Ces Jeux à objectif de prestige ont pour objet, on le sait, d’affirmer aux yeux de tous, le retour spectaculaire de la Russie dans le concert des grandes nations. Wladimir Poutine a voulu démontrer aux yeux du monde que le traumatisme de l’effondrement de l’Empire soviétique était bel et bien effacé. La Grande Russie était de retour. Car elle avait désormais remis ses affaires en ordre et réglé ses problèmes internes. Elle devait désormais être prise au sérieux après les difficultés de la période Eltsine. Ce pari audacieux sera-t-il gagné ?
L’intention – et le message – étaient clairs, et la réussite parfaite des Jeux devait les manifester au monde entier : la Russie est de retour…
Certes, l’économie russe reste relativement fragile et sujette aux à-coups de la conjoncture. La croissance de la Russie s’est un peu ralentie ces dernières années après une décennie remarquablement faste autour de 5 % l’an.
Bien sûr, des obstacles se dressent encore sur le chemin d’une croissance stable et durable. Mais on ne peut douter qu’ils seront surmontés grâce à l’action d’un homme hors du commun, Wladimir Poutine, dont on ne peut que saluer les efforts.
Car les remarquables atouts de la Russie sont bien connus, depuis toujours : un immense territoire, qui en fait la plus grande nation au monde; des ressources minérales apparemment inépuisables, notamment en hydrocarbures, gaz et pétrole, qui alimentent la moitié du budget de la Fédération et gonflent les exportations; une croissance économique fort convenable dopée par la bonne tenue de prix du pétrole au cours de la dernière décennie, une inflation contenue à 6,6 % ; une dette publique quasiment insignifiante; des forces armées en pleine reconstruction, avec un armement nucléaire surabondant qui surclasse en volume celui des Etats-Unis.
Mais la démographie russe risque peut-être d’être le point faible d’une Russie en plein renouvellement. On ne reconstruit pas en un clin d’œil une structure démographique désarticulée comme cela a été le cas au cours de ces années terribles où le taux de fécondité est tombé à 1,72 enfant par femme. Wladimir Poutine a néanmoins réussi à relever sensiblement la croissance démographique grâce à un certain nombre de mesures d’urgence judicieuses qui commencent déjà à porter leurs fruits.
En outre, parmi les bons points de la Russie d’aujourd’hui, il faut souligner la restauration de l’agriculture russe, largement négligée sous le régime soviétique, à telle enseigne que la Russie commence à pointer son nez sur les marchés internationaux.
Sur le plan militaire, la reconstruction lancée par Poutine après l’effondrement des forces armées dans les années 90 se poursuit activement. Les ressources sont encore rares et l’armée n’est plus une priorité absolue comme au temps de l’Empire soviétique. Mais la remise à niveau est déjà en route.
Sur le plan manufacturier, le défaut majeur de l’industrie russe, traditionnellement robuste sur le plan de l’industrie lourde, n’a pas encore complètement effectué sa mutation vers une industrie capable de produire des biens intermédiaires. Mais la diversification est en route et l’industrie automobile russe est la deuxième en Europe. Autre problème, le caractère relativement autoritaire du régime qui n’a que peu de considération pour les jeux de la démocratie parlementaire. Mais comment faire autrement en période de reconstruction nationale ? Par ailleurs, le caractère libéral du régime n’a cessé de progresser au cours des dernières années, avec le retour à une situation politique stabilisée.
Les fastes hors du commun des Jeux de Sotchi, 50 milliards de dollars, les plus couteux de l’histoire des Jeux, ont certes représenté un prélèvement sensible sur les ressources de la Russie. Mais cela n’en valait-il pas la peine s’il a été possible à ce prix de restaurer la fierté des Russes dans leur pays et leur espoir dans un avenir riche de promesses ?
Car il ne fait guère de doute que Russie vient de franchir une étape décisive vers la modernité. Cela lui donne la chance de redevenir la grande puissance mondiale, celle qu’elle a toujours été avant l’éclipse des années 90.
* Yves-Marie Laulan, économiste et démographe, a été successivement au cabinet de Michel Debré, aux Finances puis aux Affaires étrangères, membre de la Commission des Comptes et des Budgets économiques de la Nation, président du Comité économique de l’OTAN, président du Club international des Economistes de banques, chroniqueur à Newsweek mag, conférencier à l’Ecole supérieure de Guerre et professeur à Sc. Po, à l’ENA et à Paris II. Il a publié une quinzaine d’ouvrages sur l’économie et la démographie, dont certains publiés à l’étranger, ainsi que de nombreux articles sur ces mêmes sujets. Il préside l’Institut de Géopolitique des Populations.
Tous ces atouts propres à la Russie que Poutine veut légitimement mettre en valeur et exploiter pour le Bien public de son pays, éveillent la jalousie des Etats-Unis et c’est pour porter un coup fatal à la Russie que la CIA essaye depuis longtemps de créer le chaos politique qui engendrerait le désordre économique dont les Américains sont friands quand il s’agit d’apporter l’enfer chez les autres.
Mais ils n’ont pas affaire au caniche Hollande; Poutine ne soumettra pas son pays à la dictature américaine / U.E.; il a déjà, à titre d’avertissement, envoyé un déploiement de troupes en Ukraine et des marines à Sébastopol, en Crimée. A bon entendeur, salut !!
On a vu hier soir sur France 2, après l’émission « Secrets d’Histoire » de Stéphane Bern sur Nicolas II, un « reportage » sur Poutine totalement à charge et scandaleusement partial, digne des organes de propagande d’une dictature idéologique. Certes Poutine n’est pas un tendre et il a beaucoup de sang sur les mains, mais il est également un patriote qui a remis d’aplomb un grand pays qui partait à vau-l’eau et auquel il redonne sa fierté. Jamais l’Union soviétique et ses dirigeants n’ont été dénigrés de cette façon-là par la TV française, alors qu’il y avait pourtant de quoi dire ! Il me semble que la Russie sortie de ce système mérite mieux de notre part et que la France en particulier, comme l’Europe en général, au lieu de rejouer une guerre froide qui n’a plus lieu d’être, aurait intérêt à adopter une position plus équilibrée envers ce pays avec lequel nous avons beaucoup d’intérêts à partager. N’oublions pas que la Russie compte encore beaucoup de francophones et de francophiles dans sa population et ses élites. Faut-il à ce point les décevoir par une approche aussi unilatérale des choses ? On peut émettre de grosses réserves sur la façon de gouverner de Poutine, on ne peut pour autant lui dénier le positif des résultats de son action dans le redressement de son pays.
Tout à fait d’accord avec les commentaires ci-dessus, politiquement plus explicites que la note elle-même.
Venant de France 2, rien ne devrait étonner. Il y a dans ce chaudron une bande de sectaires qui manipulent l’information, voire carrément désinforment. Ces gens-là, bien entendu, sont à la botte du pouvoir et de certaines chapelles d’illuminés ou de nostalgiques du ringardisme politique.On a vu récemment une de ces ravaudeuses mentir effrontément au sujet de populations allogènes transbahutées du centre vers la périphérie de notre pays. Cette irresponsable devrait savoir que dans les démocraties populaires d’antan, elle aurait fini ses jours au mieux dans un goulag de l’extrême nord sibérien. Il est non moins juste de dire que tout n’est pas négatif dans cette chaîne qui abrite encore des journalistes honnêtes et compétents.Subventionnées par les contribuables, les chaînes publiques devraient s’en tenir à une stricte neutralité politique. Ni de gauche ni de droite !
Rappelons l’état dans lequel se trouvait le pays en 1999, avant que Vladimir Poutine ne devienne premier ministre.
Le niveau de vie de la population était des plus bas. Les employés de l’Etat touchaient des traitements et des retraites de misère, avec de fréquents retards qui plus est. L’Etat ne remplissait pas une grande partie de ses obligations sociales. Ne pouvant fonctionner normalement, la plupart des entreprises stagnaient, et les gens se retrouvaient sans travail et sans argent. Des quartiers, voire des villes entières, étaient aux mains de criminels, et la guerre nous opposant à des groupes terroristes internationaux sévissait dans le Caucase du Nord. L’intégrité même de la Russie était en péril.
De plus, dans les années 90, la politique extérieure du pays était malheureusement telle que de nombreux Etats ne prenaient pas la Russie au sérieux et ignoraient ostensiblement les intérêts de notre pays lorsqu’il s’agissait de régler des questions de politique internationale.
L’arrivée de Vladimir Poutine a tout d’abord permis de faire avancer la lutte contre le terrorisme dans le Caucase du Nord. Les actions décisives menées ont montré une fois pour toutes aux terroristes que la Russie ne tolérerait plus leur violence et qu’elle était capable de protéger efficacement la paix et l’ordre constitutionnel dans le Caucase du Nord. Dans le même temps, le rapport à l’armée a radicalement changé: la politique menée par Vladimir Poutine avait pour but d’apporter soutien et respect à ceux qui combattent pour défendre leur pays. Des efforts particuliers ont été déployés pour améliorer les capacités de défense russes, doter l’armée et les forces navales de systèmes d’armes modernes, offrir des salaires convenables aux officiers et leur apporter toutes les garanties sociales nécessaires.
Par la suite, l’Etat a commencé à prendre ses distances avec les milieux d’affaires entretenant des liens trop étroits avec certains fonctionnaires; il a mené un vrai combat contre les oligarques qui croyaient pouvoir continuer à contrôler le pouvoir et à résoudre tous leurs problèmes grâce à l’argent. Dans le même temps, l’ordre a été rétabli dans le secteur financier: tous, y compris les oligarques, ont été contraints de régler leurs impôts et de s’acquitter de leurs obligations vis-à-vis de la société.
C’est dans le domaine social que l’enjeu a été décisif: l’Etat s’est tourné vers le peuple, ce qui n’était pas le cas dans les années 90. Grâce à Vladimir Poutine – et c’est une des raisons qui lui valent le soutien non négligeable de la population – les dépenses publiques consacrées aux prestations sociales sont montées en flèche et représentent actuellement plus de la moitié des dépenses publiques totales.
De plus, alors que la crise économique mondiale sévissait, toutes les garanties sociales octroyées par l’Etat ont été maintenues, et les salaires des employés du secteur public et les retraites ont même augmenté. Si, auparavant, les retraites en Russie étaient dérisoires, elles se rapprochent aujourd’hui progressivement de celles des pays développés européens.
Une autre réalisation incontestable de Vladimir Poutine est la relance de l’économie russe après la crise des années 90. Les entreprises qui, pendant des années, n’étaient pas en mesure de verser de salaires, sont aujourd’hui solides et octroient une rémunération décente à leurs employés. Cela est vrai en particulier dans le secteur de la défense, dans lequel l’Etat investit des moyens considérables, crée des emplois et assure aux employés un niveau de vie élevé. La forte popularité de Vladimir Poutine au sein des grandes entreprises n’est donc guère étonnante.
Relevons enfin que sa politique extérieure s’est métamorphosée. Il est évident que l’objectif de Vladimir Poutine dans ce domaine était de transformer la Russie en une puissance régionale à part entière et en l’un des centres de pouvoir du monde multipolaire naissant. Aujourd’hui, toutes les grandes puissances, parmi lesquelles la Russie a indiscutablement sa place, doivent compter avec elle. Cela ne plaît pas à tout le monde, particulièrement à ceux qui ont l’habitude de résoudre les problèmes dans un monde unipolaire en imposant leur point de vue aux autres pays. Néanmoins, l’époque du chaos et d’une Russie faible est révolue.
Vous devriez, séance tenante, dire tout ça à Thulé qui considère – en boucle – le dépérissement de ce qu’il appelle l’Etat-Nation, voire de l’Etat ou de la Nation tout court, comme un phénomène caractéristique, irréversible, universel, de l’ère moderne, postmoderne et tout le bataclan.
Ce que j’en dis c’est, selon le cliché ultra éculé de ce blog « pour rire ou sourire un peu ». Vous me direz que pour ce faire, on a largement intérêt à écouter, par exemple, Michel Leeb ou Laurent Gerra – ou à s’offrir une soirée au bien nommé Caveau de la République. Vous aurez raison, comme sur le reste (votre excellent commentaire)..
A bien lire les commentaires de Thulé, il me semble qu’il faisait référence à la France et à l’Etat-nation issu de la République idéologique, dont les objectifs sont : le programme du CNR, la religion des droits de l’homme, les phobies corporelles, le mariage pour tous, le principe de précaution, la repentance tout azimut et la « reductio ad hitlerum ».
Elle fait partie d’une civilisation dont toute l’identité réside dans le fait de ne plus en avoir, qui tient son identité même du refus d’en avoir une et qui, après avoir fait le vide en elle-même, exporte aujourd’hui ce vide à l’échelle planétaire.
Autrement dit : Rien à voir avec la Russie de Vladimir Poutine.
Qu’il fait bon lire ce texte et les commentaires qui l’accompagnent!
Marie a très bien expliqué ce qu’il en est de ce que certains journalistes complaisants sinon déplaisants appellent « la Russie de Poutine ».
Lors de l’émission de radio à laquelle j’avais été invitée et dont le lien avait été publié sur ce blog, il avait été question de l’image de Vladimir Poutine en France, qualifiée de très négative. Inutile de dire que j’avais réagi à ces propos comme à tout le reste, d’ailleurs et depuis fort longtemps, celles et ceux qui me lisent sur ce blog le savent.
Ce qui se passe, par ailleurs, en Ukraine est relaté de manière totalement orientée par la plupart des medias occidentaux. Seuls quelques rares journalistes savent encore être objectifs pour rendre compte de la situation.
Que faire pour contrer cette russophobie permanente sinon la dénoncer avec la même obstination que celle qui anime tant d’Occidentaux? Je m’y emploie sans relâche tant je souffre de voir les ignominies qui peuvent être proférées par des journalistes qui, sur leur blog, osent rappeler aux règles d’éthique leurs commentateurs tout en les laissant en même temps déverser leur fiel et répandre leur propos venimeux en écho à ceux qu’ils tiennent eux-mêmes. Au nom, bien sûr, de la morale et d’une inqualifiable impunité.
Après avoir allumé le feu en Ukraine, les Américains —- et leur caniche : l’ UE —– s’offusquent du fait que la Russie est prête à défendre un territoire situé sur son perron. On attaque ses intérêts ancestraux, on la provoque à dessein et on la traite de terroriste quand elle relève le défi. C’est le monde à l’envers !! Que diraient les Américains si les Russes menaient la même politique en allumant le feu, un peu partout, en Amérique du Sud ?