le n°123 de P.m.-est excellente et je t’en félicite.Mais comment sortir de cette cruelle et profonde ornière dans laquelle nous ont enfoncé nos institutions républicaines ?
Sûrement pas en faisant (encore une fois) confiance à Mme.Le Pen ou à M. Bayrou, comme l’ont sottement fait certains lors du 1er tour de l’élection présidentielle-car cela ne servait strictement à rien,hormis favoriser Hollande en demie-teinte-La politique du pire n’est jamais la bonne,comme l’atteste la situation actuelle de notre pauvre pays et celle des Français.
Le 21 janvier 1793, le dernier roi de France, Louis XVI, en montant sur l’échafaud, s’avança vers la foule et dit : « Je pardonne aux auteurs de ma morts et prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe pas sur la France », puis à 10 h 10, le silence retentit ! De ce crime républicain, la France ne s’en relève toujours pas !
Cette belle citation que je connais depuis bien longtemps ne répond pas, hélas, à ma question,sauf qu’elle peut nous donner espoir,car notre cher Louis XVI ne fut pas le dernier roi de France.
Le quinquennat a ruiné le projet institutionnel d’origine, encore qu’on puisse s’interroger sur la pertinence de l’élection présidentielle au suffrage universel qui jette dans l’arène la pointe de la pyramide. Tout le monde n’est pas Charles de Gaulle.
Pour le reste, monsieur Haizet, il faut retourner l’Opinion par tous moyens, lui présenter un projet institutionnel crédible et complet qui encage le domaine régalien hors de portée de la dispute démocratique, laissée libre dans tous les autres domaines, et peut-être lui vendre la démocratie directe suisse comme procédure d’arbitrage.
Pour y atteindre il faudra de l’argent. Beaucoup d’argent.
Sans argent, on se fait plaisir à rouspéter, conférer, publier, coller, tracter, en pure perte…. depuis soixante ans déjà !
On parle en millions d’euros là.
@haizet.patrick
Si, Louis XVI fut bien le dernier roi de France de l’Ancien Régime, pour reprendre l’expression de Talleyrand. Ses frères, responsables de l’échec de Varennes, ont « régné » sous la Restauration, sous-entendue monarchique, mais Louis XVIII n’a jamais été sacré ni à Reims ni ailleurs, et Charles X, sacré lui, n’a pas résisté trois jours à la pseudo-révolution de 1830. Quant à Louis-Philippe 1er, il fut roi des Français et non roi de France. La différence est de taille. Louis XVI, malgré un esprit dépressif depuis la mort de sont fils puis de son installation forcée aux Tuileries, a fait face pendant trois ans et demi au raz-de-marée idéologique le plus subversif de toute l’histoire de France et du monde. Le roi n’a pas livré n’importe quel combat. Il a dû affronter des puissances extrêmement subversives de l’ordre établi, et dont il n’y avait eu jusqu’alors aucun exemple connu. Ce sont les puissances des idéologies, celle de la philosophie des Lumières, de la doctrine nationale, de la franc-maçonnerie, du patriotisme révolutionnaire. Extrêmement subversives, parce que de nature utopique. Et l’on sait que l’utopie détruit ce qui est pour affirmer ce qui n’est pas, lui donnant l’apparence de l’être. Il n’est donc rien de plus subversif. L’humanité, jusqu’à ce jour n’avait jamais connu semblable entreprise. Louis XVI, dernier roi de France, fut l’homme qui dû se mesurer, seul, contre la multitude jacobine et maçonnique. Depuis la révolution, l’utopie est toujours au pouvoir en France mais aussi en Europe avec l’invention idéologique de l’UE calquée sur le modèle soviétique, lui-même inspiré de la révolution dite française.
@pm
Vous soulevez un point très important. Aux Etats il était le dernier royaliste. Au premier coup de canon, Louis XVI s’est retrouvé seul. Non pas que tout le monde soit devenu républicain mais l’Ancien régime qui ne portait pas encore ce nom était estimé obsolète par tous. Que le président de la Noblesse aux Etats émigre le 15 juillet n’est pas innocent. La noblesse déserta en grandes bandes.
Pour en revenir au papier de M. de Crémiers, c’est quelque chose d’analogue qui se passe avec M. Hollande. La gestion du pays est en défaut depuis trente ans. Tout le monde le sait maintenant, du grand industriel à la dernière des concierges. Va se poser bientôt la question de savoir si le régime lui-même y est pour quelque chose – on parle de VI°.
En attendant, M Hollande se retrouve quasiment seul, avec juste la petite coterie de la promotion Voltaire, et personne de son camp ne lui reconnaît beaucoup d’autorité. Encore moins ses femmes !
La déroute annoncée aux élections (mais au profit de qui reste un mystère) va progressivement cabrer les députés qui entendent tous faire carrière, et donc entamer le soutien purement mécanique des chambres. Le désaveu répétitif du Sénat souligne le peu de considération du parlement pour cet exécutif.
Si les institutions demeurent solides – il n’y a pas d’offre concurrente sur le marché politique – les hommes qui les habitent vont s’en trouver expulsés. Du désordre naissent les opportunités. Et ceux qui les saisissent doivent avoir les moyens de les capturer durablement. No comment.
Ne jouons pas sur les mots pour le plaisir d’avoir raison.
Louis XVI ne fut pas le dernier roi de France-même si l’on prend Talleyrand comme référence unique-.Il fut le dernier roi de France avant la révolution et le 1er roi des Français (1791).
A la mort de son père,le pauvre petit Louis XVII fut reconnu comme roi de France par toutes les cours d’Europe (bien qu’il ne fut évidemment jamais sacré à Reims ou ailleurs,comme un certain nombre de nos rois,ses prédécesseurs,pour des motifs divers).
Louis XVIII et Charles X furent bel et bien rois de France,sacrés ou non.Louis-Philippe fut(le 2ème) roi des Français,comme tout le monde le sait.
Conclusion,on n’arrange pas l’Histoire de France,en fonction de ses passions ou de ses goûts.
Par contre,nous sommes bien d’accord sur la déchéance de la république,visible plus encore depuis le quinquennat.
Patrick Haizet.
@M. Haizet
Des quatre rois dont vous parlez, aucun n’a tiré le char. Même Louis-Philippe fut un bouchon de liège à la surface des événements dans les premiers mois de l’usurpation en observant la direction du vent, à la réserve près que son père lui avait démontré le pouvoir inexpugnable de l’argent, ce qui l’inclina à s’allier à la Forge et à la Banque, pour le plus grand malheur de la jeune classe ouvrière.
Louis XV avait engagé des réformes et fait travailler sur une refondation de la monarchie en même temps qu’une modernisation de l’Etat. Mais il attendit l’andropause et ce fut trop tard.
Louis XIV qui avait déployé l’Etat centralisé jusqu’à l’absurde, freina la modernisation qui n’allait pas dans le sens de sa puissance, et Vauban, entre autres, fut largement ignoré dans ses projets de justice fiscale.
Louis XVI ne fit rien de ce que réclamait l’époque, il défendit du mieux possible, mais avait perdu contre la Cour avant de perdre contre la Nation.
Louis XVIII assimila les acquits de la Révolution jusqu’à combattre les Ultras et manoeuvra habilement mais la restauration en réalité n’aboutit pas.
Charles X, magnifique sur un cheval à son âge, récupéra la couronne comme une rente alors que l’heure n’était pas aux fastes désuets et aux jeux de couloirs.
La dynastie porte une part de responsabilité dans la mutation politique du pays. Le sacre ne l’a protégée de rien.
@haizet.patrick
Cela ne vous convient peut-être pas mais Louis XVI est bel et bien le dernier roi de France. Il n’a jamais été roi des Français de son souhait. D’ailleurs, dans son testament de décembre 1792, il ne s’appelle pas Louis, roi des Français mais il écrit : « Au nom de la très Sainte Trinité, du Père, du fils et du Saint Esprit. Aujourd’hui vingt-cinquième de décembre mil sept cent quatre vingt douze. Moi, Louis, XVIème du nom, Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille ». Quant au petit Louis, baptisé XVII par les royalistes, selon l’adage « Le roi est mort, vive le roi » n’a jamais rien été puisqu’il a passé les dernières années de sa vie au Temple où il est mort dans d’ignobles conditions. Louis XVIII et Charles X, furent évidemment considérés comme rois de France, mais à chaque premier coup de canon, ils ont pris la fuite. Conduite indigne d’un roi ! La branche aînée des Bourbons prend fin avec la mort de Louis XVII en 1795 ou celle d’Henri V, Comte de Chambord, en 1883. C’est selon. Les révolutionnaires savaient, de toute façon très bien ce qu’ils faisaient en laissant planer le doute sur la mort du petit Louis XVII. La monarchie française rompait avec l’adage précédemment cité, pour disparaître à jamais dans « la nuit et le brouillard ». Il fallait que le roi meurt pour que vive la république ! Après les journées d’octobre 1789, aucun des rois du XIXe siècle n’oseront se mesurer au soleil de Versailles !
Mon commentaire a disparu avec la radiation du doublon de PH. Tant pis 🙂 Passablement long pour ne pas dire trop, il arguait que la dynastie avait une part de responsabilité dans l’effondrement de la monarchie – aucun de ces rois n’ayant tiré le char mais s’y laissant porter – et se terminait par : Le sacre ne les a protégés de rien.
Une autre fois…
pm.-que je n’ai pas l’honneur de connaître- peut écrire l’Histoire à sa façon, puisqu’il prend soin de ne pas se désigner-sans doute parce qu’il prétend connaître seul l’Histoire et peut ainsi en interpréter les faits,selon son goût et les asséner au lecteur,comme un rabâchage, sans discussion à la manière de……D’autres l’ont fait avant lui,ils s’appelaient Michelet,Lavisse,Henri Martin ou d’autres encore,mais on ne les croit plus.D’autres encore ont préféré le roman historique,comme Alexandre Dumas ou Maurice Druon,c’est plus amusant,bien que cela s’adresse plus aux sentiments imaginatifs qu’à l’esprit !
Quoi qu’il en soit,cela me paraît bien vain,voire ridicule, et ne peut en aucun cas fouetter l’orgueil d’un chat.Et alors…,mais pm semble tenir à avoir raison !
Je ne parviens pas à saisir ce qui motive votre ire.
moi non plus.