L’abbé Georges Lapouge, chef de l’un des premiers réseaux de renseignements sous l’Occupation en France, est décédé mercredi à l’âge de 99 ans, a annoncé samedi à l’AFP l’Amicale des anciens des services spéciaux de la défense nationale (AASSDN). Il était le « dernier chef de réseau de renseignement des services spéciaux français pendant la seconde guerre mondiale », a indiqué Henri Debrun, président de l’AASSDN.
Après la défaite du printemps 1940 face aux Allemands, les services de renseignements (SR) de l’armée française fonctionnèrent durant toute l’Occupation, recueillant des informations vitales sur l’ordre de bataille allemand.
Arrêté et évadé deux fois
Georges Lapouge vit ses études de séminariste interrompues par la guerre et entra dans la clandestinité. Chef de mission avec le grade de capitaine, il créa en 1941, en liaison avec le SR Guerre, un réseau de renseignement de plus de 500 agents couvrant la Bretagne (ouest), le nord de la France, la Belgique et le sud des Pays-Bas, fournissant « un nombre considérable de renseignements de premier ordre », selon Henri Debrun.
Arrêté le 31 décembre 1941 à la frontière belge, il réussit à s’évader. De nouveau arrêté fin février 1942 à Paris par la Gestapo, il s’évada une nouvelle fois, rejoignant Alger via l’Espagne. Parachuté début janvier 1944 en Haute-Loire, George Lapouge réorganisa des réseaux, notamment « Manipule », réseau de la France libre et ses 600 agents, implantés dans la zone nord de la France et le long de la frontière belge.
Croix de guerre
Mis à la disposition en 1944 de l’Office of strategic services (OSS, services de renseignements américains) par la Direction générale des études et recherches (DGER, services secrets de la France Libre), il recueillit de nombreux renseignements sur les forces allemandes dans le sud de la France avant l’opération « Anvil dragoon » (débarquement de Provence, sud-est, d’août 1944).
Après guerre, ordonné prêtre, Georges Lapouge fut notamment avocat-procureur auprès du tribunal de la Rote, l’un des trois tribunaux de l’Église catholique romaine qui statue notamment sur les nullités de mariage.
L’abbé Lapouge était officier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 et de la médaille de la Résistance française. Il était officier de l’Ordre de Léopold II, titulaire de la Croix de guerre belge et avait été cité à l’ordre de l’armée américaine par le général Patch, commandant la 7e armée américaine lors du débarquement de Provence.
A la veille de l’anniversaire du tocsin du 3 Août 1914 et du suicide de l’Europe (qui s’organise mal dans une consternante confusion), une telle disparition nous rappelle une nouvelle fois que le temps s’enfuit, que l’Histoire et le recueillement sont des biens précieux. Et combien fragiles et maltraités, noyés dans un déluge de sur-informations.
Le silence des médias sur la disparition de ce héros, modèle exaltant pour la jeunesse, n’étonne guère dans un pays frappé par des crises multiples. Lesdits médias, surtout, ceux audiovisuels, préfèrent l’insignifiant, l’anecdotique, l’éphémère, les luttes partisanes dérisoires à l’essentiel. Qu’est-ce à dire l’essentiel ? Eh bien l’essentiel, ce sont les réalités de ce monde sans pitié, les défis à relever pour ne pas subir la domination des autres, la lutte incessante pour sauvegarder son identité et échapper au magma mondialisé. Fourbir les armes de l’éducation, de l’innovation, de la création en plaçant le travail comme valeur primordiale et non comme lieu d’asservissement. Elever aussi les valeurs éthiques, spirituelles comme fondement d’un humanisme concret et non abstrait du genre de celui de nos pseudo élites qui chérissent les hommes en masse et les méprisent en particulier.
Il faut ajouter à la vie du Père LAPOUGE qu’il était aussi aumônier de l’Ecole Commerciale de la Chambre de Commerce de Paris, rue Armand Moisant dans les années 1950/1960
Je puis ajouter qu’il a célébré notre mariage en 1961, tant nous avions d’estime pour lui.